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26/03/2011

Passerelles

J'ai écrit pour "Jules & Jim" une critique du dernier livre de René Frégni, "La fiancée des corbeaux". Je vous invite à la découvrir ici. Et à faire le voyage régulièrement.

11:21 Publié dans Blog | Lien permanent

24/03/2011

Lost in transdijon

IMG_1085.jpgJ'ai remarqué à quel point, depuis l'apparition des réseaux dits "sociaux", chacun s'occupait avec ferveur de communiquer sur sa propre vie à travers ce qu'il fait. Je ressens même, à lire ces annonces qui fleurissent, une angoisse qui monte: elle est liée au vide que l'on ressent une fois qu'on en a terminé avec ce qui nous a demandé autant. Le chanteur attend une invitation qui ne vient pas, l'auteur un succès qui ne vient pas non plus. L'adrénaline des concerts et des rencontres doit être la même, à la différence près, sans doute, qu'avant de rentrer en scène, l'auteur se demande bien ce qu'il fait là. Rien à voir avec le trac qu'ils partagent, mais avec cette idée, par contre, qu'on demande à l'auteur de se substituer à son livre l'espace d'un instant. L'offre est importante, chaque article de ce blog ne cesse de le reconnaître, et chacun aspire à une demande supérieure. Tenez, c'est imparable: près de 3000 personnes passent par cet espace par mois, me disent les statistiques. C'est beaucoup(pour moi) et c'est exclusivement dû au fait que je nourris régulièrement le pensum. Si ces 3000 personnes avaient toutes acheté un Tébessa, nous en serions au troisième tirage et l'éditeur se réjouirait. Mais ça se serait fait au détriment du plaisir qu'on a eu à le partager, et d'acheter le livre, plutôt, d'un autre auteur. Qui le mérite tout autant que moi. Cette démonstration est nulle et non avenue, donc.

Sinon, j'ai un peu honte. J'étais à Dijon ce petit matin et, rituellement, j'ai sacrifié à la célébration de la chouette. Je me suis souvenu que j'avais promis à la Maison Millière une nouvelle à son sujet. Que je n'ai pas faite. Alors que j'en ai toujours envie, tant ce symbole-là me plaît: je peux y mettre toute ma part irrationnelle et superstitieuse. En aurai-je le temps, un jour, c'est une autre histoire. Quand je ne m'occuperai plus de ma promotion, peut-être.

14:54 Publié dans Blog | Lien permanent

21/03/2011

Monter à Paris

IMG_1064.JPGLe Salon du Livre de Paris, ce doit être comme ce qu’il reste de la Samaritaine : on y trouve de tout, mais pas forcément à bon escient. Trois jours passés là-bas, c’est la perspective des mêmes fatigues que celles éprouvées lors des Salons de Régions, sans l’aspect sympathique qui les a générées : les rencontres, l’argument que l’on fait pour donner au chaland l’envie de lire le livre et, donc, de l’acheter. Parce qu’au « grand » Salon, pour peu que vous ne fassiez pas partie des « grands » auteurs des « grandes » maisons d’édition, ou si vous n’êtes pas, dans l’ordre de ce que j’ai vu, Michel Rocard, Patricia Kaas ou Justine Lévy, entre autres, vous passerez à peu près inaperçu. Aigreur, jalousie d’auteur ? Du tout. Ma perception de la chaine du livre n’a pas changé : s’il n’y a pas de libraire pour le soutenir, le livre n’existe que dans les plans des attachés de communication, qui sont à la littérature ce que le bouclier fiscal est à la répartition sociale. Or, de libraire, au Salon du Livre, on ne trouve pas. Seules les maisons d’édition s’auto-célèbrent ou, quand elles n’en ont pas les moyens, s’organisent (par région, ou dans des tout petits box) pour se faire une petite place. Il n’est même pas rare, hélas, qu’elles adoptent, quand on les aborde, les mêmes discours lénifiants qu’elles iront reprocher aux grandes, d’ailleurs. Qu’elles envisagent de multiplier leur métrage dans le stand, quitte à ce que l’offre éditoriale soit moins grande. Dans le même temps, apprend-on, des courants de pensée verraient d’un œil favorable un Salon laissé aux grands, dans un entre-soi de survie, sans doute, du type absurde de survie qui passe par la disparition de leurs semblables. Bref, j’ai observé, croisé des auteurs, des éditeurs, des gens sympathiques, mais je ne sais toujours pas ce que je suis allé y faire. A part y être. Ce qui me semble être le moteur premier de la présence des gens là-bas. Il n’en faut pas plus pour construire un malentendu…

Preuve ultime de mon absence d’aigreur, j’ai, à l’instar des 2% d’auteurs célèbres présents au Salon, croisé mes fans. A la différence près, d’accord, que je n’en ai croisé qu’une (bon prince, je ne compte pas les personnes venues me voir que je connaissais !). dont j’ai déjà parlé ici, mais venue avec une autre lectrice, une parmi tous ceux qu’elle rassemble pour des clubs de lecture dans lesquels je me suis invité, amicalement, pour la sortie du Poignet d’Alain Larrouquis. Une belle rencontre en perspective, une belle façon, aussi, d’aller chercher les circuits de lecture qu’on ne nous autorise pas forcément ailleurs.

Et puis tout n’est pas qu’artifice, dans le milieu littéraire : Jacques-André_Bertrand, des "Papous dans dans la tête", qu’on m’a présenté, est d’une compagnie exquise, d’une culture acérée et, en plus d’avoir écrit, « J’aime pas les autres », confirme que la seule règle à suivre dans l’écriture est la sienne et la sienne propre. Le reste viendra, ou pas. J'ai croisé et salué (Pace e salute!) Vannina Bernard Leoni, de la revue  "Fora", Ravolstein en mode d'édition parallèle. Et Vald, qu'on laissait à peu près aussi tranquille que moi, a pu faire cette belle dédicace à mon fils : 

 

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17/03/2011

Négatif.

Image 11.png"Quartiers livres", une émission de Lyon 1ère. Didier Rougeyron et Romain Vachoux, du "Tramway". C'est enregistré dans la librairie On parle de "la partie de cache-cache", en deuxième partie d'émission (à 3'24). Romain en dit du bien, ce n'est pas la première fois; le journaliste a l'air dubitatif mais ce n'est pas grave : "négatif et acéré", je prends.

podcast

 

21:11 Publié dans Blog | Lien permanent

15/03/2011

La cohorte

Image 10.pngOn ne se souvient jamais de ses rêves au matin. Quand on le fait, c'est souvent parce que ce sont les dernières images qu'on a gardées qui ont surpassé celles dont on ne se souvient plus. Je ne saurai jamais quel mécanisme a entraîné mon rêve de cette nuit, mais l'état dans lequel il m'a laissé toute la journée est éloquent. Je n'avais pourtant rien fait de particulier, "c'est Arthur Ganate qui a commencé", j'allais dire, mais dans ses tout derniers moments, j'ai compris que j'allais devoir assumer des conséquences que je ne saurais jamais expliquer. Que les pas que j'entendais dans l'allée étaient ceux des policiers qui allaient me reprocher quelque chose qui n'avait pas l'importance qu'on pouvait bien lui donner. Sur le lit, en face de moi, une personne accablée parce que la blague qu'elle m'a faite a mal tourné et qu'on ne comprendrait pas plus qu'elle se dédise. C'est saisi de cet effroi, lié à la conscience que rien ne serait jamais comme avant alors que rien n'aurait dû changer que je me suis réveillé, une minute avant que le réveil frappe à la porte et décide de m'emmener...

Autrement, je suis au Salon du Livre de Paris, ce week-end. J'y ferai un reportage pour Jules & Jim. Je joins ici, en médaillon, les couvertures auxquelles vous avez échappé.

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10/03/2011

Je ne sais rien.

Dans ce village reculé du Berry, accoudé au zinc de l'épicerie-bar du coin, un homme jeune, beau quoique marqué par la fatigue et les nuits chargées, pose le bleu de ses yeux sur sa bière. Il ne sait même pas encore s'il va manger là ou s'il va sauter un repas et retourner à l'atelier. On ne saura rien de ce qu'il a fait avant, ni même s'il y eut un avant. Un avant quoi, au fait? Ce qu'on apprend de la bouche d'un autre, parce que lui n'aurait rien dit s'il ne lui avait pas fallu reprendre celui qui a parlé, c'est qu'il est merrandier, qu'il fabrique les pièces qui constituent les tonneaux et les barriques, qu'il fend les merrains (qui ne se coupent pas), appelés aussi douelles. On lit ici et là, à l'ombre des dictionnaires, qu'un tel artisan doit savoir lire le bois, qu'il évitera tout ce qui pourrait altérer le vin (les noeuds, les picots, les queues de vache) et qu'une fois le merrain fendu, il le délignera, le rabotera selon sa courbe pour que la douelle ait la même épaisseur sur toute sa longueur. Le merrain séchera dehors pendant trois ans: ce sont les intempéries qu'il aura subies qui détermineront les arômes du bois, puis ceux du vin qu'il abritera. On prend quelques notes absconses et hésitantes, orthographiquement, puis on rentre hébété de savoir, pour finir, que cet homme crée un tonneau par journée de travail qu'il s'impose. Ce qui est énorme pour un homme, mais risible au regard des trente tonneaux par jour qui peuvent être fabriqués industriellement. Pourtant, pourtant, quand on poursuit la visite par une dégustation, chez Teillier, de ce Mlle T. qui devra figurer, d'une façon ou d'une autre, dans un roman qu'on écrira, et qu'on apprend là-bas que ceux qui aiment le vin lui commandent des tonneaux, qu'il y aura peut-être un jour (vu qu'ils dureront beaucoup plus longtemps) davantage de ses pièces dans la cave que d'autres d'inconnus, alors on se dit qu'on a encore un peu de temps devant soi. Et qu'il faudra, la fois prochaine, faire un signe au serveur, qu'il lui remette une bière avant qu'il reparte travailler. 

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Pas d'abandon

Image 4.png

Je ne vous abandonne pas. Je crois aux forces de l'esprit, moi aussi, mais là, plus prosaïquement, je suis en train de me débattre avec les contingences habituelles, doublées du travail que j'ai accepté de faire pour le premier de mes futurs employeurs. Voici donc, puisque Christian l'a lancé déjà, sur Kronix, le blog de la librairie "Jules & Jim", dont je m'occuperai en bonne intelligence avec celui-ci, et d'autres qui valent qu'on les visite régulièrement. Je vais animer, très prochainement, la rencontre en librairie avec René Frégni, dont "Elle danse dans le noir" m'a bouleversé et dont "la fiancée des corbeaux" figure, parce qu'il vient le présenter, au sommet de la pile des livres que j'aurai lus pour en parler. C'est un blog, plus qu'un site, à la demande des libraires, c'est encore en construction et c'est à cette adresse:

http://cenetaitpaspermis.hautetfort.com/

Pour des raisons techniques, vous y trouverez des têtes et des articles connus, mais il connaîtra très vite sa belle et longue indépendance. 

00:19 Publié dans Blog | Lien permanent

03/03/2011

Des hommes morts

On lit en moins d'une heure, évidemment, les soixante-deux pages de "Ce que j'appelle l'oubli", le brûlot de Laurent Mauvignier, un écrivain dont je n'ai dit et pensé que du bien ici et ailleurs. Un très court récit asphyxié, incessant, lâché d'une traite le temps d'un passage à tabac mortel d'un jeune paumé par un groupe de vigiles zélés d'un supermarché. La leçon prend les traits, paradoxaux, d'une remontée dans l'existence via l'interpellation par le narrateur du frère de cet homme-là, qui lui ressemblait trait pour trait jusqu'à ce que des hommes qui se sont mutuellement autorisé le passage à l'acte défassent cette union-là, entraînent - par un festival de conséquences qu'il défendront, penauds, devant un procureur qui leur demandera si la vie d'un homme vaut une canette de bière (son seul larcin) - l'obligation dudit frère de reconnaître le cadavre tuméfié à la morgue. On peut penser aux hooligans de son "Dans la foule" qui, dans la confusion du Heysel, ont tué sans qu'on le leur reproche avant longtemps; on reste figé par la violence, par le dernier espoir d'un homme qui, sous les coups, se dit qu'ils vont bien finir par arrêter et qui se rend compte, peut-être, qu'ils n'arrêteront pas, que sa vie le laissera là où ils n'avaient pas le droit de l'emmener, une remise dans un coin du hangar à provisions. C'est prenant, c'est triste à pleurer parce que c'est terriblement humain. On appelle ça un fait-divers, même: il est stipulé que cette fiction s'en est inspirée d'un, datant de 2009 et s'étant déroulé à Lyon. Il semble de plus en plus essentiel que des romanciers, même s'ils sont peu entendus, s'en fassent l'écho: peut-être que dans la nuit des temps, on se souviendra qu'ils nous auront prévenus.

Les Editions de Minuit, 7€

19:06 Publié dans Film | Lien permanent