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28/05/2015

Gabrielle.

Je travaille, avec tellement de retard, les textes, souvent brillants, des membres des ateliers d'écriture de Divonne, m'aperçois qu'ils ont compris les choses mieux que je l'aurais fait, que je peux, par contre, poser un regard critique sur la phrase mieux qu'ils le font, ce qui est normal. Pour autant, la Gabrielle qu'ils m'ont inventée a du chien, c'est certain. Elle me rend nostalgique, presque, de celle que j'ai créée moi, dans mon "Marius Beyle", celle à qui je fais dire, dans toutes les rencontres que je fais, que le sentiment, c’est la transformation des émotions en évidence.*

* "Marius Beyle", in "la 3ème jouissance du Gros Robert", Raison & Passions, 2013

 

 

 

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27/05/2015

Ma banquière (septies).

Il a fallu briser la glace née de la fois d’avant, de la révélation douloureuse que ma banquière et moi n’étions pas un couple établi, que j’avais un rival et que, compte-tenu de la valeur de ses engagements, je ne m’en libérerais pas de sitôt. J’aurais pu, orgueilleux, chercher sur la Terre un endroit écarté où d’être sociétaire d’une autre banque on ait la liberté, mais je n’ai pas résisté. J’ai pris son mail professionnel pour un encouragement, me suis dit que dans décompte, il y avait, qui sait, l’idée que chaque jour passé sans nous écrire était pour elle une souffrance. Le dilemme inédit chez une banquière du choix qu’elle pourrait faire d’une vie inverse de celle qu’elle a menée jusque là. On troquerait le contrat HABITATION BQ 7116599 pour un voilier, on ferait le tour du monde, je lui achèterais de nouvelles robes de tennis vintage puisqu’il est acquis, depuis qu’on se connaît, que ses jupes sont courtes et ses jambes (très) longues. Tellement que quand elle croise les jambes, sur une chaise plutôt haute, ses genoux sont au niveau du mobilier et que…  J’essaie le coup de l’adresse, on n’habite pas rue Paul Valéry sans penser que, de ses lèvres avancées,
 La nourriture d'un baiser se prépare. Douceur d'être et de n'être pas. Bon, là, c’est plutôt n’être pas : elle me dit qu’on en a bientôt terminé, que mes souffrances vont bientôt s’abréger d’elles-mêmes. Elle ne pense qu’à mon aversion administrative, pas même, hélas, au fait que mes souffrances, elle les a créées elle-même le mois dernier. Alors même que je m’apprête, après avoir tout signé, à lui proposer de tout quitter, là, sur le champ, de partir au Népal et d’adopter des enfants forcément beaux puisque Népalais, elle me demande quels sont les objets de valeur que je possède, pour les assurer,  me parle, pour la première fois, d’intimité quand elle semble regretter de ne pas connaître mon intérieur pour en évaluer les richesses : mes livres, mes tableaux, j’essaie de me faire passer pour un richissime armateur qui collectionne pour blanchir de l’argent, mais je suis trahi par cette angoisse de ne pas pouvoir payer les traites : je ne choisis pas l’option offensive, je prends l’intermédiaire. Celle des bons pères de famille. D’ailleurs, vengeance ultime avant les adieux, c’est elle qui me parle de mon ex-femme, me rappelle qu’elle me sauve en me nommant conducteur occasionnel (et accompagnateur de notre fils, de fait) de sa voiture : sans cela, pour acheter mon scooter de quadra présidentiel, j’aurais dû passer par la phase jeune conducteur. C’en est trop, mais c’est classique : la voilà qui se fait détester pour que je m’éloigne d’elle. Son stratagème ne marche pas, sur moi : depuis qu’elle m’a fait promettre de rester son client, en échange d’un taux avantageux, je guette le moindre de ses messages. Le jour où elle me proposera une complémentaire retraite, je saurai qu’elle considère autrement ma proposition, jamais formulée, d’un exil commun sur mon île singulière.

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26/05/2015

Basket-Ball (Bis).

J’ai attendu les dernières semaines des près de vingt ans de présence dans cet établissement scolaire pour réinvestir le gymnase, entre deux activités ludiques proposées par des personnes qui ont l’âge que j’avais quand j’y suis entré pour la première fois. Pendant le cérémonial des vestiaires, en respectant une chronologie que j’ai toujours respectée pendant que je jouais, les pommades chauffantes en plus et l’arnica pas très loin dans le sac, je repensais à tous ces week-ends passés dans la poussière des salles de basket-ball, toutes ces journées, soirées, vécues avec ceux dont je pensais, à l’époque, qu’ils étaient de ma famille. Une famille aussi large qu’elle est distendue aujourd’hui, même si le lien demeure. Je me préparai, constatai que le t-shirt d’entraînement avait sérieusement jauni, enfilai, par dessus, mon maillot des Portland Trailblazers, la première équipe de Drazen Petrovic, mort, accidentellement, en 1993. Avant que mes petits camarades reviennent du base-ball finlandais (!), il fallait que je me chauffe, que je retrouve le contact du ballon, sa rugosité, que je teste le cercle, aussi : dur, souple, nécessitant un angle plus marqué, une parabole plus souple, qu’en saurai-je, avant de retrouver ce qui m’était nécessaire plus de dix ans auparavant, avant d’entamer ce petit circuit tant aimé, je trottine, je récupère la balle, je prends les appuis, je monte le shoot. A 6,25m, avec, forcément, moins de réussite qu’antan, mais avec, quand même, quelques petits schuitts (le bruit du filet, le Net d’avant, que le ballon déflore) qui rassérènent, qui me disent qu’il faut continuer, qu’on peut être après avoir été, quand c’est uniquement pour soi, quand il n’y a plus aucun spectateur pour juger. Pendant le quart d’heure qu’ils m’ont laissé, j’ai retrouvé ces impressions, doublées de l’écriture que je leur ai déjà consacrée, dans « le poignet d’Alain Larrouquis », il y a ce qui me semble une éternité, déjà. Je retrouve. Deux de mes camarades d’âge se sont claqués pendant le base-ball finlandais. Grave erreur : mon trottinement, mes shoots d’échauffement, tout cela me permet d’être prêt quand mes adversaires, inconscients du fait qu’un imaginaire pût décupler les forces sportives d’un individu, viennent me défier. Sans savoir qu’on ne peut pas perdre, qu’on ne pourra plus jamais perdre à ce jeu, quelque soit le sport, quand on a été, comme moi, l’invité d’honneur de la Moutète.


"Le Poignet d'Alain Larrouquis", sortie le 1er... par

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25/05/2015

Passer un Cap.

Cet auteur-compositeur-interprète, qui avoue sécher en ce moment, et craindre de n'avoir plus rien à dire, à qui je réponds, maladroitement, qu'il a peut-être atteint son climax, déjà, en pensant à ce concept-album que je tiens moi pour un des plus beaux disques jamais enregistrés. Évidemment, c'est une réflexion qui fait écho à mon propre parcours, qui valide, jour après jour, qu'il y a les livres qu'on doit écrire – comme s'ils avaient été énoncés en amont – et ceux dont on doit s'abstenir de le faire, ce que je fais très bien, merci. Nul doute que, pour lui comme pour moi, les affaires reprendront, que l'inspiration reviendra : peut-être, lui ai-je dit, faudra-t-il qu'il passe pour une phase moins exigeante, plus brute, qu'il accepte une œuvre intermédiaire, différente. Dont je me réjouis, déjà, avant même qu'il puisse reconnaître qu'elle arrivera. Le parcours de celui qui crée n'est jamais linéaire, c'est un beau cliché. Dont Chavassieux parle mieux que moi, ici.

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24/05/2015

Des amours.

Qu’est-ce qui se passe là, dans la redescente, quand les gestes mécaniques sont ceux qu’ils faisaient juste avant, la boule au ventre en moins ? Qu’est-ce qu’ils voient de ce qui se passe, quand la mémoire est immédiate, soumise à l’adrénaline, que le cerveau refuse avec force que l’instant fût dépassé ? Qu’est-ce qu’ils disent qui ne soit pas futile, de quelles promesses ne se souviendront-ils pas, sans qu’on pût leur reprocher ? Sur quel Olympe sont-ils perchés, soucieux, néanmoins, des petites gens qu’ils ont laissés sans nouvelles ? 

20:45 Publié dans Blog | Lien permanent

23/05/2015

Me try hard to read.

Cette revanche de l'ignorant sur le savant, quand il s'agit de mettre sa vie en cartons!

19:25 Publié dans Blog | Lien permanent

22/05/2015

Tears for Fears.

Cet homme me dit qu’il pleure régulièrement devant sa télévision quand il regarde un film ou une série, pas parce qu’il est déterminé par la musique ou le pathos de la scène, mais à chaque fois qu’il y voit de la bienveillance, allégorie d’une humanité disparue. Dans le même temps, des barbares s’apprêtent à en effacer les derniers vestiges.

18:35 Publié dans Blog | Lien permanent

21/05/2015

L'ennemi intime.

Nous avons le même âge, les mêmes cheveux poivre et sel, le même cartable déterminant, de loin, l’activité que nous menons, principale ou secondaire au regard de ce que nous produisons d’autre, dans un domaine que lui et moi rêvions d’investir, quand nous fréquentions les mêmes bancs de l’Université. Que j’ai pénétré, à mon échelle, qu’il dédaignerait, certainement. Nous habitons, pour un temps encore, le même quartier et, forcément, nous croisons, de temps à autre, sur le quai d’un métro. Sans rien nous dire, sans se sourire, sans se défier non plus. Juste une indifférence, feinte pour éviter de réveiller le volcan de l’inimitié originelle, décuplée par tout ce que j’ai appris de lui depuis.

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