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28/07/2014

Essémestique.

Au début, c’est comme un jeu, un interdit, un message anodin, précautionneux, faussement naïf, juste un comment ça va, ou un truc du genre, je travaille, et toi, mais en fait, on le sait que c’est plus, que ça signifie je rentre en contact avec toi parce que maintenant j’ai ton 06 et que je voudrais que tu sois là mais je ne sais pas comment te le dire. Alors ça minaude, ça badine, ça antiphrase, mais elle est bien là, l’accroche, la vibration qui se double de celle du cœur, le sursaut qu’on n’a plus éprouvé depuis longtemps et qu’on culpabilise un peu de ressentir maintenant, parce que ce n’est pas le moment, parce qu’on n’a pas programmé que la vie change. Même si on sait qu’elle change quand elle veut, la vie, qu’elle est tout entière dans ces mots qui se multiplient, dont on analyse la moindre portée, la première marque d’intimité, le bisou qui se transforme en je t’embrasse puis en baisers, le je pense à toi qu’on ose un soir et qui fait tout basculer, le moi aussi qui suit dans le millième de seconde, le décor, chez nous, qu’on regarde différemment, le choix cornélien dont on nous parlait à l’école, le ah, si on s’était rencontrés avant qui tombe, le mode silencieux qu’on a oublié de mettre. On essaie bien, quand on se voit, dans la journée, de se raisonner, parce qu’on a nos vies, nos collègues de bureau, que ça pourrait jaser si on n’y prenait pas garde, mais juste après, on attend la passion, le j’ai envie de toi, le je t’aime et puis, si ça tient, le je veux vivre avec toi qui signifie qu’on ne vivra plus avec celui ou celle à qui on n’écrit plus depuis longtemps. Qui fait qu’on se demande quand même s’il n’y aura pas, un jour, là aussi, de silence essémestique, de fréquence qui se calme, d’un je vais pas pouvoir venir ce soir, suivi d’un je t’expliquerai, qui n’expliquera rien. Ça calme les ardeurs, jusqu’au je veux te sentir en moi de minuit moins le quart. Et, même si on a tout bien fait, le petit flash lumineux qui réveille et le conjoint et sa méfiance. Rendors-toi, on lui dit, mais on rêve de répondre Et si on quittait tout ? même si on n’en fera rien. Alors on fait semblant de dormir, et d’aimer, pour oublier qu’on aime vraiment, mais ailleurs, et qu’on ne sait plus comment aimer, ici. Et dès le matin, on guette le bonjour, mon amour de l’autre, sur l’écran tactile. Jusqu’à la panne de batterie. Le dernier coup de palpitant.

 

refrain

18:11 Publié dans Blog | Lien permanent

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