31/08/2014
Les forcenés de la chambre dix-Sète.
Au dernier moment, ils ont refusé de partir, se sont barricadés dans la chambre, n'écoutant rien des supplications des tenanciers de l'hôtel. Malins, ils utilisaient, entre les deux rondes de l'hélicoptère du RAID, l'escalier de secours pour rejoindre la plage, profiter des premiers jours de septembre, là où la lumière est si particulière, puis remonter, en ninjas, dans leur repaire, d'où ils exigèrent de ne traiter qu'avec Jean-Pierre Pernaud, en direct au JT. Négociant des délais dans les sommations d'usage, ils prirent le temps de visiter le cimetière marin, l'exposition Miro chez Valéry, manger quelques brochettes au Grilladin çétois, puis débattre d'une reddition, en contrepartie de quelques Travaux d'Intérêt Généraux, dans l'Education Nationale ou ailleurs. Mais pas avant quelques heures, émotion oblige.
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30/08/2014
Sète arrivé près de chez vous.
Tous les jours, donc, tout au long de mon séjour ici, j'aurai été, une fois la nuit tombée, à heure variante - entre 21h et 2h du matin - le seul énergumène à pénétrer, sans hésitation, dans l'eau froide de la Méditerranée, pour nager, me ressourcer, aller trouver le lien entre la mer de la nuit et celle du matin, profiter des lumières de la ville et celles des étoiles, être un élément parmi d'autres, sentir qu'à tout moment, ma vanité peut se rappeler à moi. Faire le point, aussi, de ce que je suis, de ce que j'ai fait, dans l'année écoulée. M'évaluer et m'apprécier plus justement que je peux le faire sur la terre ferme. Tant que je vivrai des leçons de cet ordre, je n'aurai jamais froid dans l'eau.
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29/08/2014
Siete.
Mes deux amours réunies sans jumelage, les villes de Sète et celle de Séville, pour une exposition au Musée International des Arts Modestes, un MIAM toujours goûteux, ici, pour ceux qui se souviennent du cimetière marin revisité, l’année dernière, par l’équipe de la Présipauté de Groland. « Fin de fiesta a Sevilla », donc, pour un expo somme toute banale, sauf quelques oeuvres, mais surtout, surtout, un documentaire consacré au Baile Flamenco avec Israel Galvan, le plus félin des danseurs, qui travaille son équilibre sur un plancher large comme une poutre, mouvant, l’obligeant à s’adapter au moindre des mouvements du sol. Quand je danse sur le sol, il ne me répond pas, dit-il. Alors, j’en ai créé un auquel je puisse parler. Le flamenco est une âme: la technique ne suffit pas, il faut que quelque chose se dise.
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28/08/2014
Sète un beau roman.
Un pet de l'esprit peut-il compenser, ce soir, une absence de note? Et si je vous dis qu'aujourd'hui, dans un jumelage étonnant, j'ai rencontré Israel Galvan, un des plus grands danseurs flamenco de tous les temps, je suis excusé? Ou si je raconte que le bluesman qui m'accompagne est tombé, en slip de bain (mode Amalric dans "Comment je me suis disputé") sur un excellent joueur de Koumbri , je passe pour un fabulateur? N'est-ce pas là la meilleure définition du romancier?
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27/08/2014
Sète encore l'été.
Il y a la vérité de la plage, celle des corps, celle des couples, celle de l’usure du temps. Il y a celle des magazines, des livres qu’on y lit. Il y a la vérité des jeux de raquettes, des comportements consuméristes, des déchets qu’on laisse en partant, des mégots jusqu’aux gobelets plastique qui termineront leur vie dans le ventre des dauphins. Il y a la vérité du soleil sur la peau, celles qui ne le supportent pas, celles qui l’ont tant aimé qu’il leur laisse en cadeau de rupture un cancer ou des rides précoces. Il y a cet infini sans cesse renouvelé, ce bruit qui, quand on nage loin du bord, s’étouffe, s’étiole et nous remet en face de l’élément, de ce pour quoi on a oeuvré dans l’année qui s’est écoulée.
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26/08/2014
Sète extra.
Il y a à Sète un esprit prolétaire qui m’a toujours plu: non que je m’en revendique, mais il a au moins le mérite de m’éviter le luxe et l’ostentation de la Côte-d’’Azur. J’y arrive quatre ou cinq fois dans l’année, désormais, avec l’agréable impression d’être chez moi, puisqu’on a vite fait le tour des lieux, des cantines, des plages. A chaque épisode, je décide d’une visite de tel ou tel musée, ou d’un des deux cimetières marins - dont l’un l’est moins que l’autre, d’après la chanson - ou pas: le plus important, dans les villes dans lesquelles on revient, souvent, c’est de ne pas se laisser dicter sa conduite, de faire selon l’humeur, le vent, ou l’appétit! Il n’y a que dans les endroits de passage qu’on se presse, et qu’on rate tout à vouloir tout voir. Ici, je me laisse porter: aujourd’hui, j’ai fait la connaissance du meilleur fabricant de tielle de la ville, ce qui n’est pas rien. On s’est arrêté, on a discuté, des voyages, de Cuba, d’autres choses. Puisqu’il était tard, on a réservé ses tielles pour demain, qu’on mangera sur la terrasse, en se demandant s’il est une autre façon, plus signifiante, de prendre le temps.
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25/08/2014
Dyscalculique.
Dans « 3X8 », qui s’annonce donc, il y a tout un tas de calculs destinés à perdre un peu l’auditeur ou le spectateur (le lecteur, lui, laissera son cerveau poser les multiplications ou les soustractions) et à renforcer l’effet comique. Un comique absurde. Il n’empêche, puisque c’est son rôle et que j’en ai déjà parlé, il a fallu les reprendre un par un, ces calculs, avec l’éditeur, les simplifier, les vérifier, puisque, si mon imaginaire est fertile, mes mathématiques sont souterraines. Ce qui l’accable, par ailleurs, plus encore que quand je confonds le blé ou le maïs dans « la partie de cache-cache », roman dans lequel, déjà, j’avais eu des problèmes avec les intervalles, pour calculer l’âge de l’invité-mystère. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’un jour, alors qu’il me fallait, en pleine préparation d’une paëlla, multiplier par deux et demi la dose de riz pour définir celle d’eau à verser dessus, j’ai appelé toute ma fratrie à ma rescousse et qu’à trois, affichant, chacun, un bagage universitaire conséquent, nous parvînmes à trois résultats différents. A part ça, je travaille.
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24/08/2014
Une frontière commune.
J'ai proposé il y a quelques semaines, lors d'une réunion préparatoire, une intervention sur le thème de la frontière, de l'identité et de l'appartenance à l'Association Lettres)Frontière, qui a tellement aimé "Tébessa, 1956" qu'ils en ont vieilli le titre de deux années, histoire de prolonger le plaisir, sans doute. Il n'empêche, parmi ces petites provocations qui font le sel d'une existence, il y a cette conférence philosophico-poétique que j'ai proposée, et qui s'approche, le 20 septembre à Divonne-les-Bains, en bord de lac, dans un cadre et une salle magnifiques. Il ne me reste plus qu'à faire face, et c'est là que la tension monte... En tout cas, outre quelques références choisies, j'y lirai des extraits de Tébessa, donc, et le passage de la frontière - suisse, justement - dans Aurélia Kreit. Et je me suis promis de prendre des tonnes de notes en amont, et de tout laisser chez moi le jour J, histoire d'être convaincant. Si vous passez par là, venez. Et si vous êtes dans les parages la semaine d'avant, allez écouter Nicolas Couchepin, dont je parlerai bientôt, ici.
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