24/02/2014
Les doigts plein d'encre.
Dix petites pages avant la fin de ma 2ème partie. Et mes personnages qui en redemandent, qui n’ont plus très envie de quitter Vienne : après tout, ils sont bien installés, Anton chérit sa Linotype dernier cri chez l’imprimeur qui vient de le recruter (« ma première fondeuse de lignes, s’exclama-t-il, en caressant le clavier et le magasin d’une main légère. On actionne le clavier, ça déclenche le mouvement des matrices et ça les amène sur le composteur, pour créer des lignes ! Si vous arrivez à vous en servir dans l’heure, je vous embauche, Dachkovytch ! »), Aurélia progresse, les ennuis s’apaisent en surface, seule Olga, quand même… Il va falloir que je les ramène à la raison : je suis en vacances vendredi et j’ai comme l’intention de me passer d’eux au moins deux jours avant de reprendre.
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23/02/2014
Suranné.
J'ai de quoi tenir des lecteurs en haleine, dans ce "Aurélia Kreit", dont j'aurai terminé demain, sans doute, ou mardi, au pire, la deuxième partie, avant que mes personnages quittent Vienne pour arriver à Paris puis à Lyon, avant, surtout, que j'entame - avec une aide extérieure, humaine, déjà acquise, pécuniaire, sollicitée et espérée - le long et fastidieux travail de vérification et de relecture, sur 450 pages: j'ai utilisé l'expression, gentiment désuète, de "fétu de paille". Une occurrence dont je suis, à la lecture, extrêmement fier.
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22/02/2014
Aime les mots dits.
Il m’arrive, actuellement, dans le roman que j’écris, d’utiliser des mots dont j’ignorais l’existence dix secondes auparavant que je les trouve dans un dictionnaire de médecine ou une thèse de psychologie cognitive. Heureusement, à chaque fois, un personnage est présent en face de celui qui les utilise pour lui dire : « Je ne comprends rien, Docteur, expliquez-moi simplement ! ».
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21/02/2014
Quantifier l'AK.
Une âme bien-née m’a démontré qu’en connaissant le nombre exact de pages que j’ai fixé à mon roman à venir, il était élémentaire de calculer, régulièrement, le pourcentage du travail réalisé, sur une base simple du nombre de pages écrites multiplié par cent, le tout divisé par le nombre de pages décidé (540 en l’occurrence). Cette découverte m’enchante d’abord parce qu’elle me rend à une imbécillité primaire, ensuite parce que tous les soirs, avant de m’effondrer dans mon lit, elle me permet de mesurer le travail fait, celui à faire, et d’apprécier de façon rationnelle l’équilibre de mon récit, ce qui doit encore arriver aux personnages, là où ils doivent aller, finir, pour certains. Voilà, c’était la séquence de la poule devant un couteau, mais j’assume. Et lâche mon score, pour aujourd’hui, en avance sur FB, que je nourris de chiffres elliptiques, livrés à l’imaginaire de mes petits et taquins camarades : 62,22 %. Soit à 4,44% de la fin de mon deuxième tiers.
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20/02/2014
Frémiot/Chéreau
Pour les Lyonnais ou les pas-trop-loin, demain, c’est le vernissage de l’exposition « Les Intimités », de Jean Frémiot, l’homme à qui je dois – quand même – mes premières éditions et l’intention de « la Partie de cache-cache ». Mais surtout le photographe odieusement talentueux qui nous conduit, avec cette série-là, au cœur du clair-obscur, intégrant des quotidiens jusqu’à s’en faire oublier et les restituant avec ce sens aigu de la perspective et des seconds plans. On ne s’ennuie jamais quand on regarde du Frémiot, on s’ennuie encore moins quand il est là. Alors…
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19/02/2014
Comme quoi.
Je souris : un jour de découragement, il n’y a pas si longtemps, j’ai failli écrire, quasiment à main levée, l’histoire d’une jeune fille dénommée Aurélia Kreit, à qui il arrivait des problèmes de la vie contemporaine, des histoires d’amour compliquées, des déménagements, des soucis du quotidien, quoi… Elle serait allée quelques jours à Venise faire le point sur ses illusions perdues, aurait égaré son passeport à l’hôtel et aurait passé la nuit avec le réceptionniste qui le lui avait récupéré. Le lecteur se serait demandé quel était ce nom bizarre, j’aurais bien trouvé une explication. Une petite bluette de 150pages, un peu d’autiobiographie maquillée là-dedans et hop ! Et puis non. Ouf. Aurélia quittera bien Krementchouk en 1904, passera par Odessa puis Istanbul, demeurera longtemps à Vienne, partira pour Paris, puis pour Lyon. Là, elle est à Vienne, elle a six ans et son mutisme sélectif va déjà beaucoup mieux.
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18/02/2014
Fictiobsessionnel.
J’ai souvent dit qu’il fallait écrire les romans que nous devions écrire, mais il semblerait, à l’épreuve, que ça ne se passe pas comme ça : ce sont les romans qui se dessinent eux-mêmes, et « Aurélia Kreit », dans sa démesure, ne fait pas exception : les actions ne sont pas toutes celles initialement prévues, les déplacements non plus, des personnages, je l’ai dit, prennent une dimension qui n’était pas initialement celle qu’ils devaient avoir (c’était déjà le cas d’Emilie dans « la partie de cache-cache ») et les issues, même les issues, dépendent de leur humeur davantage que de celle du romancier. L’image de l’écrivain-démiurge est plus que jamais caduque, chez moi, du moins. Ce sont des choses à accepter : voyez, là, présentement, je suis dans une scène d’action digne des films d’espionnage, un attentat se trame, sur le parvis de l’Opéra de Vienne, en 1910, on y joue Der Schneemann - « le ballet en deux actes, Der Schneemann, de Erich Wolfgang Korngold, le gamin qui avait impressionné Gustav Mahler et qui livrait là sa première pièce publique » - et je ne sais pas, JE NE SAIS PAS, si mon personnage va aller au bout de son action ou s’il va faire volte-face. Vous comprendrez pourquoi, en ce moment, je ne lis aucun livre ni ne vais voir aucun film : toute ma capacité de fiction est accaparée.
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17/02/2014
Gemmélités.
La référence, filée, à Hugo - des bribes de "A Villequier" distillées ici et là - un lointain renvoi à Louise Michel, aussi, l'évocation de l'Exposition Internationale de Lyon, en 1914... Au fil et à mesure qu'il avance, "Aurélia Kreit" se reconnaît une filiation avec un roman qui n'est pas encore sorti mais que j'ai déjà lu: j'en ai reconnu des marques (coïncidences), j'en ai emprunté (clins d'œil). Ce ne sera pas la première, ni la dernière des correspondances, mais le droit d'ainesse vaudra citation. Tant mieux.
18:03 Publié dans Blog | Lien permanent