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06/10/2012

Du bois dont on fait les accords.

Deux heures passées chez un luthier, ce matin, avec deux passionnés décidés à essayer les guitares, en élire une, choisir de passer les quinze prochaines années de sa vie avec elle, l'étrenner à Orthez, le week-end prochain, ce fut (encore) une belle expérience. Jérôme Martin, de l'Atelier des guitares, à Saint-Étienne, nous a reçus avec la patience et l'amitié qu'il voue à Gérard, et Éric est reparti, de fait, avec une nouvelle compagne. Patiemment choisie en fonction du son, de la distinction entre ébène, acajou, cèdre et palissandre, la tenue, la correspondance avec le timbre de la voix. Il y eut un instant où le musicien et l'instrument n'ont fait qu'un, où les notes à venir se sont annoncées d'elles-mêmes. Pendant ce temps, l'atelier était fermé au public. En plus du fait qu'ils jouaient sur mes mots, l'instant privé fut unique.

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05/10/2012

Correspondances.

La datation et la localisation des correspondances des siècles passés ont d’autant plus de valeur, se rappela le chercheur, que les mille messages d’amour que la femme de sa vie lui avait laissés par mail suivaient le même intitulé, initial : « Bad News ». Qu’ils avaient fini par oublier tous les deux, jusqu’à ce que le mille-et-unième le lui rappelle.

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04/10/2012

On the road.

2012.10.12.litteratureMusiqueA1_1.jpgDans une semaine, exactement, j’aurai mis le cap sur le Sud-Ouest, où m’attend – ce n’est pas courant – le personnage de mon roman, Alain Larrouquis, sur ses terres d’Orthez et dans la salle mythique, quoique réaffectée, de la Moutète. Je reviendrai évidemment longuement sur ces instants que j’ai souhaités et qui vont s’avérer. Mais que mes lecteurs toulousains le sachent, d’ores et déjà, ma route va s’arrêter à proximité de la Ville Rose, vendredi prochain, en même temps que mes camarades de voyage Eric Hostettler et Gérard Védèche. Lequel, outre d’avoir 45 ans, précisément, aujourd’hui, fera le lien pour une soirée « Littérature & Musique », au cours de laquelle je présenterai mes livres accompagné d’Eric et de Gérard. En vedette américaine de notre hôte, Nicolas Vitas, qui collabore, de fait, lui aussi, avec Gérard. Une bonne soirée en perspective pour ceux qui pourront s’y rendre et le plaisir pour moi d’ouvrir pour un chanteur talentueux dont j’ai déjà parlé ici. Et dont trois des chansons occupent mon petit Panthéon personnel, ce qui est déjà beaucoup.

Vitas & Gérard Védèche, en duo:

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03/10/2012

Variations sur un même thème.

Ouessant Pern.jpgAu crépuscule, quand le ciel azuré s'assombrit, les roches de Ouessant prennent les formes qu’on veut bien leur donner. Dans cette Finis Terrae toujours recommencée, la contemplation devient le songe, la pesanteur l’éclaircie.  C’est le chaos mégalithique* et pourtant il règne une tranquillité comme nulle part ailleurs, doublée de la mélancolie des soirs tombants: un entre-deux des inventaires. Le promeneur n’en est plus un, il est là parce qu’il doit l’être. Redevable à ces lieux qui s’offrent, l’espace d’un instant, à saisir. Il est loin des toitures d’ardoise qui l’abriteront, s’il ne se refuse pas à l’harmonie qui scintille, sous les étoiles. Puis se rétracte, d’un seul mouvement de ciel. Il faut être plus immobile que la roche, sur les bords de la Pointe de Pern, si l’on veut en saisir la geste. L’éternité. Sortir de la gravité en même temps qu’on y entre, c’est le dilemme de Ouessant.  Au matin sur l’embarcadère, les marins savent que tout est vain, que ce qu’ils ont n’est qu’éphémère, mais qu’aujourd’hui dessine demain.

*Jean Chièze – Notes sur Ouessant, l’Union Latine d’Editions, 1964

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02/10/2012

L'embarcadère.

Quand on pose le pied sur une embarcadère quittée dix ans auparavant, on s’ancre de nouveau dans une vie qui nous a attendu et que l’on a enfouie, partiellement, par petites touches successives d’oubli. On la retrouve sèche et précise, dans la même atmosphère qui nous ramène à notre état : on ne sera jamais plus que les places qu’on a connues. Les embruns, même, sont davantage que ce que nous sommes, dans l’instant : dans un silence encombré, ils ramènent à la surface les myriades de petits éléments pas assez signifiants pour que l’on s’en soit rappelé. C’est par strates que le souvenir se construit, pas par à-coups : le premier pas d’un homme sur une terre qu’il retrouve n’est que le second qu’il y pose. Chaque sensation est dédoublée de la mémoire de la première, qui se libère aussi bien qu’elle s’est rétractée. Il fallait revenir, se dit-on, pour se persuader qu’on est ce qu’on sera. Revenir, c’est accepter de lire à travers soi ce qu’on a fait du temps d’avant. Revivre très nettement les moments où l’on s’est trompé, sans plus pouvoir se trouver d’excuses. C’est aspirer à une vie décuplée mais être conscient, dans le même temps, qu’elle ne le sera pas. Mais qu’il nous reste – et c’est déjà beaucoup – à fermer les yeux un instant, ressentir à pleins poumons l’air iodé du lieu de notre renaissance et se dire qu’on ne s’est pas tout à fait perdu.

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01/10/2012

Nocturne.

Les gens, il conviendrait de les connaître aux heures pâles de la nuit, disait Ferré dans "Richard". Ça n'a pas changé: la nuit nous paraît juste un peu plus longue et il est juste un peu plus difficile réellement d'en connaître les lueurs. Mais c'est ainsi.

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30/09/2012

Ouessant, toujours.

78234197_o.jpgOn ne se libère jamais de tout ce qui nous a fait. On peut solder des comptes, prendre des décisions et s’y tenir, il y a toujours un moment qui nous rappelle qu’on ne fait jamais que continuer, seulement. En espérant pouvoir se retourner sur sa vie sans rougir, avec davantage de remords que de regrets, et davantage de joies que de remords. La vie d’un homme, quoi. Celle qu’il ne peut parfois pas voir en peinture, mais que certaines peintures lui rendent meilleure. Je croise aujourd’hui le travail de Franck Gervaise et sa série « Ouessant », évidemment, ravive des souvenirs qui n’ont jamais eu besoin de l’être. 

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29/09/2012

Conseil d'indiscipline.

Je fais de drôles de rêves en ce moment. De ceux dont on garde des bribes au réveil sans les reformuler clairement, puisque ce sont des rêves. Cette nuit, je m’élevais, dans un amphithéâtre, contre un intervenant qui comparait l’assemblée aux soldats allemands de la seconde guerre mondiale : pour le respect de la discipline, sans doute, puisque la formation que nous suivions était militaire (c’est pour ça aussi que c’était un rêve, hein !). J’étais dans les rangées du dessus, j’ai pris la parole à voix haute et forte, comme je sais le faire en public. Je sais juste que ça n’a pas plu aux autorités, ni à l’intervenant, lequel a quitté l’amphithéâtre, suivi de mes supérieurs, désolés d’un tel esclandre. Quand je me suis réveillé, j’étais assez content d’avoir résisté, mais pour autant, sauf à les voir revenir dans un prochain cauchemar, je ne sais toujours pas quel sort va m’être réservé par ces gens-là. Et ça m’inquiète.

16:14 Publié dans Blog | Lien permanent