30/09/2014
98 jours.
C'est deux jours de moins que pour un état de grâce, mais à compter de demain matin, parce qu'un comité de sélection des dossiers a rendu ça possible, je suis délivré de tout autre travail que celui de l'écriture pour une durée de trois mois, plus les six premiers jours de 2015. Il m'a fallu un peu de temps pour laisser la culpabilité de côté, de l'énergie pour organiser mon remplacement, mais là, j'y suis. Fatigué, mais pleinement. Elle passera vite, cette période, mais je suis disposé à la vivre en plein, avec trois étapes: l'envoi de mon manuscrit aux éditeurs, l'organisation de la rencontre avec Christian Chavassieux à la librairie du Tramway, le 16 octobre (voir photo), et ce voyage sur les pas de mon héroïne, que je retiens parce que l'ironie du sort et du temps m'oblige à le faire. Le périple initiatique, de fait, vous renvoie chez vous autrement que vous êtes parti. C'est une chance qui m'est donnée: je la saisis.
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29/09/2014
Je me présente, je m'appelle Henri (Beyle).
Bon, « Trois-huit » n’est pas encore référencé chez l'éditeur, je m’en doutais. J’attendrai demain pour en faire l’article. Là, je médite sur l’avers et revers de la reconnaissance, et m’étonne que des personnes n’aient pas encore compris, cent soixante-douze ans après la mort de Stendhal, que l’égotisme préside à toute création d’une oeuvre et que prendre ça pour de la prétention relève d’abord de la méconnaissance de soi.
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28/09/2014
Veni, Vidi, Vougeot.
Après, il y a quelques éclairs, le temps d’une heure, le temps de sortir de cette impression d’un marché aux bestiaux, alignés sur deux côtés, premier choix d’un côté (les auteurs nationaux) et second de l’autre. Avec la même possibilité de trouver de la bonne et de la mauvaise littérature des deux côtés, mais ça ne regarde pas le lecteur, pas celui qui n’a ni le temps, ni les lunettes, ni le budget pour viser l’aventure. Les quelques éclairs, ce sont les personnes qui supportent votre regard, s’approchent, vous écoutent dans l’argumentaire que vous faites de votre livre – et, avec cinq titres, ça devient compliqué, et nécessite de choisir en amont, soi, le livre qu’on va présenter au passant – et, sur un coup de folie, un risque à 15€, vous annoncent « Allez, je le prends ». Voire, puisque c’est arrivé, « Allez, je prends les deux ! ». Chez l’auteur, puisque ce n’est pas si fréquent, surtout un week-end de beau temps dans les vignobles de Gevrey-Chambertin, il y a comme une petite victoire, en même temps qu’un brin de culpabilité, l’impression d’avoir vendu autre chose que de la littérature, justement. Pour autant, ce sera au lecteur, rentré chez lui, de juger. Et quand on a déjà éprouvé la critique de lecteurs, de groupes de lecture, quand des romans ont été appréciés, distribués, vantés, on est un petit moins anxieux. L’anxiété viendra avec la réception du dernier, puis de celui d’après. Demain, « Trois-Huit » sera mis en vente en ligne sur le site de l’éditeur. C’est un beau livre, une belle édition et, j’espère, un beau texte. Une veine comique, ça n’est pas si fréquent.
21:11 Publié dans Blog | Lien permanent
27/09/2014
Huis-Clos Vougeot.
Sans doute l'effet de l'été indien, du beau soleil qui donnait sur les vignes du Clos de Vougeot, mais la foule n'était pas au rendez-vous du Salon Livres en vigne, ce samedi, malgré les efforts des organisateurs pour rendre ce rendez-vous attractif: lieu superbe, petits plats dans les grands, conférences mêlant littérature et viniculture, tout est fait pour que auteurs et éditeurs se sentent bien et reviennent, mais la dure loi de l'offre et la demande, écrivais-je hier, est implacable, et si Tébessa, comme à chaque fois, me permet de ne pas repartir fanny, personne ne se sera soucié de mon "Trois-huit" fraîchement sorti des presses. Avec son lot de contrariétés et de mauvaises relectures, mais passons. Il est là, sobre et beau, il côtoie ses frères sur le stand, et au vu de ceux qui rament avec le seul livre qu'ils ont à vendre, je ne suis pas mal loti. C'est un samedi comme à Saint-Étienne, en espérant que le dimanche me permettre de vendre huit fois plus, comme là-bas. Parce que je reste, finalement. Mais peu importe: j'étais à la table de Philippe Grimbert, pour déjeuner, et cet homme exquis, en plus d'être un romancier remarquable, s'est réjoui que je lui offre un Tébessa. Il fera partie, qui sait, des bonnes fées dont j'aimerais qu'elles s'activent, pour l'édition d'Aurélia Kreit. Ce roman-fleuve dont j'ai entrecoupé l'écriture de celle de mes trois pièces. Plus rien ne la retient, maintenant, Aurélia. C'est l'heure.
PS: le site Internet de Raison & Passions n'est pas à jour. Les ventes en ligne se feront dans un futur proche.
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26/09/2014
Veillée d'armes.
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25/09/2014
Talibanesque.
Il faut reconnaitre l'habileté de ceux qui ont la prétention de vous demander d'être humble.
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24/09/2014
Secondes noces.
Ecrire sur l’amour est un exercice littéraire redoutable, entre la portée des caniches célinienne et le festival de lieux communs sur l’infini et l’éternel. C’est sans doute pour cela que Isabelle Flaten démythifie le sujet et le place dans la perspective de secondes noces, censées durer plus longtemps mais de façon plus consciente. C’est certainement aussi pour éviter les clichés qu’elle situe l’action de son roman, les noces incertaines, en amont, juste, du mariage de Rosalie et de Antonin, dont l’histoire va dévider les passés distincts, les blessures et les failles encore béantes. Ces lignes de faille que l’auteure emprunte à l’universalité, elles sont celles qui ne se disent pas et sur lesquelles, pourtant, elle écrit : entremêlant les pensées de ses personnages de la perception qu’en ont les autres, laissant le lecteur s’approprier les histoires des personnages par les différentes façons de les écrire, selon qu’on en est la victime passive, ou l’assassin possible. Il n’y a pas de meurtre dans les noces incertaines, mais il y a un mort, et autant de façons de se reprocher qu’il le fût que raisons de le regretter, ou pas. Les interactions amoureuses, souvent, sont telles qu’on préfère les déguiser en histoire passionnelle, avec les artifices que Isabelle Flaten énonce, un à un, les prêtant à Rosalie, du bras qu’on saisit sans trop savoir pourquoi au blanc des yeux dans lesquels on plonge, « en essayant de ne pas en faire une omelette ». Le fatalisme avec lequel le personnage et l’auteure abordent l’impuissance masculine à dire les choses a pour corollaire le fait que le roman les dise pour eux, remontant deux façons distinctes d’aborder un passé, minimisant l’ampleur de la rencontre, des premiers instants, distillant le doute sur le bien-fondé de se mêler encore, autrement que pour assouvir des besoins. Rosalie a « un corps fait pour respirer, sans sangles ni ceintures », et son âme est inaliénable, également : tout juste concède-t-elle à la comédie humaine, et au désarroi masculin, le droit de lui demander sa main. Une deuxième main, tant l’existence l’a cabossée. La moindre des constructions communes, de l’urgence factice d’un voyage – magnifiques lignes sur la délivrance des retours ! - à l’illusion de l’importance de l’autre. Non qu’il ne le fût pas, important, de par sa présence, les habitudes prises. Mais parce que les nouvelles vagues et les cadenas d’un corps révèlent toujours, selon elle, « des choses qu’il est préférable de taire ». Et que le roman dit. Avec acuité, avec une profondeur psychologique touchante de justesse. Avec ses propres empêchements, aussi, deux-trois métaphores étranges de naïveté, qui ne collent pas au reste : les dernières marques de la réserve, la limite qui touche l’écriture. Les existences croisées des personnages et de leurs adjuvants (Paul, le frère d’Antonin, double contraire, Svetlana, sa première femme, et l’enfant qu’elle a eu de lui, Tom, premier amour et déclencheur de culpabilité) montrent qu’on ne va jamais au-delà de ce qu’on croit tolérable et qui ne l’est pas. Le roman, dans sa construction, son alternance de focalisation, tour à tour externe et centrée sur chacun des deux, brusquement confrontés à l’absence de l’autre, jette loin la sonde psychologique (l’expression est de Nicolas Blondeau) et n’entraînera le malaise que chez les non-avertis. Les autres apprécieront l’écriture, extrêmement fine, et la gageure : dire toute la fragilité avec une force telle.
PS : comme d’habitude au Réalgar, l’édition est sublime, et les peintures de Jean-Luc Brignolat, habilement disséminées, apportent au récit la juste inquiétude qui lui convient : des décors de nuit, de chambres, de rivières et la belle abstraction des vies qui se délitent en s’unissant.
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23/09/2014
Médecine.
La recrudescence des cas de traumatologie, dans mon quartier, est sans doute liée à la décision que j'ai prise de ne plus dévier mon chemin de celui qui arrive en face de moi , dans la contemplation de son portable.
18:03 Publié dans Blog | Lien permanent