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13/07/2013

3ème temps.

Troisième jour du Littérature & Musique Tour, dans un décor qui me fait penser à la scène sublissimme de "Hable con ella". Violoncelle compris, sans Caetano Veloso. Pour l'instant.

17:34 Publié dans Blog | Lien permanent

12/07/2013

Sous les toits.

Très beau moment, encore, que ce concert sous les toits, version trois du concept "Littérature & Musique" qui progresse. Jouer après une journée de travail en studio pousse les musiciens à l'excellence et la soirée d'hier s'en est approchée, même s'il reste du travail. Le concept lui-même évolue: moi qui voulais ne rien dire d'autre que les mots de mes livres, je suis revenu à une prestation plus éloquente. Pour dire quelques mots, pour dédramatiser aussi l'aspect un peu solennel. Dans Littérature et Musique, le mot Littérature fait peur. Et la teneur des textes, sur laquelle on n'a jamais transigé, n'incite pas à la gaudriole. D'où le principe resserré dans le temps, trois quarts d'heure dont deux rappels. Hier, ma position était parfaite, inclus dans l'arc de cercle, tabouret haut, couvant mes trois saltimbanques. Profitant du moment, en plein. Cabotinant un peu, pour faire tomber la pression entre les extraits et les chansons enchainés. Gérard dirige, du regard et du sourire, comme à l'habitude. Clara excelle, elle a joué deux heures avant le concert, sans se soucier des premiers arrivés, hypnotisée. J'assumerai la répétition de ces propos: Éric a composé les morceaux, les interprète avec la fragilité qui leur convient; Gérard les a arrangés, avec rigueur et professionnalisme, les a sublimés ; Clara les a illuminés de sa grâce et de celle de son instrument. J'observe le public, curieux et attentif. La controverse de Gilly revient: l'homme de "Ciao, Bella" est-il un lâche ou un vrai romantique? En bon sophiste, je pose la question mais ne souhaite pas y répondre, assurément. Je signe pas mal de livres à la fin, ce qui est bon signe. Celui que les invités souhaitent poursuivre la relation nouée avec les mots. Aujourd'hui, le travail de studio reprend, avec ardeur. Ces morceaux que tous ceux qui les entendent voudraient pour eux, ils ne sortiront que quand tout sera parfait. Du travail, il en reste. Du plaisir et de l'émotion aussi.

18:17 Publié dans Blog | Lien permanent

11/07/2013

Quartet.

Premier jour de studio dans les belles cabines aménagées d'Eric. Plusieurs heures d'installation nécessaires la veille au soir, le temps d'un ballet technologique à base de micros dédiés, de clics assignés à d'autres sorties, de dizaines de mètres de câbles et de pré-amp à faire chauffer. Un quatuor avec une place chacun, en arc de cercle en mode concert et en croisé en mode studio: chacun se voit, peut s'assurer en une seconde de l'aval d'un des trois autres, voire des trois. Le programme est serré, ce soir, c'est la 3ème représentation de "Littérature et Musique", en mode concert privé et, bonne surprise, devant pas mal de monde, ce qui incite toujours à donner le meilleur de soi. Drôle d'impression, maintes fois vécue mais sans cesse renouvelée, de voir les chansons qu'on a écrites se mettre en place. Il y a dix ans, Éric et moi rêvions d'une violoncelliste, elle est là. Avec Tonton, qui prend les choses en main en studio: réglage du son,´équilibre fragile. Les chansons ne se font pas en un tour de main, mais par capillarité. Le chant passe, les pistes de lapsteel et de dobro s'y ajoutent, le violoncelle irradie sa cabine insonorisée à l'éclairage feutré. Il faut que le musicien s'installe et se sente bien pour qu'on place les micros comme il convient. Ensuite, seulement, au casque et au clic, les trois commencent à jouerToujours le même pincement au cœur quand j'entends ce "à la moitié du temps donné" devenu gentiment mensonger. Les heures défilent mais rien ne presse: l'instant est suspendu. Et privilégié.

15:33 Publié dans Blog | Lien permanent

10/07/2013

Thunder Road.

L'envie de partir est, toujours chez l'homme, concomitante à la crainte de laisser derrière lui ce qu'il a vécu et ceux qu'il a aimés. Les actes manqués ont autant d'avenir que les projections mentales.

18:31 Publié dans Blog | Lien permanent

09/07/2013

Bretteur.

C’est assez vite fait de se faire des ennemis. Encore faut-il qu’ils tiennent dans la durée.

16:05 Publié dans Blog | Lien permanent

08/07/2013

Broceliande's Blues.

La fée Morgane jalousait la complicité que son demi-frère affichait avec son mentor : de fait,  le duo Arthur/Merlin la réfrigérait.

17:12 Publié dans Blog | Lien permanent

07/07/2013

Fatalitas.

Quand leurs regards se croisèrent, elle sut à l’instant qu’il serait l’homme qui la comprendrait, qui lui apporterait le réconfort et l’attention qui lui manquaient tant, au quotidien. Elle en était à évaluer la probabilité qu’elle le rencontre dans cet endroit anodin quand une voix dure la ramena à sa réalité : « eh, oh, je vais pas les ranger tout seul, les courses, hein ! »

16:16 Publié dans Blog | Lien permanent

06/07/2013

Ecoute les hommes chuter.

mortamais.jpgLe théâtre est simple, souvent. Prenez une toute petite salle, un immense comédien et faites donner les mots. Si le comédien est bon en sus d’être immense – la formule dit par la taille et par le talent – les heureux récipiendaires entendront un texte dont ils n'auraient pu, s’ils n’avaient pas été avertis, imaginer qu’il fût si actuel dans les interrogations qu’il met en place, les logiques qu’il dénonce avec une ironie mordante et une dramatique suspendue. Vous avez bronché sur l’imparfait du subjonctif ? Vous êtes un saducéen et, par mise en abyme, vous avez reconnu l’entrée de « la Chute », d’Albert Camus. Que Thierry Mortamais a adapté et proposé à la lecture deux soirs durant à Agend’Arts, à la Croix-Rousse. Dire qu’il lit serait abusé, remarque : l’objet qu’il tient dans les mains relève plus du pense-bête ou de l’accessoire que du support. Le texte, il le vit, il le sait, il le dit, il est Jean-Baptiste Clamence, cet avocat brillant qui a quitté Paris pour s’installer à Amsterdam, où il aborde un inconnu, dans un bar, qu’il soumet au soliloque. Parce qu’il n’y a pas d’autre personnage que lui et parce que la réplique n’est jamais donnée. L’effet est saisissant quand le texte est jouée, parce que chacun de nous, dans le public, peut s’imaginer concerné, récepteur de ce qui est dit. Mortamais, costume XXL qui lui va comme un gant, cabotine suffisamment pour incarner celui qui lui fait face, puis revient au texte, alterne, dans les tonalités, les aphorismes critiques sur la bourgeoisie, l’amour et la fornication,  la religion  - « grande entreprise de blanchissage » - la reconnaissance et l’incomparable estime de soi dans laquelle baignait son héros, jusqu’à l’accident, phénoménologique. Ce pont de Paris traversé de nuit, cette nuque de jeune fille qu’il aperçoit enjambant le parapet et ce bruit sourd qu’il entend de dos, devant lequel il ne s’est pas retourné. S’ensuit, derrière le fatalisme auto-dérisoire, le mécanisme implacable de la vanité telle qu’elle est quand on la perçoit une fois dans sa vie, seulement. Plus de place pour le pardon,  la damnation est en marche et Clamence – celui qui crie sa vérité – l’a compris à la première seconde de l’Après. S’est adonné à la débauche et au cynisme (« Je méditais par exemple de bousculer des aveugles dans la rue, et à la joie sourde et imprévue que j’en éprouvais, je découvrais à quel point une partie de mon âme les détestait ») puisque plus rien ne pourrait plus la et le sauver. Mortamais excelle dans les changements d’humeur, de ton, d’intensité : il lit vite, jongle, fait rire le public par le mot et la grimace mêlés, puis suspend son effet, fige l’expression et renvoie le spectateur à l’effet-miroir que le texte donne à voir à ses contemporains, dixit, et aux nôtres, sans qu’il ait pris une ride : « Chaque homme témoigne du crime de tous les autres »... Il y a une espèce de gêne entre deux saillies critico-drôlatiques : qui n’a jamais éprouvé de ces petites victoires qui font qu’on se sent, un temps, supérieur à tous les autres ? Qui n’a jamais pensé, comme Clamence, que les seuls domaines dans lesquels nous sommes dominés n’existent que parce que nous n’y avons pas consacré assez d’entraînement ?  Qui ne s’adonne jamais à "l’obligation de cacher la partie vicieuse de sa vie » ? Il se passe une heure, une heure et quart avant que Mortamais n’entame le dernier jour, puisque les deux protagonistes – dont l’un in abstentia – se voient consécutivement cinq jours durant. Avant que le récit-même joue l’épanadiplose, que Clamence – juge et pénitent -  se reconnaisse dans l’autre, qui s’est sans doute deviné en lui, en amont. Avant qu’il achève la plaidoirie perdue – sa seule !-  par une dernière teinte d’ironie mordante.  La Chute ne se raconte pas, au final, elle se lit. Ou mieux, elle se laisse écouter, passionnément. Mortamais dit avoir monté le spectacle dans sa cuisine : j’eusse aimé que les casseroles racontassent les choix, les omissions, la construction.... Et , rappelons-le, « broncher sur les imparfaits du subjonctif prouve deux fois votre culture puisque vous les reconnaissez d’abord et qu’ils vous agacent ensuite. »


00:18 Publié dans Blog | Lien permanent