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23/10/2015

Relecture(s).

"Ces petits regrets qui arrivent comme ça, sans qu’on n’y puisse rien, pas parce que l’on meurt, mais parce que le temps qui s’est  écoulé n’a pas aidé. Je l’ai aimée, Casilda, pas ta sœur, sa mère, dans un autre temps que le tien, je l’ai chérie, elle m’a accompagné partout, mais ça n’a pas été facile pour elle : sa rivale écrasait tout, la musiqueprenait la moindre seconde de mon temps, sur l’élan qu’Antonio avait initié. La seule figure féminine à qui j’aie accordé l’exclusivité. Elle s’immisçait entre nous, la ramenait à son statut de mère, débordée par ses trois gosses, supportant les compliments de celles qui l’enviaient et renvoyaient de moi une image si différente de celle qu’elle avait, quand je réapparaissais, préoccupé, irascible, prétentieux. Même les caractères les mieux forgés ne fréquentent pas les sommets sans ressentir l’ivresse : elle est insidieuse.Etre à mes côtés, c’était être derrière moi, dans mon ombre, mais pas seulement comme Lucía le fut avec Antonio : entre nous, il y avait la gloire et même si je n’en ai jamais fait usage, il y avait toujours quelqu’un ou quelque chose pourla lui rappeler."

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22/10/2015

They don't know that we know they know we know.

Ainsi donc on usurpe mon identité pour mettre des commentaires insignes sur un blog ami, qui, louons la qualité de son auteur, reconnaît l’usurpation au style du faussaire, amateur faut-il croire. Il y a de mon Crétin là-dessous, à l’évidence, mais il y a mieux (ou pire, selon où on se place) : si Laurent Cachard, le vrai, celui qui vous écrit, veut commenter sous son nom un article dudit blog, désormais, il pourra compter, toujours, sur la reconnaissance, dans tous les sens du terme, de l’auteur du blog, mais devra compter, désormais, sur la méfiance de ceux qui se disent que sous l’appellation, il y a peut-être un faux Laurent Cachard se faisant passer pour le vrai dans l’espoir de pouvoir distiller du faux. Ajoutez à cela l’idée que le vrai Laurent Cachard pourrait avoir envie, par jeu, de se faire passer pour le faux dont on se demanderait, au final, si c’est le vrai ou pas, et vous obtenez un maelstrom d’hypothèses qui va perdre jusqu’au plus attentif des limiers du Net. Cette grande machine derrière laquelle l’anonymat et la jalousie font des ravages.

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21/10/2015

211015*.

vogue.jpgTout le monde sait que c’est l’eau dans la pâte et la cuisson sur feux vifs qui font le goût unique des gaufres de la Vogue des marrons. Mais ça revient à expliquer à un Breton que si des bulles se forment et montent à la surface de la fontaine de Barenton, ce n’est pas seulement parce que les fées vont émettre un oracle. Bref, à chacun sa rationalité, mais la Vogue de la Croix-Rousse, c’est un rendez-vous annuel insupportable parce qu’à chaque année s’ajoute la conscience de celle qui est passée, et qui décale votre perception : des jeux de plus en plus bruyants, des attractions de plus en plus chères, la disparition programmée des avions, après celle du « Paris-Méditerranée ». Pourtant, chaque année, ça n’est pas la vogue qui importe, c’est d’y aller. Et hier, profitant d’un séjour « chez moi », j’ai fait le voyage, comme quand j’étais enfant, comme dans « Tébessa », puisqu’on ne cesse de m’en parler, encore, et j’ai défié la fatigue, snobé les bus, emprunté les chemins de traverse pour m’y rendre. Je suis passé sur les places de mon enfance, j’ai remonté la rue Hénon, jeté un œil au clocher tant regardé de mon bureau d’écolier, j’avais l’impression que chaque personne croisée venait de ce temps-là, avait vieilli, comme moi, mais se retrouvait dans le regard que je lui accordais, qu’elle me rendait. J’ai déjà tout dit sur la mécanique des places et des temps, rendu à la Croix-Rousse ce qu’elle a donné à mon enfance. On en est ou on en n’est pas, c’est aussi imbécile que ça, et il faut la vivre d’ailleurs pour que cette appartenance ait un sens. Mais hier, pendant que je faisais le chemin dans un sens, un autre que moi le remontait, arrivant d’en bas, plus qu’un autre, puisque partie, réelle, cette fois-ci, de moi-même. Manger une gaufre au sucre au stand Modern’ Confiserie, ça n’a rien d’un acte anodin : donner un rendez-vous à son fils pour qu’on en mange une ensemble, c’est un de ceux qui font qu’un jour on pourra accepter de passer la main : on y est souvent allé tous les deux, c’est la première fois qu’on s’y retrouvait.

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20/10/2015

Paresse.

Je ne dirai que demain comment je me suis retrouvé, une fois de plus, mais avec une intensité jamais égalée, encore, dans les rues de ma Croix-Rousse natale.

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19/10/2015

La montre du Boss.

FullSizeRender-6.jpgJ’aurai donc – même si je sais qu’il y en a pour ne pas aimer le futur antérieur – été du côté de l’organisation, à ma petite échelle, d’un Salon du Livre. Eté convié à couvrir dix-huit mises en scène de textes d’auteurs, les lancer, revenir avec l’écrivain pour confronter sa réaction à celle des spectateurs, des comédiens, ouvrir le débat, continuer le goût du livre dont je parlais hier. J’aurai, depuis fin juin, lu dix-huit ouvrages, tous différents, je serai passé d’un Papa sur la Lune  à une somme de sept-cents pages sur le conflit en Afghanistan, sur le « Pukthu », code d’honneur des Pachtouns, dont l’auteur montre, sous son bonnet, qu’il n’a pas écrit sans savoir. J’aurai eu un homme, monstre de culture et de gentillesse, oeuvrant dans les origines de l’histoire (la paléontologie) pour en assurer la continuité. J’aurai croisé des romans d’initiation et de fuite, celui, inégal, d’une jeune auteure à qui, sans doute, on ne peut rien refuser, celui, plus mélancolique, d’un homme dont on mesure, quand on l’a à ses côtés, que TOUTE LA FRANCE le connaît, par ses seules initiales devenues acronyme. J’aurai interrogé deux des auteures que j’apprécie le plus, l’une, écrivain singulier, pas seulement parce que son père dirigeait, en 1956, la prison de Tébessa, pas seulement, non plus, parce qu’elle fut en lien avec la psychanalyste Claudie Cachard, l’autre parce qu’elle a écrit - je le lui ai dit - le plus beau roman que j’aie lu depuis longtemps, la vie reconstituée d’un compositeur qu’on a oublié et dont on se dit, quand on en entend les premières notes, « Ah, c’est lui ! ». J’aurai vu dans les yeux d’une jeune et prometteuse auteure tout le bonheur des premières récompenses, des cadeaux que procure l’écriture, quand elle se charge de vous : son histoire ancrée dans la grande, ses trois femmes en pleine incendie du Bazar de la Charité. Je regretterai de ne pas avoir davantage rassuré (de ma lecture) une romancière exigeante, à l’écriture affinée, lancée dans une trilogie de l’eau, j’aurai attrapé dans le regard la complicité et la bienveillance d’un prochain Prix Goncourt (dont on peut parier qu’il n’en aura cure) et d’un ancien Nobel (ou équivalent) de Mathématiques, et son délicieux dessinateur, j’aurai laissé soliloquer, sans pouvoir l’interrompre - ni même faire en sorte qu’il passât le micro à celui dont il n’a eu de cesse de dire qu’il allait lui passer – un monstre sacré de la Bande dessinée et du rock’n’roll à la télé, du temps de ma jeunesse. J’aurais voulu qu’un auteur d’enquêtes policières pour la jeunesse restât sur la scène pendant plusieurs heures, qu’on débatte de sa position sur le naufrage de l’Education Nationale,  adoré qu’on y croisât les deux nonagénaires qui se sont décommandés, l’un dont l’intelligence et l’engagement dans tout ce qui a fait la pensée en France dans le siècle dernier et le présent, un homme qui sait et enseigne, avec une facilité déconcertante, les systèmes complexes et les imbrications des disciplines, l’autre dont la littérature, parfois raillée, a des parfums d’eau de rose mais des effluves de Chanel, aussi. J’aurai vu un auteur – perché sur la scène, sur le lit de son personnage, son doudou presque homonyme à la main - me remercier, du regard, des références à Lupin dans son roman, un de ceux qu’on voit par milliers dans les gares et l’été, sur les plages et qu’on n’aurait pas eu l’idée de lire si on ne nous avait pas demandé de le faire. J’aurai mené un micro-débat, à brûle pourpoint, sur la vie d’un maître de l’Ecole hollandaise avec le metteur en scène, pour pallier l’absence de son dessinateur, à qui j’aurais aimé demander des nouvelles de Nick Cave. J’aurai enfin terminé, sans qu’il en fût réellement question au départ, par interroger, dans un chapiteau plein à craquer, le maître des lieux, le fondateur de la fête, il y a trente ans, sur ses souvenirs de libraire et bien d’autres choses. J’aurai fait tout ça, entre le moment où j’ai échangé des mots, les nôtres, avec Isabelle Flaten, dans la galerie du Réalgar, et le moment où je me suis écroulé en me disant que c’était une pure folie d’imaginer qu’on pût le faire. J’aurai fait tout ça sans quitter des yeux, puisqu’on m’en avait donné la mission, la montre du Boss, empruntée pour l’occasion. Et à la minute près, j’ai rendu les clés, et ne l’ai pas gardée, la montre.

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 PS : en quittant « mon » théâtre, hier en fin de journée, je croise de jeunes comédiens intervenus le matin ; on se parle, on échange nos impressions et eux, comme si de rien n’était, me font part de quelque chose qu’ils ont inventé, une application pour Smartphone, « Réserve déboussolée », qui permet de visiter la ville autrement, et de voyager, en capturant des capsules, à travers des œuvres choisies parmi celles des « Mots en scène », donc toutes celles que j’ai lues. Une invention géniale, une façon « d’augmenter les œuvres » pleine de richesse et de délicatesse. Je les ai remerciés, puis j’ai souri : finalement, Mme de Neandertal aura quelques raisons de se réjouir de ce qu’on est devenu.

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18/10/2015

Fiat (Guy) Lux!

FullSizeRender-5.jpgL’heure n’est pas aux bilans, juste à l’immense fatigue retenue jusque là. Pour autant, sans avoir pu écrire hier, mon marathon des mots (en scène) de la Fête du Livre de Saint-Etienne est une expérience épuisante mais enrichissante. J’ai côtoyé, présenté, introduit des auteurs et des envies de lecture, j’ai partagé la scène, eux en haut, moi en bas, avec des compagnies magnifiques dont le travail, s’il ne m’a pas toujours plu, était fidèle au cahier des charges établi : donner au public, nombreux à se presser sous les tentures du Magic Mirror, le goût de poursuivre l’aventure en achetant le livre, en se le faisant signer. Belle expérience d’être de l’autre côté de la barrière, d’être celui qui a lu et qui le montre, discrètement, par telle ou telle référence dans une question ouverte : l’auteur est un être fragile, il faut le rassurer. Sauf quand, a contrario, il vous oppose une réaction à chacune de vos questions, alors là, il faut le laisser faire, croire que vous n’avez sans doute pas compris son intention. Ce sont ceux qui sont venus me chercher qui me diront si j’ai bien fait mon travail ou pas. Ce que je sais là, c’est que je l’ai fait.  Et que ça m’a plu. Reste à savoir si je le referai, en fonction de mon autre travail d’auteur. Entre lire et écrire, le dilemme est éternel, mais fondateur : on écrit mal quand on ne lit pas. Je vous jure, j’ai vérifié.

PS : la dédicace d’un dessinateur, c’est toujours une récompense. Mais quand elle vient d’un être aussi exquis humainement que Pronto, dont les enquêtes pour enfants sont si poétiques et intelligentes que l’Education Nationale doit les juger subversives, c’est un double bonheur.

20:19 Publié dans Blog | Lien permanent

16/10/2015

D'un décor l'autre.

Au petit matin, quand le soleil vire au rouge orangé sur la mer agitée, on ne se doute pas que, le soir, ce sont les cheminées d’usine qui limiteront le décor. Mais les villes se ressemblent quand elles le veulent, j’y reviendrai. En attendant, je vais aller faire un brin de toilette et un bout de lecture avec Isabelle Flaten, à la Galerie Le Réalgar.

17:00 Publié dans Blog | Lien permanent

15/10/2015

DEKALEKATAM DEKALEKATAM*

Quand la farce potache qu’il avait écrite pour dégoter enfin un Prix littéraire autre que celui de son quartier lui valut toutes les invitations du monde et l’enthousiasme de ses pairs, il dut à contrecœur supprimer tous les dossiers pour lesquels il avait encore un peu d’estime et d’espoir.

*comprend qui peut.

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