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22/06/2015

Chroniques d'une arrivée (2).

Étendre les serviettes de bain sur le balcon, j'en rêvais depuis Nino Ferrer.

21:05 Publié dans Blog | Lien permanent

21/06/2015

Hit the road, Jacques!

IMG_4087.JPGC’était bien de mettre un visage sur un auteur, et d’entendre la voix de Jacques Josse, hier, railler doucement la mort en lisant des extraits de « Au bord de la route », le livre que le Réalgar a édité en janvier 2015. Railler la mort en parlant d’elle, sous toutes les formes qu’il lui a imaginées, la décrivant extraire des listes, interminables, de gens célèbres et d’autres anonymes, tous fauchés, puisque tel est le cliché, dans des situations différentes, des accidents, des manques de chance, the wrong place at the wrong moment, puisque, sans y être jamais allé, Josse se revendique de la culture Beat américaine, des grands espaces et des débuts, dans la première version d’ « Actuel », des traductions de Bukowski, Corso ou Snyder.  D’une voix neutre, il énonce des situations, cherche l’équilibre, dans la phrase, entre la gravité du sujet et sa dimension quasi-pérecquienne, dans l’importance qu’il donne au détail : quand Isadora Duncan s’étrangle avec son foulard, enroulé autour du moyeu d’une décapotable, c’est « une Amilcar GS 1924, du mécanicien flambeur Benoît Falchetto ». Et ainsi de suite. Ses situations sont autant de tableaux humanistes, qui restituent la mort en la banalisant, en en décrivant l’action sous sa forme la plus plate (et c’est un compliment). Pas de pathos, pas d’effet, ce p… de grand écrivain, comme l’a nommé son ami Lionel Bourg, qui l’interrogeait, s’est nourri de l’âme des péris en mer de sa Bretagne natale pour ramener à la surface les destins brisés de personnages qui nous ressemblent, et nous préviennent que quand elle viendra nous chercher, la grande Faucheuse n’aura pas forcément les traits qu’une culture millénaire nous a amenés à lui prêter. J’attends avec curiosité son prochain livre, sur Marco Pantani ("Et Pantani a débranché la prise"?), en écho, dans un style différent, au « Tombeau de Luis Ocaña », de Hervé Bougel. Bel endroit, le Réalgar, pour une rencontre, sous les peintures de Scanreigh.

"Au bord de la route", le Réalgar Editions, 8€

05:22 Publié dans Blog | Lien permanent

20/06/2015

La petite Casa dans la prairie.

Nellie.jpgUne fois qu’on aura dit que 1966, c’est aussi l’année de naissance de mon frère, de Dieudonné, de Samantha Fox et celle du dernier concert des Beatles, il sera temps de constater que ça n’a rien à voir avec ces quatre autres garçons, plus trop dans le vent, mais dans l’ambiance musicale qui leur convient le mieux dans l’instant, si j’ai bien tout compris. L’ambition de se faire plaisir et de s’amuser avec talent, puisque l’agrégation de tous ces parcours le permet. Alors, évidemment, dans le public, ça n’empêche pas les spéculations, sur l’avenir de tel groupe, les envies de tel autre, ça suppute sur la possibilité d’être ici et ailleurs, dans une langue ou dans une autre, mais ça ne sait rien, au final, et c’est aussi bien comme ça. Dans une Casa musicale toujours aussi bienveillante dans ses soirées d’été, entouré des fantômes des concerts bondés de Deuce, du dévoilement de Bonne Espérance et des dix-huit séances (et chroniques) d’enregistrement de « Trop Pas ! », j’ai repris une dose de ce groupe anachronique de quadras bien tassés qui font du rock pour s’amuser. Quelques semaines après le concert fondateur de la Marquise, et la sortie de leur album bruyant ainsi auto-proclamé, les quatre ont remis le couvert et installé un peu plus encore l’idée que le chemin sera peut-être plus long qu’on l’imaginait, et que le plaisir peut aussi dépasser, en substance, une certaine forme de nécessité, dans l’écriture, dans la réalisation. La culture rock’n’roll m’ayant globalement toujours échappé, j’assiste un peu du dehors aux concerts de ces types-là, mais avec une délectation suprême : j’ai déjà écrit tout le bien que je pense de cet autre iguane qui s’entortille dans son micro et se masse le cuir chevelu en chantant des choses comme, approximativement, nous sommes ridicules, nous sommes bourrés, sauf qu’ils ne le sont pas et qu’il le chante en anglais et que ça passe mieux. Même devant la Britannique famille de l’ingé-son, un autre chevelu que tout le monde connaît, et dont j’ai déjà beaucoup parlé, aussi. Les autres sont à la fois ma madeleine Proust et la marque de la permanence qui ne me quitte jamais, il me suffit de fermer les yeux quand j’entends la deuxième voix pour me dire que le passage, dans ma ville, aura été beau, au final, et que je l’emporte avec moi. L’énergie est folle, mais c’est l’aspect suranné de la démarche qui me touche, l’idée que plus rien n’est à démontrer et qu’il reste l’esthétique, la touche finale. Et le plaisir, sans cesse répété, recommencé. A des ados, on conseillerait de mettre ça de côté pour réviser le rattrapage – on ne sait jamais – mais eux, on les aime comme ça parce qu’ils jouent. Parce qu’ils ramènent nos années passées sur le devant de la scène, et que s’ils en ont fréquenté de plus grandes, leur conquête du public est toujours la même et qu’on en est toujours surpris. Le reste, c’est de l’instant vécu, et c’est peut-être le plus beau : d’être encore là, encore en vie, et de pouvoir en profiter. Bobby Charlton approved.

12:15 Publié dans Blog | Lien permanent

19/06/2015

Chroniques d'un départ (10).

Et puis il y a les messages qui tombent, affolés, de celles et ceux que je n’ai pas vus depuis un moment et qui veulent me voir, avant que je m’en aille et avec moult points d’exclamation. Une nécessité qui ne s’imposait pas à eux et qui les a rattrapés. Et l’obligation, pour moi, de rendre extensible un temps qui ne l’est pas, de cocher des dates en pensant, immédiatement après, que ce sont autant de chances qui disparaissent pour les autres. Que le temps d’après sera différent et variera entre les moments où je reviendrai et la démarche de ceux qui feront le voyage. Sans que mon temps ne devienne plus extensible, là-bas.

17:22 Publié dans Blog | Lien permanent

18/06/2015

Mémoire vive.

Cent "Je me souviens" miraculeusement arrachés à leur insignifiance, selon les mots mêmes de Pérec, pour raviver une période longue de vingt-deux ans que je m'apprête à clore: quel exercice d'écriture mais quel constat de vieillissement, quand il faut aller les chercher là-bas, tout au fond!

15:30 Publié dans Blog | Lien permanent

17/06/2015

La notion de la dévotion.

Obsédante chanson sur le couple que ce « Pour être deux », de Rose, une artiste à qui je dois mon « Ciao Bella » - qui ressortira sous une forme musicale l’année prochaine – à qui je l’ai emprunté, pour être plus juste. Et idéale façon pour moi de reprendre mes chroniques muratiennes, moi qui ai été privé de ses concerts cette année, parce qu’on n’a pas su se croiser, parce que le « Babel » tant attendu n’a pas sur moi l’effet qu’il semble avoir eu sur certains journalistes dont on se demande si, par effet miroir, ils ne cherchent pas à plaire à Murat plutôt que l’inverse. Et voilà que le bougnat accepte de chanter en duo avec une femme issue de la « variété », qui plus est une chanson qu’il n’a pas écrite. Parce que, selon ses dires rapportés par Didier le Bras, il a trouvé le texte d’une justesse absolue (en ses termes « pas niais pour une gonzesse », il y a de la volupté dans le fait de se faire détester), si juste qu’il n’a pas vu comment il aurait pu ne pas le faire. Si tant est qu’on m’aime… Vingt-quatre ans après le duo avec Mylène Farmer que certains ayatollahs de la Muratie ne lui ont pas encore pardonné, le voilà qui vient répondre d’une voix chaude aux affres qu’énonce Rose avec fatalisme : il est question de la place, toujours, mais pas celle qu’on demande, celle qu’on refuse. Par peur de l’engagement, par l’égoïsme protecteur que la morale réprouve, la société aussi (ça va de pair). Comme s’il se répondait lui-même, vingt-quatre ans aussi (tiens, tiens…) après son « Sentiment nouveau ». « J’ai pas dans les gènes, le don de moi-même » assène Rose dans le premier couplet, avant que le Bougnat n’arrive et lui reproche de ne pas s’en mêler, de le laisser s’emmêler. Paronomase classique de variété, certes, avec quelques chœurs et violons dispensables, mais le sujet est entêtant, et universel. Les douleurs d’en face, y pense-t-on toujours quand on rencontre ? Les habitudes de la solitude, nouveau mal du siècle, alors ? Une forme de complaisance dans l’autosatisfaction, au sens propre, en tout cas : les mots me reviennent de cette femme qui m’a dit qu’il ne fallait toujours compter que sur soi-même, avant de me planter, sur la place, la vraie, la réelle… Quel autre atrabilaire amoureux que Murat pouvait faire résonner ces mots-là, en surprenant, une fois encore : dans cette cérémonie, c’est lui qui est quitté, c’est lui qui souffre et c’est nous qui aimons. Enfin, moi. Pris au dépourvu.

17:05 Publié dans Blog | Lien permanent

16/06/2015

Chroniques d'un départ (9).

Et puis l'entre-deux, les nuits à venir à camper chez l'un, chez l'autre ou dans un appartement vide, déjà plus le mien (pour peu qu'il l'ait été), bientôt celui d'un autre. Le repos qu'on trouve quand même dans le confort spartiate. Les pensées qui s'ordonnent, le noms de celles et ceux qui ont vécu avec moi une partie de la vie que je m'apprête à laisser.

18:53 | Lien permanent

15/06/2015

Chroniques d'une arrivée (1).

Ensuite, arrive le moment où les meubles se posent, les bibliothèques se dressent, les cartons se vident et où l'on est surpris de se dire qu'on est chez soi. À peine, puisqu'il faut déjà repartir : l'installation, la vraie, celle de la personne, se fera plus tard, une fois les adieux terminés.

16:38 Publié dans Blog | Lien permanent