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02/02/2014

Mixité sociale.

Au 68ème sommet des drosophiles, malgré tous les efforts faits pour se fondre dans la masse, le caméléon ne fut pas reçu en ami. 

18:39 Publié dans Blog | Lien permanent

01/02/2014

Vingt-deux ans de fiançailles.

nilda.jpgC’est un peu comme si deux vies s’étaient déroulées en parallèle et finissaient par se croiser quand plus personne n’y croyait, d’autant que l’une d’entre elles ignorait tout de l’autre. Et pourtant, c’est un peu de ces destins croisés qui s’est joué hier soir, dans un lieu dont je connais depuis l’enregistrement de « Trop Pas ! » le moindre recoin. Y voir hier Nilda Fernandez était un vrai bonheur et la conséquence d’une amitié de longue date avec Eric Martin, le maître des lieux. Nilda & lui, une histoire d’amitié, Nilda & moi, une histoire de correspondances, tardives. Pas de celles qu’on écrit, de celles qu’on ressent. Nilda Fernandez, ce sont vingt-deux années qui remontent en mémoire et des premiers malentendus : ce Lyonnais, Espagnol de naissance, double identitaire en poésie, sort de belles chansons d’amour dans un contexte de variété qui s’y prête, et on finit par l’assimiler à un type musical qui n’est pas le sien. Lui, entre Lyon et Barcelone, enchaîne les succès et les plateaux télé, plus personne ne pense qu’il puisse être un artiste plus complet, cosmopolite, curieux du monde et des voyages, de la culture de sa mère et de celles qu’il rencontre au gré de ses voyages, en Argentine, au Québec chez les Indiens, en Russie, à Cuba. Saltimbanque en roulotte, écrivain, candidat aux élections législatives pour les Français de l'étranger en Amérique du Sud et Caraïbes, musicien, surtout, posant sa voix reconnaissable entre mille, androgyne, Fernandez vit sa vie et s’éloigne des spotlights, sans trop d’angoisse, j’imagine. De temps à autre, on entend sur les ondes des chansons comme « l’Invitation à Venise » ou sa superbe version du « Dis, quand reviendras-tu ? » de Barbara.

 Nilda & moi, c’est l’histoire d’un oubli, jusqu’à ce qu’un disque trouvé par hasard dans la bibliothèque de l’Instituto Cervantes me ramène à lui : quoi, en 99, il avait enregistré un album de poèmes d’un Lorca en visite à Buenos Aires, « Castelar 704 », le nom de l’hôtel et le numéro de la chambre qu’il a occupée d’octobre 1933 à mars 1934. Un album qu’il a réenregistré depuis avec pianistes cubains et flamencistes haut de gamme, mais que je préfèrerai toujours dans sa première version, duendesque à souhait. Avec cette version sublime, entre autres, del  Gacelo del Mercado matudino. Tout ce que j’aime, avec en plus, à ce moment de ma vie, la découverte de ces musiciens et du rapport à l’Espagne que je n’ai jamais quitté. Les Ibanez, Tomatito, Juan Carmona, pendant que je rattrapais mon retard, lui jouait avec, les rencontrait, partageait de ce que Lorca définissait comme quelque chose entre la perfection de Dionysos et l’amertume de Dom Juan. J’ai écouté cet album mille fois, appris l’espagnol dessus, projeté des voyages et des aventures, aussi. Mais je ne me suis jamais dit tiens, qu’est-ce qu’il fait, là, maintenant, Nilda ? Peut-être parce que des gens qui voyagent tout le temps vous renvoient à votre propre immobilisme, qui sait ?

Nilda & moi, c’était hier, enfin, après que, sur invitation d’Eric, j’ai été le premier à réserver mes places. Dans une salle bondée, avec tous les types de chaises possibles, Nilda est arrivé, a joué cinq morceaux en acoustique, et là, la faille spatio-temporelle s’est résorbée. Je reconnaissais sans connaître, mais ça faisait partie de moi. Sur « Madrid Madrid », un classique, le groupe avec lequel il était en résidence pendant la semaine est entré : guitare, basse, batterie, violon, ça tourne vite et bien, ça met une ambiance qui rappelle les derniers Bashung, et pour cause : Nilda a travaillé en studio, récemment, avec les musiciens de l’homme en Bleu Pétrole. Nilda varie, les genres, les langues, les visées des chansons, envoie des coups de griffes à ses double-compatriotes ("Manu, tu saoules"), parle d’amour, des frontières qu’on se crée et qui enferment. Il communique avec le public, se sent chez lui comme à la Casa, à moins que ce fût l’inverse. Je suis moins fan des passages rock que du reste, mais Nilda est un artiste qui fait ce qu’il veut, et c’est ce que je demande aux artistes, d’ailleurs. Lui leur demande de ne pas trop cautionner un système qui les broie : on ne demande pas à un Espagnol de se départir de son côté Don Quichotte.

Le finale est juste sublime, un des plus beaux que j’aie vécu ces dernières années : l’entrée acoustique, la mélodie et la présence du groupe sur « Nos Fiançailles », chanson parfaite, donne au concert une note d’émotion ultime. Et comme si ça ne suffisait pas, et vu que le public en redemande (ben tiens !), il improvise, en donnant la grille aux musiciens, la superbe saeta d’Antonio Machado, à qui je dois ma devise d’existence depuis qu’on me l’a fait connaître, en 1989 (« est-il un homme satisfait d’être un homme qui soit pleinement un homme ? »). Une saeta, c’est une chant religieux court que quiconque peut entonner, sur un balcon, souvent, en pleine procession, pendant la semaine Sainte, à Sevilla ou ailleurs. Machado en a écrit une qui préfère revendiquer l’homme qui a marché sur l’eau plutôt que celui mort sur la croix :

¡Oh, la saeta, el cantar al Cristo de los gitanos, siempre con sangre en las manos, siempre por desenclavar!

¡Cantar del pueblo andaluz, que todas las primaveras anda pidiendo escaleras para subir a la cruz!

¡Cantar de la tierra mía, que echa flores al Jesús de la agonía, y es la fe de mis mayores! ¡Oh, no eres tú mi cantar!

¡No puedo cantar, ni quiero a ese Jesús del madero, sino al que anduvo en el mar!

Je manque de pleurer à l’écoute de ce chant-là, et je me trouve ridicule, alors qu’un impondérable m’oblige de partir juste après le concert, à bafouiller quelques mots sans queue ni tête en lui tendant une enveloppe : dedans, il y a mon « Poignet d’Alain Larrouquis », dont j’espère qu’il lira au moins la première ballade des Sueños de Somosierra, celle de Manolo & de Federico. Pas pour ma gloriole personnelle, je m’en fous. Mais parce que j’aimerais bien que nos vingt-deux ans de fiançailles soient marqués du sceau du duende. Et tant pis pour ceux qui ont fait allemand première langue !

13:28 | Lien permanent

31/01/2014

Spoilers.

J’ai placé l’expression « du argent » que Nizan aimait à utiliser pour montrer à quel point il ne comptait pas lui accorder trop d’importance, et l’excipit sublime du « Jules & Jim » de Henri-Pierre Roché, dans mon roman en cours : quand on veut voyager loin, autant être bien accompagné.

17:42 Publié dans Blog | Lien permanent

30/01/2014

Pélo.

Dans le métro, deux jeunes de bonne famille, montés tous deux à une station du centre-ville, parlent (trop) fort dans mon dos. Et là, entre un "faut vraiment réserver sa mère, pour les Nuits Sonores?" et un "ça puait grave sa mère, l'année dernière", je note un Pélo ponctuant presque chaque partie de phrase: "ouais, Pélo, ça va être cher bien, Pélo, chez Alex, samedi!". Ad lib. Et là, tout à coup, le souvenir m'est revenu de la voix impressionnante de mon oncle Jean, qui, dans nos jeunes années, usait de ce vocable de la Grande-Côte pour désigner  un type, un gars. Pélo est aussi un mot romani qui désigne le pénis, mais je doute que l'acception ait un rapport avec la conversation, la soirée d'Alex ou la mère de ces garçons. Après, ce qui est bien, c'est que j'apprends que Pélo  est aussi un mot utilisé par les gens du voyage qui peut prendre, selon les circonstances,  une signification particulière. Ça leur fait un point commun, à mes deux zouaves, avec les personnes dont ils entendent parler mais qu'ils ne connaissent pas. Leur expliquer que justement, le nomadisme tsigane est une mythologie politique, prendra du temps, et quelques autres trajets.

19:25 Publié dans Blog | Lien permanent

29/01/2014

Conflit.

J’aimerais avoir une vie normale, mais sa seule vision m’ennuie, alors, l'un dans l'autre…

17:46 Publié dans Blog | Lien permanent

28/01/2014

Baryton.

Je suis celui qui, dans un amphithéâtre de 300 places où s’installent bruyamment une petite centaine d’étudiants, peut obtenir le silence rien qu’en le demandant. Ou, comme l’année dernière, faire taire la centaine de convives du « Printemps des poètes » en lisant un extrait de « la Partie de cache-cache ». Pourtant, je n’en tire aucune gloire et parfois, ce double-là, si éloigné de ce que je suis réellement, m’intimide moi-même : j’en arrive à être soulagé quand je suis seul.

PS : Je n’y suis qu’un titre et une image, mais ma « Valse, Claudel » a été repérée par Paola Pigani, dont je n’ai pas assez dit ici le bien que je pensais de son sublime « N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures ».

18:19 Publié dans Blog | Lien permanent

27/01/2014

Se perdre.

J’aurai eu la chance, dans ma vie d’écrivain, de recevoir, lors de la remise du prix de Grignan, en 2012, une belle lettre de Laurence Tardieu, présidente du Jury, qui me conseillait de me perdre un peu dans mon parcours, mais pas trop. L’expression m’avait intrigué, mais je commence petit à petit à comprendre : il n’y a pas pire ennemi pour le créateur que l’ambition de rester dans l’actualité, de se maintenir à flots, quitte à se répéter. J’ai posé les premières lignes de ma deuxième partie avant de m’accorder un jour de repos dans l’écriture du roman. Je passe à l’étude médicale de deux patients qui sont frappés de deux syndromes différents, qui vont être traités par le même médecin, à Vienne. Autant dire que je (re)pars de rien et que les encyclopédies trainent un peu partout, chez moi, mais c’est l’écriture (et la vie) qui me plaisent.

NB : Dans la dichotomie lire/écrire traditionnelle, on ne lit pas pendant qu’on écrit (mais il est nécessaire d’avoir lu avant pour écrire). Ma pile d’ouvrages à lire est donc énorme et s’agrandit au fur et à mesure que j’écris. Mais j’ai un Chavassieux d’avance et je ferai quelques écarts pour lire quelques autres ouvrages, dont « l’Ecriture et la vie », de Laurence Tardieu justement, qui dit comment, parfois, un écrivain n’arrive plus à écrire.

20:55 Publié dans Blog | Lien permanent

26/01/2014

Travaux en cours.

Aurelia.jpgIl faudrait que je remercie mon ami le bougnat, qui a su trouver les mots, début janvier, pour me mettre le coup de pied au derrière dont j’avais besoin pour me remettre au travail : un mois plus tard, j’ai terminé, aujourd’hui, la première partie de ce roman qu’il me faut écrire. Pas de triomphalisme non plus : il reste du travail, beaucoup, deux tiers de cette épopée, et un travail de vérification puis d’édition qui sera trois fois plus important que ceux que j’ai déjà connus, puisque ce roman est trois fois plus long, trois fois plus ambitieux, aussi. Rien de terminé, alors, mais des personnages qui me tiennent tellement au quotidien que je sais où ils vont, ce qu’il va leur arriver, sauf s’ils me convainquent d’un destin contraire. Pour l’un d’entre eux, pour autant, c’est trop tard et j’en éprouve un peu de peine, vous allez trouver ça ridicule, peut-être, mais c’est ainsi. Dès demain, je me remets au travail, après une ellipse narrative de près de cinq ans. Aurélia sera plus grande, de fait, les décors auront changé, les époques aussi, mais j’ai hâte. Vous me permettrez de faire part de mon enthousiasme après tellement de reports.

19:15 Publié dans Blog | Lien permanent