20/05/2014
L'Art du Discours.
Comme quoi on peut être là où on rêve d'être vraiment sans regretter de n'y être pas parce que quelqu'un en qui vous croyez, en projection, vous invite à y être, juste pour savoir comment ça se passera quand vous y serez. Je témoignerai, at the end of the day, de la qualité de ce que j'y ai entendu.
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19/05/2014
Cabaret majeur.
La poésie n'est pas compatible avec le déménagement. C'est fourbu que je suis arrivé sur la scène du Cabaret Poétique, hier, et j'ai eu la sensation que ma diction s'en est ressentie. Mais peu importe: l'idée, hier, était de présenter ma petite violoncelliste, de la mettre sous les feux de la rampe. Déjà qu'on ne voit un peu qu'elle dans le quatuor de "Littérature & Musique", c'était l'occasion de lui rendre ce qu'elle et son inséparable instrument ont apporté au projet. Mais il lui a fallu patienter, parce que bien qu'annoncés en dernier de la première partie, nous sommes passés en avant-dernier du tout, soit huit noms programmés, dont un absent fortement prégnant hier, dans l'hommage qui lui a été rendu par plusieurs auteurs, dont Grégoire Damont et Paola Pigani, avec qui j'ai beaucoup échangé hier, sur ce qui l'attend à Lettres Frontière, sur l'édition en général et sur la diffusion. Elle a beaucoup aimé Tébessa, regrette qu'il ne soit pas mieux diffusé et ne doute pas une seconde, ce sont ses mots, qu'Aurélia Kreit trouvera un éditeur plus important. Je veux bien la croire: avec Laurence Tardieu, c'est la deuxième auteure qui me promet de belles choses, c'est réconfortant. Après Autin-Grenier, puisque c'est de lui dont il s'agit, le clin d'œil est touchant puisque c'est un autre Ottin, Lucas, qui investit l'espace poétique, tout en gêne, raideur et retenue. Il s'excuse d'être là et ne devrait pas, puisque sa poésie vient de l'estomac, et que le sien ait 21 ans ne gâte rien, au contraire: On guette les traits d'innocence, de naïveté, on n'en trouve pas. En plus, il respecte la donne, un peu oubliée ces derniers temps, du passage court, qui valorise plus qu'il ne frustre. Un jeune homme à suivre. Après c'est Estelle Dumortier qui gravit les trois marches et offre au public la vision dichotomique d'une jeune femme belle et apprêtée et d'une rhétorique de la souffrance, un langage du corps et de l'inquiétude. Il faudra que je rentre dans son œuvre pour comprendre mieux ce qui motive cette danseuse et scénographe dont la bonne humeur et le sourire sont inversement proportionnels à ce qu'elle dégage sur scène! Fredérick Houdaer, le maître des lieux, invite Yves Artufel, éditeur chez Gros Textes et jongleur de mots, qui fait sourire tout le monde avec ses historiettes de distrait lunaire et ses zeugmas en inventaire: une gueule, une diction, un univers. Après la pause, qui pourrait s'éterniser parce qu'il fait beau, que la terrasse est agréable et qu'elle compense les 30 personnes, sensiblement, de moins qu'à l'habitude, Jean-Baptiste Monat et son guitariste inaugurent la deuxième partie, celle des poètes qui ne viennent pas seuls: il lit un long cantique du désespoir amoureux, ponctué d'adresses à son fils et à l'état du monde. Un poète atrabilaire, qui sourit encore moins que je le fais, mais dont le phrasé bashungien donne à entendre. David Cizeron enchaîne, long escogriffe malhabile, dont les mains et la diction tremblent, qui échappe ses feuilles mais donne ses mots. Là encore, il faudra reprendre, c'est l'avantage du cabaret. C'est notre tour, ma petite violoncelliste est fatiguée, lais elle monte sur scène, s' installe tout devant Et moi, à quatre pas derrière, je lis un texte sur elle pendant qu'elle joue Peer Gynt, la chanson de Solveig. J'ai attaqué par la prose, On continue avec nos versions, inédites en duo, de Au-dessus des eaux et des plaines, de Camille et de l'Embuscade, entrecoupées de quelques aphorismes et d'un impromptu en l'honneur de l'absence de Samantha Barendson. Qui me harcèle de messages privés depuis pour en connaître la teneur. Je balance un dernier Scud pour la route ("Reconnaître que tout est dit est l'Alexandrin le plus éloquent que j'aie jamais écrit") et sors de scène: Je veux que Clara termine, qu'elle leur joue la pièce contemporaine, tout en nerfs et en ruptures, d'un compositeur italien. Elle m'impressionne, les autres sont conquis. Après nous, pour terminer, l'Académichien errant François Mallet vient proposer ses chansons réalistico-burlesques, son zézaiement et sa maîtrise de la scène: fin, drôle, très bien mené, juste un peu long. Ce dernier cabaret de la saison aura été dense et éclectique. La soirée qui a suivi aura relégué les fatigues du déménagement au lendemain, les aura décuplées aussi, mais on ne fait pas de poètes sans casser des œufs, et la traversée de la Croix-Rousse aura été épique. Je me serai offert ce moment avec Clara, qui me restera quand elle sera perchée ailleurs. En attendant, un prêté pour un rendu, Il faut que je l'aide sur résistance et obéissance, les vertus morales d'un citoyen conscient. Et après je rangerai ma cuisine.
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18/05/2014
Fausse note (2).
Je ferai demain le compte-rendu du Cabaret Poétique de ce soir. Parce que notre hôte, ce soir, a vu un de ses romans préfacé par Paul Bocuse, c'est dire. Pardonnez du peu, hein!
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16/05/2014
Conseil d'indiscipline.
Le pire, à mon âge, c'est que rien ne dit que je serai plus sage là où je vais que là où j'étais. Mais alors rien.
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15/05/2014
Tamdadamdadam.
Il y a toujours, dans chaque déménagement, ce cri muet qui retentit en soi, nous exhortant à faire volte-face: il s'est passé tellement de choses, ici, tu ne peux pas les fouler au pied! Je ne foule rien, c'est acquis. Mais je pars. Pas aussi loin que je l'aurais voulu, mais je pars. Et, surtout, je ne me retourne pas.
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14/05/2014
Lire/Ecrire.
Douloureux corollaire du travail de titan fourni sur l'écriture du roman, en plus de ce que j'ai à faire par ailleurs, je ne lis plus. Des périodes que je connais, qui ne devraient pas m'inquiéter tant il me suffira, un jour, de reprendre un livre pour que ça revienne, mais l'impression désagréable de faire partie de ceux qui se disent que ça ne sert à rien. D'autant que j'ai une mini-anthologie d'auteurs suisses de mes amis à lire, le "Malenfance" de Thomas Sandoz, "les Mensch" de Nicolas Couchepin. Ils sont là, sur mon bureau, le même qui changera de place samedi. La semaine prochaine, tiens, j'aurai écrit une des deux chroniques que je me suis promis de faire sur ces romans-là. Pas parce que c'est eux: parce que c'est moi.
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13/05/2014
Saturation.
Le Bukowski du deuxième étage aura donc protesté vivement, de 1h30 à 2h45, contre mon déménagement à venir, à grands renforts de hurlements et de coups sur les portes. Pour autant, je pars sans regrets: les quatre heures de sommeil qu'il m'accorde régulièrement me montrent que notre histoire n'était pas possible.
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12/05/2014
Perché.
C’était la cinquième du C,V&H’s Band, hier, à l’Atmo, et à voir la banane affichée par l’arrangeur et directeur musical du quatuor, après, je peux avancer – vu l’exigence du bonhomme – que c’était plus que réussi, avec un spectacle qui s’approche au maximum de ce qu’on voulait en faire à l’initiale, après quelques tâtonnements. Perché sur mon tabouret, au cœur même de l’arc de cercle, sur l’espace restreint du lieu, véritable scène, tout de même, avec un éclairage qui fait qu’on devine les quarante-sept personnes venues hier après-midi plus qu’on les voit réellement, j’ai eu de ces temps de suspension qui font qu’un instant est magique par son intensité, qu’on vit en pleine conscience, comme dans les trois quarts des histoires dont je lis des extraits. L’exercice est rodé, mais novateur à chaque fois : hier, en famille, j’avais annoncé des surprises, mais la première fut la salve d’applaudissements quand je suis entré sur scène, seul, pour dire la première scène de la deuxième pièce de ma trilogie théâtrale à paraître, sur le travail. Le recueil s’appellera, finalement, « Trois Huit », comme prévu initialement, et la deuxième pièce s’intitule « A pleines dents ». J’obtiens rapidement des rires dans la salle, c’est gratifiant pour une pièce au comique grinçant, fondée sur l’absurde de la conversation et le quiproquo des mots. J’annonce Eric, qui vient chanter « Faire l’hélicoptère » et « Pas loin de la cinquantaine », le début est toujours un peu hésitant, puis il prend ses marques, prémisses d’un bon concert à venir. C’est Pauline qui le rejoint pour « Orages », seule au piano, et « l’Ecole Buissonnière », accompagnée par son père : deux morceaux de la comédie musicale, qui font mouche, et génèrent de forts applaudissements. Elle les a chantés avec douceur et justesse, sans forcer, ce que je lui avais un peu reproché, à la balance : c’est dans ce ton-là qu’elle passe, et l’ensemble a déjà de l’allure, avant que je ne raconte la genèse de cette aventure de « Trop Pas ! » - plus grande catastrophe industrielle de Rhône-Alpes avec le stade des Lumière, ose-je, mais une expérience humaine inégalée – dont l’immense mérite aura été de rapprocher, artistiquement, Gérard Védèche et Eric Hostettler. J’appelle Gérard, The Scientist, puis Clara, la petite, pas si petite mais petite quand même, pour nous. Clara et ses Tontons flingueurs, un officiel, deux remplaçants. Clara dont les parents et grands-parents sont dans la salle, qui s’installe à ma droite, toujours, à portée d’archet. Les cinq titres de notre session s’enchaînent, millimétrés, comme d’habitude, « Au-dessus des eaux et des plaines », son harmonie Dobro-violoncelle, met des frissons et, p…., ça passe au dixième de seconde près, juste après l’extrait de « la partie de cache-cache », puis tout s’équilibre, « Quantifier l’amour », « les perdants magnifiques », pour lesquels Dgé a abandonné le lap-steel, peu convaincant à son goût pour une deuxième guitare folk et ses phrases harrisonniennes , dont lui seul a le secret. « « Ton Egide » - dans les pleins, dans les creux, dans les vides. Je savoure, je sais que l’ensemble impressionne, et les réactions de la salle – des applaudissements après ma phrase, tirée de « Marius Beyle », sur la différence entre le sentiment et l’émotion – me montrent que je fais bel et bien partie du lot. On clôt, comme à l’habitude, cette partie du set sur « Tébessa », in situ sur les pentes de la Croix-Rousse, et « l’Embuscade » , par laquelle cette folle aventure a commencé, il y a cinq ans. On pleure dans la salle, mais c’est de joie, petite victoire sur l’absurde de la vie. Je fixe les projecteurs pour ne pas pleurer, Samentha Barendson, à la fin du concert, me conseillera de sourire un peu plus sur scène, avant de concéder que je suis finalement plus sympathique que j’en donne l’air. Fréderick Houdaer, présent aussi, est impressionné par le spectre, large, de l’exercice, c’est bien. Parce qu’avant qu’on retombe, et qu’on ouvre le bar, après l’Embuscade, il y eut le quart d’heure Camille, avec l’invité de marque, Sandro Secci, qui vient jouer, pour la première fois en public, la sublime « Valse, Claudel » qu’il a composée à partir de la nouvelle. Ciliegina sulla torta, n’en déplaise au même Houdaer qui attendra pour se désitalianiser, Clara l’accompagne, dans un véritable impromptu puisqu’ils n’auront répété, en tout et pour tout, qu’une petite heure, la veille. C’est un cadeau au projet, un atout, une avancée dans la qualité, aussi. On touche à la fin du spectacle, mine de rien, il fait une heure et demie, désormais, entre les lectures et les chansons, on termine, Clara et moi sur Camille & Bach réunis, pour emporter le morceau, remercier chacun des membres de cette famille élargie, dont l’étape, la veille, « Littérature, musique, ping-pong et barbecue » aura encore resserré les rangs, si c’était possible. C’est l’heure des éloges, et pour un écrivain, le fait qu’ils soient partagés est un bonheur indéfinissable. Dans Kronix, l’autre jour, Chavassieux écrivait : « Cachard, c'est littérature et musique parfaitement combinées. Entre spectacle musical, chanson, lecture et poésie, entre jubilation et recueillement, un équilibre étonnant, à découvrir. Il n'existe rien de comparable. » La fierté vient de là, oui. On prend un verre avec chacun des amis qui sont restés, des têtes connues, d’autres moins, parce que l’instant leur a plu, nous non plus, on n’a pas envie de partir. Alors on reste, on glane, au comptoir, un petit « Pêcheur de centimes » improvisé et un tidadadam de plus, histoire de nourrir le mythe. Puis on se quitte, parce que c’est dimanche, hein ! Mais dimanche prochain, et j’ai oublié, bêtement, de le dire au micro, je serai avec Clara, en mano a mano, sur la scène du Cabaret Poétique, à 17h, au Périscope. Avant de retrouver les deux autres pour un concert privé, vendredi 23, et deux jours de résidence, juste après, pour finaliser la captation de ces moments uniques. Comme la promesse faite à Aurélia, dont j’ai lu un passage sur l’Ukrainité qui a résonné curieusement, dans la salle, mais dont la petite musique m’a convaincu que j’étais dans le vrai, qu’elle continuera, plus que mon œuvre, le chemin que je me suis tracé et qui me convainc que je ne me suis pas trompé.
19:19 Publié dans Blog | Lien permanent