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13/10/2011

Etre amoureux de toi pour qu'on s'occupe de moi.

IMG_0395.jpgCe blog n’a pas vocation à se spécialiser dans l’information et la promotion de Jean-Louis Murat, j’en connais – et des très bons – qui font ça à merveille. Cependant, au sortir du deuxième concert de sa tournée Grand lièvre, un album que je chroniquais le jour de sa sortie, je dois dire ici mon enthousiasme, et celui de ceux qui m’y ont accompagné. Rarement l’auvergnat ne m’a paru aussi à l’aise sur scène qu’aujourd’hui, aussi bien dans son jeu et, dois-je dire, aussi bien accompagné. Pourtant, j’avais souligné, l’année dernière encore, l’importance de Denis Clavaizolles dans le dispositif muratien, mais des choix ont été faits, et pas forcément du côté que l’on croit. Le clavier des premières années du côté de chez Zaz, c’est avec un autre clavier dont je n’ai pas compris s’il s’agissait de Slim Batteux, qui a enregistré le disque, ou d’un autre embauché pour la tournée, que le concert commence. En tout cas, ce sont les morceaux qui tournent, avec une option, outre les chœurs, moins omniprésents sur scène que sur galette, accords bien plaqués là où Clavaizolles procède par nappes : ça donne une structure supplémentaire, à mon sens, au morceau et, disons-le tout net, ça encadre davantage le Jean-Louis, ce qui aère son jeu de guitare et ne lui laisse pas les impro interminables doublées de hurlements qu’on a déjà trop entendues sur d’autres tournées. A ce sens, la première heure, hier, dans un Ninkazi bien sonorisé – c’est à souligner – fut dantesque, de par une session rythmique Raynaud/Jimenez au sommet, plus encore sur scène que sur disque, c’est vous dire. Cette rythmique « ronde et carrée à la fois » dira le Dory 4, c’était déjà le support de la tournée du « Cours ordinaire des choses », c’est l’apothéose du Grand Lièvre Tour. Et comme chez Murat, c’est l’exigence qui prime, c’est tout l’album qui y passe dans la première heure, avec un extraordinaire triptyque pour commencer : « Qu’est-ce que ça veut dire ? », « sans pitié pour le cheval » et ce formidable « Rémi est mort ainsi », avec ce vers pour lequel je me damnerais : « dans l’air des montagnes, entends-tu l’hallali ? », les chœurs qui suivent… Un "mousse noire" supérieur aux deux dernières tournées. Même les morceaux qui me semblaient plus faibles, comme « le champion espagnol » ou "la lettre de la Pampa" se mettent au diapason. Et que dire de ces singles qui se supportent eux-mêmes, "les rouges souliers" dont les premières mesures, irrésistiblement, renvoient au "Cheyenne Autumn", et  "Il faut vendre les prés", à l'orgue Hammond presque dansant, au bout du paradoxe ? La limite n’a pas été franchie, il n’y aura pas d’autodestruction, le concert sera bon jusqu’au bout, dans mon top 2 sur la quinzaine vécue, après l’inatteignable Salle Rameau et ses « lien défait », « Troupeau » et « je veux te garder près de moi ».

Moins d’effets que sur le disque, une formation neilyoungeste qui lui sied à merveille, tous resserrés à observer le patron donner la mesure, un son et lumière qui éclate jusqu’aux ingé-sons à la console qui s’en donnent à cœur joie, le concert a commencé fort et, à mon sens, n’a baissé qu’en rappel, du moins sur les deux premiers, un « Alcaline » emprunté à Bashung qui n’a rien apporté et un « Voyageurs perdus » qui retient un peu son souffle avant qu’un « Jim » réorchestré pour le clavier n’emporte le tout, avant un dantesque (pléonasme) « Jour du jaguar ».

Je sais que les muratiens guettent chacun des signes qu’il donne. Qu’il n’ait rien dit du concert ne leur a pas suffi : pour certains, il y a eu trop d’ironie dans la gestion du public, voire dans la présentation des musiciens. Pour d’autres, qu’il n’ait rien dit relève justement du je-m’en-foutisme. Moi qui connais mon Murat et qui, alternativement, m’amuse et me désole de ses sorties médiatiques, je sais que ses baisers de départ ne sont jamais dispensés en vain. Je ne suis pas allé le trouver à la sortie, en signature, je n’en vois pas l’utilité depuis que je lui ai tout dit. Mais en partant, j’ai eu la chance de serrer la main de Fred Jimenez et de faire un signe de remerciement à Stéphane Reynaud. Plus j’avance dans l’expression de mon art, plus ces signes-là me semblent essentiels. Tant mieux. Bientôt vingt ans que je vais voir Murat en concert ; j’ai appris à la radio, hier, qu’il en avait soixante… Pourtant, aminci, les cheveux courts, j’aurais juré, ce soir, dans la lumière bleutée, retrouver la pochette du « garçon qui maudit les filles ». Si Dieu ou qui que ce soit me prête vie et nonobstant la récession, je serai à Bourgoin, pour le prochain concert. J’y retrouverai Jacques et les autres. Quitte à signer encore des PAL. Bonne nuit.

NB: pour répondre au commentaire matinal de Didier Le Bras et parce que je m'en veux de l'avoir omis, je renvoie tous les amateurs au(x) site(s) de cet homme qui connaît très bien son Murat, également, et qui a la délicatesse de mettre au grand jour sa collection. C'est ici. Merci à lui.

00:53 Publié dans Blog | Lien permanent

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