06/09/2012
Conseil aux jeunes littérateurs.
Il ne faudrait jamais écrire sur la mémoire, elle est comme la morale, souvent celle des autres. En attendant, ramener quelques souvenirs à la surface n’est jamais aisé : qu’ils soient communs à ceux qui les écoutent, et c’est rébarbatif. Qu’ils ne leur évoquent rien, et c’est le bide. Il n’y a jamais que des petits airs communs qui traversent les époques sans douleur. Mais là aussi, il faut savoir choisir : parce que si vous susurrez « J’en ai marre, marre à bout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval de course, course à pied, pied de cochon, cochon de ferme, ferme ta gueule » à quelqu’un, il trouvera ça mignon, nonobstant l’injonction finale. Alors que si vous lui chantez « Scoubidoubidou, j’ai du poil à la quiquette, scoubidoubidou, j’ai du poil partout ; j’en ai devant comme Sylvie Vartan, j’en ai derrière comme Alain Barrière », il risque de trouver ça cavalier. Et tourner les talons si vous dites justement vous appeler Idéal du Gazeau.
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05/09/2012
Drastik.
Moqu ur, l'huissi r n charg d la saisi d l' crivain lui lança n partant, faisant saut r la touch du clavi r dans sa main :" Bon r tour à l'OULIPO, h in!"
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04/09/2012
Prévoyance.
Je fais des listes le matin de tâches à faire dans la journée et je m'aperçois systématiquement, le soir, qu'elles n'ont pas toutes été réglées. On peut m'accuser de procrastination, certes, mais on peut être sûr, d'un autre côté, que je ne m'ennuierai pas le lendemain: qui peut en dire autant, hein?
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03/09/2012
Hiérarchie.
J’aimerais comprendre un jour le mécanisme de ceux qui s’agacent qu’on fasse référence à une époque, des personnes, des habitudes qui étaient autres et qu’ils n’ont pas connues. Il doit y avoir dans l’âme humaine un désir d’appropriation qui, cumulé au déni dans lequel nous plongeons tous nos existences, s’exprime par cette rage à peine contenue de l’adjoint au chef quand il éructe et nous dit qu’il va falloir qu’on s’y fasse.
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02/09/2012
Jouissance, lisières & débandade.
On se demande bien de quoi elle est faite, la notoriété. Un passage chez mes libraires chéris, hier, pour m’assurer de ce qu’était la rentrée littéraire dans ses frémissements, encore. Quelques questions sur leurs lectures, sur ces têtes d’affiche dont on nous dit qu’elles sont incontournables, ce qui m’inciterait d’office à les contourner. Ca fait déjà quelques temps que je ne cherche plus, dans ma librairie, que les livres et les auteurs que souvent je ne trouve pas. Des auteurs dont le mal-être ne fait pas objet littéraire, qui ne cherchent pas le scandale antisémite, qui se sont ré-orientés sur le principe classique de raconter une histoire. S’oublier pour mieux se donner. Dans mon petit parcours parallèle, je suis paradoxalement heureux de ne pas avoir à défendre mes livres, que ceux qui les ont lus ont validés. Ils sont peu, mais ils existent. Et d’avoir feuilleté quelques pages de « la jouissance », par exemple, m’incite à remercier n’importe quelle force immanente de la rechercher au quotidien mais de ne pas l’avoir écrit (le roman). On pourra prendre ça pour de la condescendance, ça n’en est pas, la preuve, nous sommes à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires d’écart. J’ai acheté un Choplin, hier, la dernière fois, c’était Bertina, N’Sondé... Je m’intéresserai dans quelques temps à ces livres dont on parle tant, à condition que ceux à qui je fais confiance en parlent encore. Il n’y a rien de pire pour un auteur que de penser qu’il est attendu. Ça ne reste pas, un auteur, ça revient.
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01/09/2012
Saison 5.
J’ai beaucoup réfléchi à l’idée d’abandonner ce blog. Après tout, cet été, j’ai expérimenté la paresse, l’absence de contrainte. J’ai bien eu, au début, quelques sueurs froides à l’idée de ne pas « fournir » et puis ça m’est passé. Aujourd’hui, j’interroge ces nécessités dans leur nature et choisis de reprendre, de continuer d’écrire l’histoire (la petite, je rassure les quelques rageux qui viennent ici se persuader de ma mégalomanie pour ne pas se confronter à leur misère) en train de se faire. Je donnerai quelques nouvelles d’Aurélia, pas rassurantes pour les rares qui attendent : je crois que j’ai besoin d’être en activité pour créer, qui plus est quand un travail comme celui-ci demande tant d’investissement. La parabole de cet été est toute faite : nous étions partis pour enregistrer un album, il n’est sorti, au final, qu’une chanson. Mais cette chanson est superbe. En cette période de rentrée, pour la première fois depuis 2008, je n’ai rien d’autre à annoncer que la parution éventuelle, d’ici un semestre ou plus, d’un recueil de mes nouvelles. Ce qui est déjà beaucoup, il faut que j’apprenne à apprécier ça. Pour le reste, je vais veiller à ne pas me laisser déborder par les esprits animaux, les relations faussées entre écrivants (je sais, et tant mieux, qu’il en existe de solides et d’incontestables), la hiérarchisation, la diffusion, les privilèges, tout ça. Je vais travailler, tiens, et puis quand ce sera prêt, si un jour je termine, j’en parlerai et là, de nouveau, j’existerai comme auteur. D’ici là, je vais reprendre le journal du quotidien, des impressions, dans ses pleins, dans ses creux, dans ses vides. C’est ainsi.
PS : Comme indiqué, le livret de l’exposition de Dominique Albertelli à la Galerie Le Réalgar, à St Etienne, a été édité. Le vernissage se fait le 15 septembre à 18h. J’y serai. Je remercie Daniel de sa confiance et suis ravi de passer, dans le catalogue, après Pierre Jourde, dont la réaction à "l'affaire Millet" ramène l'intelligence à ce qu'elle n'aurait jamais dû quitter.
10:18 Publié dans Blog | Lien permanent