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06/01/2015

Après.

Et puis cette seconde où tout bascule, cette incroyable mesure d’un temps qui s’écroule, qu’on ne revivra que par procuration, la mise en branle, écrasante, de la mémoire juste après que l’instant est passé. Le décompte, déjà, de cet après, du regret, qui sait, du « Enten-Eller » (Ou bien… Ou bien) qui a marqué ma vie et que j’aurais préféré, peut-être, ne jamais rencontrer : on ne prend une direction qu’en pleine conscience de la direction contraire, et all that kind of things. Toute cette lucidité qui fait que la matière est inépuisable, mais qu’elle épuise celui qui l’a cherchée.

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05/01/2015

Cocher la case.

Il faudra que je résolve cette sensation que j'éprouve que les choses se vivent deux fois dans une vie, qu'on revient toujours vers ce qu'on a vécu, vers ceux qu'on a aimés, vers des lieux qu'on a quittés. D'autant plus que le temps qu'il me reste ne m'en laissera pas le loisir, je le sais. Pas plus la volonté de certains.

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04/01/2015

Portraits de mémoire.

Fred Vanneyre, 30 ans, écrit, compose et s’amuse de tout. Sauf de ce qu’il sait important.

Belle Donne

On m’avait pourtant prévenu. : impossible de résister. Ni au rire, ni aux yeux. Noir profond, comme le jean, comme la veste. La chemise, elle, est bordeaux, ouverte sur un torse qu’on croirait méditerranéen mais qui s’est arrêté un peu avant, en Ardèche. A St Jean-de-Muzols : « Une maison sur une pente, avec des vignes en dessous ». Des yeux, donc, qui scrutent un moment et s’ouvrent en grand quand on pose la question : qu’est-ce qui fait avancer Fred Vanneyre ? « Tout ce qui est beau. Une fille dans la rue, un moment d’amitié. Tout ce qui fait que l’humain, par moments, devient poétique. » Poétique ? Tout est poésie, si l’on veut bien y croire. Le René Char illustré prône sur l’étagère et au travers du fourbi, on distingue d’autres noms, encore : Rimbaud, Oscar Wilde… Cioran, aussi ; la tentation est grande de faire le lien tout de suite : « C’est parce qu’on ne peut rien écrire sur rien qu’il y a autant de livres ». Rien. Nada. On y reviendra. Pour le moment, il veut nous jouer sa dernière chanson : elle est belle, elle parle du massif de Belledonne, là où, avec Claude, il aime marcher « aux deux bouts des semaines ». Elle sera sur le 2ème album de NADA, le groupe de l’association éponyme, « mais avec des points ». Et il rit : impossible de résister. La guitare sur les genoux, il raconte, parle du projet N.A.D.A, dit qu’avec le piano, les cordes, l’ensemble va être très mélodique, surprendra ceux que « Un dernier mot » avait heurtés. A propos, dirait-il encore aujourd’hui que c’est l’album qu’il avait rêvé d’enregistrer ? Sans l’ombre d’un doute : « On a fait ce qu’on voulait faire : c’est l’histoire de trois rencontres, une  d’écriture, une musicale et celle d’Eric avec le groupe. C’est aussi l’histoire de nos histoires. » Elliptique, Fred Vanneyre ? Il répond, soucieux : “On me dit maintenant que « Ouessant » est trop longue, trop exigeante. Mais quand on l’a jouée au Cœur des gens, c’était encore pire, et pourtant il y a  eu adhésion. » On lui rappelle des mots un peu durs : « j'ai tendance à croire que l’album est minimaliste par défaut et que votre exigence de départ n'est perceptible que pour vous », il élude et annonce : « Vous allez voir, nos filles vont clore le débat. » Des filles ? «  Margueritte, Camille, Adèle… », autant de chansons courtes, de figures passionnées qui vont amener NADA sur des terrains moins sombres. La voix chaude se fait convaincante, il entonne « la chanson des remerciements », celle qui parle du mald’Elvire… Un mot sur sa collaboration avec Laurent Cachard ? La question que lui-même s’est posée : pourquoi un autre homme de mots quand on a assez de verve pour se les servir soi-même ? « Peut-être justement pour éviter le narcissisme. Là, il y a un chiasme, c’est réussi. » Et Ahmed Mérabet ? « On a commencé à jouer ensemble, il me tournait autour, il avait besoin de me sentir, de me coller pour trouver la note, ça  a été dur d’être dissocié en studio. » Ces relations-là, les a-t-il toujours cherchées ? On lui parle des « gentlemen liers », avec Hervé Quaglia, de Yann et du « Nocturne » qu’ils ont enregistré. Il raconte une autre histoire pour répondre : « On m’a volé ma guitare dans le train Lyon-Paris alors que j’allais passer le Capes : j’avais décidé de tout arrêter. Et puis à Bourg, JC m’a proposé d’intégrer Sur les Quais, et Laurent m’a fait entrer dans un tourbillon de création, de rencontres. Je leur devais bien de reprendre. » Et maintenant : « Laurent m’a fait promettre de faire un album solo, je vais y réfléchir. » Une séparation ? Plutôt un pacte à la Noir Désir : on se retrouve quand il est temps de le faire. Pourquoi alors ne pas aller au bout de ses envies et reprendre les chansons qu’il répète avec Ahmed : Nick Cave, Sixteen horsepower, Murat ? Et « dans les ascenseurs, camarade », de Ferré. Ou mettre en musique « La chanson du chagrin", une des nouvelles qu’il a écrites et qu’il n’a pas le temps de reprendre. Au final, on est épris, on n’a pas envie de partir, surtout qu’il vient de proposer le vin d’orange familial. Ahmed devrait arriver, nous dit-il, il nous propose de l’attendre. Et se remet à jouer : « le silence environne, l’horizon déchiqueté autour, ta silhouette murmure mon nom, la béance m’emprisonne, me délimite, impose Vamour, qui empiète le massif de Belledonne. » On m’avait pourtant prévenu. 

portrait écrit en 2003.

19:05 Publié dans Blog | Lien permanent

03/01/2015

Décompte.

Le prix cassé des cours intensifs d'anglais dispensés par Mister Li s'expliquait par sa réponse, "If, if, between", quand les impétrants frappaient à sa porte.

20:55 Publié dans Blog | Lien permanent

02/01/2015

Autoportrait en 2003.

Il s’était juré de ne rien faire pour ses trente-cinq ans, il se rend compte aujourd’hui qu’il avait raisonné pareillement pour les 30 : « ce n’est pas pareil, se défend-il, pour mes 30 ans, j’avais décidé d’aller à Ouessant, et puis j’ai renoncé, faute de temps, faute d’argent ; j’ai improvisé une fête à la maison, elle s’est terminée à la Soierie à sept heures du matin ! ». A le voir, on est loin du cliché qu’on véhicule sur son compte : volontiers cassant, péremptoire, sûr de lui, on en passe. Une image qu’il n’a jamais comprise : « je n’ai pas attendu de faire de la philosophie pour mettre le doute en préalable de tout ce que j’entreprends… ». Il nous reçoit chez lui, simplement. Petite touche de provoc quand même, l’élégant et siglé tee-shirt Noir Désir. Il dit qu’il n’a pas supporté que Nadine Trintignant s’épanche une deuxième fois sur les drames personnels qu’elle a vécus mais veut couper court et cite Higelin pour ça : « Ah, ne m’faîtes pas dire c’que j’ai pas dit ! ». Du coup, on lui demande si des figures comme Nizan, le Hippo de « Un monde sans pitié », Alceste, le maître, ces personnes dont il aime à dire qu’elles « assènent des vérités en se regardant les ongles » (dixit le portrait que Sartre fit de son cothurne normalien) ne l’ont pas un peu sorti des basses réalités de ce monde : « c’est vrai que la vulgarité m’énerve, concède-t-il, mais faut-il accepter de passer à côté de ce qui est juste et beau parce que ce n’est pas dans l’air du temps ? ». Laurent Cachard est ainsi, toujours prompt à se transformer en chevalier des causes perdues, pourvu que l’on n’aille pas vers la concession, qu’il abhorre mais reconnaît pratiquer. Les idéaux lui semblent loin, lui qui cet été a fait un tour du côté du Larzac, le temps de manger « une tartine de pain frais beurrée avec des haricots blancs et du lard » au stand de la Conf’ Vendée et d’écouter Manu Chao. Il aurait bien aimé croiser Daniel Mermet, mais il y avait trop de monde ; du coup, c’est un mini-concert de Paco Ibañez, cet été, qui l’a relancé : « ce type avait une force, avec sa guitare, une conviction, il balance des textes fabuleux avec la simplicité du passeur de merveilles ! » La chanson n’est jamais très loin avec lui : il dit pour plaisanter qu’il est capable de trouver une chanson pour chaque mot prononcé dans une conversation, que des amis peuvent témoigner ; il montre le disque qu’il a enregistré avec Fred Vanneyre, Ahmed Mérabet et Eric Hostettler, dit que « sans l’accident, les gens l’auraient davantage apprécié » : les fêlures sont là, tous ceux qui ne seront pas avec lui ce soir, Fred, Sammy, ceux qui auraient pu venir mais qui ne viendront pas. Sa première idée de carton d’invitation ? Prendre la photo de groupe de ses vingt-cinq ans et barrer les têtes disparues : « on vit mieux ça à trente-cinq ans, le cynisme aidant. Mais quand les trahisons arrivent, c’est sûr, la douleur est vive ». La mémoire aussi. Pourtant, il garantit la réussite de la soirée qu’il organise, dit que ses amis sont d’une richesse inouïe et que – signe pour lui d’une  vie réussie, « ils sont différents ». Ce dont il avait peur avant, et qui ne l’effraie plus… Quand il s’agit pourtant de dire ce que « ça lui fait » d’arriver à cet âge, l’atrabilaire amoureux ne se démonte pas et renvoie à sa mère : « quand je ferai le bilan de ma vie », dit-elle toujours, paraît-il. Et lui ? « Oh, j’ai lu à quatorze ans qu’on n’était pas sérieux quand on a dix-sept ans  et à dix-sept ans que vingt ans n’était pas le plus bel âge de la vie, alors… » évacue-t-il. Des soucis pour ce soir, au moins ? « Que la menthe soit fraîche et qu’on ne manque pas de glaçons. » Pas la peine d’aller plus loin, visiblement : pour un soir, la métaphysique sera mise de côté. On peut s’attendre au pire, mais de ces pires dont on a tous besoin, de plus en plus régulièrement. Ce soir, cela fera trois mois qu’il aura commencé à apprendre l’espagnol, une langue qu’il s’est juré de maîtriser d’ici cinq ans, pour la quarantaine : de quoi pouvoir prononcer correctement le mot « Jerez », pour le boire plus tranquillement. Et dire une fois encore qu’entre « la perfection de Dionysos et l’amertume de Don Juan » - la définition que Garcia Lorca donna du fino, il n’a pas choisi et se refuse de choisir. 

 

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01/01/2015

En 2015.

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31/12/2014

Bilan de compétences.

Puisqu'il faut s'y coller... En 2014, j'ai vécu une expérience de tout premier plan avec l'écriture, viscérale, obsessionnelle, quotidienne d'un roman qu'on a exécuté en deux adjectifs et quelques autres silences. J'ai mal vécu l'absence de certains de mes amis, la stagnation des projets, des promesses non tenues, je me suis juré de me blinder et n'y suis pas parvenu. Mais pour autant, en 2014, ce projet, "Aurélia Kreit" a reçu l'aval et la participation financière de l'ARALD et de la Région Rhône-Alpes, ce qui m'a permis d'aller en Ukraine, de rencontrer là-bas, par l'intermédiaire de Philippe, Antoine, Jennya, toutes les personnes qui m'ont hébergé, également, celles avec qui j'ai pu échanger, j'ai remonté le cours de l'histoire de mes personnages, ce qui n'est pas donné à tout le monde, dans une vie. J'ai rencontré Franck Gervaise, chez lui, dans son atelier et dans sa ville. J'ai rencontré Malika et Magali aux halles de Sète, nous sommes allés jusqu'à Jim, qui signait sur la plage. J'ai été au coeur de la troupe Fergessen, par deux fois plusieurs jours. J'ai revu Thierry, ce comédien que j'admire et qui fera une lecture de "Trois-Huit", en 2015. J'ai posé les bases d'un atelier d'écriture franco-suisse qui n'aura peut-être pas lieu mais qui ne m'empêchera pas de travailler avec Nicolas Couchepin, je le pressens. J'ai regretté des choix, mais je les ai faits. En 2015, je continuerai, avec des étapes importantes: le travail (d'édition) et la parution du roman, le 3 titres final de "Littérature & Musique", une belle représentation qui s'annonce à Fleury, des invitations pour Tébessa que je prends avec le sourire,  le deuxième album de mon ami Eric Hostettler, une collaboration au long terme avec des chevelus des Vosges et "Paco", rien que ça. J'existerai, à mon niveau.

PS: il va sans dire qu'à part pour Crétin, mon suiveur préféré, ce blog - et cette note, a fortiori - est celui de l'écrivain. L'homme sait ce qu'il doit à ceux avec qui il partage son univers.

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30/12/2014

Transport.

Cette nuit, dans la fièvre, tous les mots d'une chronique brillante me sont venus de façon tellement éclairée que je n'avais plus qu'à me réveiller de mes tourments et les laisser me la dicter. Mais je me suis retourné, retourné, et les mots, au matin, sont devenus courbatures..

17:48 Publié dans Blog | Lien permanent