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19/04/2020

Vanneyre 2022.

Il fallait un nouvel écrin à cette chanson réorchestrée – il y a prescription, on peut dire maintenant que l’harmonica bousille tout l’album de NADA – bidouillée de longues heures par Eric dans son studio : il faut dire que Fred Vanneyre, s’il a été l’ami absolu, l’alter-ego, n’a pas été un client facile, en refusant de dissocier, dans les prises, la voix de la guitare. Faites le décompte vous-même : il faut retravailler toutes les pistes, effacer l’arrière-plan acoustique en gardant le chant, repiquer les partitions de guitare, gommer l’harmonica, donc, le remplacer dans le spectre par une deuxième gratte, un petit gimmick qui nourrit le volume. C’est de la réécriture, mais elle est nourrie par l’envie extrême de ne pas laisser mourir une pareille chanson. Et puis, des années après, par le biais d’un autre protagoniste de la période, on retrouve 11s. d’un rush vidéo, vestige d’une époque où les téléphones ne filmaient pas, où l’on pouvait disparaître sans laisser d’autres traces qu’une ou deux photos par ci, et des textes par là. Ces textes-là, les autres, il va falloir qu’on les ressorte, un par un, qu’on convainque des chanteurs de venir poser leur voix sur du Vanneyre, de faire revivre, sur du velours, les chansons d'un Leprest qui n’aurait pas eu le temps. Quoique, une chanson comme « Nocturne », écrite à 20 ans, m’a toujours complètement subjugué, et m’a fait m’interroger sur la possibilité qu’il ait en fait tout dit, mais en très peu d'années.

11 secondes d’une vie retrouvée, transformées ici, et lâchées de nouveau.

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17/04/2020

L'esprit d'Eloise.

QA.jpgIl ne faudrait pas qu’elle passe inaperçue, la sortie de « Quantifier l’amour », le deuxième album d’Eric Hostettler, onze ans après « l’Eclaircie », qui ouvrait notre collaboration, après un premier travail autour de la musique de Fred Vanneyre. J’appréhendais presque de le recevoir, parce qu’une telle abnégation, un accouchement pareil, ne se reproduira sans doute pas, même s’il ne faut jurer de rien. Si le dehors, aujourd’hui, est en suspens, il reste la mémoire, le souvenir, ces chansons enfin délivrées, comme « l’Embuscade », écrite sur un coin de table le lendemain de mes 40 ans, interprétée sans filet à Bloye, lors de ma première rencontre Lettres-Frontière, la mini-tournée qui a suivi, ces chansons qu’on enchaînait, un texte dans une boîte virtuelle, le morceau le lendemain. Mon rêve d’être le Djian de quelqu’un, réalisé. Et ces 400 coups, toujours, partout. QA débute par « Pas loin de la soixantaine », dont il a fallu modifier le texte d’une décennie, pour qu’il colle à l’actualité. Pari audacieux, morceau long, comme celui qui bouclait « l’Eclaircie »… Bel équilibre dans la compo, mixage & mastering réussis, malgré la sensation que l’acoustique lui correspond mieux, à l’Hostet’. Que la parenthèse connue avec Gérard Védèche pour « Littérature & musique » est bel et bien refermée. Mais c’est son choix, son expérience solitaire des milliers d’heures passées dans son studio. Le pire, c’est que ça marche, sur le titre éponyme et son ping-pong en filigrane, sur « mon ex », une des deux chansons qu’il assume totalement, auteur-compositeur-interprète. A se demander, du coup, s’il a encore besoin de moi, qui signe huit des onze titres du disque.

La bascule, dans l’album, c’est « Vanité des vanités », la plus belle de toutes, selon moi, qui colle au timbre d’Eric, à la fatalité qui s’est emparée de nous, de nos amours respectives, nos concessions, aussi. Tout ce qui peut se passer, en dix ans.

L'album s'écoute ICI, mais pour défendre la création, il est préférable de l'acheter.

Pour obtenir le CD  (classique en blanc 15€ - série limitée à 45 exemplaires, en noir 20€)

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10:36 Publié dans Blog | Lien permanent

13/04/2020

L'Embuscade.

Le dernier plan de cette vidéo - très Gérard Manset - est éloquent : le chanteur, déjà dans une semi-pénombre, se retourne du côté du contre-jour et on ne le distingue que très peu. C’est une des particularités de Jean-Christophe Géminard que d’être très discret et observateur, jamais dans le manifeste. Alors même que le bonhomme est impressionnant à lui tout seul, indépendamment de sa (très) belle gueule : scientifique de renom, habilité à encadrer des recherches post-doctorantes à l’ENS de Lyon, il aurait pu inspirer mon Gros Robert si celui-ci n’avait pas été inspiré par un ami commun. Il est déjà venu chanter pour moi, JC, quand j’ai présenté la Girafe à la Balançoire, s’était, là aussi, presque excusé d’être là, avait glissé une ou deux confidences, notamment sur la perte récente de son père, qui lui avait connu l’Algérie. Ce soir-là, sous l’effet du trac – et de l’humour potache d’un écrivaillon qui devait s’agacer qu’on ne centrât pas, ce jour-là, l’attention sur lui - il avait, disons-le, raté le rendez-vous avec cette chanson qu’il s’est appropriée, et qu’il joue un peu partout, dès qu’il le peut. L’Embuscade, jusque là, je disais que seul Eric Hostettler, son compositeur, pouvait la jouer, tant elle épouse la fragilité du timbre et de la vie. Elle sortira, plus de dix ans après son écriture, sur « Quantifier l’amour », dans sa version définitive. Elle existe aussi ICI, telle que le quatuor « Littérature & Musique » l’a interprétée en librairie, en galerie ou en concert privé, il y a un siècle. Et depuis hier, alors, sous cette forme.

NB: ce morceau, longtemps promis, est arrivé hier en plein 11e épisode de mes lectures du confinement. Je lis en direct, en FB live, les 19 chapitres de "Tébessa, 1956". Avec fragilité et approximations, revendiquées. J'en ferai, après, un enregistrement audio que je rendrai disponible.

09:34 Publié dans Blog | Lien permanent

12/04/2020

Les embrassades.

Il y en avait de toutes sortes, celles qu’on faisait du bout de lèvres, par convention, et puis celles qui remontent à la surface, en ces temps troubles. Dignes des premières bises qu’on a faites à l’école, quand on restait une seconde de plus en attendant de passer à l’autre joue, comme pour marquer l’instant. Les marques d’une amitié enfin avérée entre hommes, entre artistes, aussi. La confusion permanente sur le côté où commencer, surtout dans les régions où le rituel est impair. Mais une embrassade, au sens littéral, c’est autre chose, encore, c’est poser une main forte sur l’épaule de l’autre quand on noue le contact, s’arrêter vraiment sur la personne qu’elle est et qu’il nous plaît de voir, de croiser, de retrouver. C’est la marque d’un ancien amour jamais perdu, une appropriation momentanée, c’est tout ce qui fait que l’on se sent vivant, social – au sens noble. C’est l’homme un peu attablé, dirait cet imbécile de Claudel (Paul). C’est aussi, quand il le faut, la marque de l’au-revoir, celle de l’adieu, parfois. Je pense à ces personnes qui ne peuvent pas embrasser leurs proches, ceux qui s’en vont. Sans doute la pire des damnations.

11:57 Publié dans Blog | Lien permanent

08/04/2020

Neiges d'avril.

eloise prod.jpgLa période est propice à la collapsologie personnelle, soit. Après « l’école buissonnière », hier, voilà que l’Internet mondial – comme l’a toujours appelé une amie chère – propulse aujourd’hui une actualité bien désuète, si l’on peut dire. Parce que « Quantifier l’amour », cette chanson, elle a dix ans, me ramène à la sortie de « la partie de cache-cache », à Cluses, dans la librairie « Jules & Jim ». Une soirée rendue inoubliable par la neige qui nous a coincés dans l’auberge, plus avant par l’accueil qui a été fait au roman, par mon interprétation-surprise, en hommage à mon hôte, du « Tourbillon de la vie » - dont s’est souvenue une des convives à la mort de Jeanne Moreau ! – et la première fois que ce titre-là a été chanté en public. Dans la vidéo d’époque, on entend un homme – dans ma mémoire, il est très grand, très fort, très amoureux de la libraire aussi – lâcher un « woooh ! » impressionné, dès après la dernière note. Dans mes souvenirs enneigés, il y a aussi cette question qui s’est posée un jour, au petit matin, quelques semaines avant, comme une provocation, la somme des amours qu’on a vécues, et l’association qui tombe, dans la bouche d’Eric (Hostettler) : « Peut-on le quantifier, l’amour ? ». Il faut une dizaine de minutes et un coin de table à un auteur pour faire le reste. Accessible aujourd’hui, alors, dans une version qui n’est pas celle que j’aurais choisie moi, mais ça, ça n’est pas (plus) de la partie de celui qui écrit. Ça reste bien en tête, au bout du compte. Et puis la voix de Valeria, et ce film de Cédric Kahn...

Vous pourrez bientôt commander l'album, à venir, ici : j'ai écrit 8 des 11 chansons. Originellement, il devait y en avoir 12, dont 9 de mes textes, mais l'un d'eux - que je disais moi - a été coupé au montage. J'y reviendrai.

 

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07/04/2020

Chienne de vie.

On en est tous à faire comme si on allait bien. Comme si l’invité surprise, dehors, n’avait pas frappé ou ne frappait pas, actuellement, un proche, une connaissance, quelqu’un dont on apprend, incidemment, qu’il a contracté la maladie et qu’il n’a pas tenu. Dans ces temps de bilan, forcément, on la remonte, la route, ses mutations brusques – Virilio n’aura jamais été si actuel – ses accidents. Ses phénomènes. Tout ce en quoi j’ai toujours cru, par ailleurs, sans même pouvoir me targuer d’avoir eu raison : les liens que j’ai tenus longtemps se distendent, les fils doubrovskiens sont unilatéraux. Au cœur de la nuit, un visage connu d’ici raconte, la voix harassée et la respiration assistée, comment il s’est vu partir, fut rattrapé in extremis. Il dit sa joie ultime d’être revenu et d’être entouré, c’est poignant. Et là, deux visages qui ont changé ramènent un moment d’insouciance à la surface, le temps d’une chanson. On trouvera toujours que, ou alors que, mais c’est vraiment la chanson qui compte, cette fausse bluette écrite il y a plus de dix ans, quand on y croyait tous. La difficulté provocatrice, à cette époque, se résumait à savoir qui, de l’auteur ou du compositeur-interprète, mourrait le premier : ça changeait tout, parce que si l’auteur pouvait partir en beauté, sous l’interprétation de ses textes, il n’en était pas de même pour l'autre… Cette chanson-là fait partie de mon patrimoine de cinq, celles qu'on interprétera à mon enterrement, avec quatre autres qu’il me faudra choisir. Pas facile, mais toujours plus que de hiérarchiser les cinq personnes qui, à l’heure actuelle, sont autorisées à voir partir leur proches. 

09:43 Publié dans Blog | Lien permanent

06/04/2020

Diffraction.

Capture d’écran 2020-04-06 à 10.29.49.pngIl est totalement incongru de parler de soi en cette période (déjà qu’en temps normal...) mais l’Ambidextre – blog ambitieux, aux notes quotidiennes et aux rédacteurs multiples - avait déjà repéré le projet AK et relevé la parution du roman. Hier, suite à la diffusion d’un extrait du concert du 28 septembre, il a fait le lien entre les deux Aurelia, le groupe qu’il allait visiblement voir dans sa jeunesse, lui aussi, et le roman, dont l’encadré rappelle qu’il ne l’a pas encore lu mais qu’il va s’y mettre. C’est un article complet que celui d’Olivier Melville, avec un point qui interpelle, sur l’avant, ces moments de rencontre, de frénésie collective, de promiscuité. Les artistes, aujourd’hui, jouent sur leur balcon, dans leur cuisine, n’obtiennent à la fin de chaque morceau que des applaudissements qu’ils n’entendent pas. Nous reverrons-nous ? demande l’article. Y retournerons-nous ? Je regarde ces images attendues comme on contemple un vieux super-8 transféré numériquement, comme un temps d’avant qu’on imaginait inoxydable. Déjà qu’Aurelia, dans sa diffraction, nous avait habitués aux ellipses de trente ans… Bref, c’est ICI, et ça fait autant de bien que de mal.

10:33 Publié dans Blog | Lien permanent

30/03/2020

L'air du temps.

J'ai été invité - sur la recommandation d'Isabelle Flaten, que je remercie - à m'exprimer sur la condition de l'écrivain en situation de confinement. C'est tout sauf un journal du même type, évidemment. J'ai refusé d'écrire une chanson sur le sujet, pour ne pas céder à l'opportunisme; mais on ne peut rien refuser à Dan Burcea, "jardinier en intelligence humaine" et à son amour de la littérature. C'est ICI, en Lettres capitales.

09:56 Publié dans Blog | Lien permanent