14/12/2024
PATERNATALICIDE
"Une rafale de quatrains aura eu raison d’un traîneau et de son équipage. Ça sentait le sapin pour le bonhomme au manteau rouge… Sans manquer de nous fait l’aveu de l’avoir incarné—il le fit, écrit-il, de son mieux—Laurent Cachard se délecte à mettre à nu et désacraliser un Père Noël relancé par Coca pour booster sa carrière et susciter de frénétiques dépenses. Un cadeau au bilan carbone des plus sobres à télécharger entre deux niaiseries chantées autour d’un sapin dont l’étoile vacille."
C'est sans doute parce qu'il peut parfois être aussi potache que moi que Jean-Renaud Cuaz a mis en téléchargement gratuit sur le site Audasud ce paternatalicide - le titre est de mon enfant - une série de quatrains écrits à main levée il y a quelques années, qui n'a nulle autre prétention que l'envie de se moquer un peu. C'est ici.
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08/12/2024
Derrière le mur.

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05/12/2024
Les Noz d'émeraude sont disponibles!
« Ce livre n’est pas une biographie du groupe, dont la vie a ceci de magique qu’elle n’a pas à être étalée sur la place publique. Ce n’est pas non plus un livre de fan, l’apocope m’étant peu sympathique et l’idée, en soi, effrayante. C’est une somme, une fantaisie, une façon de se positionner au regard du travail de l’autre. Avec admiration, respect et libre-arbitre : un livre qui reste à bonne distance critique. »
C’est à partir d’aujourd’hui qu’on peut se procurer mes « Noz d’émeraude » (Radioscopie du Voyage), un superbe livre - 236 pages, format : 120 x 210 mm , photos de Stéphane Thabouret – sur le Voyage de Noz comportant un entretien-fleuve avec Stéphane Pétrier, 40 notes de blog, 4 nouvelles – Anassaï, Le Secret, Aurélia, Il est l’heure – et de nombreuses surprises !
Un livre écrit en toute liberté, Stéphane n’ayant pas souhaité en prendre connaissance avant qu’il sorte.
Ce sont les éditions l’An Demain qui vont faire le lien entre les deux pans de ma vie, lyonnaise et sétoise, le travail de typographiste de Jean-Renaud Cuaz, la mise en page qu’il fait du texte et des superbes clichés de Stéphane (Thabouret) - son goût pour l’image, dit-il, nait au son du Voyage, à 18 ans. Il lui en faudra 25 de plus pour en devenir l’ombre, et un des photographes officiels – rendant l’ouvrage magnifique !
Avant les festivités en librairie en 2025, vous pouvez commander l’ouvrage sur le site :
https://www.audasud.fr/les-noz-d-emeraude
ou par le bon de commande ci-joint.
Il y aura-t-il de la Noz à Noël, sous votre sapin ? À vous d’en décider.
Merci de partager et de faire savoir.
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01/12/2024
Ma route.
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23/11/2024
Chez lui on meurt deux fois.
Évidemment, quand on arrive à mon âge dans un concert de rap, on détonne un poil dans le dress-code, et il paraît un peu pathétique d’adopter, en mimétisme, un air gangsta qui se dandine en distillant des Wesh, frérot. Mais un concert de Petitcopek dans sa ville de Sète, ça ne se rate pas, et si les premières parties ont été un peu longues pour un quasi-sexagénaire, ce que j’ai vu ce soir était une belle démonstration que les clichés sont faits pour être démontés, que la poésie, l’allure et la présence scénique de Lorenzo Cianni sont dignes des plus grands. J’écrivais après les Automn’Halles qu’il y avait du Abd-Al-Malik chez lui, dans cette façon de se tenir droit devant le micro – après une arrivée projetée en arrière-scène, encapuché, houdi et survêtement bleu turquoise siglé- avant de vibrer avec la musique. Particularité de cette relase party de Côté passager 2, son 2e EP sorti ces jours-ci, c’est la formation avec une flûtiste-percussionniste de grand talent, la Chips au clavier, Doc HAD en DJ et Pierre Eyral, Panzer pour ceux qui le connaissent, chargé de mettre un peu d’organique là-dedans, à la guitare et à la basse. Nicolas Grosso était prévu, mais le vélo a eu raison de lui pour un bon moment, le contrebassiste programmé a eu un empêchement, la mise en place a été complexe, aux dires de Lorenzo, mais ça fonctionne, avec quelques problèmes de son, ça danse, c’est souvent romantique – j’veux qu’on s’aime toujours comme Ross et Rachel – à l’image de son sourire et de ses remerciements permanents. Il est chez lui, Peticopek, à la Passerelle, il a commencé là et finit là – antiphrase – on voit des jeunes le regarder avec l’envie dans les yeux de s’inspirer de son parcours comme lui a pris de ceux qui l’ont encadré dans ses premiers ateliers d’écriture. Il a beau, dès le premier morceau, emmerder la SACEM et les Victoires de la musique, s’acoquiner, il a l’image et le son d’un indécrottable sensible, la qualité d’écriture d’un vrai poète. Un de ses derniers sons, Madame, est impressionnant sur ce point : Madame a grandi dans ce monde, l’histoire est écrite par les vainqueurs. Il chante même une chanson d’amour qui promet qu’il ne dira plus je t’aime dans ses chansons – je dirai plus jamais Ti amo - c’est vous dire. Le concert a des sonorités latinos, souvent, c’est entraînant, bien monté, les choeurs de HAD sont impressionnants, la complicité avec la Chips, avec qui il a créé de toutes pièces le projet Sète, Péchés, Capitaux est évidente, la voix féminine est belle et (très) juste, c’est un très beau set, à Sète. Avec une mauvaise réputation reprise à tue-tête par un public de tous les âges, ce qui est toujours amusant, un enfant de Sète commencé a capella puis en douceur avant d’exploser, des morceaux du volume 1 qui sont déjà en tête – même être original je crois que je l’ai déjà trop fait – et des traits – en allemand Ich bin nicht very gut- qui marquent. Il y a eu une pause qui n’en était pas une, un faux-départ des musiciens quand il leur a dit J’peux pas payer – en gémellité avec le J’ai rendez-vous avec vous de son glorieux aîné : Monsieur le propriétaire, désolé, votre loyer, j’peux pas payer. Et un final en or, avec son avec le cœur qui lui ressemble tant, avec cette façon irrésistible de faire rimer 1,80m et quatre chemins et de faire se trémousser sur place un mec de près de 60 ans qui n’avait jamais vu un concert de rap. À part Abd-Al-Malik. Ouais ouais ouais.
PS : à titre personnel, je suis ravi que Lorenzo soit du 2e volume des Figures Singulières, dont la sortie est programmée au 18 janvier.
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15/11/2024
Benoît.
C’est une nouvelle à laquelle on s’attendait mais qui fait basculer la temporalité de l’autre côté, dans ce qu’elle a d’inéluctable. Benoît est mort, me dit-on, et là, c’est tout un pan de mon enfance qui remonte, et avant tout - au même titre que ma grand-mère paternelle - une figure de l’autorité. Il n’y a pas si longtemps, il me demandait pourquoi je ne le tutoyais pas, comme les autres le faisaient, je lui ai répondu que je n’oserais jamais, que c’était très bien comme ça. Quand Cécile, sa plus jeune fille, me trouvait casse-prunier (l’expression est d’époque) dans nos jeux d’enfants, elle menaçait de le dire à son père et la seule image me convainquait de ne pas l’être davantage (si tant est que je le fusse !). Pourtant, il n’a jamais élevé la voix, Benoît, c’était juste une présence, une force à elle seule. Une tonalité grave, une poignée de mains franche – une fois la casquette ôtée, c’est l’usage - et les deux yeux plantés dans les vôtres, à demander des nouvelles, sans jugement, jamais. Il avait 94 ans, Benoît, c’est un âge honorable pour mourir, mais on pensait égoïstement qu’il tiendrait encore au moins 38 ans, le temps qu’on y arrive, nous, à cet âge-là. Parce qu’on n’a jamais autant incarné le bon sens paysan, au sens le plus noble qui soit. Il n’aura jamais su que je n’ai jamais osé aller me chercher une salade dans son immense potager, quand je suis allé réviser mon Bac à St-Romain, parce que je ne savais pas comment on les cueillait et que je n’ai pas osé lui demander. Il ne saura pas non plus que quand on me disait que les lapins – les siens – à qui j’allais donner à manger n’étaient plus là parce qu’ils étaient partis en vacances, je l’ai cru, et très longtemps. Benoit & Janine, c’est l’histoire de St Romain-de-Popey à eux seuls et dans une enfance aux trois mois et demi de vacances, c’est beaucoup de temps partagé, quasiment une éducation parallèle. C’est comme si je perdais un grand-père, moi qui n’en ai pas connu, ou presque. Ma sœur Françoise est devenue leur voisine il y a 6 ou 7 ans, déjà, en rachetant le terrain familial, en faisant construire en lieu et place de la maison Phénix à laquelle les Berger, cachés derrière le buis, ne donnaient pas dix ans et qui en a tenu 36. Elle faisait le lien temporel et Emma, sa fille, ma nièce, n’aimait rien plus que d’apporter une bière (ou un mojito) à son Benoît, qu’ils papotent un moment. On savait que ça arriverait, mais on a le droit d’être triste, de se réjouir qu’il soit mort dans son sommeil, peut-être en pensant à sa prochaine partie de boules, ou à la Chambre d’agriculture dont il fut le président, au devenir d’une activité qu’il incarnait à lui seul. Benoît, c’est le paysan de la parabole d’Alain sur le travail, celui à qui le philosophe demande pourquoi il passe une 3e fois la serfouette pour creuser un sillon alors que deux suffisent, et qui répond que la 3e c’est pour que ce soit bien fait. C’est cette forme de rectitude morale qui disparait avec lui, sauf à ce que ceux qui l’ont reçue de lui la fassent vivre et la transmettent. C’est le paradoxe des disparitions, dans ce qu’elles ont de quasiment joyeux, d’engageant : il n’est plus là, mais il survivra, longtemps.
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10/11/2024
Le Chercheur d'âme.
"Sinon, quand on est un groupe depuis 40 ans et qu’on fait des chansons, la seule façon de tenir 40 ans de plus, c’est de trouver l’inspiration d’en écrire d’autres, voir si elles correspondent entre elles, si l’unité de sens est suffisante pour qu’on les aligne sur un album, ce truc qui fait sourire ceux qui ne les ont pas à eux seuls, les 40 ans, voire qui en ont deux fois moins. Et à la Casa, l’autre fois, dans ce monde où tout allait à peu près bien parce qu’Éric était encore chez lui, là-bas, ils en ont essayé deux, des nouvelles chansons, celles qui provoquent, dans le public, une première ré-action, au sens propre, puis de la curiosité, l’envie de les entendre encore, de précipiter le temps qu’il reste avant de les avoir pour soi, chez soi. Il y a ce Chercheur d’âme qui joue sur les mots et sur l’idée d’une droiture érigée en conduite, la rivière des hommes fiers, du trésor qu’elle est supposée recéler mais que le chercheur ne trouve pas. En tout cas pas tant qu’il n’aura pas compris que le trésor est justement dans cette façon juste d’avoir vécu. Le parcours, pas l’arrivée, c’est la finalité du Voyage. On imagine le pionnier – qui creuse encore – se douter que la vérité est ailleurs mais que renoncer maintenant signifierait une vie échouée, pas seulement une vie d’échecs : il en a pourtant trouvé, un peu, des silences qui valent de l’or, des promesses pailletées, ça l’a maintenu dans l’illusion, le cul au fond du torrent. Il cherche encore, essaie de ne pas écouter Charlotte (Sometimes), la sceptique, pour ne pas avoir à se demander si elle avait raison. Qu’on nous a bien pris pour des cons et que rien, dans cette quête, ne justifie de la passer au (petit) tamis. C’est la question de l’amour, du sens, une autre nuance entre le nihilisme et l’aspiration, l’amour et la baise. On voit même passer Tristan, le plus vaillant des chevaliers & Iseut, la fille de roi, fière et loyale, dans cette belle chanson ; et leur amour, plus fort qu’eux, qui survivra dans les branches entremêlées de deux arbres plantés de part et d’autre d’une (vieille) chapelle ? Que dalle. Épuisé, le filon, depuis longtemps. Du moins, c’est ce que dit Charlotte. On n’est pas obligé de la croire, et vouloir, coûte que coûte, chercher encore. C’est quand on arrête de chercher qu’on meurt, de toute façon."
extrait des Noz d’émeraude, radioscopie du Voyage, l'An demain éditions, 240 pages, 20€
À paraître début décembre 2024
10:04 Publié dans Blog | Lien permanent
09/11/2024
Nachtstück.
Il faut savoir retourner à la fac, surtout dans ce bel écrin de la maison de l’université Jean Monnet et son amphithéâtre, qui accueillait hier l’ouverture du 2e festival Voix Intérieures, créé et animé par Clara Védèche, « ma » petite violoncelliste. Qui a tout d’une grande, désormais, de par son âge et par son talent. Hier, elle ouvrait sur cette belle scène épurée avec Marie Sans, guitariste classique, dans un duo qui marquait leurs retrouvailles, après des études menées conjointement. Elles se sont retrouvées à Bâle, et le lien s’est fait de lui-même, l’harmonie aussi. Elles sont vêtues des mêmes couleurs - du moins l’éclairage le laisse-t-il paraître - un vert émeraude en haut, du noir en bas, mais tout les distingue, dans l’ordre nordique pour l’une, la latinité chevillée au corps de l’autre: tout est prêt pour que ça fonctionne, alors. Elles sont jeunes, brillantes, miment parfaitement l’assurance quand elles présentent et interprètent des Lieder - ces courtes pièces de musique vocale, à caractère populaire ou savant, chantées sur un texte en langue germanique - de Schubert, sur une pastorale de Goethe - Schubert et Goethe se rencontreront sur du papier à musique 71 fois, Schubert n’hésitant pas à composer plusieurs versions d’un même poème - ou sur le thème de la nuit. Elles racontent les adaptations, quand un piano-voix est ici interprété par deux instruments à corde, la gravité du violoncelle laissant entendre ce que le poème raconte. Le son de la guitare est cristallin, l’équilibre parfait. Marie joue en douceur, imperceptible, quand le visage de Clara est très expressif, comme si la beauté devait passer par une forme de douleur. Ses bras dénudés sont bandés dans les passages musclés, sa chevelure, retenue, dit tout de la lionne qu’elle a toujours été, quand Marie, le pied posé sur un support, reste imperturbable. C’est sans doute cette symbiose qui a opéré en plein, quand elles reviennent pour interpréter du Manuel de Falla, en une seule pièce - d’où les applaudissements retenus, cette fois . Je me retiens de hurler « Dans le ventre d'une Espagnole, Il y a l'espoir qui se gonfle et qui gonfle Et qui attend... Et qui attend... », mais je sais me tenir. Il y a 6 pièces sur les 7 transcrites pour violoncelle et guitare par Konrad Ragossnig, la complicité des deux musiciennes est évidente, passe par le regard, toujours mutin chez Clara quand il s’agit d’évoquer des thèmes qui la dépassent, mais jamais techniquement. C’est toujours fascinant de voir d’aussi jeunes gens s’emparer de sujets aussi graves sur des instruments d’un autre siècle que celui d’avant celui-ci. Le mysticisme, la solitude, l’animisme sont logiquement des préoccupations trop grandes pour elles mais c’est à nous qu’elles les restituent par l’action de leurs mains sur des morceaux de bois. Marie revient seule, jouer trois pièces pour guitare, de Mertz et de Schubert, encore, puis le duo se refait pour une suite de Raffaele Bellafronte, compositeur contemporain - preludio, Histérico, Romantico & Tango - on se sent à un moment dans la BO d’un film d’Hitchcock, ça cavale, ça virevolte. En guise de rappel, elles refont Die Nacht, le premier morceau qu’elles ont joué, la boucle est bouclée, il y a des sourires, de soulagement et de satisfaction, des promesses pour les concerts d’aujourd’hui - avec Manon Galy au violon etJorge Gonzalez Buajasan au piano pour accompagner Clara - les concerts méditatifs de dimanche. J’aurai traversé un bout de la France pour la voir à l’œuvre, ma petite musicienne - n’oubliez pas, mon athéisme vacille à chaque fois que je croise une violoncelliste - et je n’ai pas été déçu, loin de là. Et je mesure la chance - et l’obligation qui va avec -de l’avoir à mes côtés bientôt, à Florensac, pour notre duo Littérature & Musique. Je l’attends avec impatience. Aurelia, Camille et les autres aussi.
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