27/05/2014
Have you eyes?
Ce soir, j'ai droit à la diffusion privée, chez un ami toujours à la pointe de la technologie, du "Hamlet" de Kenneth Branagh, version 4heures. Un de mes plus beaux souvenirs de cinéma, dans le feu CNP Odéon, démantelé en secret par un patron-voyou. Je vais le regarder en VOST, évidemment, vidéo-projeté sur un écran géant et je m'en réjouis, même si je connais ce film par cœur: je le diffuse tous les ans à des publics qui ne l'auraient jamais visionné d'eux-mêmes, et qui finissent même par le trouver bien, tant l'adaptation est enlevée et - Dieu que je déteste ce mot - modernisée. Mais l'intérêt n'est pas là: il est dans le fait que cet ami quitte la ville et son appartement dans quelques jours, et que pendant les quinze ans que son couple et le mien se sont fréquentés, il y a toujours eu une excuse, le plus souvent de mauvaise foi, pour ne pas le choisir, ce film, parmi ceux que nous avions l'habitude de regarder ensemble. Maintenant que cette époque et les couples sont révolus, on se rend compte que le choix moyen, consensuel, n'était pas le bon, qu'il eût fallu laisser, tour à tour, chacun des protagonistes imposer son choix. On ne l'a pas fait, c'est ainsi, mais ce soir, juste avant qu'il s'en aille, il y aura quelque chose de moins pourri au Royaume du Danemark. Et pour éviter la solennité, on a prévu une omelette et une pause Nul, pour être complet.
13:21 Publié dans Blog | Lien permanent
26/05/2014
Pfff!
Faire le choix de la Beauté et de l'intelligence quand tout incite au contraire, c'est la seule action possible et juste face à l'avilissement du monde.
19:00 Publié dans Blog | Lien permanent
25/05/2014
Pensées.
Drôles de moments que ceux-ci, quand on se dit que ce qu'on vient de faire touche du doigt la perfection de ce qu'on se doit de faire. Et drôles de décalages quand on nous renvoie l'image de la prétention (la sacro-sainte!) alors même qu'on est dans son absolu contraire: il n'y a pas de création sans remise en cause absolue de soi. Parfois, quand la pesanteur est trop grande, on se réfugie vers ceux qu'on aime, c'est humain, et quand ceux qu'on aime vous donnent ce que vous n'auriez jamais rêvé demander, eh bien, ma foi, on se dit qu'on est pas mal loti!
17:54 Publié dans Blog | Lien permanent
24/05/2014
Delirium Tremas.
"Littérature & Musique" chez Yannick et Manu était un pari risqué. Les habitués de la belle maison de Trémas ont connu le haut de gamme depuis que ces deux fondus de musique organisent des concerts chez eux: dans les trois ans qui se sont écoulés, Guillo, Nicolas Vitas et Fergessen, entre autres, toute une filière qui ramène à Gérard Védèche, le maestro, qui eut le nez, l'année dernière, de nous dire que nous n'étions pas suffisamment prêts pour venir. Un an après, au septième concert de notre combo, sous la belle égide des tableaux de Theodora Vourvouri, et deux semaines après le concert de l'Atmo, nous étions prêts à en découdre, au sens propre quand il faut lutter contre la crainte que peut inspirer, en amont, l'idée d'aller rencontrer un auteur. À l'Atmo, quand j'ai lu, pour commencer le spectacle, des extraits de ma pièce de théâtre à paraître, j'ai entendu très vite les rires couler, en cascade: rassurant, quand on tente la veine comique (rire jaune, bien sûr), et gratifiant quant au niveau de lecture. Hier, j'ai senti une petite perle de sueur couler le long de ma tempe, race que de rire, aucun! Mais une écoute attentive, et au final, une forte envie de connaître la suite, en septembre, et plus tard sur scène. Notre crescendo passe par les deux chansons qu'Eric Hostettler interprète seul, "Faire l'hélicoptère" et la dernière, "Pas loin de la cinquantaine". Des applaudissements nourris, une belle assemblée, trente personnes, quinze de moins qu'à l'habitude, prises par la pièce de théâtre d'une des leurs. On a pris la mesure, davantage que l'habitude, Gérard et Clara sont introduits, les lectures, les présentations générales - l'histoire de mon Goncourt ex-æquo et mon statut d'auteur mort encore vivant des manuels scolaires - et les chansons du quatuor (je suis dedans) s'enchaînent, avec le climax d'entrée de "Au-dessus des eaux", puis le finale de l'Embuscade, qui émeut chacune des personnes qui découvre cette chanson et cette histoire mêlées. Sandro est venu en ami, près "l'Embuscade", c'est le guet-apens, parce qu'on l'oblige, gentiment, à jouer la "Valse, Claudel" sur un vieux piano désaccordé aux sonorités de saloon. Il en bave mais s'exécute, et nombreuses, encore, seront ceux qui viendront lui demander une source ou une partition. Qu'ils patientent encore un peu, elle sera dans le quatre titres qu'on prépare toujours, accompagné au violoncelle, histoire de décupler l'émotion. On a resserré le set, pour ne pas décourager un public déjà curieux: le bon format, l'équilibre entre la proposition culturelle et la soirée qui continue, les bons petits plats, les vins qui vont avec, des gens heureux et des rendez-vous qui se prennent.
17:46 Publié dans Blog | Lien permanent
23/05/2014
Acronymes.
Qu'on ait confondu son H.D.R avec une H.D.T permit au physicien de mesurer la résistance aux chocs de la cellule capitonnée, mais le rendit sceptique sur les méandres de l'Administration, et sur ses relations familiales.
17:11 Publié dans Blog | Lien permanent
22/05/2014
Spirale.
J’ai pris l’habitude de combler par l’hyperactivité les moments où j’envisage de ne faire rien, ce qui me permet de ne rien faire d’autre que ce que j’ai à faire quand on me le laisse faire.
14:49 Publié dans Blog | Lien permanent
20/05/2014
L'Art du Discours.
Comme quoi on peut être là où on rêve d'être vraiment sans regretter de n'y être pas parce que quelqu'un en qui vous croyez, en projection, vous invite à y être, juste pour savoir comment ça se passera quand vous y serez. Je témoignerai, at the end of the day, de la qualité de ce que j'y ai entendu.
23:23 Publié dans Blog | Lien permanent
19/05/2014
Cabaret majeur.
La poésie n'est pas compatible avec le déménagement. C'est fourbu que je suis arrivé sur la scène du Cabaret Poétique, hier, et j'ai eu la sensation que ma diction s'en est ressentie. Mais peu importe: l'idée, hier, était de présenter ma petite violoncelliste, de la mettre sous les feux de la rampe. Déjà qu'on ne voit un peu qu'elle dans le quatuor de "Littérature & Musique", c'était l'occasion de lui rendre ce qu'elle et son inséparable instrument ont apporté au projet. Mais il lui a fallu patienter, parce que bien qu'annoncés en dernier de la première partie, nous sommes passés en avant-dernier du tout, soit huit noms programmés, dont un absent fortement prégnant hier, dans l'hommage qui lui a été rendu par plusieurs auteurs, dont Grégoire Damont et Paola Pigani, avec qui j'ai beaucoup échangé hier, sur ce qui l'attend à Lettres Frontière, sur l'édition en général et sur la diffusion. Elle a beaucoup aimé Tébessa, regrette qu'il ne soit pas mieux diffusé et ne doute pas une seconde, ce sont ses mots, qu'Aurélia Kreit trouvera un éditeur plus important. Je veux bien la croire: avec Laurence Tardieu, c'est la deuxième auteure qui me promet de belles choses, c'est réconfortant. Après Autin-Grenier, puisque c'est de lui dont il s'agit, le clin d'œil est touchant puisque c'est un autre Ottin, Lucas, qui investit l'espace poétique, tout en gêne, raideur et retenue. Il s'excuse d'être là et ne devrait pas, puisque sa poésie vient de l'estomac, et que le sien ait 21 ans ne gâte rien, au contraire: On guette les traits d'innocence, de naïveté, on n'en trouve pas. En plus, il respecte la donne, un peu oubliée ces derniers temps, du passage court, qui valorise plus qu'il ne frustre. Un jeune homme à suivre. Après c'est Estelle Dumortier qui gravit les trois marches et offre au public la vision dichotomique d'une jeune femme belle et apprêtée et d'une rhétorique de la souffrance, un langage du corps et de l'inquiétude. Il faudra que je rentre dans son œuvre pour comprendre mieux ce qui motive cette danseuse et scénographe dont la bonne humeur et le sourire sont inversement proportionnels à ce qu'elle dégage sur scène! Fredérick Houdaer, le maître des lieux, invite Yves Artufel, éditeur chez Gros Textes et jongleur de mots, qui fait sourire tout le monde avec ses historiettes de distrait lunaire et ses zeugmas en inventaire: une gueule, une diction, un univers. Après la pause, qui pourrait s'éterniser parce qu'il fait beau, que la terrasse est agréable et qu'elle compense les 30 personnes, sensiblement, de moins qu'à l'habitude, Jean-Baptiste Monat et son guitariste inaugurent la deuxième partie, celle des poètes qui ne viennent pas seuls: il lit un long cantique du désespoir amoureux, ponctué d'adresses à son fils et à l'état du monde. Un poète atrabilaire, qui sourit encore moins que je le fais, mais dont le phrasé bashungien donne à entendre. David Cizeron enchaîne, long escogriffe malhabile, dont les mains et la diction tremblent, qui échappe ses feuilles mais donne ses mots. Là encore, il faudra reprendre, c'est l'avantage du cabaret. C'est notre tour, ma petite violoncelliste est fatiguée, lais elle monte sur scène, s' installe tout devant Et moi, à quatre pas derrière, je lis un texte sur elle pendant qu'elle joue Peer Gynt, la chanson de Solveig. J'ai attaqué par la prose, On continue avec nos versions, inédites en duo, de Au-dessus des eaux et des plaines, de Camille et de l'Embuscade, entrecoupées de quelques aphorismes et d'un impromptu en l'honneur de l'absence de Samantha Barendson. Qui me harcèle de messages privés depuis pour en connaître la teneur. Je balance un dernier Scud pour la route ("Reconnaître que tout est dit est l'Alexandrin le plus éloquent que j'aie jamais écrit") et sors de scène: Je veux que Clara termine, qu'elle leur joue la pièce contemporaine, tout en nerfs et en ruptures, d'un compositeur italien. Elle m'impressionne, les autres sont conquis. Après nous, pour terminer, l'Académichien errant François Mallet vient proposer ses chansons réalistico-burlesques, son zézaiement et sa maîtrise de la scène: fin, drôle, très bien mené, juste un peu long. Ce dernier cabaret de la saison aura été dense et éclectique. La soirée qui a suivi aura relégué les fatigues du déménagement au lendemain, les aura décuplées aussi, mais on ne fait pas de poètes sans casser des œufs, et la traversée de la Croix-Rousse aura été épique. Je me serai offert ce moment avec Clara, qui me restera quand elle sera perchée ailleurs. En attendant, un prêté pour un rendu, Il faut que je l'aide sur résistance et obéissance, les vertus morales d'un citoyen conscient. Et après je rangerai ma cuisine.
18:26 Publié dans Blog | Lien permanent