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19/04/2012

Tautologies.

On peut toujours s'interroger sur la fatalité ou l'arbitraire de la mort à venir, ce sont ses actes qui valident l'existence d'un homme. Rien de bien nouveau sous le soleil, certes, juste l'assurance qu'il est beaucoup plus important de faire que d'avoir. De voir que d'attendre. De venir que de repousser. C'est ce que nous nous sommes dits, hier,  Éric et moi, en ré- organisant, pour la millième fois de façon provisoire, les neuf morceaux de "Quantifier l'amour".

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18/04/2012

Le temps et rien d'autre.

Dans le roman de Isabelle Kauffmann, "Grand Huit", que je termine et que je chroniquerai bientôt, le personnage est sommé de rendre par tranches de huit ans du temps qu'il a passé, sous peine de représailles. L'idée d'un temps détruit, disparu, rendu m'a toujours fasciné mais comme d'habitude dans les trains, je perds le fil de la lecture et m'évade dans cette action: quelles années rendrais-je, si je devais le faire? Saurais-je négocier, dans un pacte bien connu, certaines de celles que je n'ai pas encore vécues? Ou expliquer au contrôleur que ce n'est pas moi qu'il voit, mais un être bien plus jeune, dont le fils a huit ans, ou alors un jeune quinquagénaire à qui le même a piqué le cabriolet coupé sport, dernier caprice lié aux droits d'auteur de mon dernier best-seller . C'est là que je suis descendu du manège.

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17/04/2012

Name dropping.

Dans la navette qui nous mène du formidable Salon du Livre d’Autun à la Gare du Creusot, je me retrouve face-à-face avec Philippe Grimbert alors même que je suis en train de dire à Alma Brami que pour moi, Marc Lévy et Guillaume Musso sont deux entreprises concurrentes qui se font face. Courtoisement, je le laisse passer devant moi pour descendre du car, en le remerciant de bel et bien exister, lui, en tant qu’auteur. De fait, je suis juste derrière lui, dans l’allée centrale, quand je lui dis timidement que je trouve son travail d’écrivain remarquable. Ce que je n’ai osé faire pendant les deux jours du Salon, de peur de le déranger et parce que je n’interpelle que très rarement les gens que j’admire. Il me remercie et me dit que, ce faisant, j’inverse les codes de la psychanalyse* en lui confiant quelque chose alors que lui me tourne le dos. J’y penserai, quand je demanderai, la prochaine fois, à Jean-Paul Dubois de me rétrocéder la montre ayant appartenu à John F. Kennedy.

* Mu. Bretin m’a fait noter que s’il avait parfois donné l’impression de s’ennuyer, comme je l’ai sans doute écrit trop vite dans ma note du 15, ça n’avait pas empêché Philippe Grimbert de vendre l’intégralité de son stock de « Une année avec Freud ».  C’est dit.

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16/04/2012

Mon nom est Bond.

Au bureau de Poste, tout à l’heure, devant l’impéritie des pauvres et derniers employés en face de moi, et face à une situation pour eux inextricable, j’ai inventé une histoire à dormir debout, comme quoi mon fils était parti précipitamment en Indonésie, quasiment enlevé par sa mère, avec, comprenez-vous, la seule clé de la boite à lettres qui me reste. Il me semblait qu’avant l’intervention de la DST, de la DCRI voire du RAID, ma bonne foi et une carte d’identité suffiraient pour relever le colis que j’attendais. Il n’en a rien été. Mais hors de question que je leur dise qu’en fait, ils sont en Haute-Loire, sous la neige.

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15/04/2012

Autun, pas hautain!

IMG_0725.JPGJe devrais peut-être attendre de me remettre de ce voyage retour à entendre hurler un bébé le siège à l’arrière de moi, dans le TGV. Ou me sécher, avant d’écrire, des dix minutes de Vélov’ sous le crachin lyonnais. Ou encore, par prudence, éviter les bilans trop immédiats, qui ne sont guère positifs, généralement. Mais je rentre à l’instant du Salon du Livre d’Autun, dont on m’avait dit le plus grand bien et je n’ai pas été déçu : une organisation irréprochable dans la prise en charge des auteurs, dans le déroulement et dans la sympathie dégagée par toute l’équipe de bénévoles. Je retiendrai aussi, j’y reviendrai, des rencontres fort intéressantes avec des personnalités du « monde » des livres auquel j’ai toujours un peu de mal à penser que j’appartiens. Tout en pensant l’inverse quand lui ne me reconnaît pas suffisamment à mon goût. Parce qu’il y a une concession partielle (un mais quoi) à ce premier constat : j’ai l’impression désagréable, en rentrant, d’avoir un peu perdu mon temps. Passons sur la dizaine de livres vendus, puisque les Salons sont aléatoires et que – même si j’ai bien fonctionné sur les premiers que j’ai faits – personne ne m’attend. Mais à Autun, j’ai eu le sentiment de ne pas être au bon endroit, en face d’une population nombreuse mais très, voire exclusivement, attirée par le Morvan, en bande dessinée, en récits de campagne ou de vie, en souvenirs d’enfance etc. Les Morvandiaux et les Morvandelles sont venus en masse trouver tout ce qui pouvait concourir à la gloire de leur identité. Au point que, pour éviter de trop penser à Brassens et du bonheur qu’éprouvent ceux qui sont nés quelque part, j’ai pensé, un temps, rebaptiser mes œuvres que personne ne regardait : Tébessa dans le Morvan, La partie de cache-cache à Autun, le PAL du Mont Beuvray. J’aurais fait un tabac au vu de la littérature qui s’est écoulée là-bas, de proximité, de terroir, dont j’ai quand même le droit, sans qu’on me traite de prétentieux (Un lyonnais, pensez-donc !) de dire qu’elle ne me plait pas, ni dans l’écriture, ni dans l’édition (ces grands livres carré aux allures de Manuel Belin). Et que ni le circuit ni l’emplacement n’ont aidé à ce que je puisse, comme à l’habitude, défendre mes livres comme je suis prêt à le faire. La question se pose donc de la présence de l’auteur, puisque j’ai vu Zoé Valdes voire Philippe Grimbert passer de longs moments de solitude également, au contraire des figures populaires comme Nelson Monfort vantant Jean Ferrat (coup double, Well done, Nelson !) ou Françoise Laborde comme vue à la télé. Pourtant, un auteur que j’ai rencontré et qui m’a marqué pour sa sympathie, Wilfried N’Sondé, a vendu l’intégralité des livres qu’il était venu présenter, ce qui démontre qu’il n’y a pas besoin d’être très connu pour trouver un public : bien sûr, en auteur Actes Sud, Patricia Martin l’a reçu sur le stand, entre le fils de Marcel Pagnol et un chansonnier. Je me suis interdit toute aigreur dans mon aventure éditoriale, mais je regrette qu’on m’ait – c’était gentil – placé dans les auteurs « à suivre » et qu’on ne m’ait pas permis de parler un minimum de mon travail. Ce que je vais faire prochainement, à Grignan, à Annecy et partout où l’on m’invitera, puisque des lecteurs le valident ou l’ont validé, déjà. Sans doute faut-il que je m’épargne ces petites humiliations qui font parfois les grands désespoirs et que je me recentre sur ces invitations, qui sont toujours gratifiantes. Je ne plaide pas pro domo, je demande juste à ce qu’on me permette de dire ce que j’écris, sans passer tout de suite à autre chose. Je tiendrai, pour autant, la parole que j’ai donnée à Alma Brami dans la navette du retour, tout à l’heure : je deviendrai meilleur défenseur de mon œuvre que je le suis et j’enverrai le Dom Juan, jusque ici retenu, à des metteurs en scène pour qu’il soit joué. « Camille » à des éditeurs nationaux pour qu’il soit publié. « Aurelia », en 2015, à Grasset, Actes Sud ou Gallimard, si Claude, mon éditeur, accepte de rester mon premier lecteur et correcteur. S’occuper de soi : pour un métier qui n’en est pas un et dont tout le monde pense qu’il est égocentré, ce n’est paradoxalement pas le plus facile. Mais j’y songe et, au bout du compte, d’avoir dit ça dès le retour me permet de passer à autre chose. En remerciant, par contre, une fois encore, les organisateurs du Salon pour leur gentillesse, la conservatrice de la bibliothèque pour la visite guidée du fonds ancien, palimpseste de Pline l’ancien en cerise sur le gâteau. De chèvre, avec du sel, m’a dit Nouara. Qui aura perdu son pari : j’avais dit que vendre un Dom Juan à Autun m’obligerait à aller à Lourdes. Je m’arrêterai à Orthez, alors, en octobre, où je gage que je serai aussi bien reçu qu’à Autun, mais en plus attendu.

PS : pardon pour hier. Je déteste rater un jour de notre rendez-vous quotidien. Mais Wilfried, à base d’un délicieux Haute-Côte de Beaune 1999, a entrepris de convaincre une tablée entière d’hommes et femmes de Lettres du déterminisme du lapinzé enidblytonien dans la littérature contemporaine. Merci à Anne d’avoir patienté pour me raccompagner, à Thierry d’être passé et de me l’avoir laissée. 

20:54 Publié dans Blog | Lien permanent

13/04/2012

Tébessa, 1956 et plus.

Demain, je serai à Autun, pour un Salon du livre dont j’ai déjà dit à quel point il était remarquablement organisé, pour les auteurs du moins. J’y discuterai avec mon éditeur de la réédition de « Tébessa, 1956 » puisqu’il s’avère que le premier tirage est bientôt épuisé. Nous devrons choisir entre une réédition simple - avec correction des coquilles et de l'anachronisme footballistique - et une nouvelle édition, avec une nouvelle couverture, une nouvelle campagne de promotion et de diffusion, plus ample. Il est question aussi que cet ouvrage soit traduit en arabe prochainement, et diffusé sur le difficile « marché » algérien. Qui sait, c’est peut-être l’occasion de revenir au projet initial, avec une préface, que l’on avait sollicitée en 2008 auprès de Benjamin Stora. Ce serait la énième vie de ce livre-là, qui n’a pas fini de faire parler de lui non plus, et je dis ça sans forfanterie. On verra. Inch’Allah. En attendant, "Même en terre", de Thomas Sandoz, d'abord paru dans une petite maison d'édition, vient d'être édité chez Grasset. Bonne nouvelle pour les lecteurs.

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12/04/2012

Move on!

Saura-t-on jamais comment passer à autre chose ? L’expression anglaise me paraît juste mais incompatible avec ma théorie des accidents et des bifurcations qui s’imposent à nous. Je vais continuer de creuser, mais au même titre qu’on mesure le nombre des années passées à chaque fois que la vogue de la Croix-Rousse revient s’installer, on peut se dire que de l’eau a passé sous les ponts quand on se confronte à son passé, proche ou lointain, et qu’on se dit que le cours héraclitéen du fleuve de sa petite existence (« Tu ne peux pas descendre deux fois dans le même fleuve ; car, de nouvelles eaux coulent toujours sur toi. ») ne manque pas d’allure, ni de débit.

16:56 Publié dans Blog | Lien permanent

11/04/2012

The Purple Rose of Orthez.

martine pal2.jpgJe disais ailleurs, aujourd’hui, qu’il est peu d’écrivains qui peuvent se targuer d’avoir un personnage de leur roman comme principal supporter. J’ai eu Alain L. au téléphone aujourd’hui, comme régulièrement depuis que je lui ai demandé de pouvoir utiliser son nom et son image. L., je l’ai déjà dit mille fois et Pascal Legendre en a fait le titre de l’article qu’il a consacré au PAL dans « Maxi Basket » est un homme éminemment sympathique. Pas seulement parce qu’il a accepté et compris la variation dans laquelle le roman l’amenait. Mais pour tout un tas d’autres raisons : parce que sa vision du star-system, dans lequel bien de ses comparses se sont perdus, est la même que la mienne, que ces auteurs et ces hommes que j’affectionne et qui, dirait Ferré, n’apparaissent jamais à la télivicon. Aujourd’hui, Alain L. s’est enqueri de savoir ce qu’il advenait de ma reconnaissance littéraire, de ce livre dont il voudrait – pour moi, pas pour lui – qu’il soit davantage diffusé, lu, critiqué, même en pire. Je lui ai expliqué à mon tour les arcanes du monde du livre, ses obligations, ses renoncements et, dans le même temps, ma pugnacité sur ce terrain : je vais ces prochains mois parler de mon travail, peut-être, du moins l’espère-je, cela donnera-t-il un coup de pouce à mes œuvres. A Autun, ce week-end, des têtes un peu blanchies s’arrêteront-elles, qui sait, sur ce nom qu’elles ont aimé en son temps de gloire. D’autres plus blanches s’arrêteront sur « Tébessa », comme elles l’ont toujours fait en salon. Elles ne sauront pas que le propre frère d’Alain L. y était, en 56. J’ai donc rassuré mon héros d’adolescence et de roman, lui ai expliqué qu’un livre en entraînait d’autres, déjà écrits ou à écrire, et que s’il fallait que j’endosse, fût-ce pour un temps, le bleu de travail comme l’habit de lumière, j’y suis préparé. Il arrive ce qui doit arriver, j’en suis à peu près sûr maintenant. Et en octobre, j’irai dans la ville qui l’a fait roi et dans laquelle, pour cette raison et d’autres encore, il appréhende souvent de revenir. Comme dans « la Rose pourpre du Caire », je laisserai là-bas le héros de roman pour apprécier chaque instant que je passerai avec l’homme.

18:02 Publié dans Blog | Lien permanent