30/09/2015
Mauvais goût.
Quand il émit, il y a 2.500 ans, dans « les Pythiques » cette formule restée célèbre : "Deviens-ce que tu es", Pindare, poète lyrique, se doutait-il que Grégory Lemarchal reprendrait ça à son compte sans réellement y parvenir ?
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29/09/2015
On n'a jamais le temps, le temps nous a.
Ça n’avait pas fonctionné : ils avaient même réussi à s’entre-déchirer pour des broutilles avant qu’elle décide de repartir dans les méandres de sa mémoire. Pour de bon. Et pour la bonne cause : elle s’était libérée de sa duplicité, recentrée sur sa vie et ses composantes. De temps en temps, elle avait une pensée furtive, se réjouissait secrètement d’avoir connu une telle passion, d’en avoir été l’objet. Elle ressentait, par-delà les océans, l’idée qu’il en avait fait un sujet, d’écriture, de mémoire, de permanence, mais puisqu’elle avait résisté à ses éditions, puisqu’elle n’avait plus envie de se reconnaître sans que ce fût elle, vraiment, elle reléguait tout ça avec une aisance inouïe. Sauf un vers : à la moitié du temps donné. Juste avant le pont de la chanson qu’il avait écrite, cette supplique, là, implacable, parce que d’ores et déjà désuète, à peine énoncée : pas parce que le temps qui nous est donné diffère selon que l’on a de la chance ou pas, mais parce qu’il est encore plus aléatoire d’en calculer la moitié. Cette phrase l’affolait, parce qu’elle lui revenait mécaniquement et, de fait, la ramenait à lui. Obligatoirement.
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28/09/2015
La couverture à soi.
Pour l’instant, ce n’est rien. Rien qu’une première idée de l’éditeur, un premier montage à partir du détail d’une œuvre abstraite d’un de ses amis peintres, un des ces premiers jets dont on sait, vite, qu’il faut le garder puisqu’il est bon. Ça n’est rien d’autre qu’un petit plaisir pris sur le temps, le travail qui reste à abattre avant que le livre sorte, une goutte d’eau dans l’océan du doute qui saisit l’auteur quand il doit affronter, avant que l’ouvrage sorte, l’idée qu’il va soumettre, une fois encore, son écriture au public. Quel qu’en soit le nombre. C’est un plaisir particulier, l’idée, avant qu’il existe, qu’on se fait du livre : ça n’est pas du narcissisme, le nom, au bout du compte, importe peu, même les majuscules dérangent, c’est tendance. Mais le titre, le principal comme on dit dans la presse, l’ancrage dans le temps d’après, celui qui unira pour le meilleur et pour le pire, l’auteur et son sujet, avec l’espoir masochiste que le sujet reste quand l’auteur aura disparu : ça m’est arrivé avec « Tébessa », ça pique un peu au départ, mais ça remplit de joie ensuite. Il sera temps, dans quelques semaines, de voir avec l’éditeur comment ce livre peut trouver une place plus grande que celle à laquelle il se destine en amont, mais c’est un autre sujet. Quant au titre, au sujet, les habitués du lieu auront deviné ; les proches, même, savent déjà à quel point ce livre m’importe, parce qu’il m’a ramené à l’écriture, parce qu’il a dégagé le terrain pour des travaux plus conséquents encore. Les autres attendront : j’ai appris qu’il n’y avait rien de pire que l’empressement dans la littérature.
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27/09/2015
Nagano.
Le conflit larvé entre les juges de danse sur glace et ceux de patinage artistique devint tel qu’on dut interdire, dans les vestiaires, les meuleuses à affuter les lames.
20:45 Publié dans Blog | Lien permanent
26/09/2015
Que sa joie demeure.
J’ai aimé qu’une des intervenantes, aujourd’hui, à Divonne, précise la joie qu’elle avait de tenir entre ses mains l’édition magnifiquement organisée, en frontière poreuse – c’est le mot qu’il a choisi – par Jean-Pierre Huguet. Un livre, fût-il collectif, ça n’est pas rien, et cette dame, d’un âge certain, soudainement, a fait remonter un plaisir qu’on tait trop souvent, par fausse pudeur, ou pour faire croire qu’on y est habitué. Elle était là, n’en croyait pas ses yeux : quoi, ce qui était il y a un an un vaste projet avait donc abouti, était donc imprimé sur deux faces, dos collé ? Qu’elle a raison de se réjouir, cette dame : comme je leur ai dit encore ce matin, comme je l’ai écrit dans ces pages, il y a peu, un livre porte en lui les germes d’une éternité que nous ne connaîtrons jamais. Merci à elle, à eux, à tous.
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25/09/2015
La terrasse fleurie.
Ce soir, tard, je serai dans la chambre d’hôtel que Lettres-Frontière me réserve à chaque fois que je dois, le lendemain, animer l’atelier d’écriture que l’association a mis en place, en septembre dernier. Un an après, pourtant, je ne reviens pas pour travailler, mais pour découvrir, en même temps que ses auteurs, le livre (la nouvelle) sur lequel ils ont sué pendant un an, avec des moments de découragement, d’incompréhension, de mais-où-il-veut-en-venir-et-pourquoi-il-ne-nous-donne-pas-plus-d’indications. Je reviens pour inaugurer, donc, et j’aurai autant de plaisir qu’eux à découvrir la plaquette, à faire entrer Gabrielle dans la liste des personnages sur lesquels, à leur place, j’aurais écrit de la même façon. De là à dire que j’ai déterminé la tonalité et le contenu, il y a une marge, mais avant de commencer avec eux, je savais qu’il y avait trois issues possibles à un atelier d’écriture : l’échec complet, et le projet avorté, pour tout un tas de raisons ; la concession excessive, avec un patchwork d’écritures différentes qui ne satisfait, généralement, que celui qui l’a écrit, et encore, sur son seul passage ; et l’écriture collective, sur laquelle tout le monde a œuvré, jusqu’à ce qu’on en sorte l’essentiel : le mot juste et la musique qui va avec. Quand je regagnerai la mer, je saurai au moins que si tout n’est pas parfait dans ce qui a été écrit, personne n’a triché et le personnage existe, désormais, bel et bien.
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24/09/2015
Les neiges d'antan.
C’était difficile de croire qu’on pût se réjouir d’être d’un monde d’avant, et pourtant…
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23/09/2015
Historiette.
J’avais un premier axe dans cette soirée : Gaëlle - Charlotte - Adrian. De Easyexpat. Le fait que les cours – du moins ceux d’Adrian – venaient à peine de commencer ne m’avait pas échappé : il s’agissait d’un axe récent, une nouvelle garde. A moi qui représentais le passé, elle opposait des figures d’un présent absolu. Je ne fus pas surpris par la façon dont Adrian se sentit obligé de m’aborder. Ana était allée aider Charlotte et Julie à disposer les nappes sur la grande table du salon : il eût été inconvenant qu’il restât seul à cet instant. Son apprentie lui fit signe et il se présenta à moi, en anglais. Fut étonné par la spontanéité de ma réponse, signifiant d’un langage que nous aurions en commun. Se mit donc en devoir de me parler, vite et fort, me demandant si mon vol s’était bien passé, si j’avais pris un vol régulier, blah blah blah… Gaëlle nous ramena à la raison, rappela son maître à plus de pédagogie. Il s’y plia, mais c’était fait : en ce qui nous concernait, nous allions donner du sens, tout au long de la soirée, à la cordiale détestation franco-britannique.
Julie fut plus directe, encore. Libérée des tâches ménagères que lui confiait son hôte, elle vint me voir avec une autre coupe de champagne – celle d’avant m’ayant servi à trouver mes mots d’anglais sans donner une seule seconde l’impression d’une hésitation – fit clinquer son verre contre le mien et me dit, avec un immense sourire contredisant le perçant du regard :
- J’espère que tu n’es pas venu régler tes comptes.
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