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28/05/2011

Les Noz d'Or.

Image 1.pngJ’ai un rapport compliqué avec le Voyage de Noz, dont j’ai déjà beaucoup parlé ici au moment de la sortie de leur album romanesque, « Bonne-Espérance ». Une belle histoire d’amour un poil incestueuse dans une Ecosse médiévale et fantastique, avec son lot de fantômes, de cerbères monstrueux et de secrets de famille. C’est un groupe que j’ai vu naître, au Vaisseau Public  le 10 février 1987, quelques semaines après le concert d’un groupe qu’ils auront supplanté dans la scène lyonnaise, Aurélia Kreit. Depuis vingt-quatre ans, donc, avec pas mal d’ellipses, je suis la « carrière » d’un groupe qui aura eu ses heures de gloires – j’ai souvenir d’un Transbordeur plein en 1989 – et ses désillusions, comme à peu près tous ceux qui essaient de diffuser leur univers musical. J’ai rencontré, depuis, et sur d’autres modes, Stéphane Pétrier, auteur et chanteur du combo. Un homme fin et cultivé, qui suit son chemin : il en fallait, de la conviction, pour persuader les autres de se lancer dans une histoire à tiroirs mystérieux, faite d’énigmes irrésolvables, sur un double album qui plus est ! Hier, le groupe jouait au Ninkazi KO, après ses prestations de sortie à la Casa Musicale et à Thou bout d’chant. C’était un peu, comme souvent avec eux, le concert de la dernière chance. La ville a bruissé, un minimum, pour un résultat mitigé, au final : la salle n’était pas remplie, mais la nozaille avait fait le job, quand même. Au programme, avec une exigence digne de Lou Reed présentant Berlin, les Noz avaient décidé de jouer « Bonne Espérance » en intégralité, et dans l’ordre. Un choix judicieux, tant l’écriture de Pétrier a selon moi passé un cap absolu dans l’exercice. Une configuration électrique, décors, vidéos, l’ambiance est plantée et dès « la Tempête », je sais que le concert sera réussi. Je dirai à des camarades, à la fin du concert, que je n’ai en fait jamais vu un meilleur show-man que Stéphane Pétrier , repéré dès ses premiers chœurs des « Jardins d’Ellington » avec Aurélia. Dans une cave approximative d’un bar de la Croix-Rousse, reprenant des standards avec « The boys in the band », il donne toujours tout, sur scène. Avec emphase, souvent, il y a longtemps. Il est plus vieux, Pétrier, maintenant, mais il est plus beau, encore, sur scène : il pousse, dans une attitude qui a toujours rappelé les grands moments des chanteurs héroïques des 80’s, génuflexions, bras gauche qui donne le tempo. Mais là où les vieilles rock-stars ne sont plus que la caricature d’elles-mêmes, lui s’appuie sur un groupe qui le porte, tant qu'il respire, allez. La ligne avant des deux guitaristes (E.Perrin, E.Clapot) est elle-même dans la lignée d’une session rythmique (A.Perrin, P.Granjan) excellemment discrète et solide.  Soutenue par un clavier/violon (N.Pétrier) qui n’est justement pas sans rappeler les premières heures de… Mais non. Ce n’est pas un groupe lambda, ni, comme un journal local les a appelés, « des dinosaures » de plus : c’est 25 ans de scène magnifiés par un album sublime, qui donne à entendre à chaque nouvelle écoute.

J’ai un rapport compliqué, disais-je, avec « le Voyage de Noz », parce que leur entourage m’a souvent paru opaque et sectaire. J’ai eu l’occasion, depuis, de rencontrer quelques-uns d’entre eux avec plaisir, finalement. Comme on retrouve de vieilles connaissances en se demandant bien pourquoi on s’est perdus de vue. Ça a été le cas hier, en marge du concert, avec de vieux basketteurs de mes amis, ravis (et un peu inquiets) à l’idée de mon « Larrouquis » qui s’annonce. Les Noziens, souvent, s’ébaubissent de morceaux que je trouve faibles, parce qu’ils leur rappellent les concerts qu’ils ont faits à… Et là d’égrèner leur C.V de fan avec satisfaction. A Thou bout d’chant, Stéphane le sait, j’étais parti furieux de voir ce bel « Bonne-Espérance » anéanti par leurs tubes de fin de concert, et notamment une chanson (métaphorique, ok..) sur un sorcier binocleux qui m’avait fait me demander s’il n’en avait pas confié l’écriture à un cousin (d’Iverness). J’appréhendais de fait le même refrain hier, puisqu’il était convenu, pour rassurer la foule, que quelques morceaux de leur répertoire seraient également joués après B.E. Ce qu’ils ont fait avec succès et intelligence, profitant des conditions (scène, salle et Xavier Desprat aux manettes) pour reprendre « les mains sales », entre autres, qui m’a replongé dans la (petite) fosse du Vaisseau. Aujourd’hui disparu.    Je suis sorti du KO heureux pour eux, dépité, avec eux, de voir que ce n’était que l’histoire d’un soir et que dès le 21 juin, ils seront sur un vague podium entre deux assassinats de Noir Désir. Mais il faut garder le Cap, sans jeux de mots : elle est là, la Bonne-Espérance.    

10:00 Publié dans Blog | Lien permanent

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