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29/12/2014

Nécrologie.

J'avais à peine trente ans quand on m'a offert de remplacer Charles Juliet au pied levé, pour un projet qui n'aura abouti que... quatorze ans après, et pas avec les mêmes personnes. Quarante quand on m'a fait ressortir de mes tiroirs ce manuscrit auquel je croyais et auquel aucun autre éditeur n'a cru, jusqu'à ce qu'il m'offre d'être dans un index en compagnie d'Albert Camus et de William Shakespeare. Quarante-quatre quand on m'a primé, en me donnant une voix de plus que celle qui avait perdu le Goncourt d'une voix. Quarante-six, quand des gens que j'aime me disent que je pourrais devenir pour eux ce que Jean Fauque fut à Bashung, rien que ça.  Je pourrais me satisfaire si l'insatisfaction n'était pas mon moteur. S'il n'y avait cette zone d'ombre importante que j'espère lever en 2015, maintenant. Là, depuis 48h, j'expérimente la fièvre, en gardant le lit: une belle façon, littéraire, d'aborder le monde, mais ça a déjà été fait.

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28/12/2014

Bola de nieve.

La chionosphérophile ne survécut pas à son projet de tente igloo, avec canon à neige intégré, au sommet de l’Everest.

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27/12/2014

Clé de sole.

Dans le même temps, le marin amoureux jette son dévolu et son filet de pêche.

10:47 Publié dans Blog | Lien permanent

26/12/2014

Reprise.

On ne comprit pas qu'il faille un ébéniste, un électricien et un pompiste pour ce colloque de philosophie sartrienne: c'est que, dans son enthousiasme, l'organisateur avait pensé qu'on traiterait du hêtre et du néon, et que la station précéderait l'essence.

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25/12/2014

Les papiers de Noël.

Les verres sont vidés, les plats sont recuits, le grand-oncle est rentré sans encombres et les sujets polémiques n'ont pas été abordés: ma soirée réveillon avec Jean-Pierre Descombes s'est bien passée.

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24/12/2014

Sub-croyances.

La chouette à Dijon, le cierge à Fourvière, la patte de lapin, Monsieur Diallo guérisseur, les doigts croisés,  le trèfle à quatre feuilles, la Fontaine de Barenton, toucher du bois, tout ce qui pourra servir mon dessein est bon à prendre, en cette période de superstition .

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23/12/2014

Hegoak.

Ez du askatasun hegoak ebaki matxinada arriskurik gabe, ezta txori baten horiek zer ez zuen egin gabe. Lurraren kanta bat, jabetzako, baina ez ergelak, aingura eta elementuak salatu dela. Erbestea Horrek ere, noiz entzun dugu eta urrun gaude, itzuli hau egin ahal izango dituzu. Eskualde bakoitzak bat nahi dugu egingo bere, hizkuntza eta abesten, too modu propioa dute, txoria unibertsala eta sinbolikoa ere hauskorra da pixkanaka suntsitzen da mundu bat bizirauteko, paradoxa alde batera geroztik, bezala, gure pisua sentitu. Gure hutsunearen too. Normal, orduan, abesti hau marrazten malkoak denean edertasuna ukitu, gurekin inoiz nahikoa esker zuen: hau da ohitura galdu du da.*

 

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22/12/2014

Les accords tacites.

public ferg.jpgQu’est-ce qui fait qu’on converge, tous, au même endroit, avec la même fébrilité amoureuse, le même désir, gardé secret, de l’appropriation, qu’est-ce qui fait qu’on vient de Tours, de Lyon, de plus loin encore, jusqu'au bout des Vosges pour finir par écouter un chant traditionnel basque, émotion à fleur de peau, larmes de soutien à l’appui ? Comment est-ce qu’on passe de nous à quelqu’un d’autre, qu’on ne contrôle pas parce qu’il représente une part de nous, avec ses histoires, ses failles, les mots et les airs qui en disent plus sur lui qu’on pourrait le faire nous ? Des mots, des airs qui traversent, qu’on se prend de plein fouet, qui font qu’on perçoit les deux dimensions d’un seul instant, celui qu’on vit, celui dont on se souviendra qu’on l’a vécu. C’est là-dessus qu’on pleure, en fait, c’est ce conflit qui nous habite, entre la Beauté et sa mémoire, après. La conscience de l’happenstance. Qui permet de savoir, dans l’après, si une photographie, un mot utilisé, restitue justement, ne la trahit pas, cette mémoire sans la mer. Nourrit l’insoutenable et joyeuse envie que tout cela revienne, recommence. Qu’on se retrouve, en soi et avec tous.

photo Valérie Lefebvre©

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