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10/04/2012

Machado dort à Collioure

Je repense à cet homme dont j'ai récemment parlé, brigadier-chef de police dans un commissariat de Seine-St Denis, d'origine andalouse, qui saluait chaque matin en passant derrière la banque le portrait de François Mitterrand qu'il avait scotché dans son casier. Et qui un jour, ne me demandez ni pourquoi, ni comment, m'a donné un petit bout de papier sur lequel il avait écrit deux aphorismes de Antonio Machado, dont un qui m'a porté toute ma vie depuis. En nizanien, il ne se passe pas un jour sans que je dise du mal d'Aragon, mais aujourd'hui je m'en dispense et je ressors ces vers-là, des "Poètes". J'en dirai plus sur Machado, un jour.

Trois pas suffirent hors d'Espagne

Que le ciel pour lui se fit lourd

Il s' assit dans cette campagne

Et ferma les yeux pour toujours

Au dessus des eaux et des plaines

Au dessus des toits, des collines

Un plain-chant monte à gorge pleine

Est-ce vers l'étoile Hölderlin?

Est-ce vers l'étoile Verlaine?

17:41 Publié dans Blog | Lien permanent

09/04/2012

Même si j'me saoule à l'hydromel.

Note de voyage: entre Dieulefit et Dieu vous garde, je me laisse pousser la barbe. Eh ouais.

19:28 Publié dans Blog | Lien permanent

08/04/2012

La légende de Jimmy.

Jimmy Bosch, El Rey del Trombon, c'est un gran orquestra de onze membres, une section rythmique du tonnerre et des musiciens allant de 18 à 70 ans, dans la grande tradition, respectueuse, de la musica latina. Celle qui fait vibrer deux publics bien différents, ceux qui viennent danser la salsa et qui, parfois, se contenteraient de n'importe quel fond sonore, et ceux qui viennent voir in vivo les plus grands musiciens du genre. Qui ne se contentent pas de faire le show, mais qui jouent vraiment. Jimmy, El Maestro comme l'appellent ses chanteurs dans des pregons endiablés, dirige l'orchestre, appelle du doigt les intervenants, compte les mesures et, fermement, ramène à lui pour des solos comme lui seul au monde peut en faire avec son instrument. Lui après Willie Colon, de la génération précédente, dont il a repris le mode costume trois pièces, vite abandonné, pour enflammer les Docks des Suds, de minuit (!) à 2h passées. Comme au Tempo latino de Vic Fézensac. Deux heures en suivi de salsa dura, avec comme point d'orgue une "conversation de trombonistes" avec un de ses pairs et une "fin de fiesta" tous  cuivres dehors, et devant. Je mettrai quelques liens à mon retour mais, Grâce soit rendue à mon Maestro à moi, j'ai comblé en dix ans mon déficit de latinité de façon impressionnante, de Los Van Van à Cachao, à Capbreton, pour son dernier concert, avec un jeune tromboniste portoricain, derrière, qui avait appuyé pour qu'on respecte le maître, déjà... Un concert unique, alors, hier, avec la chance, au vu de l'organisation déficiente, d'assister à la balance d'avant le spectacle. Avant que les salseros n'envahissent le parquet. Et que je profite du passage inespéré de ces musiciens-là. ¡Aínama!

20:14 Publié dans Blog | Lien permanent

07/04/2012

Recuerdos.

izzo.gifIl y a pire qu'une note mal faite, il y a celle qu'on a failli oublier. Mon week-end pascal se fait à base de són cubano, de menthe fraîche et de Habana Club en direct des Docks des Suds, en attendant Jimmy Bosch. Histoire de me souvenir de ce pari fou du "Traité d'ontologie mojitologique" écrit en une nuit, après un pari avec Gisèle, au Ahora Si, aujourd'hui disparu. Histoire de me souvenir, aussi, à base de réminiscence gambettienne (plus sucrée mais moins risquée) en face de la Bonne Mère, que Marseille, c'est Jean-Claude Izzo et son magnifique "Vivre fatigue". Voilà, mine de rien, j'ai failli oublier, mais je ne fais qu'y penser. 

21:45 Publié dans Blog | Lien permanent

06/04/2012

l'Art du cache-cache.

Ici, on me dit que ce roman met mal à l’aise. Là, qu’on n’en a pas dormi de la nuit, juste après la lecture. Qu’on éprouve une volonté réelle de sortir Emilie du marais où elle est tombée. J’en connais – au moins un – qui a préféré ne pas le terminer, d’ailleurs, ce roman, par peur d’y trouver ce qu’il subodorait. Ce malaise, cet étouffement, cette lucidité froide sur le monde des adultes, Gilles se l’est approprié, disais-je mercredi, au sortir de l’enregistrement. J’en publie ici un extrait, qu’il a déjà mis en ligne. On dira, cette fois encore, que je lis trop vite, que tout n’est pas intelligible. J’en pâlirais, à l’écoute du « Camille » mis en boîte, si ça n’était pas, pour moi, le rythme et la musicalité liés à la voix d’Emilie. Et de « la partie de cache-cache » en général.

17:03 Publié dans Blog | Lien permanent

05/04/2012

Bio-éthique.

Peut-être la mort apporte-t-elle la liberté mais il est difficile de le savoir de son vivant.

18:14 Publié dans Blog | Lien permanent

04/04/2012

La voix d'Emilie.

Aujourd'hui, j'ai fait chez Gilles V., compositeur, ce que j'ai fait faire à Stefan P. chez Gérard V. : j'ai posé ma voix sur un morceau de musique que je ne connaissais pas, qui lui a été inspiré par la lecture de "la partie de cache-cache". Parce qu'il a trouvé dans l'étouffement d'Emilie des impressions qu'il a vécues lui-même, sur lesquelles les mots des autres dépassent parfois ce qu'on aurait pu en dire... A mon tour, je me suis trouvé face au micro, la petite musique d'Emilie - que je remettrai au goût du jour à Grignan, bientôt - s'est ravivée, naturellement. C'est le personnage de mes romans, je l'ai déjà dit, dont je suis le plus proche mais ne me demandez pas pourquoi : les raisons évidentes sont celles qui le sont le moins. J'ai lu, un paragraphe, deux, plusieurs pages puis, au bout du compte, tout un chapitre. Dans une opération technique primaire consistant à "coller" la voix sur la musique, on a tous les deux écouté le premier résultat, brut : et là, par magie, tout concordait, comme si le morceau, déjà, avait été mixé. Emotion, épidermie. Je suis parti, laissant Gilles à son travail sur lequel, je le connais, il doit être encore, à cette heure. Et en remerciant Emilie pour tout ce qu'elle m'a apporté. Quelque chose me dit que ce n'est pas fini. Oh non, ce n'est pas fini.

19:21 Publié dans Blog | Lien permanent

03/04/2012

Une soudaine avarie, une avanie, un avatar*

Je ne peux même plus dire ce qui m’a poussé dans ce centre commercial que j’abhorre, mais je lui dois une des pires visions que l’on peut avoir de l’Humanité et de son futur, si tant est qu’on puisse lui donner ce nom : alors que je descendais l’escalator d'une superbe antinomie, j’ai vu, sur un podium rond, un magnifique piano à queue exposé…qui jouait seul, sans action humaine, une musique programmée par ordinateur, avec un clavier dont les touches s’enfonçaient mécaniquement, avec une absence totale de sensibilité et de sacré. A côté, des badauds sirotaient des boissons sucrées dans des gobelets de carton, sans plus d’attention pour l’absence de pianiste que pour un pianiste qui jouerait sans qu’ils le voient. Bientôt, on créera des spectateurs qui n’existeront pas davantage que ceux que j’ai vus. Puis mon propre avatar, qui sait ? Remarque, s’il est programmé pour aller faire des courses à ma place, je vote pour le futur. 

B.Biolay "15 sept."

17:52 Publié dans Blog | Lien permanent