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19/10/2013

À malin, malin et demi.

Les passants d'ici sont habitués à l'absence de notes, ponctuellement, et à la mise en abyme consistant à faire une note d'une absence de note. Mais la journée éprouvante au Salon et la si belle soirée "Littérature & Musique" qui a suivi m'autorisent à rester silencieux, jusqu'à demain, avec, par contre, la journée qui se répétera, jusqu'à l'absence de note du soir, qui sait.

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18/10/2013

On remet "la partie" en route.

Pour le premier jour de la Fête du Livre de Saint-Étienne, j'avais la tâche redoutable de rencontrer deux classes de 2nde du lycée Jean Monnet, un vendredi après-midi, deux heures avant les vacances tant attendues. Rien de redoutable en fait, tant la qualité de l'accueil et de la préparation des élèves était là, via Alice Kriner et Michel Balmont, que je remercie. Une heure et demie passées avec eux, juste après que quatre volontaires m'ont interrogé dans une salle à part. Sur "la partie de cache-cache", exercice inédit pour moi, avec des adolescents. Et je ne le regretterai pas: les questions sont pertinentes, vives, ces jeunes hommes ont vécu le roman, et notamment sa fin, avec leurs tripes, il me la reproche un peu, quand même, puis comprennent quand je leur dis à quel point elle s'est imposée à moi, à quel point il n'y en avait pas d'autre possible. Je leur explique que le romancier, en fait, ne maîtrise pas grand chose de ce qu'il met en place, que parfois les personnages disposent, qu'ils ont à la fin une importance qu'on ne soupçonnait pas au début. J'aurais pu rester l'après-midi avec les cinq qui m'ont interviewé, mais il fallait passer à plus large, à la petite cinquantaine d'élèves réunis dans la plus grande salle du lycée. Avec le risque de la dispersion, vite dissipé, malgré quelques petites réticences de premier rang. On m'interroge sur les relations entre les personnages, sur la jalousie de Grégoire vis-à-vis de Jeannot. Et là la question me taraude: Grégoire est-il capable de jalousie quand il sait que tout peut s'obtenir, par la force s'il le faut? Il faudrait toujours laisser des ados vous poser les questions qu'ils se posent sur les bouquins qu'on a écrits... Et puisque j'ai un peu cabotiné, des le départ (c'est de bonne guerre, en voisin vilipendé!), je termine avec, pour la première fois, la lecture d'un extrait de mon "Riffifi". Leur premier contact avec Audiard, qu'ils ne connaissent pas... Après, je retourne au Quartier Latin, véhiculé par l'affable Philippe Martin - qui aura posé, lui aussi, les justes questions - pas pour y balancer des pavés, mais pour nouer le contact avec un autre public, plus passant, plus volatile, plus tenté, aussi, je peux les comprendre, par les livres de mon voisin, Valère Staraselski. Une belle journée, qui m'aura, en plus, fait retrouver, dix ans après, un être cher, que je n'imaginais pas là où j'allais juste arriver. La vie comme il faudrait qu'elle soit.

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17/10/2013

Au bon plaisir de la gargouille.

NLB.jpgJ’ai mis du temps (l’été) pour terminer, entre deux lectures, la trilogie romanesque de Nicolas le Breton, « la Geste de Lyon », un recueil de trois polars médiévaux, dont l’appellation elle-même prête à confusion – et donc à éclaircissement, en préface. Ces romans historiques, « le maître des gargouilles », « le seigneur des corbeaux » et « le prince des ours » ne font appel à nulle heroic-fantasy ni chevalier de quelque engeance, mais dépeignent , très précisément – l’auteur est guide de tourisme – les différentes strates au pouvoir à Lyon, au XIV° siècle, dans le bas d’un Moyen-Age dont les coutumes restent, quand elles servent les manigances des grandes familles qui s’entre-déchirent : c’est là que, nonobstant la difficulté première d’assimiler les titres hiérarchiques du clergé ou de la noblesse, on sourit de retrouver des noms qui sont, de nos jours encore, des quartiers de notre ville, à commencer par Grolée – le personnage principal – Ainay, et en continuant, par extension, aux communes proches, Montluel, Saint-Priest ou d’Anthon. L’intrigue mêle les forces du Roi de France, en lutte contre celles du Comte de Savoie pour la conquête de la ville : meurtres maquillés en crimes sataniques, procès en sorcellerie, Nicolas Le Breton reconstitue dans les trois récits une geste qui restitue une époque dont on n’a gardé qu’une mythologie. Il y fait référence, ponctuellement, quand on fait allusion à Lancelot et à la charrette d’infamie, mais pour mieux s’en éloigner, par le cynisme affiché de ses personnages face à l’ignorance généralisée de leur époque : Anselmus, fameuse figure du nain retors, mais pugnace, Guillaume Bâtard et Barthélémy Chevrier luttent chacun, d’une manière différente, contre les simulacres de justices et les diverses Inquisitions : on y croise Bernard Guidoni et Bernard Gui, qui décrètent du veneficium à tour de bras (séculier) pour disposer du pouvoir. Les Templiers sont condamnés, traqués, exécutés (Memento Moris !) comme pour signifier que l’âge preux et courtois est terminé et qu’il est l’heure des stratégies d’alcôves : dans cette trilogie, les Papes se succèdent (Innocent IV, Clément V, Grégoire X*, peut-être ?) mais n’ont d’autorité que de façade, les magistrats les plus respectés sollicitent, dans les bas-fonds de la ville, les criminels les plus sordides, des prostituées juives qu’ils convertissent ou des dresseurs d’ours. Nicolas Le Breton conduit ses personnages dans une action prenante, parce qu’on savoure les stratégies politiques, sans s’empêcher de penser que quelque chose, à Lyon, est resté en l’état… On passe d’une porte à une autre, d’une maison (de Savoie) à celle de Roanne, on suit les fleuves, les traboules, les ruelles, on se retrouve rue Mercière, au Pont du Change ou à St-Nizier, en quête de pots de saindoux empoisonné… Nicolas Le Breton maîtrise le passé simple et semble accélerer la narration quand le piège de l’épistémologie se dessine : les dialogues sont ciselés, les personnages profonds, jusqu’à la deuxième génération, avec Jacelme et Peronin, le lyrisme n’est pas dans l’action mais dans ce qu’elle recèle : on devine à travers les complots qu’elle défait le caractère prégnant de la ville, en « grand animal trop piqué, trop blessé », qui se redresse. Quel que soit son gardiateur. Au final, on laisse ces personnages à regret, avec une persistance qui vous fait guetter les détours de rue de votre ville autrement que vous les regardiez avant. Et s’asseoir sur les bancs de marbre à l’entrée de la cathédrale en pensant à ceux qui s’y sont assis avant nous, regarder les gargouilles et voir se profiler l’ombre de Hiéronymus. Moins assotis qu’on l’était en arrivant. Mais conscients, nous aussi, que la vie était là.

* Et pas XIII, comme me l'a soufflé l'Inoxydable, même je positionne le XIII comme mon pape préféré, puisqu’il a fait suivre, inter gravissimas, le 4 octobre du 15, en 1582, validant ainsi mon rapport relatif au temps qui passe.

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16/10/2013

Alive & Kicking.

ASSE_FDLV2.jpgMichel Drucker, PPDA, Lenny Escudero, Nicolas Peyrac au même stand que moi, mais aussi, entre autres, Yasmina Khadra, Delphine Bertholon et Thomas Sandoz, que je serai enchanté de revoir, Arno Bertina, avec qui j’ai promis, il y a pas mal de temps déjà, d’échanger sur nos parcours respectifs, avec un premier roman sur fond de guerre d’Algérie (l’excellent le Dehors ou la migration des truites), un dernier qui joue de l’identification à une idole du sport. Ce sera mon programme, chargé, du week-end à venir, en plus de la représentation « Littérature & Musique », au Réalgar, samedi à 18h. C’est à Saint-Etienne, pour une Fête du Livre dont on dit qu’elle a été reprise en main, dont l’organisation, en tout cas, est impeccable et accueillante. Dès vendredi, dans l’après-midi, à l’invitation des professeurs de Lettres du Lycée Jean Monnet, je suis invité à parler de « la partie de cache-cache » à des élèves de 2nde. Une première pour moi, à qui on demande le plus souvent d’aller parler de « Tébessa » à des collégiens. Un cadeau supplémentaire, une prolongation du plaisir : mes trois petits monstres sont toujours très présents en moi et je suis curieux de savoir ce que des adolescents en ont pensé. Pour tous les passants d’ici qui ne rechigneraient pas à s’aventurer dans la ville verte, je serai au stand de la librairie « Quartier Latin » vendredi en fin d’après-midi, samedi et dimanche toute la journée. Et dans la belle galerie blanche, samedi à 18h, donc, avec mes beaux musiciens, le temps d’une lecture musicale qui réservera son lot de surprises.

17:23 Publié dans Blog | Lien permanent

15/10/2013

Herboriste.

D’avoir confondu, lors de son discours d’intronisation dans la très fameuse Société Lyonnaise d’Horticulture,  un bouleau commun avec un travail collectif ne le mit pas dans les meilleures dispositions vis-à-vis de ses confrères. 

17:26 Publié dans Blog | Lien permanent

14/10/2013

P.S

Pour Courteline, « se faire traiter de con par un imbécile est un délice de fin gourmet », paraît-il. Il est temps de passer à table, alors, parce que les plats qui m’ont été passés récemment valent leur pesant de calories, certainement, mais de bêtise tellement confite et satisfaite qu’on en est jaloux jusqu’à Cambrai.

17:54 Publié dans Blog | Lien permanent

13/10/2013

Radio Classique.

Ludwig Von Bethoveen aimait tellement les chiens qu'il ne résista pas, après le succès de son "Pom Pom Pom Pom" à la composition d'un "Rin Tin Tin Tin" qui marqua moins les esprits.

11:10 Publié dans Blog | Lien permanent

12/10/2013

Rehearsals.

réalgar der.jpgUne première dans le music room flambant neuf et bleu pétrole de Gérard Védèche, aujourd'hui, pour les répétitions du "Littérature & Musique Tour", qui posera ses tabourets au Réalgar samedi prochain, dans le cadre de la Fête du livre de Saint-Étienne. Mon trio à cordes a repris les habitudes laissées mi-juillet pour "réviser les conventions", dixit Dgé, et reprendre en main les cinq morceaux phares plus ceux qui les entourent. Une belle pièce, un plafond haut, un plancher de chêne, les réflexes reviennent vite, à condition qu'on s'écoute, la règle est toujours la même, au final. Ce qui comble un auteur comme moi, ce n'est pas tant d'entendre ses mots, mais de voir que ceux-ci s'inscrivent dans le plaisir qu'ils partagent quand tout est en place. Quand les notes du violoncelle sont longues et tenues, quand la guitare joue droit et les deux autres en mélodie. Au départ, il faut les laisser faire, profiter du moment, accepter que ce qui nous comble nous ne les satisfait pas, eux. Puis, une fois le décor installé, placer sa voix en sus de celle d'Eric, laisser l'autre musique, celle des mots de mes livres, prendre place. À cet instant, l'instant, vraiment, est magique et suspendu. La difficulté restant de le reproduire en public. Samedi, en plein cœur du Salon du Livre, entre deux obligations du genre de celles que l'on rêve d'avoir, on s'est promis d'être plus libérés, moins austères et plus punks que pour la première, en mai dernier. Ce qui ne nous empêchera pas de prendre cela très au sérieux. Entre autres surprises promises, je lirai pour la première fois en public un extrait de mon roman en cours, "Aurélia Kreit". Avec l'engagement, comme je le fis jadis pour "la Partie de cache-cache" ou "le Poignet d'Alain Larrouquis", d'aller au bout de ce que j'ai entrepris. Sans doute sera-ce notre dernière, ou l'une des dernières. Une raison de plus pour venir nous voir tant que nous sommes vivants.

17:04 Publié dans Blog | Lien permanent