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11/03/2012

Monsieur Connard.

Monsieur Connard a parfois le nez fin. Il lui a suffi, par exemple, d'inviter cette belle femme chez Flunch et partager l'addition pour se demander pourquoi, une fois dans le bar où ils ont pris et réglé une consommation chacun de leur côté, elle lui a tourné le dos en soupirant, espérant qu'un des joyeux drilles de la table d'à-côté vienne l'extraire de ce bourbier. Quand l'un d'entre eux s'est levé pour lui donner un peu de la chaleur qu'elle était venue chercher, Monsieur Connard, conscient de sa force de séduction,  s'est dit qu'elle ne tiendrait pas longtemps avant de revenir vers lui. Et même si, à l'heure actuelle, Monsieur Connard attend au même endroit depuis près de 72 heures, ne détruisez pas ses illusions: il envisage de lui faire, quand elle reviendra, sa spécialité, la pizza à la tomate. 

17:55 Publié dans Blog | Lien permanent

10/03/2012

C'est aujourd'hui!

IMG_0638.jpgLes photos sont de François Catrin et, s'il n'est pas trop tard, sortez de chez vous et allez à la Mairie annexe du V° arrondissement: nous vous recevrons, dans le cadre du "Printemps des poètes", pour l'exposition Enfances au Carré.

15:36 | Lien permanent

09/03/2012

Et puis renaître.

Dans un élan, le refrain, ici, est connu. Pour autant, c'est un télos qu'on se fixe tous, faut-il croire. L'introspection n'est conseillère que quand elle parvient à ses fins, dans toutes les acceptions du terme. Je regardais hier cet ancien étudiant aux tempes grisonnantes évoquer son parcours au siècle dernier, quand déjà, j'étais face à lui. Je ne me fais pas l'injure d'avoir compris que la vie était là, mais ce fut une sensation étrange, révélatrice. Une mécanique, encore. Et puis Colophon m'a envoyé le mode opératoire des "Rencontres du II°titre", à Grignan: un café littéraire par roman (plutôt qu'auteur, ça me paraît plus juste), la remise du prix par Laurence Tardieu, présidente du Jury et une table ronde autour de l'écriture romanesque. Drôle d'endroit pour de sacrées rencontres. 


Serge Reggiani - Et puis par Leboc

14:41 Publié dans Blog | Lien permanent

08/03/2012

Drive.

Bloqué dans les embouteillages de Fourvière, au soleil déclinant, je cherchais un allié, que je suis allé chercher un peu plus loin. Ce n'est rien, mais pour moi, à l'instant, c'était essentiel. Bye-bye I was Jen, Bye-bye c'était Jean-Louis...

20:04 | Lien permanent

07/03/2012

Ann Hidden au masculin.

Ainsi va la vie: nous sommes partagés entre l'idée de permanence et l'envie de tout refaire. Recommencer ou refaire. On sait bien, également, que les deux sont illusion. "Il ne faut pas croire ce que l'on voit car cela ressemble trop à ce que l'on espère", écrit Quignard, qui ressurgit, dans ma vie. A point nommé? 


18:54 Publié dans Blog | Lien permanent

06/03/2012

Chienne de vie.

Il n'y avait aucun effet d'attente dans la note d'hier, juste l'impossibilité technique d'écrire et le besoin, quand même, de vous dire pourquoi aujourd'hui est un jour particulier. Qui vous livre ce que j'ai écrit hier.

Image 1.pngUn dernier mot et après on n’en parlera plus autrement qu'artistiquement.  Le reste, je le garderai pour moi. C’est le six mars au matin, il y a dix ans, que l’infirmière du lycée m’a appelé pour m’annoncer, comme on le lui a sans doute appris dans son école, que Fred & Ahmed avaient eu un accident la veille et que - la moins mauvaise nouvelle avant la pire - Ahmed n’avait rien d’autre que des égratignures. Le cliché du monde qui s’écroule n’en est pas un dans ces cas-là. J’ai déjà tout dit depuis dix ans sur Fred Vanneyre, l’amour qu’on s’est porté, l’élan créatif qui nous a unis, ses « coucou, copain » et sa voix, sa voix… Mais je n’ai encore jamais parlé de ce qui m’interpelle encore, dix années après. Ce soir-là, exceptionnellement, ce sont eux qui sont venus de Bourg à Lyon. Parce que nous devions trouver un endroit où fêter la sortie de notre disque et que cet endroit, c’était un bar rue Neuve. Fred et Ahmed sont venus me chercher chez moi ; quand nous sommes partis – en voiture, que les temps ont changé ! – Fred m’a montré l’Opel Corsa que sa grand-mère lui avait léguée : son grand-père s’était éteint en rentrant chez lui, sa femme avait vu la voiture avancer lentement jusqu’à la butée, s’est demandée ce qu’il faisait, il était mort au volant. Fred, quelques semaines après, avec son humour particulier, m’a dit, alors que je montais à ses côtés, Ahmed derrière, « tu n’as rien à craindre, cette voiture, c’est la seule dont la place du mort est celle du conducteur ». Et de partir de son rire en cascade.

Je ne sais même plus si l’affaire s’était faite au bar ou pas. Peut-être avons-nous échappé à la catastrophe puisque, il y a prescription, Ahmed jouait mal de l’harmonica et Fred ne devait d’impressionner que par son charisme, pas par son jeu de guitare. Peut-être Eric, déjà, qui s’était proposé, aurait-il mis un peu d’ordre dans cette dissonance, mais on ne saura jamais si « Ouessant » aurait autant marqué qu’au « Cœur des gens ». Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qu’il faut retenir de cette soirée, c’est que, une fois rentrés chez moi, j’ai fait le plat de pâtes traditionnel. Sans vin, puisque l’administration, à ce moment-là, m’avait coupé les vivres. Heureusement, finalement, quand j’y pense : je n’ai pas eu à rajouter la culpabilité au deuil. Ce qu’il faut retenir de l’ironie du sort, c’est que Ahmed, arrivé chez moi, a été pris d’une très forte gastro-entérite, qu’il a passé deux heures, peut-être, dans mes toilettes. Et que Fred paraissait fatigué, soucieux de rentrer : son œil ne pétillait pas comme à l’habitude, le sourcil nourri était un peu plus froncé. Nous avons eu tous les deux une conversation sur l’après, les chansons qu’il aurait à enregistrer tellement elles étaient belles. « Nocturne », déjà, m’avait époustouflé, lui aussi je crois. Je me souviens lui avoir proposé un pacte à la Noir Désir, pour qu’il ne m’exclue pas, ce qu’il n’aurait jamais fait, de son projet. Mais je le trouvais fatigué, oui, impatient. Il avait cours le lendemain, il fallait faire la route, peut-être avait-il un rendez-vous. Nous discutions, mais je sentais qu’il avait hâte qu’Ahmed quitte les lieux d’aisance. J’ai proposé qu’ils dorment là, partent tôt le matin. Du plus loin qu’il m’en souvienne, j’étais seul chez moi ce soir-là, c’est étrange. Non, il voulait rentrer et je me souviens qu’il m’a dit avoir passé trop de nuits ailleurs que chez lui. Le passé dissolu de Fred Vanneyre m’a toujours paru étrange, je ne connais de cette période que deux-trois photos et un enregistrement quand on l’appelait Bego. Je n’ai jamais voulu en savoir plus.

Ahmed est sorti des toilettes, livide. Fred lui a demandé s’il allait tenir le coup. J’ai fermé la porte sur eux, nous devions nous revoir dans la semaine, les statuts de « Notre Approche des Arts » avaient été déposés, le compte ouvert, nous étions à une quinzaine de jours de l’arrivée physique du disque.  J’ai fermé la porte sur eux et le lendemain, on m’annonçait que l’un des deux ne serait plus. Plus jamais. Sans faire offense à Ahmed, c’est la part de moi qu’on m’a ôtée ce jour-là. L’ironie, encore, retiendra qu’Ahmed aura vécu ce jour-là son deuxième gros accident, qu’à chaque fois il s’en sera miraculeusement tiré. Parce que le camion a scindé la voiture, emporté l’un, épargné l’autre. Qui dormait, terrassé, sur le siège passager, puisqu’il n’avait rien à craindre. Sans doute Fred a-t-il évité de mettre de la musique pour ne pas le réveiller. Peut-être un bon 16 Horsepower l’aurait-il sauvé. On n’en saura jamais rien et j’ai fini par me dire que c’est avec elle qu’il avait rendez-vous ce soir-là et que c’est pour ça que je l’ai vu soucieux, pour la première fois. On ne vit pas avec des regrets : j’ai déjà émis la théorie selon laquelle Fred Vanneyre avait déjà tout dit et tout compris, à défaut d’avoir tout vécu. Et qu’il nous a condamnés à vivre, Claude, sa maman, sa sœur, les autres et moi. Le « Camarade » sonore que je lui ai réservé le jour sidérant de son enterrement, le « Ouessant » qui a résonné au crématorium, tout ça, j’en ai parlé. Mais croyez-moi : quand je vous dis que son rire, sa présence, son influence sont encore parmi nous, ce ne sont pas des mots. Parce que l’esprit d’Eloise, pensez-vous, un calembour pareil, jamais il ne l’aurait raté.

 

"Inoxydable" (L.Cachard/E.Hostettler), in "L'Eclaircie" (2010)


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05/03/2012

Compte à rebours.

Plus que quelques minutes de batterie pour écrire une note avant extinction. Et l'obligation évidente d'être convaincant. Demain, nous serons le 6 mars et j'aurai quelque chose à vous dire. D'ici là, je profite de l'embellie.

18:19 | Lien permanent

04/03/2012

Anniversaire

Mon père a eu un enfant avec celle qui n'était  pas encore la maman d'Emilie. Elle a accouché du petit Lucas le 4 mars 1970, quatre ans avant que je vienne au monde moi-même, d'une autre mère. Les photos sont datées du mois de décembre, pourtant, et si le couffin est toujours de mise, les visages sont tendus, on sent une urgence. Les documents médicaux proviennent d'un autre service que la maternité, le dossier est épais, je n'y ai rien compris, mais une date a tout simplifié : le 14 février de l'année 1971, à 17h30 d'après l'avis de décès, Lucas est mort, par surdosage de Théophylline. J'ai retenu le nom, parce que ça m'a fait penser à Théophile et que, bêtement, j'ai souri. Ce n'est que quand Emilie a dit un jour à la maîtresse qu'elle avait oublié ses dragées et qu'elle a donné le nom du médicament que j'ai réagi et que j'ai fait le lien.  

 

Extrait de "la partie de cache-cache", Ed. Raison & Passions

18:54 Publié dans Blog | Lien permanent