Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/11/2010

Phénoménologies

Il s'en passe de drôles, sur Haut & Fort. Je mets en ligne, un peu par paresse, il y a quelques mois, les premières lignes retravaillées de mon "poignet d'Alain Larrouquis" et voilà que, depuis peu, des lecteurs réclament la suite, des libraires me demandent d'en lire certains extraits et, potentiellement, des éditeurs s'intéresseraient à ce roman iconoclaste, dont, finalement, je reprends les épreuves. En trouvant ça solide. Pas dans la lignée de Tébessa ni de cache-cache, mais dans un autre genre, indéfinissable puisque se mêlent, dans l'histoire, je l'ai dit, la mythologie, l'histoire, le polar et autres occupations humaines. Ce qui est fascinant, c'est de penser qu'on puisse en fait être ramené malgré nous à quelque chose qu'on a écrit. Je n'avais pas, il y a peu, la même nécessité de voir ce livre édité que je l'avais pour les autres, mais maintenant que les autres sont là, le voilà qui a sa place, naturellement. C'est d'autant plus aisé dans le retravail du texte: je me restreins, me resserre, m'amaigrit sans même m'en vouloir. Confortable. Je souris beaucoup, m'amuse de cette histoire qui vous en dira autant sur la vie à mi-distance que sur le Col de Somosierra.

Hélène, de chez "Jules & Jim", en lira publiquement quelques extraits vendredi soir à Cluses. De quoi rendre naturel, pour ceux qui rentreront chez eux après la rencontre, le fait que cette histoire s'incarne entre leurs mains dans quelques mois. Et vous savez quoi? Eh bien maintenant, moi aussi, j'ai hâte.

23:11 Publié dans Blog | Lien permanent

21/11/2010

The never ending cache-cache Tour, part I.

IMG_0863.jpgJe ne sais pas pourquoi je souris béatement de l’intérieur. Peut-être parce que la librairie du Tramway était pleine de monde hier soir pour la présentation de « la partie de cache-cache ». rien de narcissique là-dedans, juste la satisfaction de rendre aux libraires le risque qu’ils courent à inviter des auteurs émergents. Je me suis donc retrouvé une nouvelle fois, comme lors de cette magnifique année dernière, face à des lecteurs qui m’envisagent désormais comme j’ai toujours souhaité qu’on m’envisageât, pas parce que ça fait bien, mais parce que c’est ma réalité. Romain, à qui je dois cette invitation, m’a questionné, sans complaisance et avec un petit peu de malice. Je regardais dans le public les visages connus qui ont peuplé mon existence et ceux qui en écriront peut-être la suite. Plus à l’aise qu’aux 3Gaules - où, nonobstant l'accueil chaleureux, je me sentais davantage hôte qu’invité - je suis allé un peu plus en avant dans la présentation, livrant quelques clés de ce « petit roman » si « difficile ». En présence de Stéphane Pétrier, auteur d’un « Bonne Espérance » dont j’attends impatiemment la sortie pour y déceler les analogies, j’ai parlé de cette enfance que les adultes mythifiaient jusqu’à n’en garder que l’illusion de l’innocence, écrasant les lourdeurs, les secrets, les terrains déjà minés sur lesquels ils jouent sans ignorer que chaque jeu se double d’un enjeu. J’ai dégagé quelques interprétations du livre sans en déflorer l’issue, évidemment, rendu visage humain à ces figures monstrueuses que sont Jean, Emilie et Grégoire. Défendu la métaphysique que je leur prête, réfuté l’argument selon lequel on ne pourrait pas, à onze ans, être mu par de telles pensées. Je me suis aussi dédouané de tout exercice autobiographique, une nouvelle fois : ni les lieux, ni les actions ne sont les miens, et si j’ai quelque point commun avec le regard distancié qu’ils portent sur le monde, c’est parce que je m’y suis habitué très tôt, à la distanciation. On me demande en quoi mes deux romans se rejoignent, j’associe les deux lâcher-prise de Gérard devant la violence de l’embuscade et le final de « cache-cache ». Dont je ne dirai rien ici.

IMG_0822.JPG

Eric est venu en configuration électro-acoustique avec Vincent, son guitariste. Le set resserré est une merveille, je reçois aujourd’hui des félicitations et des enthousiasmes dont je me réjouis d’autant plus que je n’y suis pour rien, même si mes mots frappent plus encore quand ils sont dits par lui. « L’Embuscade », ne cesse-t-il de me répéter, c’est un grand saut dans le vide à chaque fois ; « L’Eclaircie », c’est la marque de nos dix années passées de Ouessant jusqu’à l’embarcadère du départ ; « l’Ecole buissonnière », titre-phare de la comédie musicale qu’on sortira, de quelque façon que ce soit, en 2011, reste en tête longtemps ; « Quantifier l’amour », jouée pour la première fois hier, est superbe. « Au-dessus des eaux et des plaines », je l’ai écrit mille fois ici, c’est MA chanson. La voix, le rythme, l’équilibre entre les pistes, tout progresse à chaque fois que je l’écoute : c’est un don rare et je suis heureux d’en bénéficier.

Vendredi, nous serons chez « Jules & Jim », à Cluses. J’invite ici, une fois encore, tous mes ami(e)s de Haute-Savoie et alentours à venir et à nous amener des amis. Je voudrais que la très belle librairie de Christelle soit trop petite pour qu’on y tienne tous. Ça ne fait rien, on se serrera.

21:26 Publié dans Blog | Lien permanent

18/11/2010

L'Ethique it be!

Je reviens à l'instant des états de la bioéthique, organisés à Paris V sous la présidence d'Axel Kahn. Deux jours, dix-huit heures de colloque, des intervenants d'une intelligence inouïe - reconnaissables à leur simplicité et à l'absence de powerpoint - et d'autres. Trop fatigué et pas assez futé pour un compte-rendu immédiat, mais une bonne formation personnelle, celle qu'on s'obstine à ne jamais reconnaître aux gens de ma profession.

Sinon, le Tramway, c'est dans deux jours, hein!

21:33 Publié dans Blog | Lien permanent

15/11/2010

Djeurf, 1956

Un homme m'a contacté par mail hier, pour me raconter une histoire poignante, dont je regrette qu'elle n'ait pu, de fait, figurer dans "Tébessa, 1956". Sous l'intitulé "Djeurf, 1956", il me raconte comment, jeune instituteur rappelé comme officier, il s'est retrouvé affecté en mai 1956 dans les Aurès, "le pays d'origine" de la plupart de ses élèves. Après un passage par Tébessa, le voilà à Djeurf, " dans un paysage lunaire", avec le fort, "orgueilleusement perché sur la crête des falaises qui dominent l'Oued Hallail". Mais surtout, rajoute-t-il, le regard du jeune soldat qu'il était s'est immédiatement fixé sur "une série de tombes toutes fraiches, proprement alignées dans leur enclos tout aussi blanc". Sa compagnie relevait la compagnie tombée dans l'embuscade du 5 avril. Celle de Gérard. Celle aussi d'un jeune sous-officier qui resta un mois avec les nouveaux arrivés pour assurer la transition. Et qui leur parla de ceux qui étaient tombés. De Gérard, sans doute, de sa passion pour les fleurs et les dominos, peut-être... Mais l'anecdote que ce monsieur m'a racontée n'est même pas là, encore: dans l'embuscade, un adjudant-chef qui n'était sans doute pas aussi fou-de-guerre que celui que j'ai décrit dans le roman est tombé "à la tête de ses hommes". Il avait une chienne qu'il amenait partout avec lui, mais qui là, ne l'a pas accompagné dans la mort. "Ensauvagée et traumatisée", la pauvre bête ne rentra dès lors plus au fort que le soir, à la nuit tombée, pour manger près des barbelés la nourriture que les soldats déposaient pour elle...

Cette chienne-là, j'en aurais volontiers, je le répète, fait un personnage central de Tébessa, le roman. Mais cette histoire montre que la parole et l'émotion sont liées, et qu'un livre peut faire, à sa façon, qu'une histoire continue de circuler. Je remercie chaleureusement, ici aussi, ce monsieur dont la dignité, la mémoire et l'écriture sont autant de leçons de vie. Et je joins à ce message la photo du cimetière qu'il m'a envoyée.

 

Cimetière.jpg

 

19:13 Publié dans Blog | Lien permanent

14/11/2010

At the end of the day, it's only hide-and-go-seek!


Image 13.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A noter que je ne sais pas très bien ce que signifie "l'inspiration rock", mais je m'en accommoderai, Eric Hostettler aussi.

08:28 Publié dans Blog | Lien permanent

13/11/2010

Blind Date

VdN.jpgC’est ce soir, à la Casa Musicale – un lieu qui va finir par bien porter son nom au vu du nombre de fois où je m’y suis trouvé ces derniers temps et qui sait élégamment accueillir les écrivains, aussi ! -  que j’étais censé découvrir en avant première le secret de « Bonne-Espérance ». Une histoire de secret, de monstres, de frère disparu, entre des enfants qui se courraient après dans la lande, mais pas celle, plate, du Berry, celle arpentée des terres d’Irlande ou d’Ecosse, avec ses légendes et sa mythologie. Dans des temps qui restent indéfinis, tant dans la narration que dans les insertions que celle-ci s’autorise : de quelle vie de ses deux personnages centraux parle-t-elle, cette aventure, celle qu’ils ont déjà vécue avant, celle qu’ils ont, l’un ou l’autre, l’un et l’autre, rêvée, une seule réminiscence ("dans une autre vie, dans un autre temps, nous nous sommes aimés avant") ? Le halo de mystère qui entoure le récit de Bonne-Espérance et de ses amours incestueuses est à la hauteur de la longue attente qu’il a fallu subir pour qu’on y ait accès. Et ce ne fut pas facile, pour moi qui m’y étais préparé, de comprendre que ce ne serait encore que par bribes, celles entendues à l’aveugle dans une salle de restauration extrêmement bruyante, celles distillées dans un récital acoustique forcément incomplet. Il me reste quinze jours, encore, pour avoir le texte sous les yeux : j’ai compris que la figure centrale de cette allégorie était, au bout du compte, un grand mur, récurrent, un de ceux qu’on imagine ne jamais pouvoir franchir avant qu’on le fasse par interdit, en bénéficiant d’une courte échelle. Un mur de silences, de damnations, un zeste de Festen dans un inceste, mais seulement dans ses répercussions, au village : les commérages, la mère devenue folle, le père (« il n’existe pas, c’est juste une invention de ma mère ») parti, le chien découvert éventré devant la maison, dans les entrailles duquel, pourtant, Bonne-Espérance – nommé ainsi puisque né à fond de cale d’un Clipper tel un Jean-Baptiste Grenouille éjecté devant l’étal de poissonnerie - lit que, contre vents et marées, avec elle il se mariera.  Dans un de ces futurs gidiens ("Nathanaël, je t'enseignerai la ferveur") fréquemment utilisés qui donnent au récit des allures de prédication, et rappellent que l'unité reste à comprendre. Un B-E « mort hier », dit-il de lui, se retrouvant dans une taverne avec Edgar Allan Poe – qu’il congédie, puisqu’il a lui-même deux macchabées au fond du corbillard qui l’attendent -  ou dans Hollywood Park sans qu’on sache, pour l’instant, si c’est le fruit de son « cerveau dérangé » et des « images qui (le) hantent » ou si ces projections-là appellent les différents temps de l’histoire d’amour qui le lie à Thélma. Sa sœur. Qu’il voudrait arracher des griffes de son mari, Ethan, quand lui-même, dans le même temps, dit à Maureen Mc Kenzie, qui fait partie de la « photo de famille », qu’elle peut bien se pencher par dessus la falaise, il sait qu’elle ne va pas sauter, parce que « l’héroïne, ce n’est pas elle ». Bonne-Espérance aime Thelma tellement qu’il tuerait pour elle, si elle le lui demandait. Ce qu’elle ne manque pas de faire, même si l’interrogation demeure sur ce qu’il va se passer, et surtout si ça s’est réellement passé, encore une fois. Parce que si la confusion des temps n’empêche pas le questionnement lucide de Thelma (« Mais que s’est-il passé, mon frère ?»), c’est aussi pour lui demander juste derrière pourquoi, un beau matin, ils se sont réveillés vieux…

Tout cela est bien sybillin, oui, mais c’est une œuvre qui sera majeure dans son exigence et dans sa portée romanesque. Que Stéphane Pétrier, puisque c’est de lui qu’on parle, assume donc désormais et avec maestria. Dans laquelle il a embarqué depuis trois ans son Voyage de Noz, qui s’est donc totalement remis en cause. Je n’ai pas d’autres repères d’albums comme celui-ci depuis « l’Imprudence » de Bashung, c’est dire. Et c’est une autre belle forme de permanence que je savoure, puisque je les avais laissés il y a longtemps persuadé – de façon péremptoire – que l'écriture de Pétrier était encore très en deça de là où elle se devait d’être.  Là, c’est avec une simplicité apparente qu’il sert le complexe de la situation : à ce titre, « la Tempête » est réellement un chef-d’œuvre, à mon sens. Je vais attendre quinze jours, maintenant, pour voir, livret en main, s’il y a d’autres secrets derrière le mur. Et s’il est d’autres théorèmes que de savoir où s’en vont les gens qui s’aiment.

 

00:14 Publié dans Blog | Lien permanent

06/11/2010

IV- L’Impromptu de Florence

L’action se passe sous les arcades du Palais Pitti. Laurent de Médicis, qui n’a pas encore rencontré Clarisse Orsini, jouit d’une solide réputation de séducteur. Ippolita Maria, fille de Francesco Sforza, au mariage de laquelle il a assisté, l’aborde secrètement.*

Ippolita Maria Sforza 

Vous m’intriguez, Monsieur, je ne sais si je dois

Vous demander des comptes sur un subit émoi

Laurent de Médicis

Que je vous inspirai ? Vous me flattez, Madame !

Ippolita Maria Sforza 

Je vous prie de cesser de jouer de vos charmes !

Je ne vous parle pas de ce type d’émoi

Qui ne touche jamais qu’êtres de peu de foi !

Mais de la position que vous prenez, céans

Qui vous donne les traits d’un fieffé Don Juan 

Dont on ne sait jamais quelles sont les humeurs

Ni de quelles régions sont les élans du cœur

Laurent de Médicis

Vous pensez me connaître sous ces attributs-là

Qui vous rassureront puisque ces entrelacs,

Il va sans dire, Madame, qu’ils ne sont pas les vôtres :

Vous n’êtes pas de celles qui rampent et se vautrent !

Ippolita Maria Sforza 

Monsieur, vous m’outragez !

Laurent de Médicis

Il n’en est rien, Madame !

Ippolita Maria Sforza 

Pourtant c’est outrancier !

Laurent de Médicis

Mais si loin de votre âme !

Puisque les Florentines tiennent de leur Cité

Le don de ne sortir jamais que maquillées

Des plus belles peintures qu’on ait jamais perçues

Vous n’avez pas le vice, Madame, mais la vertu !

Ippolita Maria Sforza

Vous savez bien flatter, mais savez moins répondre

Aux questions qu’on vous pose et pourtant sans encombres

N’y a-t-il pas ici quelques afféteries

A ne montrer de vous que cette face-ci ?

Laurent de Médicis

Pour la clarté, Madame, vous avez un époux !

S’il vous voyait ici, que dirait-il de vous ?

Ippolita Maria Sforza

Rien de ce qui m’attire ne peut m’être fatal

Quand le lien que j’ai pris est fidèle et moral

Laurent de Médicis

Et si je vous disais, Madame, que je l’envie

Cet être qui à vous un jour on a uni ? 

Ippolita Maria Sforza

Je vous dirais, Monsieur, que vous pourriez aussi

Etre d’une ingénue le fidèle mari

Laurent de Médicis

Que je n’aimerais plus dès après qu’un regard

Se portera sur moi sans que j’y prenne gare ?

Non, non, je vous le dis, je n’aimerai personne

Que je ne puisse aimer sans peur du monotone

Je peux garder de vous le meilleur sans conquête

Il suffit qu’un sourire, une pensée s’y prête

Et si cet absolu dépasse l’Apennin

Je resterai là, seul, en maudit florentin !

Je préfère aimer plus que l’on m’aime en retour

Qu’on me condamne donc sans ultime recours :

On dira de ma vie qu’elle se fît dans l’errance

Mais on dira aussi qu’elle séduisit Florence.

* Il va sans dire qu’aucun historien sérieux n’a trouvé trace de cet épisode sulfureux.

 

09:05 Publié dans Blog | Lien permanent

05/11/2010

Un tramway nommé Jules & Jim!

Le salon de Lyon ayant été annulé par le type de précaution dont on se demande bien de quoi elle est censée nous protéger, et le Café littéraire de Pigny ne souhaitant visiblement pas m'accueillir pour d'autres obscures raisons, les rendez-vous autour de "la partie de cache-cache" se resserrent quelque peu, mais j'ai deux événements importants à annoncer à ceux qui ne le savent pas déjà. 

Le samedi 20 novembre, à 18h, je suis l'invité de la "Librairie du Tramway" avec d'autant plus de plaisir qu'il s'agit de "ma" librairie, d'en-bas-de-chez-moi. Eric Hostettler m'accompagnera et je souhaite qu'il y ait du monde pour ma première "vraie" réception sur Lyon.

Le vendredi d'après, le 26, à 19h, je serai chez "Jules & Jim", en Haute-Savoie, avec, je le souhaite, tous ceux de Lettres-Frontière qui attendent de me revoir. Pas de musique ce soir-là, mais - forcément - un petit impromptu autour de J&J, mon oeuvre fétiche. Enfin une des.

Pour fêter ça, il fallait bien une affiche, et des tracts autres qu'appelant au retrait de la réforme des retraites. Isabelle & Régis Grève-Vaillon, que je remercie ici, s'en sont chargé. A noter que "la Valse" m'accompagne et que c'est tout un symbole.

Image 3.pngImage 14.png

16:25 Publié dans Blog | Lien permanent