30/11/2015
Fonction phatique.
Aller dans son sens pour vider son discours. Que la rhétorique est agile quand on trouve la force de la solliciter !
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29/11/2015
Le Paco de Noël.
Je demande aux pêcheurs, aux horticulteurs, aux musiciens, aux gitans, aux membres de l’Eglise des Pacodeluciens, à mes amis, à mes ennemis (j’en ai), aux gens dont j’ai financé, en partie, les disques, les livres autoédités, les mémoires, les recueils de poésie, les trajets de métro, les repas aux Halles, je demande aux curieux, aux vifs d’esprit, aux critiques, aux angéliques, aux sceptiques comme aux optimistes, je demande aux ouvriers, aux maçons, aux montagnards, aux professeurs de philosophie (ceux de Lettres sont trop jaloux, souvent), d’espagnol, d’anglais, de SVT et de danse orientale, je demande aux violoncellistes, aux amateurs de groupes de rock, aux fans de Lady Gaga, je demande aux restaurateurs, aux routiers, aux hommes politiques, aux vendeurs de drapeaux, je demande aux Canuts, à ceux qui les ont remplacés, aux éditeurs divers et variés, aux poètes maudits chauves ou chevelus, je demande aux amateurs de tango argentin, aux festivaliers du Tempo latino, à ceux de Marciac, je demande aux plasticiens, aux laborantins, aux psychologues scolaires, aux thésards en science physique nucléaire non linéaire, aux boulangers, aux écaillers, à tous ceux qui sont toutes les semaines dans un salon du Livre différent, à tous les auteurs que j’ai rencontrés dans un de ces salons, à ceux que j’ai interviewés à Saint-Etienne ou ailleurs, à tous les amateurs de Jules & Jim, à ceux qui étaient avec moi en 4ème C, à ceux qui aiment le foot des 70’s, ceux qui ont déjà porté des pantalons africains comme Johnny Clegg, à ceux qui veulent connaître le lien entre ce livre-là et mon premier édité, à ceux qui sont allés voir le film de Curro Sanchez Varela, à ceux qui aiment les éditions du Réalgar, de s’intéresser aux deux dernières, simultanées, dont une me concerne. Agissez directement, soyez curieux, commandez-en un pour vous, et, à ce prix-là, un à la personne à qui vous ne savez jamais quoi offrir. Ça ne me rapportera rien, à moi – sauf au premier million vendu - mais ça compte dans le circuit de la petite édition, et ça rend un bout de la confiance à ceux qui m'en ont crédité.
20:11 Publié dans Blog | Lien permanent
28/11/2015
Laisy Noisy Nellie.
Ça a commencé par une première partie comme on n’en voit jamais, au vu de la maîtrise technique et artistique des gaziers dans la place. Il faut dire que Xavier Desprat et ses acolytes de Laisy Daisy envoient du très sérieux: session rythmique au sommet, envolées solo d’un guitariste survolté et polyglotte (par ses parents) qui n’a commis comme faute que d’avoir confondu Dave et Claude François tout en lançant un « Lucy In the Sky with Diamonds » épique, qui ne m’a pas fait regretter de lui avoir donné, il y a quelques années, mes badges des Fab Four datant de mon adolescence. Il y avait du bruit, du rock’n’roll, de l’émotion pour ceux qui ont été touchés dans leur chair (de techniciens, d’hommes de spectacle) il y a peu. L’ouverture était dantesque, il fallait suivre, mais les quatre autres de Nellie Olson savent faire, depuis deux ans, ou presque, qu’ils enchaînent les concerts antérieurs ou postérieurs à leur album de jeunes quinquas toujours noisy. On les attend, on les connaît, mais comme pour d’autres que je connais, c’est quand ils montent sur scène qu’ils se transforment, qu’ils retrouvent des automatismes trentenaires, quand l’un tenait la lead vocal et l’autre les choeurs. Maintenant, c’est l’inverse, mais ils s’en trouvent mieux ainsi. Pétrier, c’est acté, est le plus grand frontman que je connaisse, un iguane qui se confond et s’entortille avec le micro, une voix nasale reconnaissable entre mille et, à force de concerts, une meilleure maîtrise de l’anglais, une langue qu’ils ont choisie pour assumer la direction musicale et le thème de l’abus et du groupe.Quelques problèmes d’équilibre au départ, et le jeu prend le dessus: plaisir et spectre sonore de plus en plus amples. Dans la salle, les mêmes personnes, et des plus jeunes aussi, fils et filles des premiers, tout le monde est heureux d’être là parce que ce qui se passe sur scène est communicatif, parce que chacun prend une part de ce qu’il a vécu il y a une éternité, sur les mêmes accords et la même association de voix: quand Tito chante, aux choeurs, c’est moi qui ferme les yeux et embrasse mon existence, telle que je l’ai vécue et telle que j’aurais voulu la vivre. Dans le Radiant Bellevue copieusement rempli (en attendant la grande salle, au dessus, promettent-ils), l’harmonie est partout, même dans un « Ceremony » joué avec des chapeaux de paille de couleur, comme s’il fallait se confronter au ridicule pour montrer que la musique le surpasse, quand elle est jouée comme ça. Il y a une vieille atmosphère de fin de siècle, quand même, mais ça n’est pas pathétique, parce que tout le monde semble y retrouver des repères. On en oublie qu’on est rentré dans la salle comme à l’habitude, sans appréhension, et que c’est pourtant ce type de plaisir qui est visé: ça tombe bien, ils semblent disposés à répondre en jouant plus fort encore, en rassemblant plus de monde et en laissant les gens se ramener chez eux heureux, altruistes, conscients d’avoir été là où il fallait être.
19:44 Publié dans Blog | Lien permanent
27/11/2015
Volupté de fin gourmet.
Envier à quelqu'un quelque chose qu'on lui reproche de ne pas avoir est quand même le comble de l'obsession.
15:39 Publié dans Blog | Lien permanent
26/11/2015
Fragment.
On dit avoir tout dit, déjà, du discours amoureux. Or, s’il est un phénomène étrange, c’est que deux personnes qui se rencontrent savent rarement quoi dire.
20:01 Publié dans Blog | Lien permanent
25/11/2015
De là-haut, sur la pierre, on voit loin.
Je regarde les images en action, elles ramènent les fabuleux instants vécus, quatre jours durant, il y a un an. Un an au cours duquel des milliers d’heures se sont écoulées à les mettre en ordre, à mixer le son, à rattraper les erreurs (humaines), en laisser d’autres (humaines). Une année au cours de laquelle les mots que j’ai écrits in situ ont servi de fil rouge au film, jusqu’à laisser trop d’importance à leur auteur : on pourrait croire qu’il était au courant. Je n’en dirai rien, pour l'instant, parce que je savoure d’être un privilégié : de l’aventure, servi un peu avant les autres. Mais l’esprit de la route est là, et il est en phase, complètement, avec ce qui sortira de moi bientôt : qu’est-ce que la scène dit des êtres qui s’y produisent et, forcément, doivent en descendre, une fois les lumières éteintes et la salle vidée ? Je revis des moments qui ne m’ont jamais quitté, il y a comme un déphasage entre ce que je vois et l’idée que ce temps-là s’inscrit désormais dans l’ère du souvenir, gravé. Une trace inaliénable, comme un livre, moins la solitude de l’exercice, l’entière responsabilité de l’assumer, derrière. Je suis infiniment fier de ce travail-là, peut-être parce que je n’ai rien fait, justement, à part essayer de leur rendre une partie de ce qu’ils m’ont apporté. La totale des chroniques est là. Mais l’important, pour les curieux et les collectionneurs (série limitée à 300 exemplaires), c’est là. Le générique de fin m'a laissé exsangue, je ne vous dis que ça.
photo: Val Lefebvre
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24/11/2015
Transition.
Reconnaître, dans l’activité des hommes, leur tenue, leurs gestes, des traditions ancestrales, des apprentissages sur le tas, les confronter à ce qui a dû changer, un peu plus de plastique, des relevés scientifiques discrets, deux mondes qui se côtoient et s’ignorent dans le même temps. Depuis qu’elle les a filmés en 1961, les pêcheurs de la Pointe Courte d’Agnès Varda n’ont changé que de génération, pas de métier. Mais le lâcher d’anguilles, dans le port, a des reflets d’antan.
18:18 Publié dans Blog | Lien permanent
23/11/2015
Tout doit disparaître.
Ok, c’est bon. D’abord relire LA lettre, d’il y a un an, pile, ou presque, des remarques sur un manuscrit, celles que personne ne m’avait faites, encore. Considérer, après une phase de déni d’une même durée, à la louche, qu’elle est encore plus violente qu’elle avait paru l’être à l’époque, et Dieu sait qu’elle l’était, déjà. Ouvrir le fichier maudit, se convaincre qu’il y a matière – y’a tout, mais c’est pas en place, la sentence fétiche d’un ami musicien – mais qu’il faut tout défaire, tout reconstruire, éliminer, des actions, des personnages, des lieux, peut-être. Retravailler, refaire, remettre, en Canut, l’ouvrage sur le métier. Etre à mi-chemin entre le découragement et l’excitation. Se dire que personne ne nous attend et qu’on travaille toujours pour soi, d’abord. Pour avoir créé. Une millième fois depuis près de dix ans –que de visages, que d’existences, que d’histoires sont passés ! – débarrasser la table pour s’y mettre. Et ne plus perdre de temps. Pile à l’heure, dans ma vie, néanmoins, comme planifié : à regarder ma bibliographie dans le livre à paraître, inespéré il y a un an, pile, ou presque, les choses prennent du temps mais finissent par arriver.
(Miossec/Eicher)
15:36 Publié dans Blog | Lien permanent