Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/09/2014

Bretteur.

Lisez-moi de mon vivant:  je m'assieds sur ma postérité, que j'ai proéminente.

17:52 Publié dans Blog | Lien permanent

21/09/2014

Stand up, Divonninup!

On n'était pas à Cupertino et je n'avais rien à vendre, surtout pas de technologie. À part celle, révolutionnaire, qui fournit par pressage offset des objets reliés en pavés aux pages - révolution, on vous dit! - numérotées dans l'ordre. Mais on m'a doté d'un micro-cravate, et laissé déambuler sur une grande scène, "sur la première bande, devant", dixit Serge - l'ingénieur du son que j'ai tutoyé tout de suite, par habitude des techos, mais qui me l'a rendu aussi vite, et c'était bien - "parce que sinon ton ombre apparaît sur l'écran" (géant). Un écran sur lequel je projetais un diaporama moins savant que mon prédécesseur, Nicolas Cavaleri, un ingénieur qui s'est épris de la frontière au point d'en photographier les bornes tout au long des 7000 qui délimitent la Suisse, pays étrange qui s'est construit sur un parti-pris contraire à celui qui a construit les autres: l'impérialisme, les guerres, les extensions volontaristes. Un trublion du verbe qui passe après un historien, ça donne un chiasme que je ne laisse pas passer: la première intervention ne manquait pas de poésie dans l'épistémologie, la mienne, promets-je, ne manquera pas de fond dans son postulat irrationnel. "La frontière n'existe pas", c'est ce que je choisis d'avancer, histoire de prendre le contre-pied - on ne se refait pas! - et parce que ça me permet d'en problématiser la notion: la frontière n'existe que par ses quatre composantes - administrative, politique, morale et identitaire - interactives et interdépendantes l'une de l'autre. Sinon, image de Tonton Georges à l'appui, on devient l'imbécile heureux né quelque part, comme moi à Lyon, qui conteste l'appellation dont le programme officiel m'a affublé: "auteur lyonnais", qu'est-ce à dire? On est auteur ou on ne l'est pas, et la dimension régionale de mes romans est tour à tour croix-roussienne, berrichonne ou béarnaise. Bientôt ukrainienne, dépêchez-vous de suivre! Si j'écris sur la Croix-rousse, dans Tébessa ou dans le Gros Robert, ce n'est pas par bête sentiment d'appropriation, mais de continuum, par rapport à ce que j'y ai partagé, à deux époques différentes, avec Gérard, le personnage, ou avec Robert, plus récemment. Je poursuis mon exposé avec "les autres" - si vous les connaissez, faites-leur mes amitiés - et passe de Rousseau, le Suisse le plus connu après Roger Federer, le lien entre propriété, identité et société civile, à Nancy Huston et son "Nord perdu", sublime livre sur l'exil et l'obstacle de la langue. Son arrivée sur le sol français, le seul numéro qu'elle ait pour prendre contact et cette voix qui lui répond un incompréhensible "c'est de la part?" Je lis l'extrait en traînant sur les mots jubilatoires, la salle rit, je ne sais pas encore qu'il y a dans le public des personnes dont les identités sont multiples, cubano-américano-espagnolo-britanno-bretons du sud, c'est lacanien mais ça parle. Je laisse s'immiscer ma "partie de cache-cache" parce qu'en Nancy et moi, deux immigrés dans le Bouschaut-sud, il y a de la filiation berrichonne. Mais c'est de Tébessa dont je suis venu parler, et d'en voir la couverture et un extrait projetés sur un écran géant m'émeut. Je donne une minute de la chanson à entendre, en présence de son compositeur-interprète, je sais que les gens de Mégevette et d'ailleurs s'en souviennent, je n'en lis pas plus que ce que le public a sous les yeux. Je corrige en direct la coquille du prospectus: je n'aurais pas écrit Tébessa 1958 pour des raisons morales, parce que le conflit n'en était plus un, mais était devenu une guerre, entre-temps, parce que les appelés n'avaient plus l'innocence de celui à qui j'ai redonné une voix. Mais pour moi, qui sens l'auditoire captivé, ma (petite) victoire est double: j'ai montré qu'on pouvait être écrivain et orateur, j'ai senti le flot des paroles aller et venir de haut en bas de l'amphithéâtre, et j'ai aussi prouvé qu'un histrion du verbe (l'expression est de Doubrovsky) pouvait apporter de la matière. La fin de mon one-man-show, à cet égard, me remplit de joie: je prends le public à parti sur ce qui fait les correspondances d'une vie d'auteur, quand les sensations qu'il éprouve prenne corps dans la réalité. La petite fille sur l'écran, c'est "Aurélia Kreit", et le passage que je leur lis concerne l'entrée clandestine d'un des personnages en Suisse, en 1914, quand les frontières étaient doublement fermées. De Genève, elle ira jusqu'à Sierre, pour finir son périple qui l'aura menée de l'Ukraine à la neutralité. C'était avant qu'on me demande de traiter le sujet. Avant que j'en fasse une conférence philosophico-poétique. Il n'y a jamais de hasard, il est des rendez-vous. La soirée se clôture avec la projection du documentaire d'Alex Mayenfish, "7000 bornes, histoire d'une frontière", très intéressant, qui a le mérite ultime de corroborer, par ses témoignages, des idées soulevées par les interventions précédentes. Ensuite c'est le buffet, les félicitations - qu'on prend - les livres - qu'on signe - et les projets - qu'on projette. Je suis heureux de constater que ceux pour qui mon intervention n'avait pas forcément d'autorité se sont ravisés : c'est la marque de leur intelligence. Et après tout, à Orthez, j'ai failli être viré manu militari de la remise des prix: on a cru que je visais le buffet.

13:33 Publié dans Blog | Lien permanent

20/09/2014

Bardamu.

J'ai donc trouvé que cette conférence - organisée par l'Université pour tous, l'Esplanade de Divonne-les-Bains (magnifique salle de conférence, de spectacle et de projection) et Lettres-frontière, qui tient à moi depuis "Tébessa, 1956" - était une idée intéressante, mais qu'elle manquait un peu de poésie, d'un abord irrationnel du thème de la frontière commune, du jeu sur les identités, les déterminismes. Il n'était pas obligé que ce fût moi, mais je ne peux jamais résister à ces montées d'adrénaline, ces instants où l'on se demande pourquoi on a fait ça, sans se répondre, parce qu'on le sait: c'est tout ce qu'on cherche. Il n'empêche, c'est dans quelques heures, maintenant, et Arthur Ganate me regarde quitter la place Clichy, bravache. Je ferai moins le malin tout à l'heure, mais si je survis je vous en parlerai demain.

12:10 Publié dans Blog | Lien permanent

19/09/2014

"Trois-huit", extrait.

" (...) La conseillère - Non, mais ça n’a rien à voir avec rien. On peut aussi comprendre que quand on rentre d’une journée de travail, on n’a rien envie de faire.

M.H. - Oui, mais pendant ce temps-là, vous faites tout, c’est ça ?

La conseillère - On peut dire ça, si vous voulez.

M.H. - Je ne veux rien. Je veux juste que vous compreniez que c’est parce qu’on fait quelque chose que l’on ne peut pas faire rien. Et moi, aujourd’hui, je vous demande de me trouver du rien et vous me proposez quelque chose.

La conseillère - Si ce n’est que ça, on peut s’arranger : je vous radie des listes et vous

n’aurez plus rien !

M.H. - Toujours sur le mode péjoratif, hein ! ça vous ennuie qu’on puisse revendiquer ça ?

La conseillère - Certainement, oui, ça m’ennuie ! Il faut travailler, dans la vie, ne pas rester à faire rien.

M.H. - Si vous saviez le temps que ça prend…

La conseillère - De quoi faire ?

M.H. - Faire rien.

La conseillère - Ça ne peut pas prendre du temps de ne rien faire !

M.H. - De faire rien, si. Il faut s’y consacrer pleinement. A temps plein. On comble tellement de vides quand on fait quelque chose qu’à côté, le rien n’est rien.

La conseillère - Vous êtes quoi, philosophe ?

M.H. - Oh non ! Vous n’imaginez pas les études qu’il faut faire pour ça ! Des années de travail, et pour quoi faire : enseigner que celui qui sait, c’est celui qui sait qu’il ne sait rien. Avouez que c’est un peu fort de café, non ? (...) "

 

extrait de "Pôle-Emploi", une des trois pièces de "Trois-huit". Sortie le 27 septembre aux Editions Raison & passions

17:15 Publié dans Blog | Lien permanent

18/09/2014

Avant.

Quand Google s’appelait le Quid, la démarche était périlleuse, mais le résultat moins éphémère.

14:13 Publié dans Blog | Lien permanent

17/09/2014

Roi & Reines.

Tu me reparles de place, de ta place : tu es la seule incursion métaphysique que ma rationalité m´autorise. Une sorte de souverain d´un royaume surréel, dans lequel je suis parfois invitée. Une réalité sans matérialité, lointaine et proche, impressionniste et réconfortante. Voilà : il y a selon moi une fraternité entre nos âmes toutes deux inadaptées -bien que différentes-, oui deux âmes qui se complètent par leurs différences, et se comprennent par leurs essences. Qui n´ont surtout pas besoin d´incarnation.
 

15:41 Publié dans Blog | Lien permanent

16/09/2014

Clark Kent.

Je ne peux que penser que la rapidité avec laquelle je me défais de ma veste, de ma chemise et de mon pantalon en toile pour enfiler un vieux short et des tongs au moment où j’arrive chez moi me ferait passer, dans une cabine téléphonique, pour un héros adulé des enfants.

17:32 Publié dans Blog | Lien permanent

15/09/2014

Des deux côtés de la frontière.

Samedi soir, dans la belle salle de la bibliothèque de Divonne-les-Bains, je parlerai de la frontière, à l’invitation des Lettres du même nom. Mon statut d’auteur Lyonnais à double virgule, qui n’a aucun sens quand on sait ce que j’écris, ne m’empêchera pas de poser un regard philosophico-poétique sur la notion, ses acceptions administrative, politique, morale et identitaire. Je serai accompagné de gens érudits et passionnants, et vais confronter aux frontaliers la vision qu’en a Aurélia quand, en 1914, elle essaie, avec d’autres, de pénétrer en Suisse malgré l’interdiction. J’ai trois quarts d’heure pour intéresser et faire participer. Un défi? Je le relève. Si vous êtes dans le coin, ou de passage, je vous y (re)verrai avec plaisir.

Capture d’écran 2014-09-15 à 18.51.23.png

19:00 Publié dans Blog | Lien permanent