04/03/2014
A vitesse réelle.
Je trouve des dates, des lieux, des événements qui correspondent, des personnages qui se rencontreront, peut-être fugacement, ou pas, mais peu importe : dans cette carte postale, on ne voit ni Anton, ni Olga, ni Pavline, ni Vladislav, ni Varvara, ni Igor, on ne distingue pas Aurélia parce qu’elle est encore trop petite, mais pour le coup, la fiction rejoint totalement la réalité et ça a quelque chose de troublant, quand on le travaille. Demain, je vous parlerai théâtre parce que contre toute attente, je vais avoir une actualité.
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03/03/2014
Tant pis.
Drame de l'anachronisme: je renonce, la mort dans l’âme, à placer "lépidoptériste passionné de philatélie" dans mon roman. Parce que Baden-Powell a pris l’Orient-Express trop tard.
17:54 Publié dans Blog | Lien permanent
02/03/2014
De mon siège.
Aurélia et toute sa troupe quittent Vienne, aux premières pages de ma 3ème partie. J’ai l’ambition, dans la phase de vérification historique, d’ancrer les références topologiques de façon beaucoup plus précise, en visitant Odessa, puis Vienne, en fonction de l’aide qu’on apportera – ou pas – à ce projet. Sinon, j’en ferai un sur les deux, et m’aiderai de toutes les technologies modernes pour m’assurer de l’autre : c’est fou comme on est vite aux pieds de la statue de Richelieu, sur l’escalier Primorski, avec Google Earth : les voyageurs immobiles sont beaucoup mieux lotis qu’au XIX°s.
19:48 Publié dans Blog | Lien permanent
01/03/2014
Démonstration.
Je crois aux effets bénéfiques de la paresse sur la création. Si ce billet n'en est pas la preuve, je veux bien être pendu.
21:04 Publié dans Blog | Lien permanent
28/02/2014
À la frontière du réel.
Aujourd'hui, j'ai retrouvé le goût des saveurs anciennes, en prenant le train, de bon matin, pour des régions frontalières qui ont fait de moi un écrivain, en 2009, et qui m'accueillent de nouveau, dans un continuum qui me parle. Je ne peux rien dire encore de ce projet qui n'en est qu'au stade embryonnaire, qui nécessite financements, accords des lieux et des personnes, mais tout est en de très bonnes mains et en bonne voie. Le dernier doute a été levé ce matin, après la réunion de travail et la première rencontre entre les deux écrivains participants. Des moments toujours un peu redoutés, et finalement souvent beaucoup plus légers qu'ils ne le paraissent: je dirai deux mots de mon collègue une fois que je l'aurai lu, mais notre rapport à l'écriture semble le même, à ce qu'on a appris l'un de l'autre, aujourd'hui. L'exercice va être exigeant et chronophage, de septembre prochain jusqu'en avril, pour une parution des travaux en juin, d'une édition en septembre. Mais tout cela ressemble furieusement à la vie que je voulais mener et que je ne désespère pas de vivre. Et puisque mon travail consistera à m'emparer d'un pan de l'histoire pour aider des gens à produire de la fiction dessus, je pourrai m'appuyer, en plus de mon travail sur "Tébessa" - qui a fait que ces gens m'ont choisi pour revenir - sur tout ce que j'ai engagé dans l'écriture de "Aurélia Kreit". Un travail qui a du sens.
19:05 Publié dans Blog | Lien permanent
27/02/2014
The Artists.
J’ai assisté, dans le métro, à une dispute d’une rare violence entre sourds et muets : le couple se déchirait avec des gestes assassins, des sourires ironiques, des mouvements de bras qui, de loin, paraissaient vouloir tout détruire de ce qui avait existé entre eux. J’ai passé le reste du trajet à me demander s’il fallait me réjouir ou me désoler.
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26/02/2014
Dios ha muerte, dos veces.
La trente-et-unième chose (sur trente-six) que je m'étais fixée avant de mourir, c'était d'assister au concert d’adieux de Paco de Lucia à Algesiras. C'est raté, l'homme a eu le front de mourir avant moi. Étape programmée, dans l'ordre naturel des choses, mais regrettable: me voilà frappé d'un doute profond sur la nature de ma foi, moi qui ai créé avec mon ami Pedro la secte auto proclamée des adorateurs de Paco de Lucia, né, avec Bougel et Staline, le même jour que moi. Pour entrer dans l'église des pacodeluciens, il fallait, comme il se doit, respecter dix commandements:
1)Au moins une fois par jour Paco tu écouteras
2) A chaque fois qu'il t'en sera possible, voir Paco tu iras
3) Aucune autre idole tu n'adoreras (tu peux quand même écouter Manolo Sanlucar, Vicente Amigo et Tomatito)
4) Le même gilet que Paco, quand même, de porter tu éviteras
5) Du fino et du jamón iberico en écoutant Paco tu dégusteras
6) Via Paco et jusqu'après ta mort le duende tu chériras
7) un pèlerinage sur la terre natale de Paco, tu feras
8) Comme autre Paco, seulement l'Ibañez tu toléreras
9) Il n'y a pas de neuvième commandement, on passe directement au dixième
10) Les Paco Rabanne, les Paco Tille et les Paco Tison tu excommunieras: de là seulement la lucía viendra.
Les mots font sourire, mais la tristesse est réelle, et doublement nietzschéenne: Dieu est mort, une deuxième fois, et seuls ceux qui n'auront jamais vu Paco de Lucia en concert ne pourront pas comprendre. Paco, c'est une chaise, un gilet noir sur chemise blanche à jabots, des jambes croisées et une guitare. Rien de plus. Un sourire de temps à autre, trois quatre mots par an et c'est tout. Mais c'est la musique réinventée, le flamenco puro fusionné, un quintet ou septet, au besoin, le danseur qu'on lance, les plus grands noms qui l'ont accompagné et, tous, vénéré. Je connais peu de personnalités dans le domaine du spectacle vivant qui m'ont autant impressionné, et sans rien dire, jamais. Je garderai le souvenir à vie de ma première fois, au théâtre antique de Vienne, en 2001, sur des pierres encore brûlantes de la canicule de la journée: Manolo Sanlucar, justement, venait de faire une première partie inouïe, avec la sublime Carmen Linares au Cante jondo. Je me demandais qui pourrait bien passer après ça, et Paco est arrivé. À Lyon, à Fourvière, en 2005, comme pour faire la nique aux spectateurs trop inquiets de rater le dernier funiculaire - qui les obligerait à marcher dix minutes - qui partent juste avant que le concert (voire la pièce!) se termine, il revient pour un troisième rappel et entame un Rio Ancho de folie, mêlé au Entre dos aguas - dont Woody Allen ponctuera son "Vicky Cristina Barcelona"- pendant 20mn, nous laissant rentrer à pied, Pedro et moi, traverser la ville, ravis, hébétés. Je serais alléà pied bien loin, pour lui: l'été dernier, encore, j'ai préféré le train, le TER et la navette pour aller jusqu'à Marciac, où personne ne s'attendait à ce qu'il fût novateur et où il retourna, une fois de plus, le public et les organisateurs. Où Saïd, qui m'accompagnait, adaptera prochainement, dans sa bastide de Beaumarchés, le rituel qui sied si bien aux âmes cubaines qui s'en vont: quelques gouttes de rhum versées au sol, les cendres d'un Cohiba Esplendido... Qui gardera en mémoire le concert des Nuits de Fourvière que j'aurais, prétendument, raté ce soir-là alors que ça restera mon dernier de lui? Un des meilleurs dans les cinq que j'ai vus. Les cinq fois où j'ai croisé Dieu sur ma route.
Je suis triste et tranquille, c'est le paradoxe du duende. Je ne suis pas andalou non plus, on ne m'offrira pas de jour de deuil comme à Algesiras, où je ne respecterai sans doute jamais le septième commandement, moi qui préfère la mémoire à la commémoration, qui ne regarde ni n'écoute jamais les émissions spéciales consacrées aux artistes que j'aime et dont on voudrait me faire croire qu'ils sont morts. Et qui déteste déranger. Paco était un taiseux, qui n'aimait pas qu'on le prenne pour le mythe qu'il n'était pas, lui, mais que sa musique constituera: l'artiste est vivant, que voulez-vous qu'il fît d'une tombe? Que Francisco Sánchez Gomez, l'inconnu, repose en paix, par contre: jamais une expression aussi galvaudée n'aura été aussi proche de ce que je ressens réellement. ¡Gracias, Maestro!
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25/02/2014
Interlude.
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