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01/12/2024

Ma route.

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18:39 Publié dans Blog | Lien permanent

23/11/2024

Chez lui on meurt deux fois.

IMG_4601.jpgÉvidemment, quand on arrive à mon âge dans un concert de rap, on détonne un poil dans le dress-code, et il paraît un peu pathétique d’adopter, en mimétisme, un air gangsta qui se dandine en distillant des Wesh, frérot. Mais un concert de Petitcopek dans sa ville de Sète, ça ne se rate pas, et si les premières parties ont été un peu longues pour un quasi-sexagénaire, ce que j’ai vu ce soir était une belle démonstration que les clichés sont faits pour être démontés, que la poésie, l’allure et la présence scénique de Lorenzo Cianni sont dignes des plus grands. J’écrivais après les Automn’Halles qu’il y avait du Abd-Al-Malik chez lui, dans cette façon de se tenir droit devant le micro – après une arrivée projetée en arrière-scène, encapuché, houdi et survêtement bleu turquoise siglé- avant de vibrer avec la musique. Particularité de cette relase party de Côté passager 2, son 2e EP sorti ces jours-ci, c’est la formation avec une flûtiste-percussionniste de grand talent, la Chips au clavier, Doc HAD en DJ et Pierre Eyral, Panzer pour ceux qui le connaissent, chargé de mettre un peu d’organique là-dedans, à la guitare et à la basse. Nicolas Grosso était prévu, mais le vélo a eu raison de lui pour un bon moment, le contrebassiste programmé a eu un empêchement, la mise en place a été complexe, aux dires de Lorenzo, mais ça fonctionne, avec quelques problèmes de son, ça danse, c’est souvent romantique – j’veux qu’on s’aime toujours comme Ross et Rachel – à l’image de son sourire et de ses remerciements permanents. Il est chez lui, Peticopek, à la Passerelle, il a commencé là et finit là – antiphrase – on voit des jeunes le regarder avec l’envie dans les yeux de s’inspirer de son parcours comme lui a pris de ceux qui l’ont encadré dans ses premiers ateliers d’écriture. Il a beau, dès le premier morceau, emmerder la SACEM et les Victoires de la musique, s’acoquiner, il a l’image et le son d’un indécrottable sensible, la qualité d’écriture d’un vrai poète. Un de ses derniers sons, Madame, est impressionnant sur ce point : Madame a grandi dans ce monde, l’histoire est écrite par les vainqueurs. Il chante même une chanson d’amour qui promet qu’il ne dira plus je t’aime dans ses chansons – je dirai plus jamais Ti amo - c’est vous dire. Le concert a des sonorités latinos, souvent, c’est entraînant, bien monté, les choeurs de HAD sont impressionnants, la complicité avec la Chips, avec qui il a créé de toutes pièces le projet Sète, Péchés, Capitaux est évidente, la voix féminine est belle et (très) juste, c’est un très beau set, à Sète. Avec une mauvaise réputation reprise à tue-tête par un public de tous les âges, ce qui est toujours amusant, un enfant de Sète commencé a capella puis en douceur avant d’exploser, des morceaux du volume 1 qui sont déjà en tête – même être original je crois que je l’ai déjà trop fait – et des traits – en allemand Ich bin nicht very gut- qui marquent. Il y a eu une pause qui n’en était pas une, un faux-départ des musiciens quand il leur a dit J’peux pas payer – en gémellité avec le J’ai rendez-vous avec vous de son glorieux aîné : Monsieur le propriétaire, désolé, votre loyer, j’peux pas payer. Et un final en or, avec son avec le cœur qui lui ressemble tant, avec cette façon irrésistible de faire rimer 1,80m et quatre chemins et de faire se trémousser sur place un mec de près de 60 ans qui n’avait jamais vu un concert de rap. À part Abd-Al-Malik. Ouais ouais ouais.

PS : à titre personnel, je suis ravi que Lorenzo soit du 2e volume des Figures Singulières, dont la sortie est programmée au 18 janvier.

23:58 Publié dans Blog | Lien permanent

15/11/2024

Benoît.

IMG_3992(1).jpgC’est une nouvelle à laquelle on s’attendait mais qui fait basculer la temporalité de l’autre côté, dans ce qu’elle a d’inéluctable. Benoît est mort, me dit-on, et là, c’est tout un pan de mon enfance qui remonte, et avant tout - au même titre que ma grand-mère paternelle - une figure de l’autorité. Il n’y a pas si longtemps, il me demandait pourquoi je ne le tutoyais pas, comme les autres le faisaient, je lui ai répondu que je n’oserais jamais, que c’était très bien comme ça. Quand Cécile, sa plus jeune fille, me trouvait casse-prunier (l’expression est d’époque) dans nos jeux d’enfants, elle menaçait de le dire à son père et la seule image me convainquait de ne pas l’être davantage (si tant est que je le fusse !). Pourtant, il n’a jamais élevé la voix, Benoît, c’était juste une présence, une force à elle seule. Une tonalité grave, une poignée de mains franche – une fois la casquette ôtée, c’est l’usage -  et les deux yeux plantés dans les vôtres, à demander des nouvelles, sans jugement, jamais. Il avait 94 ans, Benoît, c’est un âge honorable pour mourir, mais on pensait égoïstement qu’il tiendrait encore au moins 38 ans, le temps qu’on y arrive, nous, à cet âge-là. Parce qu’on n’a jamais autant incarné le bon sens paysan, au sens le plus noble qui soit. Il n’aura jamais su que je n’ai jamais osé aller me chercher une salade dans son immense potager, quand je suis allé réviser mon Bac à St-Romain, parce que je ne savais pas comment on les cueillait et que je n’ai pas osé lui demander. Il ne saura pas non plus que quand on me disait que les lapins – les siens – à qui j’allais donner à manger n’étaient plus là parce qu’ils étaient partis en vacances, je l’ai cru, et très longtemps. Benoit & Janine, c’est l’histoire de St Romain-de-Popey à eux seuls et dans une enfance aux trois mois et demi de vacances, c’est beaucoup de temps partagé, quasiment une éducation parallèle. C’est comme si je perdais un grand-père, moi qui n’en ai pas connu, ou presque. Ma sœur Françoise est devenue leur voisine il y a 6 ou 7 ans, déjà, en rachetant le terrain familial, en faisant construire en lieu et place de la maison Phénix à laquelle les Berger, cachés derrière le buis, ne donnaient pas dix ans et qui en a tenu 36. Elle faisait le lien temporel et Emma, sa fille, ma nièce, n’aimait rien plus que d’apporter une bière (ou un mojito) à son Benoît, qu’ils papotent un moment. On savait que ça arriverait, mais on a le droit d’être triste, de se réjouir qu’il soit mort dans son sommeil, peut-être en pensant à sa prochaine partie de boules,  ou à la Chambre d’agriculture dont il fut le président, au devenir d’une activité qu’il incarnait à lui seul. Benoît, c’est le paysan de la parabole d’Alain sur le travail, celui à qui le philosophe demande pourquoi il passe une 3e fois la serfouette pour creuser un sillon alors que deux suffisent, et qui répond que la 3e c’est pour que ce soit bien fait. C’est cette forme de rectitude morale qui disparait avec lui, sauf à ce que ceux qui l’ont reçue de lui la fassent vivre et la transmettent. C’est le paradoxe des disparitions, dans ce qu’elles ont de quasiment joyeux, d’engageant : il n’est plus là, mais il survivra, longtemps.

11:04 Publié dans Blog | Lien permanent

10/11/2024

Le Chercheur d'âme.

IMG_4479.jpeg"Sinon, quand on est un groupe depuis 40 ans et qu’on fait des chansons, la seule façon de tenir 40 ans de plus, c’est de trouver l’inspiration d’en écrire d’autres, voir si elles correspondent entre elles, si l’unité de sens est suffisante pour qu’on les aligne sur un album, ce truc qui fait sourire ceux qui ne les ont pas à eux seuls, les 40 ans, voire qui en ont deux fois moins. Et à la Casa, l’autre fois, dans ce monde où tout allait à peu près bien parce qu’Éric était encore chez lui, là-bas, ils en ont essayé deux, des nouvelles chansons, celles qui provoquent, dans le public, une première ré-action, au sens propre, puis de la curiosité, l’envie de les entendre encore, de précipiter le temps qu’il reste avant de les avoir pour soi, chez soi. Il y a ce Chercheur d’âme qui joue sur les mots et sur l’idée d’une droiture érigée en conduite, la rivière des hommes fiers, du trésor qu’elle est supposée recéler mais que le chercheur ne trouve pas. En tout cas pas tant qu’il n’aura pas compris que le trésor est justement dans cette façon juste d’avoir vécu. Le parcours, pas l’arrivée, c’est la finalité du Voyage. On imagine le pionnier – qui creuse encore – se douter que la vérité est ailleurs mais que renoncer maintenant signifierait une vie échouée, pas seulement une vie d’échecs : il en a pourtant trouvé, un peu, des silences qui valent de l’or, des promesses pailletées, ça l’a maintenu dans l’illusion, le cul au fond du torrent. Il cherche encore, essaie de ne pas écouter Charlotte (Sometimes), la sceptique, pour ne pas avoir à se demander si elle avait raison. Qu’on nous a bien pris pour des cons et que rien, dans cette quête, ne justifie de la passer au (petit) tamis. C’est la question de l’amour, du sens, une autre nuance entre le nihilisme et l’aspiration, l’amour et la baise. On voit même passer Tristan, le plus vaillant des chevaliers & Iseut, la fille de roi, fière et loyale, dans cette belle chanson ; et leur amour, plus fort qu’eux, qui survivra dans les branches entremêlées de deux arbres plantés de part et d’autre d’une (vieille) chapelle ? Que dalle. Épuisé, le filon, depuis longtemps. Du moins, c’est ce que dit Charlotte. On n’est pas obligé de la croire, et vouloir, coûte que coûte, chercher encore. C’est quand on arrête de chercher qu’on meurt, de toute façon."

extrait des Noz d’émeraude, radioscopie du Voyage, l'An demain éditions, 240 pages, 20€

À paraître début décembre 2024

 

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02/11/2024

Une note d'il y a 14 ans.

TÉBESSA.jpgUn homme m'a contacté par mail hier, pour me raconter une histoire poignante, dont je regrette qu'elle n'ait pu, de fait, figurer dans "Tébessa, 1956". Sous l'intitulé "Djeurf, 1956", il me raconte comment, jeune instituteur rappelé comme officier, il s'est retrouvé affecté en mai 1956 dans les Aurès, "le pays d'origine" de la plupart de ses élèves. Après un passage par Tébessa, le voilà à Djeurf, " dans un paysage lunaire", avec le fort, "orgueilleusement perché sur la crête des falaises qui dominent l'Oued Hallail". Mais surtout, rajoute-t-il, le regard du jeune soldat qu'il était s'est immédiatement fixé sur "une série de tombes toutes fraiches, proprement alignées dans leur enclos tout aussi blanc". Sa compagnie relevait la compagnie tombée dans l'embuscade du 5 avril. Celle de Gérard. Celle aussi d'un jeune sous-officier qui resta un mois avec les nouveaux arrivés pour assurer la transition. Et qui leur parla de ceux qui étaient tombés. De Gérard, sans doute, de sa passion pour les fleurs et les dominos, peut-être... Mais l'anecdote que ce monsieur m'a racontée n'est même pas là, encore: dans l'embuscade, un adjudant-chef qui n'était sans doute pas aussi fou-de-guerre que celui que j'ai décrit dans le roman est tombé "à la tête de ses hommes". Il avait une chienne qu'il amenait partout avec lui, mais qui là, ne l'a pas accompagné dans la mort. "Ensauvagée et traumatisée", la pauvre bête ne rentra dès lors plus au fort que le soir, à la nuit tombée, pour manger près des barbelés la nourriture que les soldats déposaient pour elle...

Cette chienne-là, j'en aurais volontiers, je le répète, fait un personnage central de Tébessa, le roman. Mais cette histoire montre que la parole et l'émotion sont liées, et qu'un livre peut faire, à sa façon, qu'une histoire continue de circuler. Je remercie chaleureusement, ici aussi, ce monsieur dont la dignité, la mémoire et l'écriture sont autant de leçons de vie. Et je joins à ce message la photo du cimetière qu'il m'a envoyée.

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29/10/2024

RADIO TINO

VDN LA CASA 140624-0160 moi.jpgJ'étais chez Tino Di Martino, sur RSL, en début d'après-midi et comme je suis bavard, j'ai parlé un peu plus d'une heure. Au cours de laquelle je fais une annonce sur le prochain livre que je vais sortir (teasing), et pendant laquelle je parle d'Aurélia, de Liliane, des Portraits, d'enseignement et d'écriture. On y entend Jean-Louis Murat, Stéphane Pétrier et Barbara : j'ai été plus mal accompagné.

C'est ICI

 

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24/10/2024

Ma banquière.

Capture d’écran 2024-10-24 à 10.30.17.pngMince. Par l'appel bêtement enjoué de ma nouvelle conseillère, j'apprends donc que ma banquière- depuis plus de 15 ans! - est partie. Et ne saura donc jamais ce que mes visites chez elle ont provoqué. Quant à la nouvelle, si elle pense me choper comme ça, elle peut rêver.
 
«Dans toutes les tragédies, il faut un amant et un amoureux, un homme qui aime, un autre aimé en retour. En partant loin, je renforce mon mystère, ma légende. Au pire, je prorogerai ma garantie décès, et l’attendrai au-delà du 31 décembre de mon 85ème anniversaire, comme le stipule l’article 4-1 de l’assurance emprunteur des prêts immobiliers aux particuliers
 
La suite, c'est ICI.

10:32 Publié dans Blog | Lien permanent

20/10/2024

La macaronade de Guignol?

Il faudra - finalement - attendre début janvier pour que paraisse le deuxième volume des Figures Singulières, l'éditeur, débordé, considérant à juste titre qu'une parution par an, dans cet exercice, est suffisante. Et s'il est débordé, c'est aussi en partie à cause de moi, qui lui ai confié un projet dont je n'aurais pas rêvé il y a six mois et qui est programmé pour être disponible avant les fêtes, alors...

Mon autre éditeur a dans les mains depuis un (bon) moment mon Affaire Nizan, un (tout) petit brûlot dont j'attends patiemment (ça n'est pas vrai, en fait) la sortie.

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19:33 Publié dans Blog | Lien permanent