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16/02/2012

Quelque chose noir*

upf-03-grand-amphitheatre.jpgMon tout premier roman s’appelait « l’Amphithéâtre », il s’agissait du jugement d’un homme qui avait trop aimé les femmes et qui le payait d’une damnation : dans un amphithéâtre d’examen, chacune des femmes qu’il avait aimées apparaissait, comme dans un rêve, et lui demandait des explications, comme dans un cauchemar. Principalement, elles voulaient toutes savoir, sans exception, s’il avait pensé ce qu’il leur avait écrit ou s’il avait dissimulé derrière la séduction quelque intérêt ou manipulation. Je me souviens que certaines d’entre elles ne pouvaient pas lui en vouloir ; d’abord, il venait de mourir et puis, au bout du compte, il leur avait donné ce qu’elles avaient un temps attendu de lui : de l’intérêt, de l’empathie quand il le fallait, un peu de la chaleur humaine que tous nous recherchons. Seize ans après, un « Dom Juan » édité et une variation de « l’esquisse d’une théorie des sentiments » plus tard, j’essaie toujours de comprendre les moteurs qui poussent à ce que des histoires s’arrêtent - dans le silence, l’incompréhension, l’acrimonie ou le regret - et d’autres reprennent. Sincèrement. Cela fait de moi un inadapté de plus, certainement – en soi, ce n’est pas grave – mais plus encore, si l’on me posait maintenant la question de la part de soi dans le personnage que l’on invente, je dirais que j’aimerais bien la vivre dans ma mort, cette scène-là. Qu’on en finisse et que ça recommence.

* du Roubaud ou du Marc Seberg, selon la virgule.

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15/02/2012

Doubrovsky est un con et ce n'est pas le seul.

716604-L.jpgBon, j'avais promis une note rigolote : ça, c'est fait (hier) et c'est passé inaperçu. J'en reviens donc à l'interrogation inhérente à l'objet de ce blog: faut-il parler de soi quand on n'a rien à dire et persister tant qu'on parle de soi? J'ai terminé, en une douzaine d'heures, les 450 pages du faux-roman de Delphine de Vigan, "rien ne s'oppose à la nuit" et dans le marasme qui m'entoure, j'en ai tiré une force, que je ne peux exploiter encore. Emilie, de "la partie de cache-cache", me revient particulièrement ces derniers temps: je voudrais vivre, mais je le fais mal, et dès que je compte sur quelqu'un pour m'extirper de la nasse, le voilà qui m'y laisse, pire, qui m'y enfonce. Faut-il pour autant que je revienne, culturellement, à l'autofiction? Sans doute pas: j'ai mis du temps à me détacher de l'idée que "Fils" a révolutionné la littérature. Ce n'est pas de ma faute, on me l'a fait croire à un âge où j'étais absolument crédule. Crédule, je le suis resté, sur bien des points. Mais la façon dont De Vigan s'inflige la réalité et son écriture force le respect. Moi qui déjà évoquais il y a peu la possibilité de faire paraître sous forme de recueil l'ensemble des portraits que j'ai rédigés des personnes que j'ai connues - nonobstant leur accord, évidemment -  je me demande s'il ne faudrait pas que je saborde ce blog en disant tout sur tout le monde, en m'interdisant - Liar, liar - la moindre retenue: on m'y verrait idiot d'avoir cru être aimé, imbécile d'avoir attendu, ridicule d'avoir espéré. Je pourrais raconter, comme dans "le livre brisé", des scènes d'alcoolémie ou d'avortements. Massacrer à coups de pelle une libraire hystérique et destructrice, empêcher une jeune enseignante d'être mutée dans le Nord, remonter - Si j'étais Marty McFly - deux heures plus tôt que l'instant T. et ses incidences. Mais déjà cette note est inutile, je le sais. Puisse-t-elle me permettre, néanmoins, de récupérer une partie de mon orgueil et la possibilité de revenir à ce que je fais de mieux, dit mon éditeur: inventer des histoires.

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14/02/2012

Les 2mn nécessaires du M.Cyclopède de la chanson (Episode 1)


Les 2mn du Dr Cyclopède de la chanson (épisode 1) par cachardl

19:17 Publié dans Blog | Lien permanent

13/02/2012

Interchangeables.

Image 4.pngOn peut toujours s’interroger sur le sens des histoires, des relations, des existences, même, au sens large. Je peux reprocher à ma culture de m’avoir enfermé dans l’idée d’un jugement dernier, un moment où tout le monde se retrouve comme s’il ne s’était rien passé. Comme si les silences, les liens défaits, les mots vidés de leur sens n’avaient pas existé. Je lis – enfin – le superbe « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan, un livre que j’ai brocardé par jalousie parce qu’on ne parlait que de lui. Avec quelle raison, ma foi ! Je partage avec son auteure l’appréhension de sa fin, ce dénouement qui fait qu’au bout du compte, une vie reste une vie, avec ses imperfections et ses zones d’ombre. Ses drames, aussi, même ceux qu’on n’a pas dits. Que reste-t-il de nos amours, dit l’autre, la question se pose et, ironie, j’ai déjà trouvé de mon côté les mots pour y répondre sans rien en savoir de plus. Sophisme, alors ? Je ne sais pas. Mais il règne dans ce froid sibérien comme un parfum de pourriture de mon propre royaume. Avec peu de perspectives, sinon celle de la fuite en avant si bien décrite par Delphine de Vigan. Allez, pour peu que je trouve un capillicuteur d'ouvert demain, je vous ferai une petite note rigolote. Puisqu'il le faut.

NB: ci-joint mon cadeau de St Valentin, pour toutes les lectrices de ce blog. Du romantisme échevelé brut, dirait mon éditeur. Vous retrouverez la version chantée dans le prochain disque d'Eric Hostettler, bientôt.

18:11 Publié dans Blog | Lien permanent

12/02/2012

Backstage.

Ce ne sont pas encore des loges, mais un local qui sent la poussière et où sont enfermés des tapis de sol, des chaises supplémentaires et de vieilles paires de ski dont on se demande si elles resserviront un jour. Fred D. nous a menés là pour qu'on fasse quelques exercices respiratoires et élocutoires; de la sophrologie pour artistes, efficace, même si voir Gérard V. dégingandé comme ça n'incite pas au plus grand sérieux. Il y a de la tension, de l'adrénaline dans ces moments-là, l'analogie avec le ring ou l'arène n'est pas anodine. Les exercices s'enchaînent, on sait qu'on a au moins un bon quart d'heure devant nous, le temps, nous a-t-on dit, que le responsable de la sono revienne. C'est un moment inédit pour moi, dans son partage: habituellement, quand je m'adresse à un auditoire, je respire profondément, je dis "Bien!" et je commence. Là, je suis avec les autres gladiateurs, dans le local à balais sans balais qui nous abrite avant le grand cirque. Et c'est à cet instant précis, alors que nous commençons à relâcher la tension accumulée, qu'on entend le public applaudir d'impatience. C'est une impression inouïe, toxique: à peine ressentie, on ne vit que pour la retrouver.

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11/02/2012

Valse-moi encore, Camille

Image 10.png"On n’apprend pas à commencer, on sait ce que la pièce nous apporte, la part de soi qu’on n’a pas réussi à exprimer. C’est pour ça que les mains de ta Cathédrale se rejoignent, que ses doigts se touchent comme ceux d’un anxieux, qui continue de tailler le bloc de ses impuissances. Devant chez toi, je suis à l’attente ce que tu es au bloc de marbre vierge : un scrutateur et un innocent. Conscient de ce qui se trame, de ce que vais engager, acceptant qu’elle m’échappe. J’accepte d’être façonné autant que de façonner, parce que je n’y échapperai pas. Mieux, je le sollicite : c’est ton paradoxe, jusqu’à la folie, qui t’a épargné en te frappant au plus intime. On te sollicitait pour faire école de ton art, Rodin, tu déclinais des méthodes sans pouvoir dire que tout était dans la façon dont tu regardais les gens et les choses. Pour faire un bon Hugo, il faut aimer Hugo. Un écrivain qui ne s’en défait pas fera au mieux du Hugo : dans ce que tu ériges, tu as un pouvoir qu’Hugo lui-même n’a pas eu, celui de faire Hugo. Va expliquer la genèse à celui qui veut savoir quel est le ciseau le plus efficace, Rodin."

Extrait de "Valse Claudel", à paraître prochainement (si tout se passe bien).

16:45 Publié dans Blog | Lien permanent

10/02/2012

Chanson pour les amis.

J'avais cette pensée, dernièrement, que la seule marque possible de longévité relevait de l'amitié. Pourtant, à bien y regarder, ce domaine-là évolue comme les autres, avec les mêmes accidents, les mêmes mutations. Mon obsession de toujours: à interroger la permanence, c'est le mouvement qui s'impose. Il m'arrive, dans les gares, de moderniser l'expérience d'Einstein (ou de moi enfant, c'est selon) et fixer l'horloge électronique sans ciller, jusqu'à ce que j'aie vécu pleinement une minute. Je suis sûr que parmi mes amis, il y en a qui savent ce que c'est que de ne pas perdre une seule des minutes qui nous sont attribuées à tenter de la gagner. C'est celà, en somme, que je cherche à partager: je voudrais qu'on m'aide à perdre mon temps. Durablement.

20:17 Publié dans Blog | Lien permanent

09/02/2012

Papon-pin!

Un peu trop nerveux, encore, pour vous en parler calmement. Pourtant, l'incident date déjà d'il y a quelques heures, mais d'avoir été entouré de cinq molosses de la Police Nationale n'entraîne pas forcément la lucidité. Que je leur aurais bien confié tenir dans mon froc, à la Ferré, si je n'avais pas été astreint, tout au long de cette discussion animée, à la correction extrême, dans le langage du moins. Parce que pour le reste, entre une scène évidente de "Un monde sans pitié" et ma défiition historique de ce qu'est un demi-flic (un mec qui sait ni lire), je dois avouer que j'ai été tenté. Mais que j'ai tenu bon. Sauf quand le commandant m'a indiqué avec un sourire entendu que les Lumières étaient dépassées. Là, ça m'a agacé: j'ai tenu à lui rappeler la mission de la police dans le politis, son devoir de pédagogie (qu'il a vite renvoyé aux profs...), l'importance, dans le Cité, de la bonne foi du citoyen: il n'a rien voulu entendre. S'est détendu et humanisé trop tard, lui ai-je aussi dit, une fois la potestas appliquée, pas la potentia, ni l'auctorictas. Evidemment, cette histoire m'a coûté 90€, mais je me suis payé le luxe, en partant, de demander à mon bourreau de m'ouvrir l'avenue Garibaldi pour moi tout seul et lui ai confessé, dans un sourire, l'irrésistible envie de l'écraser en partant.

20:55 Publié dans Blog | Lien permanent