29/06/2013
Le cas Charvassieux.
Ce soir, je remonte le temps et m’offre un joli bain de jouvence, à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère, à l’invitation de Christian Chavassieux, parrain du club local de lecture. Qui lui donne carte blanche tous les étés à partir de celui-ci. Et qui me reçoit donc ce soir, là où, pour lui, écrivais-je, tout a commencé lors des rencontres Lettres-Frontière de 2009. Parce qu’il a été aussi bien reçu que je le fus, sauf que le lien initié a perduré, pour lui. Qu’il me reçoive « chez lui » m’honore et m’inquiète un peu, enfin, pas longtemps. Christian et moi nous sommes plus devinés que connus, depuis, mais le parcours de lecture et d’écriture de chacun incite l’autre à pousser un peu plus en avant la curiosité. Je lis sur kronix, aujourd’hui, qu’il veut me faire parler de toute mon œuvre et aussi des chansons, ça tombe bien, je n’attends que ça. Les lecteurs de Gilly mettront un visage sur le jeu des notes croisées, des papiers critiques de l’un sur les œuvres de l’autre, on leur a même préparé, sur un pari que j’ai initié, un inédit rien que pour eux, spécial Gilly, un recto-verso littéraire qui restera. Au moins pour eux, au moins pour nous. J’ai hâte d’être à ce soir, d’autant que des comédiens sont de la partie et qu’ils ont préparé quelque chose sur mon Gros Robert, qui en touche, du monde… J’écrivais ailleurs que je me prédisais, ce soir, une mort par choc émotionnel, que j’aurais dû, peut-être, me limiter à un aller simple. Mais je tiendrai, pas d’inquiétude, parce que des rencontres comme ça, je le sais, Christian le sait, donnent de la force, l’envie de poursuivre. Le tunnel que Christian m’a prédit, j’y entrerai sous peu, avec du retard, mais ce retard n’est rien, quand on s’est engagé, irrévocablement. Pour l’instant, je profite, je rencontre des vraies gens, qui me rendent au centuple ce que je leur ai donné. Je n’ai jamais vraiment su ce qu’on appelle le bonheur et pour tout dire, me suis toujours méfié du concept, mais là, on doit s’en approcher, certainement. Et comme les soldes s’ajoutent au prix de gros (Robert), demain, heureux hommes, ou dans les prochains jours si on se couche trop tard, vous aurez deux récits d’une seule et même rencontre. A Gilly-sur-Chavassieux.
10:17 Publié dans Blog | Lien permanent
28/06/2013
Phonèmes.
Il a tellement attendu l’entrée de la violoncelliste qu’il ne l’a pas entendue entrer : les plus belles symphonies se brisent parfois sur des paires minimales discrètes.
15:05 Publié dans Blog | Lien permanent
27/06/2013
Il y a les petites gens, et les gens petits.
Il y a celui–ci qui, sous couvert d’anonymat, ponctue ce blog de commentaires acides et blessants (« Si vous aimez la littérature, fuyez ! », « la moins mauvaise des nouvelles » etc.) et s’étonne que je lui demande d’aller cracher son venin ailleurs, prétextant un légitime retour critique de lecteur, sans rien d’autre à me donner que ces jugements lapidaires qui ne témoignent en rien d’une lecture réelle.
Il y a celle-ci, dont j’ai dû calmer l’hystérie parce qu’elle voulait s’occuper de tout et qui maintenant fait la morte parce que ce qu’elle a vu et entendu ne correspond pas à ce qu’elle voulait voir et entendre : c’est la différence entre le travail et l’idéalisation du travail terminé, mais la distinction n’est pas donnée à tout le monde.
Il y a tous ceux qui jettent un œil sur votre vie, par la serrure ou dans la vie, qui picorent, piochent et parfois, c’est curieux, viennent chercher l’assurance que la leur est meilleure, plus belle, plus aboutie, plus-plus. Dans cette ère de l’ultra-narcissisme sacralisé, rien d’étonnant, sauf quand, au bout du compte, ils voudraient vous faire admettre, a priori, que l’idée même de leur projet vaut davantage que la réalisation, fût-elle balbutiante, du vôtre. Curieuse conception de l’exercice artistique. Qui me rappelle celui qui, dans les années 90’s, s’était auto-proclamé le Proust du XXI°siècle. Et qui n’a rien écrit, au final. Certaines lucarnes se doivent d’être fermées, quand elles sont malveillantes, ou même, seulement, indifférentes. Parce qu’il y a de la condescendance dans l’indifférence : c’est biiiiiiiiiiiiien, ça.
Heureusement, il y a les autres :
Il y a celle-ci qui vous dit que le projet est de plus en plus beau, qu’il fait du bien et que le lien entre tous ceux qui y participent est visible, et touchant.
Il y a cette autre, et celui-ci, qui vous annoncent qu’ils veulent de ça chez eux, qu’ils ont lancé les invitations et que le public – et les retombées à venir – sera nombreux.
Il y a cette libraire qui vous dit qu’une des nouvelles l’a bouleversée et que la présentation l’a comblée.
Il y a cet homme qui, pour des raisons qui importent peu, a écouté la lecture du bureau, derrière, au Réalgar, et qui a pris pour lui les mots sur l’Algérie, qui l’ont ému au possible.
Il y a cette invitation , samedi, à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère, cet esprit « Lettres-Frontière » pour un temps ravivé.
Il y a ces émotions qu'on partage, et celles qui sont à venir.
Il y a tout ça.
13:50 Publié dans Blog | Lien permanent
26/06/2013
Persiste.
Écouter, c'est comprendre et deviner le potentiel, sans ça, le tout n'est que frustration et condescendance. Les oreilles, ça s'éduque et le cœur, contre toute attente, ça se cultive.
16:01 Publié dans Blog | Lien permanent
25/06/2013
Retours sur Robert.
C'est officiel depuis hier et l'aveu de cet ami qui m'a dit avoir aimé le recueil mais "Tombe la neige" par dessus tout: j'ai au moins un lecteur qui trouve une des nouvelles meilleure que les cinq autres. Pour moi, c'est une forme de Grand Chelem.
16:55 | Lien permanent
24/06/2013
Passe, passe...
Ces jeunes hommes qu’on a connus enfants, savent-ils qu’un jour ils ressentiront la même surprise que nous en en voyant de plus jeunes prendre leur place ?
16:28 Publié dans Blog | Lien permanent
23/06/2013
Selon Gabrielle.
Quand les mots que vous avez écrits font écho à une réalité que vous êtes en train de vivre, ce n’est pas exclusivement narcissique, c’est aussi une bonne façon de se rappeler que la littérature est la vie. Ainsi, hier, au Tramway, la théorie des sentiments, des émotions et des évidences de Marius Beyle m’a-t-elle rattrapé. Et laissé un peu seul, le lendemain.
21:16 Publié dans Blog | Lien permanent
2h13 plus tard...
Je le craignais, je le subodorais même, mais j’aurai in fine manqué à mon engagement élémentaire, pour la première fois depuis trois ans, peut-être : le 22 juin n’aura pas eu de note puisque l’heure fatidique l’a dépassé depuis près de deux heures. Le temps de l’après, celui du débriefing et du lâcher-prise, puisqu’il en est ainsi, à chaque fois qu’une émotion se vit, réellement. Comme cette 3ème invitation, pour une 3ème jouissance dont certains n’ignoraient pas, hier, qu’elle ne serait pas suivie d’autres – enfin, métaphoriquement ! – du même genre avant longtemps. Je revenais au Tramway en pensant l’avoir quitté hier, et pourtant, ils étaient nombreux, les souvenirs qui me disaient que du temps avait passé, entre ma présentation, angoissée, de « la partie de cache-cache » et celle, plus rompue, du « Poignet d’Alain Larrouquis ». Il faut dépasser ses représentations des événements, arrêter de croire qu’il y a eu moins de monde que les fois d’avant, arrêter de croire aussi que ma présence est usurpée. Après une bonne entame avec Frédérique, qui m’interrogeait pour la première fois, après être passé sous ses fourches caudines de la diversité de l’écriture et des tonalités des six nouvelles du recueil, dont une qui l'a bouleversée, une qui l'a fait exploser de rire et une qui l'a laissée dubitative, j'ai présenté à la trentaine de personnes présentes le projet "Littérature & Musique" dans sa forme quatuor, avec chansons intégrées dans la lecture d'extraits de mes oeuvres. On reste un peu sur un morceau joliment raté, dans un set bien meilleur techniquement, dira notre directeur artistique, qu'à la première; des petits écarts qui, en temps et en heure, n’ont pas forcément été perçus par le public. C’est bien, mais ça nous engage à le passer, ce morceau, sans embûches, la prochaine fois. Je guette, sans oser les fixer, les regards bienveillants, ceux à qui j’adresse les mots, implicitement, ou un peu plus que cela. Je lis un peu plus vite qu’à Saint-Etienne, sous l’effet de la canicule, je ne m’en satisfais pas, choisis de ne pas « donner » l’impromptu de Camille. Il s’est passé 27 minutes d’une variation qui n’aura importuné personne, à part ceux qui avaient d’ores et déjà de bonnes raisons de ne pas s’attarder… Je signe moins de livres qu’à l’accoutumée, au Tramway, m’en inquiète en fin de séance mais Fred me dit que je leur ai sauvé leur journée, que les ventes ont été bonnes, des « Robert », des « Camille », des exemplaires de « la partie de cache-cache » dont la lecture, en début de séance, enchainée au formidable « Au-dessus des eaux & des plaines », réorchestré, suscite la curiosité, toujours. Je parle longuement de Tébessa avec des personnes que je ne connais pas mais qui marquent un fort intérêt à l'écriture de l'histoire dans l'Histoire. Je croise des visages connus, souriants, des gens qui s'apprécient et se parlent. Mon fils est à mes côtés et dédicace quelques-uns de mes livres, sans encore les avoir lus! Un beau moment de plus, avec ses imperfections, qu’on a localisées plus encore qu’à la première, donc : le signe qu’il faut continuer, aller plus loin encore, comme cet été, où l’on projettera le quatuor sur un mode privé, avant de répondre aux sollicitations qui sourdent… Tout cela n’est fait que pour approcher le Beau, on le sait. Même en pleine nuit, avec les quelques et minimes heures sur le retour en temps et en heure, je garantis cette rencontre aussi, sans coup férir. Ce n’est que l’après de la rencontre qui m’a empêché d’en narrer la teneur, juste après : on n’en est pas à un paradoxe près, sur ce blog comme dans ma vie.
02:13 Publié dans Blog | Lien permanent