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30/09/2012

Ouessant, toujours.

78234197_o.jpgOn ne se libère jamais de tout ce qui nous a fait. On peut solder des comptes, prendre des décisions et s’y tenir, il y a toujours un moment qui nous rappelle qu’on ne fait jamais que continuer, seulement. En espérant pouvoir se retourner sur sa vie sans rougir, avec davantage de remords que de regrets, et davantage de joies que de remords. La vie d’un homme, quoi. Celle qu’il ne peut parfois pas voir en peinture, mais que certaines peintures lui rendent meilleure. Je croise aujourd’hui le travail de Franck Gervaise et sa série « Ouessant », évidemment, ravive des souvenirs qui n’ont jamais eu besoin de l’être. 

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29/09/2012

Conseil d'indiscipline.

Je fais de drôles de rêves en ce moment. De ceux dont on garde des bribes au réveil sans les reformuler clairement, puisque ce sont des rêves. Cette nuit, je m’élevais, dans un amphithéâtre, contre un intervenant qui comparait l’assemblée aux soldats allemands de la seconde guerre mondiale : pour le respect de la discipline, sans doute, puisque la formation que nous suivions était militaire (c’est pour ça aussi que c’était un rêve, hein !). J’étais dans les rangées du dessus, j’ai pris la parole à voix haute et forte, comme je sais le faire en public. Je sais juste que ça n’a pas plu aux autorités, ni à l’intervenant, lequel a quitté l’amphithéâtre, suivi de mes supérieurs, désolés d’un tel esclandre. Quand je me suis réveillé, j’étais assez content d’avoir résisté, mais pour autant, sauf à les voir revenir dans un prochain cauchemar, je ne sais toujours pas quel sort va m’être réservé par ces gens-là. Et ça m’inquiète.

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28/09/2012

VDM.

Il avait demandé au Génie une vie qui lui permettrait de sillonner un monde cerclé de bleu et de nouer un contact particulier avec chacune des personnes qu'il rencontrerait. Il ne se doutait pas que ce dernier, facétieux, lui ferait faire le tour du paté de maisons, dans la brigade de la Police Municipale en charge du stationnement.

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27/09/2012

2043.

Comme le chantait Bashung.. Où en sera-t-on, exactement ? A l’Iphone 52 60GS, à la fibre optique-solaire-tournesol, à l’essence de salive de propos inutiles ? Par réaction et parce que je ne me reconnaîtrai, dans cette période-là, encore moins que maintenant, je me déclare en rétropédalage actif, paresseux et voluptueux de sa paresse. Conscient qu'un paresseux peut abattre des sommes de travail inatteignables au commun des agités. L'ère de la lenteur, sous mon absence de règne, est d'ores et déjà, partout, proclamée.

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26/09/2012

Fils de si peu.

Dans le sublime « Escalier C » de Jean-Charles Tachella, en 1984, Robin Renucci campait un homme remontant l’existence d’une vieille voisine qui l’agaçait et qu’on a retrouvée pendue dans son appartement, victime de sa solitude et d’un passé qui ne passait décidément pas.  Il y avait de l’Alceste déchu dans ce personnage (Förster Lafond, critique d’art) qui cherchait son salut dans la rédemption. On peut passer à côté des êtres de son vivant et s’y intéresser après, donc : c’est déjà mieux que rien. Quoique, répondra-t-on. C’est drôle, ce matin, je repensais à cet épisode de vingt ans d’âge, anecdotique mais dont la portée m’a marqué : ne me demandez pas ce que je faisais sur un pont dans les Hautes-Pyrénées, à suivre un cours de canyoning dont la clé consistait à en sauter, justement. Ça, c’est l’anecdote. Mais quand le moniteur, taquin, criait « Attends ! » à la personne qui venait juste de prendre son impulsion, les autres trouvaient ça drôle mais ne se doutaient pas que, bien plus tard, c’est ce qui resterait du moment, telle une parabole.

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25/09/2012

Bilan de compétences.

J’espère au moins que la règle d’un roman sur deux sera respectée : j’ai écrit « Tébessa, 1956 » et « le Poignet d’Alain Larrouquis » comme deux évidences, alors que j’ai reporté maintes fois et même abandonné – je l’ai déjà dit ici -  « la partie de cache-cache ». Tout ça pour glisser que mon « Aurélia Kreit » est au point mort, mais vraiment, que je n’arrive même plus à retrouver une impulsion. Trop de contraintes ou pas assez, il y a toujours un prétexte. La lassitude, aussi, de devoir prouver, tout le temps. D'attendre les invitations que j'espérais et qui ne sont pas venues, qui ne viendront pas. Je me demande si je ne suis pas, définitivement, un écrivain du siècle dernier, arrivé là par hasard. Mais ce message n’est pas innocent, n’en doutez pas : on le sait tous, que reconnaître son échec est le meilleur moyen de dépasser l’obstacle, ou d'aller chercher une autre façade.

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24/09/2012

Nesto.

J’ai travaillé cinq étés consécutifs à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon. J’y ai fait tous les services, à peu près, du bloc opératoire à la maternité. Aujourd’hui encore, quand j’emprunte l’escalier, dans un hôpital, j’ai le réflexe de regarder s’il est bien nettoyé, à la fin de la journée. Si l’agent a préféré se lever tôt, passer la serpillière en huit et laisser l’endroit nickel pour la majeure partie du jour à suivre, ou s’il a choisi de passer la machine-qui-laisse-des-flaques-partout, en plein cœur de l’activité. L’hôpital m’a appris à travailler vite et bien, à ne pas me disperser. Partout où je suis passé, à commencer dans la salle d’opération - où, bippé, je devais déplacer le corps opéré pour que le chirurgien puisse continuer (assistant du démiurge) - j’ai essayé d’être efficace et de me fondre dans le collectif, ce qui n’était pas gagné au départ, au vu de ma formation. J’ai donc partagé, dix mois de ma vie, le bourdonnement de cette ruche si particulière qu’est le service public hospitalier. Aujourd’hui encore, je pourrais en définir l’esquisse d’une sociologie. Mais aujourd’hui justement, parce qu’on l’aura célébré là-bas, une dernière fois, je pense aux blouses bleues, celles des services techniques, le seul corps, peut-être, que je n’aurai pas fréquenté de près. Celles qu’on croisait quand on passait d’un service à l’autre, pour brancarder un malade, pour porter des tests à l’ANAPATH. Parce qu’il en portait une, de blouse bleue, Nesto, et que c’est l’image que je garderai de lui. Je lisais sur Kronix récemment qu’on avait beau se moquer d’elle et la brocarder, la mort revenait toujours et cherchait le dernier mot. Pas le premier geste. C’est ainsi, et c’est naturel. N’empêche, j’y repense, à la blouse bleue, aux Gitanes maïs, au bruit des glaçons et au jeu des boxers qui s’affrontaient, le mardi après l’école, juste avant d’aller à l’entraînement. Personne ne nous quitte jamais, en fait : c’est juste, à chaque fois, une partie de nous qui se délite.

18:07 Publié dans Blog | Lien permanent

23/09/2012

Ilittré.

On a peut-être résolu la question du Boson de Higgs, mais dans le même temps et dans un silence coupable, plus aucune personne de moins de quarante-cinq ans ne peut écrire « Colin-Maillard » autrement que phonétiquement, avec les conséquences tragiques que ça entraîne : kolamaya, Koh-linmaya etc.

16:22 Publié dans Blog | Lien permanent