29/07/2014
La boîte à rien.
Sans doute ce qui leur était arrivé là était trop beau : l’ascension d’Anton dans l’usine, son amitié avec Nicolaï. Celle qu’elle avait nouée avec Varvara, malgré ses absences. Le plus souvent, quand les choses vont bien, elles se payent d’une dure contrepartie. Celle qui s’annonçait serait irréversible, il fallait agir, n’en dégager aucune acrimonie. Expliquer ça à Igor, qu’il sache qu’on doit pouvoir, à tout instant, emballer quatre objets et tout quitter. La boîte à rien, qu’il lui avait faite à six ans, elle la glisserait dans son sac : le rire dans lequel il était parti en la lui offrant valait pour elle tous les colliers de la Terre. Elle pourrait y glisser les médicaments qui lui restait en cas de fièvre pour Aurélia. La statuette en bronze des Valseurs, elle l’enterrerait dans le jardin, elle préférait ça à l’idée de la laisser sur la cheminée, à portée du premier pilleur venu. Elle l’aurait bien donnée à la fille de son voisin, qui venait d’acheter ses premières ballerines, mais ça aurait éveillé des soupçons. Il fallait que tout reste en place, dans l’attente du retour des maîtres de maison, qui ne reviendraient pas. Jamais.
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