17/02/2015
Balade d'un autre hiver.
Je marche dans les rues d’une autre ville que celle dans laquelle j’ai si souvent marché. Des jeunes me demandent leur chemin, timides. Je souris. Rien d’étranger à cela : quand Xavier se dit que les rues de Barcelone, qui lui paraissent hostiles le premier jour, lui seront si familières au bout d’un temps qu’il n’y fera même plus attention, quand je me promenais, il y a peu, dans les rues de Dniepropetrovsk en prenant les repères que je pouvais prendre, quand on se voit, déjà, quelque part où l’on n’est pas encore, tout cela participe d’une seule et même existence. Le grand départ n’est pas pour tout de suite.
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16/02/2015
Môle Emploi.
Je fais à quarante-six ans ce que j’aurais voulu faire à seize : je ne laisserai personne dire que c'est une drôle de façon de boucler la boucle, dans des endroits que j’ai déjà tant habités.
22:14 Publié dans Blog | Lien permanent
15/02/2015
Dynastie.
La transmission, c’est quand on s’enthousiasme devant son père du fait que son petit-fils soit devenu un homme.
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14/02/2015
Bien avant l'heure.
Les changements de vie ont un effet-miroir chez ceux qui se rendent compte que vous n’êtes pas celui qu’ils avaient décidé que vous seriez, immuablement. Un léger vent de panique les frappe, au regard de ce qu’ils auraient pu faire et n’ont pas fait. Rien de triomphant dans un tel constat, non plus. Partir nécessite un minimum de courage, mais les lâchetés sont juste déplacées : c’est pour ne pas être le dernier à rester qu’on anticipe les départs.
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13/02/2015
Écrire d'ailleurs.
Et puis il y eut cet instant infini de la réponse, le cerveau qui s'active en amont des paroles convenues, une bonne nouvelle annoncée du cœur de la France administrative, qui allait m'envoyer, dans quelques mois et pour le reste de ma vie, dans un nouveau décor, un théâtre, même, à l'infini sans cesse recommencé. Un changement que j'appelais de mes vœux, une vie qui s'annonce - une fois les angoisses liées au recommencement levées - moins somnolente. Depuis hier, cet inconnu qui grossit, des aux-revoirs qui s'annoncent, mais la tranquillité de ne pas partir trop loin, de ne pas avoir eu à renverser la table. Depuis vingt ans je fais la route de Sète à Lyon, par nécessité, presque. Plusieurs fois par an ces dernières années. Depuis hier, je sais que je ferai l'inverse, à partir de cet été. Times are changin', pour moi aussi. Quand mon prochain livre sortira, au dos, la ville ne sera plus la même: mais celle sur laquelle j'ai tant écrit restera la mienne. Elle est éternelle.
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12/02/2015
L'aveu.
Tu es la seule incursion métaphysique que ma rationalité m'autorise. Une sorte de souverain d'un royaume surréel, dans lequel je suis parfois invitée.
10:57 Publié dans Blog | Lien permanent
11/02/2015
Ithaque au tac.
L’hébergeur de ce blog me signale que j’ai épuisé 95% de la mémoire en stock. Que je dois choisir d’effacer des notes, ou d’ouvrir un autre site. L’idée d’être allé au bout de la mémoire me plaît, mais celle de déménager, moins. Je trie, j’efface des notes, celles du début (pas la première), je retrouve un historique vite oublié. C’est le mode, la nouvelle culture : quand on gagne un instant (chez l’autre), rien n’est acquis pour autant. Ces notes que je soustrais à ce journal d’un septennat, elles se déduisent d’elles-mêmes d’un total : j’ai écrit plus de 1500 notes mais le compteur, quand j’agis ainsi, en affiche moins, c’est logique. Mais ça ne m’empêche pas de me sentir Pénélope, à défaire en espérant le retour. L’éternel retour.
16:45 Publié dans Blog | Lien permanent
10/02/2015
Lâcher des noms.
La mémoire, puisque c’est le thème, connaît parfois des permanences incroyables : je n’ai jamais oublié qu’alors que j’étais élève de Terminale, j’ai réalisé un stage de deux semaines dans un établissement scolaire de la Croix-Rousse, pour y être l’assistant du professeur d’anglais, intervenant en classes de… Première. J’y ai même animé une séance sur la chanson « New-York », de Art Garfunkel. Vingt-huit ans avant d’y aller. Mais là n’est pas la particularité du souvenir : dans ces classes dont les élèves me regardaient, goguenards, vu que j’étais parfois plus jeune qu’eux, une seule tête aimable et sympathique m’est restée, une présence évanescente, une voix très douce et un sourire sublime. Un nom, qui m’est resté. Avec l’envie, dès ce stage terminé, non de devenir professeur d’anglais, mais d’immortaliser l’instant. Mon premier portrait écrit, dans un cahier qui a disparu, depuis. Elle s’appelait Valérie Calliès, elle doit s’appeler autrement maintenant, avoir vécu une autre vie que la mienne. Je voulais lui dire que j’avais eu le Bac.
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