07/10/2010
Entre-deux
Premières lectures, celles des privilégiés, qui ont le livre avant même que celui-ci soit "mis en place"; il faut du temps à l'éditeur pour référencer l'ouvrage, au distributeur pour que celui-ci soit sur les bases de données des libraires. C'est agaçant pour celui ou celle qui, sait-on jamais, s'est déjà déplacé en librairie et s'est confronté à l'inexistence officielle du livre qu'il venait chercher...
Le tout premier lecteur a posé des jalons; sa réaction, que je tairai, m'incite à envisager avec un peu plus de confiance celles qui suivront. Je rentrerai très bientôt en mode "communication" pour présenter un planning de rencontres autour du livre. Refaire seul ce qu'on m'a si aimablement proposé de faire pour moi l'année dernière.
08:42 Publié dans Blog | Lien permanent
03/10/2010
Les deux France
J’étais ce week-end à Chartres pour assister à la « naissance » de mon dernier bébé, « la partie de cache-cache », que j’ai dû accepter de découvrir après Jean Frémiot, qui m’a averti par téléphone, vendredi soir, que l’édition n’était pas celle que Claude Raisky et moi-même attendions : inattention de l’imprimeur, délais peut-être précipités, il manque à l’édition les rabats que le contrat avait prévus. Je reçois la nouvelle dans le TER qui me mène lentement vers Chartres et prend l’information de plein fouet, m’imaginant d’ores et déjà une édition bâclée, un de ces livres qui ne tiennent pas les années, dont on finit par s’interroger sur le contenu simplement en en contemplant l’aspect. J’arrive donc à Chartres accablé et, heureusement, Jean Frémiot a déjà fait l’acquisition de ce qui sera donc le premier exemplaire : premier constat, le livre est beau, vraiment, même sans rabats. Je me dis pour me rassurer et parce que c’est vrai, que son épaisseur, supérieure à Tébessa, ne les justifiait pas, qu’il se porte finalement très bien comme ça. Reste que notre venue à Chartres n’a pas été facile : l’organisation conjointe et visiblement mal concertée entre la superbe librairie « l’Esperluète » du remarquable Olivier Lhostis et l’association chargée de l’exposition nous a un peu obligés de jongler entre l’angoisse et le plaisir de voir enfin mon deuxième opus - un brin étranger et incongru dans une librairie dont les auteurs sont absents et connus, à mon exact opposé – côtoyer les images de Jean. J’aurais aimé un peu plus de considération de la part d’un groupe de copains pour qui le seul intérêt d’un vernissage est qu’il donne libre accès au buffet. Qu’ils aient jeté un regard poli aux photos de Jean Frémiot est déjà consternant, qu’ils n’aient même pas cherché à en savoir plus sur notre collaboration et ces allers-retours entre le mot et l’image, révélateur. Feuilleter le livre ne leur aurait pas coûté grand chose, ça aurait pu même pallier un peu l’immense vacuité de certaines discussions qu’ils m’ont un peu laissé entendre. Sortant d’une année Lettres-Frontière – une association aussi, dois-je rappeler – découvrir qu’une seule chambre d’hôtel pour deux et pour une seule des deux nuits que nous devions passer là-bas ait été réservée mais non réglée en dit long. Que rien n’ait été organisé après le vernissage, monument presque balzacien d’entre soi, déplorable. Nous avons préféré éviter, Jean et moi, la compagnie obligée de ces personnes qui, de toute manière, auraient eu du mal à nous apporter, en une soirée, ce qu’ils ne nous ont pas donné en deux jours. J’aime beaucoup ce que vous faites ? Eh bien pas moi.
Il n’empêche que le livre est là et que dans mon cheminement d’auteur, ce n’est pas rien. Je redécouvre, sous l’anonymat du papier, les pensées de ces personnages qui m’ont porté si longtemps. Je suis, socialement, intimement, un autre homme que celui qui les a guidés, je peux les entendre avec une vraie distance critique et ce qu’ils me disent, immodestement, continue de me parler : c’est plutôt bon signe. Après, l’exercice, même couplé à une exposition, reste compliqué : le ratio des personnes qui passent et de celles qui restent et engagent une conversation est très faible, beaucoup plus qu’en salon, par exemple. Je convoque « Tébessa » à mon secours mais même là, contre toute habitude, les têtes chenues ne passent pas forcément à l’étage, escaliers obligent. La solitude de l’écriveur de fond est bien connue, en librairie : cela étant, ça permet toujours de rédiger ces lignes, quand même.
Je vais continuer ma route, finaliser une rencontre en Haute-Savoie, pour retrouver tous mes amis des cercles de lecture de Lettres-Frontière ; une soirée, très prochainement, à Lyon, que tous ceux qui l’attendent, « la partie de cache-cache », puissent l’entamer. Ailleurs, aussi...
Remerciement très particulier à Jean-Louis Pujol, l'ami fidèle, dont la compagnie et l'humeur chantante nous ont empêchés, Jean et moi, de reprendre directement le train et la voiture du retour.
20:07 Publié dans Blog | Lien permanent
29/09/2010
La palette des émotions et des états de conscience.
Bon, maintenant, je ne peux plus rien faire d'autre: plus d'effets d'annonce, plus de reculades, plus de circonvolutions... "La partie de cache-cache" est bel et bien là, je n'ai pas vu le livre encore, le premier carton des cent premiers exemplaires a dû arriver aujourd'hui à Chartres. Le temps de la mise en place par le distributeur, le temps qu'il trouve la sienne en librairie, je l'ai déjà écrit, c'est autre chose. Mais je vais en faire une première présentation publique, dans le cadre des "Ataraxies" de Jean Frémiot alors que je ne l'aurai jamais, encore, eu en main. Je pressens qu'il va me falloir "défendre" ce roman plus que j'ai dû le faire pour Tébessa, parce qu'il est moins consensuel, parce que sa vision du monde est plus pessimiste. Un des effets retors de l'âge qui avance? Pas si sûr. Mon fonctionnement d'écrivain est tel que je porte les histoires très longtemps avant de les sortir. Non, peut-être, s'il fallait absolument les mettre en analogie autrement que sur l'écriture elle-même, dirais-je qu'Emilie, Grégoire & Jean sont à la conscience ce que Gérard a été à l'humanisme. Je n'ose pas espérer qu'ils vous plaisent, ils ne sont pas là pour ça, d'abord, et ensuite je les aime suffisamment pour penser que s'ils ne vous plaisent pas, eh bien tant pis! De toute manière, c'est trop tard, non? Bon, moi qui travaille en ce moment sur les neurosciences (en bon béotien!), je ne peux que vous confier que j'ai l'amygdale cérébrale qui fonctionne à plein régime.
22:12 Publié dans Blog | Lien permanent
26/09/2010
Sur les chemins de gloire...
Je n'ai que très rarement, enfant, pratiqué le jeu de football pour lequel, de toute manière, je n'avais aucune prédisposition. J'ai été, comme William Sheller, "un type qui jouait pas mal au basket-ball", mais je garde néanmoins un souvenir ému, quasi-proustien, si j'osais, de l'épopée des Verts, au milieu de 70's qui semblaient s'ennuyer ferme. J'ai gardé, pour des raisons irrationnelles, ce lien avec cette équipe qui n'est plus, trente ans après, que l'ombre d'elle-même, gagnée, plus que les autres peut-être, par l'insondable imbécillité liée au monde de ce sport et par une espèce de permanence des regrets dont les poteaux carrés de Glasgow en 1976 sont l'incarnation.
Il se trouve que depuis seize ans, l'équipe de football de St Etienne n'avait plus battu en compétition son plus proche et son plus historique adversaire, l'Olympique Lyonnais. Seize ans, on était encore sous Mitterrand, les plus chanceux avaient un minitel chez eux, je bouclais enfin ce travail sur Nizan qui m'a tant accaparé... J'ai dû, pendant toutes ces années, redoubler de mauvaise foi face au mépris satisfait de ces nouveaux riches, sollicitant soit l'indifférence, soit l'argument historique et populaire qui faisait que, quoi qu'il arrive, les plus forts étaient évidemment les Verts. J'ai toujours détesté, depuis, les renégats de leur enfance, passés à l'ennemi, comme si jamais la rangée d'aubépines n'allait repousser... J'en déduisais donc une certaine affection pour ceux qui avaient, dans leur enfance à eux, souffert de l'ombre gigantesque et imposante du voisin stéphanois et jubilaient, de fait, tout à fait légitimement. Je dois ici, in fine, remercier l'Inoxydable qui m'a offert ce samedi, en plus d'une formidable invitation chez ses parents, la victoire que je n'osais plus espérer et qui me vaut ce billet bêtement enchanté. Et comme promis, je glisse ici une très belle chanson de Jacardi, qui reformule bien mieux que je le fais, l'attachement que l'on peut porter aux couleurs de son enfance.
19:47 Publié dans Blog | Lien permanent
24/09/2010
Le mot et l'image mêlés
Pour des raisons de décence et de paresse, je ne ferai pas, finalement, la critique du "Hamlet" présenté aux Subsistances, qui regroupe à peu près tout ce que je déteste dans le théâtre contemporain. Il m'aura permis, indépendamment de quelques très beaux effets de lumière, de voir à l'oeuvre un comédien sympathique et formidable athlète, mais taillé pour le rôle comme moi pour tenir dix rounds face à Mike Tyson. Bref, tout cela ne serait pas si grave si ça ne s'accompagnait pas d'une prétention terrible qui amène à mettre le texte en retrait, ce qui est impardonnable. Cela étant, si vous aimez la techno et si vous avez envie de mêler Batman, Dark Vador (si! si!) et le lac des cygnes, allez-y: sauf que là, c'est Hamlet qui patauge. Moi, je vais me repasser mon Kenneth Branagh avec volupté.
Ci-joint un autre événement, moins international. Me voilà souhaitant que ces gredins de gauchistes ne paralysent pas le pays pour que je puisse aller à Chartres ce jour-là. Il ne fait pas beau vieillir.
16:52 Publié dans Blog | Lien permanent
21/09/2010
Sortie le 2 octobre.
A Chartres, à l'Esperluette, je découvrirai un livre que Jean Frémiot aura sorti le premier des cartons. Après, il sera disponible, comme on le dit par euphémisme, dans toutes les bonnes librairies, celles qui travaillent avec Calibre (le distributeur), celles qui ont vendu du Tébessa, celles qui me connaissent, celles qui ont encore un peu de place sur l'étagère, blah blah blah.
En attendant, je vous présente la maquette. Merci à Sylvie, des Studios Préférences.
15:59 Publié dans Blog | Lien permanent
20/09/2010
Vivant passage
J'ai toujours aimé le musée Rodin, à Paris, pour les sculptures de Camille Claudel, notamment, mais aussi pour le lieu: l'hôtel Biron est un îlot au plein coeur d'une capitale qui en manque singulièrement. J'y retrouve, à chaque fois que j'y vais, les impressions que j'y ai laissées à ma dernière visite. Il y a une éternité, j'appelais ça "la mécanique des places", maintenant, je me dis que c'est juste une façon de vouloir se prouver qu'on a bien vécu les instants qui se sont déroulés entre. Il fallait de ce que les espagnols appellent (aussi) "huevos de oro" pour mettre ce poème-là en musique, encore plus pour le chanter en entrée d'un concert. Je suis de plus en plus impressionné par ce que Eric Hostettler fait de mes textes. C'est sans doute lui, en fait, qui finira par valider ces morceaux d'existence que j'ai disséminés ici et là sans toujours qu'ils aient fait sens. C'est là.
"Vivant passage" (Cachard/Hostettler - Tous droits déposés) from cachard.l on Vimeo.
Il y a dans le temps l’annonce mortifère
Des testaments trahis ou si vite oubliés
Des épitaphes dites en lettres lapidaires
Que le marbre lui-même se charge de blesser
Il y a dans le temps la redite fatale
Des ironies des vies passées à tout attendre
Quand tout va en niant l’absolu piédestal
Quand le cours de nos vies ne peut plus rien prétendre
Il reste l’espérance, dit-on pour s’assurer
Que le vivant passage peut être signifiant
Mais les mots sur la tombe sont les preuves laissées
Qu’entre pareilles rives l’écart est fluctuant
Pourtant quand du poète le maître entretient
Le visage fermé de la malédiction
La porte des enfers régurgite aux humains
Quelque âme qui s’échappe de son affliction
Il y a dans le temps la vile compagnie
Des lourdes assurances qu’il ne repassera plus
Mais qu’il répétera en écho les oublis
Des amours passagères, des histoires déchues
Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas
Se désole la femme aux longs yeux de Beauté
Parvenue jusqu’au seuil des lugubres trépas
Que sa seule présence vient à rééclairer
De sa main longiligne elle est venue écrire
Les mots qu’elle n’a pas dits à tous ses prétendants
Solubles dans l’oubli alors que, elle, aspire
A l’Immortalité du Baiser des amants
Il y a dans le temps la cruelle méprise
De qui pense le vivre alors même qu’il passe
Mais aussi quelquefois l’esthétique entreprise
De vouloir l’arrêter, d’en imprégner la trace
Et si de cette femme, Ange plein de mystère
Je suivais le sourire jusque dans l’inconnu
Si je recommençais, si je me laissais faire
Si j’allais avouer que je l’ai reconnue ?
14:18 Publié dans Blog | Lien permanent
16/09/2010
Chevauchant la RIDEC.
10:44 Publié dans Blog | Lien permanent