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05/07/2014

Débaptême.

Au dernier moment, je dois changer le nom d’un de mes personnages de « Aurélia Kreit » : soucieux d’ancrer cette histoire dans une réalité historique durement vérifiée, je m’étais servi du nom d’un des créateurs des Cités du Textile. Mais au fur et à mesure que l’intrigue avançait, épousait les soubresauts de l’Histoire en train de se jouer, ce personnage est devenu beaucoup moins fréquentable que je l’aurais imaginé. D’où le débaptême, qui est un exercice difficile, d’abord parce qu’il convient de ne pas laisser passer un des noms anciens, ensuite parce que dans la tête de l’auteur, il gardera le premier nom. J’ai ainsi, souvent, en rencontre, appelé le Lieutenant Fontaine de Tébessa, Rivière (!) et Grégoire Dallot, de « la partie de cache-cache » du nom de l’ennemi intime de Jean Frémiot.  Histoire de brouiller les pistes, un petit peu plus encore.

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04/07/2014

Ne passons pas à côté d'une joie, d'un bon mot et d'une note facile.

Mon fils a échoué dans son entreprise savamment élaborée de rater le Bac. 

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03/07/2014

Dream on.

Cette femme, dans la rue, qui tance son fils (8-10 ans?) en lui interdisant de se mettre des choses "non réelles" dans la tête, des choses "qui n'existent pas". Et moi qui me demande si je dois reprocher à ma mère de ne pas avoir fait son boulot.

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02/07/2014

Exaltant et intimidant.

IMG_2887.JPGJ’aurais préféré avoir un peu plus de temps pour parler d’un projet dont on dira plus tard qu’il n’existe pas en littérature, que de créer un immeuble ou un rond-point en est un, mais que faire un livre ne garantit en rien 1) que le livre existe 2) qu’il ait une utilité publique. Mais devant l’orage menaçant et après une attention de l’auditoire longuement sollicitée par la lecture-hommage aux mots grinçants et sublimes de Pierre Autin-Grenier, il fallait faire vite, donc trois ou quatre par quatre. Après, tant mieux : les livres parlent toujours d’eux-mêmes et que dire d’un livre qui n’existe pas encore. Je suis attablé dans une belle cour qui me rappelle celle de Grignan : espérons, ici, que l’oubli ne suive pas la reconnaissance, parce que c’est un peu idiot. Je présente mon argument de lecture juste après Jean-Noël Blanc, dont j’aime et les livres et la personne, qui devrait, bientôt, compléter l’armada des auteurs du Réalgar. Je découvre Catherine Fradier, dont le « Camino 999 », attaqué par l’Opus Dei, lui a garanti 50000 exemplaires, et bien des ennuis : elle viendra par la suite me proposer un réseau russophone aussi exaltant qu’intimidant. Je rencontre enfin Fabio Viscogliosi, qui a vu « Aurélia Kreit » en concert en 1982 et me dit s’en souvenir. Laurent Bonzon, souvent, ramène le débat sur la condition des auteurs, on évoque le deuxième métier, les projets de loi menaçants sur les droits et les indemnités, la très jeune Lucie Albon, illustratrice et scénariste de littérature jeunesse, dit toucher un à-valoir de 1000€ pour… l’année et l’équivalent d’un travail démentiel.  Je ne connaissais pas le poète Roger Dextre, qui m’a donné envie de le lire après l’avoir écouté, ni le jeune Loïc Merle, à qui l’on demande si  « l’Esprit de l’ivresse », premier roman remarqué, chez Actes Sud, met la pression sur le deuxième en cours d’écriture. Grignan, toujours, et sa mise en exergue signée Dan Simmons (« tout le monde peut écrire un premier roman. C'est le 2ème qui fait de vous un écrivain »). Puisque la soirée est politique, elle s’achève par des discours, des petits-fours, du champagne et des places réservées aux concerts d’Ibrahim Maalouf, sublime, et Robert Plant, anachronique. Je reviendrai leur parler d’Aurélia quand le livre sera édité, de quelque façon que ce soit. Si je pouvais revenir pour « Lettres sur Cour », dans la Cour des Carmes, ce serait parfait : j’y visualisais hier mon quartet musical. Patience et longueur de temps… En attendant, dans la boite à lettres (réparée) ce matin, outre les 36 choses des Editions Pré#Carré, j'ai trouvé la confirmation officielle que ce roman existe déjà, sans être terminé. Exaltant et intimidant, disais-je.

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01/07/2014

Honneurs.

Je repasse ma chemise, taille ma barbe de près, défroisse ma veste et cire mes chaussures : en fin d’après-midi, je reçois, dans la Cour des Carmes, à Vienne, une Bourse d’aide à l’écriture, de la Région Rhône-Alpes, via la Direction des Affaires Culturelles et l’ARALD. L’équivalent de trois mois sans devoir travailler autrement qu’en écrivant, raturant, vérifiant, pour ce projet « Aurélia Kreit » qui a séduit le comité. J’en lirai quelques extraits, tout à l’heure, devant ces personnalités du monde du livre, et laisserai l’effet se produire, ou pas. Je nouerai les contacts qu’il me faut désormais pour une plus grande visibilité et leur rappellerai que, dans leur région, j’ai été plusieurs fois choisi et que ça fait du bien. Pas à l’égo, à l’estime. Aux orientations que j’ai données à ma vie. Ensuite, j’irai boire du champagne avec elles, puis voir Ibrahim Maalouf et Robert Plant en VIP. Je serai de ceux qu’on siffle quand ils arrivent au dernier moment prendre les meilleures places, qu’on leur a réservées. J’aurais pu m’abstenir, mais non, je profite : les occasions sont rares d’être apprécié pour ce qu’on fait vraiment.

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30/06/2014

Histoire de la Chanson.

En 2004, on perd Serge Reggiani, Claude Nougaro, Etienne Roda-Gil et Michel Colombier, mais Amel Bent chante « Ma philosophie » et nous voilà rassurés. 

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29/06/2014

Tchitcha.

En 1984, Philippe a vingt ans, poursuit ses études et, ingénieux, pique à son frère les plans du premier décodeur pirate de Canal+, en délègue le commerce et crée le premier CAC40 : Canal Accès Complet pour 40 balles. Les premiers clients s’étonneront de ne recevoir qu’une passoire à usage manuel, mais ne sont pas en position de porter plainte.

20:33 Publié dans Blog | Lien permanent

28/06/2014

Les Destriers de la pédale.

jalabert.jpgBeaucoup de choses ont été dites, déjà, sur le « Tombeau pour Luis Ocaña » d’Hervé Bougel et je ne rajouterai rien d’intelligent sur la lecture de ce petit livre resserré, écrit en soixante-et-onze fragments et revendiqué à la première personne du singulier. Un parti-pris qui décide de la façon dont Bougel, qui doit pratiquer, entérine la souffrance du coureur, sa façon de la dépasser quand il est un grand champion, la fatalité qu’elle revienne, après, dans la solitude d’une chambre d’hôtel, d’une émulation mal digérée. On est déjà, avec  Ocaña dans la complexité d’une identité : né sous l’Espagne franquiste mais élevé en France, il ne trouve d’équipe professionnelle qu’à la condition de reprendre sa nationalité espagnole. On est en 68, et l’homme, un peu ombrageux, acquiesce, mais fulmine. Arrogante. C’est l’adjectif avec lequel Bougel attire le lecteur, d’entrée, pour ne pas le lâcher, tout au long de l’échappée : Ocaña  enfant frêle, pleure de rage de souffrir quand son père reste stoïque, éructe quand le Cannibale domine des courses qu’il voudrait gagner. Toutes. Il finira par le « dégorger, comme une bête. »

Le fragment 44 nous le confirme - « Je devins terrible au mal. J’appris à me composer une figure » - ce n’est pas tant le coureur qui intéresse l’auteur, mais la façon dont on s’accommode des sacrifices de la carrière, de ses intensités et de ses déceptions. Le cyclisme est un exercice perecquien, dans la bibliographie (« Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? ») et le rapport à l’enfance. Au fil des fragments, on se demande si ce n’est pas l’identification au champion qui fait le sujet, si on n’est pas dans Bougel sur un vélo se prenant pour Ocana : de la part d’un homme qui a revendiqué son transfert – littéraire – avec Alain Larrouquis sur 193 pages, vous pouvez me croire, même si ça n’a aucune espèce d’importance. Ce « Tombeau » là se lit facilement parce qu’il est court, mais il faut le reprendre, régulièrement, ne serait-ce que pour ne pas arriver à la fin : dans la réalité, elle est connue, l’homme se donnera la mort vingt-deux ans après avoir bouclé la Boucle. Qui n’a rien vu de sa douleur, mot récurrent de l’ouvrage et inhérent au cyclisme, de son corps meurtri, quand il était champion, ne pourra pas comprendre la portée de son geste, pourtant banal, presque, dans le milieu, quand les acclamations se sont tues.

J’ai écrit en 2001, pour l’artiste Emile Parchemin, qui dessina le plus beau Jalabert (à l’encre, s’il vous plaît !) jamais vu, en vignette, ici. Emile, en cuissard, sur la cuvette des toilettes, porte ouverte, lisant « l’Equipe », récitant les vainqueurs du Tour, dont Luis Ocañaalors. J’ai recensé le vocabulaire du cyclisme, des suceurs de roue : des blaireaux, des cannibales, des aigles de Tolède ou des perruches, il faut en avoir avalé, des kilomètres de bitume et des noms d’oiseaux pour savoir que le premier moteur de l’exploit, c’est l’identification, que c’est en s’imaginant des concurrents féroces et des coéquipiers modèles qu’on va au bout de nos forces, et accessoirement en haut de la côte, le bidon de lait arrimé au guidon, les courses du jour dans la sacoche. Bougel ne tombe pas dans le piège du passéisme à bicyclette: il est dans les boyaux de la littérature, son écriture est sèche et perçante comme une attaque en fausse montée. Pas un mot de trop, classe.

 Editions la Table ronde, 12€

 

 

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