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11/04/2010

Samoëns : Prométhée, Tantale, Sisyphe & Starmania

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Balade alpestre dans la commune de Samoëns, ce samedi matin, pour mon antépénultième rencontre Lettres-Frontière. Déjà près de deux ans que Tébessa est sorti, mais l’envie d’en découdre avec la réécriture de la « partie de cache-cache » ne gâte pas le plaisir que j’éprouve à rencontrer des lecteurs. La rencontre de ce matin s’est déroulée dans une atmosphère détendue, mes hôtes ayant compris désormais qu’il suffit de me laisser parler pour que tout s’enchaîne : les renvois au livre, aux livres – jamais autant parlé d’Hamlet autour de Tébessa, tiens ! – à la matière biographique, aux lieux etc. On parle de philosophie, entre deux insanités sur Aragon (ma spécialité, désormais), de ce qu’est un homme, au bout du compte. Pas à la moitié du temps donné, comme le chantera juste après Eric Hostettler, mais au tout début, dans la jamais si bien nommée fleur de l’âge. J’ai déjà si souvent dit qu’il fallait que je laisse ce livre vivre sa vie que je sais d’avance qu’il reviendra, porté par les vagues d’affection que les lecteurs lui portent. Comme souvent, même si la nuit a été courte, je donne tout ce que j’ai pour que les personnes présentes me gardent un peu en mémoire, autant qu’ils garderont Gérard. Je décrète officiellement le recomptage des voix du coup de cœur de LF 2009, tout en défendant Delphine Bertholon. Je me décrète Roi du pays de rien, à mon tour, puisque je n’ai pas non plus été retenu par la Région pour l’adaptation cinématographique, pas plus que « cache-cache » le sera pour le Prix des lycéens, puisqu’il leur faut, paraît-il, des romans gais. Je leur explique que je n’existe pas encore comme écrivain dans ma ville, que même la Croix-Rousse ignore le chant d’amour que je lui ai consacré à travers ce roman. Je m’en amuse, eux s’en offusquent. Voilà des personnes, encore une fois, qui attendront ce que je vais sortir, qui m’aligneront, une fois rentrés, dans la bibliothèque à côté des Fusaro, Chalandon, Bégeaudeau, qui m’ont précédés dans la petite bibliothèque en sous-sol, au cœur du dédale. Je lis quelques passages du roman, je veux montrer à Piou-piou que les auteurs savent aussi lire en public, pas sûr que j’y sois parvenu. Je digresse, comme d’habitude, je parle de mon sens inné de l’horticulture, des manèges de la Vogue de la Croix-Rousse, de cette fameuse promenade que je ne manquerai pas de refaire bientôt. Je parle des correspondances et de la permanence, mes soucis d’être humain. De ce qu’on a déjà réalisé, avec Eric, qui nous laisse parfois hébétés, comme dans la voiture en venant : j’annonce une comédie musicale sur laquelle il va falloir qu’on se penche, maintenant, tout en ne mâchant pas mes mots sur ce genre dont je déteste ce qu’on en a fait. Je le leur dis, qu’un de mes représentations de l’enfer, c’est d’être obligé d’écouter « Starmania » sans issue possible : un vrai supplice. Je vanne un peu, mais pour une fois que je m’attaque à des chanteurs morts, ce n’est pas si grave.

J’ai parlé une heure et demie quand on en attendait une, je laisse la place à Eric, qui chante la trilogie du « Never Ending Tébessa Tour », pour l’avant-dernière fois : il ne sera pas de ma dernière en Suisse, fin mai. Mais comme dans Tébessa, pas de tristesse et des lilas blancs du mois d’avril annonciateurs : il se substitue à Pauline et chante pour la première fois en public « l’école buissonnière ». C’est beau, primesautier et beaucoup moins léger que ça en a l’apparence. Après un repas très agréable, nous quittons Samoëns pour Mégevette, d’où j’écris cette chronique : ce soir, un écrivain est attendu au village, dans le cœur de la vallée verte. Oui, Weyergans, moi aussi.

NB : Christelle, la Kathe de Jules ou de Jim (« C’est vous, Jules ? - Non, moi, c’est Jim !

- Jim et Jules alors ? - Non, Jules et Jim ! ») aura donc assisté à deux fois plus de représentations d’Eric que Martine, qui nous aura préféré les quais du Polar. Et moi je sais maintenant comment éliminer les adverbes.

11:26 Publié dans Blog | Lien permanent

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