16/09/2015
Rue Louis Blanc.
Tous les matins, j’emprunte une rue qui porte le même nom qu’une autre, loin d’ici, que j’ai arpentée, pourtant, des années durant, quand mon fils était petit, que j’allais le chercher chez la nounou, à qui il avait donné le nom du chat, par assimilation et, déjà, sens pratique éveillé. Une correspondance classique, mais qui fait écho, dans une ville où je repars, à défaut de renaître : je ne le voudrais pas, il faudrait tout recommencer, et, si rien ne m’est sûr que la chose incertaine, il y a des repères qui ne s’effaceront jamais.
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15/09/2015
On air.
Voilà qu’il lui revenait, l’octosyllabe d’Aragon avec lequel elle s’était confectionnée sa première adresse mail, qui lui a permis de communiquer un temps avec lui, de tenter le continuum de la confidence sans l’émoi amoureux. Ça n’avait pas fonctionné : ils avaient même réussi à s’entre-déchirer pour des broutilles avant qu’elle décide de repartir dans les méandres de sa mémoire. Pour de bon. Et pour la bonne cause : elle s’était libérée de sa duplicité, recentrée sur sa vie et ses composantes. De temps en temps, elle avait une pensée furtive, se réjouissait secrètement d’avoir connu une telle passion, d’en avoir été l’objet. Elle ressentait, par-delà les océans, l’idée qu’il en avait fait un sujet, d’écriture, de mémoire, de permanence, mais puisqu’elle avait résisté à ses éditions, puisqu’elle n’avait plus envie de se reconnaître sans que ce fût elle, vraiment, elle reléguait tout ça avec une aisance inouïe. Sauf un vers : à la moitié du temps donné. Juste avant le pont de la chanson qu’il avait écrite, cette supplique, là, implacable, parce que d’ores et déjà désuète, à peine énoncée : pas parce que le temps qui nous est donné diffère selon que l’on a de la chance ou pas, mais parce qu’il est encore plus aléatoire d’en calculer la moitié. Cette phrase l’affolait, parce qu’elle lui revenait mécaniquement et, de fait, la ramenait à lui. Obligatoirement. Eh bien ! A la moitié du temps donné, qu’est-ce qu’il s’y passe ? Gagne-t-on en sagesse, en conscience de l’utile, distingue-t-on enfin, autrement que par aphorisme, ce qui distingue le sentiment de l’émotion ? Est-ce que c’est le moment précis où tout bascule, la middle Life crisis des Américains dont, précisément, depuis qu’elle habitait ici, elle n’avait trouvé nulle trace chez ceux qu’elle fréquentait ? Trop jeune, encore, pas assez brinqueballée par l’existence ? Et pourtant, elle en a vécu, des choses, dans sa vie, de ses allergies d’enfant aux sacrifices qu’elle a consentis, jeune femme, pour que son futur époux mène carrière. Avalé, des couleuvres, quand lui récoltait les lauriers d’une destinée dont il lui devait l’élan. Il avait fallu qu’elle manquât échouer, leur histoire, juste après qu’elle l’ait rencontré, l’autre, pour qu’il réagisse justement, qu’il comprenne que la perdre, c’était renoncer à tous ses repères.
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14/09/2015
L'embellie.
Se réjouir du fait que, sur la plage, pas un vieillard n’échappe au plaisir de ramasser des coquillages, se risquer aux ricochets ou ramener le sable avec ses pieds pour fabriquer un petit promontoire, en protection.
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13/09/2015
Destins croisés.
Sur le mur, en lettres géantes, le nom de cet auteur, le titre de son troisième roman et la fatalité d’un temps qu’on n’a pas pu retenir plus longtemps. Pas d’aigreur, ni de jalousie, juste deux parcours parallèles qui se sont croisés un instant : mathématiquement, ça n’est pas possible, mais la littérature autorise tout. Jamais longtemps, par contre.
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12/09/2015
Etretat.
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11/09/2015
Palalala, palalala, palalalalalalala.
Je retrouve, au gré des archives perdues, la version première de "la cancion de Esteban", un flamenco francisé, avec la guitare de mon ami Pedro, la fin de fiesta avec les trois voix mélangées qui chantent pas exactement juste, dirait Frémiot, mais qui s'amusent, qui y croient, qui ne savaient pas, à cet instant, qu'il ne resterait pas grand chose de tout ça.
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10/09/2015
Deux syllabes.
Ces discussions qui régénèrent, posent des projets inattendus quelques mois auparavant : des discussions vaines, inessentielles, qui ne changeront en rien la face du monde mais qui se penchent sur des sujets dont on a perdu la valeur absolue, la place d’une virgule, la mise en page d’une analepse, l’équilibre entre l’oralité et la littérature. L’âge, l’expérience font le reste : on ne révolutionnera rien, mais soumettre un texte à quelqu’un qui l’édite, c’est se risquer à son refus autant que de profiter de son regard critique, de sa capacité à améliorer le texte. Impatience.
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09/09/2015
Teaser.
La mer, c’est le miracle des faux calmes, comme moi, Dieguito, qui menacent d’exploser à tout moment.
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