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05/05/2010

Retour au collège.

IMG_0359.JPGSéance exceptionnelle hier après-midi pour les élèves des deux classes de 3ème du collège La Forêt de St-Genix-sur-Guiers, en Savoie : les élèves des classes de Mme Faure et de M.Beynel, les deux professeurs de français, recevaient un écrivain vivant, une fois n’est pas coutume. Ces mêmes élèves ont travaillé sur Tébessa, 1956, au cours d’une séquence comprenant les thèmes suivants : l'entrée dans le récit (thème et contexte historique / structure / champ lexical de l' armée, de la guerre; étude des patronymes, des métiers et des objets symboliques; la guerre en Algérie ou la mort programmée; le terrain, la guerre vue de loin. Et m’ont gratifié de très beaux panneaux et d’un diaporama très émouvant puisque reprenant des images évoquées dans le roman et alternant les renvois à l’horticulture, à la Croix-Rousse et à l’Algérie. Quelques fulgurances, là-dedans, comme ce dessin qui montre un cèdre arraché du côté coloré de la vie et attiré dans le gris triste de la guerre : on en oublie plus que facilement les deux B portés au titre. Un petit 4ème, Adel, s’est glissé dans le groupe, à ses questions, on sent que l’histoire familiale est lourde, sur le sujet : il repartira fièrement avec mon exemplaire sous le bras, sans savoir qu’il n’a nulle fierté à ressentir mais plein d’une envie d’aller au bout, un jour, d’une histoire qu’on raconte. Les élèves sont attentifs, la séance a été bien préparée, les questions aussi : comment et pourquoi on écrit un livre, combien on gagne dans l’entreprise (un leitmotiv à cet âge-là et une source de consternation une fois la réponse tombée…), puis plus de questions sur le texte lui-même qu’on m’en a posé lors des rencontres Lettres-Frontière. Bon, tout le monde n’est pas allé au bout du roman, certains l’ont lu en diagonale : pas d’image, pas assez d’action ni de suspens, sans doute. De bonne guerre, dirais-je, si j’osais. Un thé à la menthe a été préparé par la maman d’un élève, la discussion va bon train, j’aimerais bien qu’ils dépassent un peu le cadre scolaire, mais ils sont plus appliqués que je ne le serais à leur place et le temps passe vite. Je m’absente mentalement de temps à autre, sans qu’ils le sachent, je profite de ces tous derniers rendez-vous et leur explique, à demi-mots, quelle a été mon année, les deux et troisième vies de Tébessa. Je leur montre ce qu’est un manuscrit d’écrivain, mon « cache-cache » entièrement raturé, ce chapitre 13 qui n’existera pas, ce qui les accable un peu plus encore. Je raconte mes aventures avec l’éditeur, les aide à rire un peu de moi-même. Je ne saurai jamais ce qu’ils ont dans la tête quand la séance s’est terminée, si je me suis fait comprendre, si j’ai su adapter mon discours (alexandrins exclus), si le retour sera bon. J’ai pris du plaisir à venir leur parler, pour un exercice différent de ceux auxquels je me suis livré depuis près de deux ans. Deux ans… Brigitte Giraud, qui présentait « une année étrangère » à la Médiathèque de Dardilly il y a quelques semaines, disait qu’elle n’avait pas écrit une ligne, prise dans la tourmente de la « promotion » et des rencontres, depuis un an et demi. Je n’ai ni sa renommée ni sa bibliographie, mais j’ai la chance de savoir, depuis peu, qu’un autre roman succèdera bientôt à celui qui m’a permis de vivre tout ça. Un roman que ces collégiens ne pourront lire, pour ceux qui iront bientôt au bout des livres qu’on leur donne à lire, que d’ici quelques années, seulement. J’ai toujours un peu de mal à répondre aux questions qui portent sur les écrivains, en général, conscient qu’il me faudra convaincre, encore, faire œuvre. Retrouver la même exigence que celle dont j’ai parlé aux élèves du collège La Forêt. Leur avoir menti reviendrait à faire de moi ce que je dénonce à longueur de rencontres. Allez, mes petits camarades, votre travail, sur ce terrain-là, est terminé. Le mien ne fait que commencer.

 

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21:11 Publié dans Blog | Lien permanent

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