25/10/2013
On n'est pas d'un pays, mais on est d'une ville. (3/3)
Tébessa, 1956. Ce roman, aux vies multiples, dont, pile aujourd'hui, Nicolas le Breton fait l'article sur son blog: qu'il me pardonne, s'il ne l'a pas totalement saisie, ma réelle inculture botanique, mais qu'il m'accorde le fait de savoir en parler. L'écrivain est souvent le faussaire...
Des Tébessa, j’en vends, j’en vendrai, mais là n’est pas l’important : l’essentiel, c’est qu’il s’est inscrit de lui-même dans une intemporalité qui me dépasse très largement, et c’est tant mieux. Alors, quand Dobro et guitare folk se répondent dans les premières notes de « l’Embuscade », la chanson qui lui correspond, quand Clara vient ajouter la touche de céleste à l’ensemble, Eric n’a plus – mais c’est le plus dur – qu’à se faire passeur de cette chanson qui emporte tout. Que personne d’autre que lui, je le répète, même de meilleurs chanteurs, ne chantera mieux qu’il le fait. Déjà, seul, pour Lettres-Frontière, la chanson portait. Mais là… L’apocalypse finale est à la hauteur de la perte du personnage, c’est une fin, il n’y a rien à dire après. Rien de mieux. Alors on s’arrête là, sauf Clara, qui reste, et moi, qui commence à lire le poème « Camille », édité à la fin de « Valse, Claudel », aux Editions de la galerie. Ce texte qui a inspiré Stéphane Pétrier et Jean-Jacques Coulon pour la version électro-douce, Sandro Secci - avec nous ce week-end et sans doute pour longtemps - pour la Valse qui va avec et qu’il jouera bientôt, en compagnie de Clara. Là, une fois la première strophe lue a capella, elle commence la célèbre suite de Bach et je pose le texte dessus. A chaque fois, sans coquetterie, j’annonce un impromptu parce que c’en est un. Mais régulièrement, Deus ex machina ou coup de main de Jean-Sébastien, tout correspond, les pauses se font en même temps et le final lui est laissé. Les mots que je dis pour les remercier, Clara et mes chics types, sont ceux-ci, quand vous viendrez, vous les réentendrez : pas parce que je me répète, mais parce que je les martèlerai jusqu’à mon dernier souffle : ces chansons, c’est Eric Hostettler qui les a composées. Gérard Védèche qui les a arrangées et magnifiées. Clara Védèche qui les a sublimées. Sauf le Poussin Piou et J.S Bach, que j’aurai réussi à réunir.
NB : Il me reste deux choses à raconter, qui ne sont pas reléguées, mais que je voulais mettre à part. La première ; c’est qu’il y eut un dimanche, au Salon. Plus civilisé que la veille. Avec des gens qui viennent, qui reviennent, un homme qui a adoré Valse, Claudel, est venu me le dire vendredi, a acheté Cache-Cache, est revenu samedi pour me dire à quel point ce livre lui plaisait, m’a attribué d’office les prochains Goncourt, est venu encore le dimanche pour lire, sans que j’aie rien demandé, des passages à de gentilles dames à qui j’en faisais justement l’article. J’ai vu une ancienne étudiante, des élèves rencontrés vendredi, qui revenaient. J’ai vu Paola Pigani venue chercher un Tébessa, me féliciter du Prix de Grignan. J’ai vendu 33 livres, au final, dont 25 le dimanche : risible à l’échelle de Drucker, important pour un auteur comme moi. J’ai vu des personnes de Lettres-Frontière, à qui je n’ai pas demandé pourquoi je ne participais pas à la table ronde qui lui était consacré (sic), j’ai surtout vu des personnes de Grignan, parlons-en, auprès de qui j’ai enfin compris pourquoi je n’avais reçu, depuis l’attribution du Prix, nulle invitation à parler des mes écrits qui ont suivi Cache-Cache, encore moins à présider le Jury, une activité que j’aurais adoré mener, moi qui, comme pour LF d’ailleurs, ai lu et chroniqué ici tous les livres de la sélection. Une belle déception pour moi qui pensais les avoir conquis, mais surtout qui leur avais demandé de ne pas m’attribuer de prix si c’était pour m’oublier juste après. Les querelles d’égo ne sont pas que du coté des auteurs, visiblement…
Mais finissons par de la Beauté, puisqu’il ne faut garder qu’elle : ce que j’ai raconté, ce que Christian a dit de ces instants aussi, des hommes se damneraient pour les vivre une fois. Eh bien nous les avons vécus deux fois, de suite, puisqu’à l’invitation adorable des parents de Clara, Alain et Anne-Marie, nous avons joué chez eux le dimanche soir. A la fin de trois journées non-stop, au bord réel de l’épuisement. Mais on a puisé, et aux dires de Gérard, techniquement, c’était encore meilleur que la veille. Je ne pensais pas que ce fût possible. Une soirée magnifique devant un parterre attentif, composé de gens critiques, apprendrons-nous après, et conquis au final. Devant la professeure de violoncelle de Clara, à qui j’aurai le bonheur de signer, on y revient, un exemplaire de « la partie de cache-cache » d’un aphorisme que j’ai un jour écrit, sans savoir que quelques années après, mon rêve le plus fou deviendrait réalité : la question de mon athéisme se pose à chaque fois que je croise une violoncelliste.
PS : le titre est provocateur, via les mots de Lavilliers ; on peut aimer sa ville de naissance sans être bêtement chauvin. Mais la dédicace que j’ai laissée sur le livre d’or de l’hôtel, à la demande du gentil monsieur qui nous a accueillis, était éloquente : la gentillesse et la simplicité, souvent décriées, font du bien à l’âme. Et la ville verte en est coutumière. Que la mienne prenne exemple, une fois n’est pas coutume.
Le dessin est d'un élève de 3ème du collège de Rillieux qui m'a accueilli à la médiathèque, l'année dernière.
13:02 Publié dans Blog | Lien permanent
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