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31/12/2020

Une année à l'envers.

Comme promis, et comme Kronix, le Cheval de Troie tirera sa révérence à la fin de cette année qui commence. Mais retrouvera en 2021, j’en fais le serment, le rythme quotidien qu’il a occupé pendant des années, sur ses treize ans d’existence. Amusant de prendre un engagement que l’existence peut balayer d’un revers de ses soubresauts. Mais c’est une façon de dire au revoir, les yeux dans les yeux, sans lourdeur et sans la sulfateuse des malentendus douloureux. A demain, donc. Et bonne année à tous ceux qui restent.

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08/12/2020

Aurelia, dans le monde d'avant.

L'auteur est agité et intarissable, mais dans cette rencontre datée d'avant le premier cataclysme social et culturel, il s'est passé plein de choses et j'ai eu l'occasion de couvrir l'essentiel des thèmes du roman. Et pour reprendre les mots envoyés hier d'une libraire militante (il en reste), "une rencontre littéraire sur Aurelia, faut le faire, moi j'ai envie que tu en parles ! Du roman russe et tout ce qui va autour Je milite pour que les livres aient une durée de vie illimitée ! autant dans la vie littéraire que dans les librairies. Deux mois dans les librairies pour être vus avant de disparaitre des rayons, un an vis-à-vis des invitations aux salons et festival, c'est court…" En attendant, pour ceux que ça intéresse :

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06/12/2020

Alterbiographie.

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C'est un travail de titan, mais je réunis tous les portraits que j'ai faits de mes amis, proches et rencontres depuis 2003, dans le projet, pour 2023, d'une anthologie de 101 Portraits de mémoire. D'ici là, à condition que je m'y penche un peu plus, les 14 portraits de Clara Ville auront vu le jour, avec des dessins de Franck Gervaise. C'est dérisoire, mais essentiel.

 

 

 

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10/11/2020

Infréquentable.

Il arrive parfois que la réalité dépasse la fiction, et qu'aucune explication ne tienne face à des enchaînements de malentendus, ou de déceptions, faut-il dire. Qu'une image renvoyée semble ne pas correspondre du tout à celle que l'on peut avoir de soi mais satisfait les autres dans celle qu'ils se sont faite : autant ne pas lutter et, à son tour, lâcher prise sur tout. Et faire le dos rond en attendant des lendemains dont on sait, en ces temps aléatoires, qu'ils n'arriveront jamais. 

Un constat bien sombre contrecarré par l'exercice que Dan Burcea, une nouvelle fois, m'a demandé de faire pour Lettres Capitales. C'est ICI.

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05/11/2020

AURELIA CROÎT.

Après avoir abordé une première fois le fait historique avec son premier roman, « Tebessa, 1956 », récit subjectif à la première personne d'un jeune soldat enrôlé pendant la guerre d'Algérie, Laurent Cachard revient, onze ans après, avec cette fois-ci un roman historique, « Aurelia Kreit ». Un ouvrage racontant les prémisses de la première guerre mondiale à travers le destin de deux familles juives-ukrainiennes émigrées. Ou quand la petite histoire rencontre la Grande. Une réussite.

couv-Aurelia-Kreit-550x803.jpgUkraine 1904 : deux familles dont les paterfamilias, Nikolaï et Anton, oeuvrent sur un site sidérurgique, fomentent en douce un plan pour échapper aux pogroms qui menacent de jour en jour leur judéité. Ukraine 1904 : deux hommes, à l'humanisme universel, parcourus par un altruisme naturel et ouvert sur d'autres cultures, voient également leur identité ukrainienne menacée par la Grande Russie de l'. époque, voisine de quelques kilomètres. Une Russie que n'a de cesse un certain Vladimir P. de vouloir remettre au goût du jour. Mais c'est une autre histoire. Quoique...

Anton Kreit, un homme bon et juste, suscite les jalousies, les rancoeurs et la suspicion depuis qu'il est passé contremaître. Du fait de ses origines juives, aussi.

Sa fille, Aurelia a donné le titre à ce roman fleuve, passant du mutisme de ses premières années d'enfance à l'affirmation d’un espoir renaissant, telle une clarté lumineuse déchirant le ciel obscurci, et à vrai dire réjouissante au sortir quasiment de deux décennies traversées par l'abjection et la barbarie qui déboucheront sur la première guerre mondiale au seuil de laquelle prend fin le récit. Nous sommes en mai 1914.

Une « Grande Guerre » dont on sent tout au long du récit les frémissements, l'avènement implacable. Une tragédie à laquelle participeront le père et la fille, chacun à leur façon, après avoir traversé le Continent et différents pays pour finir en France, patrie des droits de l'homme. Et plus particulièrement dans la Région Rhône-Alpes, haut-lieu de la production d'armement de l'époque. Après avoir subi, aussi, des tragédies intimes, humaines comme la mort de l’un d’entre eux, sauvagement assassiné, en pleine rue ; elles n'altéreront pas leur jugement.

                                                                  Un roman russe

Vous l'aurez compris, le roman de Cachard, qu'il voulait « russe », mêle la petite histoire à la Grande. A la façon donc de ces romans dont la portée universelle a marqué des générations de lecteurs. Ce à quoi pourrait bien prétendre celui d’un Croix-Roussien, parti avant la « gentrification » de ce quartier jadis populaire, au sens noble du terme.

La Croix-Rousse, dont l'auteur de ces quelques lignes partage modestement les origines : terre des Canuts et haut-lieu de l'industrie de la soie, des métiers à tisser, dont plusieurs pages du roman nous rappellent d'ailleurs la beauté méticuleuse. C'est d'ailleurs une des spécificités du roman que de nous confronter aux métiers manuels, à leur dureté mais aussi à leur technicité et à leur artisanat délicat, au gré des villes traversées par les familles, au travers le destin d'Anton. Ce dernier aura été tour à tour ouvrier dans la sidérurgie à Iekaterinoslav, puis dans une imprimerie à Vienne, ensuite dans les métiers à tisser à Lyon, enfin dans une usine fabriquant. des armes à Sainté. A chaque fois, on sent la pâte de l'auteur, lui-même méticuleux, attaché aux détails sans que cela ne soit pesant à la lecture. Un bel hommage en vérité au prolétariat.

A l'image du travail effectué sur le plan historique, des recherches accomplies concernant la découverte des diverses capitales comme Odessa, Vienne et Lyon et dont on ressent l'historicité, le vécu des populations, et dont on hume la fragrance âcre au vu de la montée de l'antisémitisme, en particulier dans la première partie ukrainienne assez stupéfiante par son rendu. 

Il ne faudrait pas cependant oublier que « Aurélia Kreit » est également un roman à suspens. Pas au sens du « thriller » policier mais à celui de « page turner ». En effet, la petite histoire, celle de ses deux familles émigrées fuyant l'oppression est haletante. On suit avec passion et effroi leur destin sans cesse remis sur la table des grandes destinées dont le symbole ultime sera la décision prise à la fin du roman par Aurelia de panser les plaies de la guerre et dont il nous faudra combler les trous de notre imaginaire, le récit s'arrêtant aux prémisses de ce nouveau départ, empreint d'humanisme, le poing levé à la face des belliqueux. RVB

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15/10/2020

Jules-de-chez-Smith-en-face.

Capture d’écran 2020-10-15 à 17.58.52.pngAu même titre que le lieu s’étiole et se rend au silence, ce qu’il advient des autres, dans le monde de aujourd’hui/demain ou autre n’a aucune espèce d’importance. Pourtant, plus ici qu’ailleurs, j’en ai la prétention, l’on doit déplorer la fin d’un rendez-vous qu’on a pensé inoxydable : Kronix, c’est, ni plus ni moins, plus de dix ans de notes quotidiennes, comme son nom l’indique, c’est l’inspiration du Cheval de Troie et, puisque l’élan s’est fait à Genève, en 2008, puisqu’il est issu d’une vidéo d’une minute sur « Tébessa, 1956 », puisque la relation s’est fondée sur les ouvrages que nous avons sortis – et référencés l’un l’autre – plus d’une décennie durant, permettez-moi, alors, de pleurer la perte d’un repère supplémentaire. Je comprends, humainement, la lassitude du garçon, la difficulté de se renouveler quand, jour après jour, les échéances pèsent de plus en plus, entre le travail à rendre, celui à concéder, plus le questionnement de sa propre légitimité qui grandit. Kronix, je le dis avec beaucoup d’affection, c’était Jules-de-chez-Smith-en-face, en mieux : un pendant qui nous forçait à devenir meilleur, chaque jour. Evidemment, la dernière digue ayant cédé, l’idée même du blog quotidien se remet d’elle-même en question. Mais comme le Cheval est redevable de quelques années à son aîné, et comme, en gémellité, il ne fera – jamais- rien de ce qu’on attend de lui, c’est l’année 2021, promis, qu’il tiendra, comme avant, jour après jour, avant de s’éteindre, et de tomber dans un oubli qui, comme en face, on le suppose, mettra du temps avant d’oser faire son office.

 

 

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25/08/2020

Ce monde n'est pas le mien.

A partir d’un moment, il faut tout essayer, jusqu’à la duplicité la plus complète : écouter en boucle des hymnes nihilistes et adolescents, s’essayer à un absolutisme plus fréquenté depuis des décennies, mesurer ce qui nous en a séparé, les lâchetés, les concessions, les abandons les plus multiples. Endosser la faute, psychanalytique, la difficulté d’être dépassé. Ecoper la souffrance qui vient de toute part et affecte les autres rapports, sociaux, familiaux. À quelques jours d’un anniversaire – de deuil – que je refuse de fêter, reconnaître que tout est dit, que les pertes sont parfois bien vivantes, assumées, et pas de notre fait. Ne pas savoir, non plus, quelles seront les étapes, prochaines, si le silence prendra fin. L’effet miroir est permanent, et l’art du portrait, que je ressortirai du placard dans quelques mois, n’est pas sans incidences.

« Tu vois, parfois j’ai l’impression que je peins pour me venger, de ne pas avoir été assez aimé de ne pas être reconnu comme j’estime devoir l’être. Je me venge des échecs que j’ai moi-même construits par auto-destruction. Mépris de soi réactivé, tu te souviens de la chanson ? C’est comme avec les femmes, je vais m’éloigner de celles qui m’ont aimé justement parce que j’ai peur qu’elles aiment un autre en moi, celui que je ne suis pas. On a suffisamment dit de moi que j’étais un séducteur pour ne pas me reconnaître dans ce portrait-là : comme si j’avais besoin, jusqu’à la fin, de me chercher. Il y a un brin de paranoia, là-dessous, parce que je reste au centre d’un univers que ceux qui me voient pensent être le mien, mais qui m’échappe, que je ne m’approprie pas. Toi, j’ai l’impression que tu écris par damnation : pas la tienne, non, celle de ceux qui t’inspirent. Si tant est qu’ils se reconnaissent dans l’exercice, ils n’y échapperont pas. Ni le temps, ni l’idée que le livre soit livre ne leur permettront de s’en sortir. Oh, ils s’en convaincront, mais une petite part d’eux-mêmes sait qu’il n’y a pas d’issue. Je la comprends, Clara Ville, qui n’avait qu’une crainte, finir tuée dans un roman. Mais il y a pire, finalement : que le peintre tienne le portrait, que l’auteur le réussisse et le portraituré sera redevable, dans sa vie et dans ses choix, de ce qu’on a dit et fait de lui. » Girafe lymphatique, le Réalgar, 2018

 

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23/08/2020

Nami.

Cedrus_libani_Lebanon.jpgIl faut savoir laisser du temps au temps, de Montaigne à Mitterrand, on connaît l’adage, dans ce pays. C’est l’émotion qui préside quand l’horreur et la fatalité frappent, comme elles ont frappé Beyrouth, cet été. Depuis, par l’action d’une photographie, nue, crue, comme la réalité, d’une femme ensanglantée, une femme que je connais – peu, mais que je connais – une mère blessée et une sœur meurtrie, la banalité se désincarne un peu plus tous les jours, et la mémoire agit, quand l’actualité n’est plus. On est nombreux à guetter les signes de vie, les hurlements dignes de cette femme, icône de son pays, souriante et pleine de vie, jusqu’au 4 août. Nombreux à attendre que reviennent des clichés qu’on ne verra sans doute plus jamais ; à espérer que le cedrus libani planté chez Sandro fasse de l’ombre à tout ce qui a entraîné le drame qu’elle a vécu, jusqu’à la perte d’un frère, pour qui l’arbre, là-bas, dans la montagne, a été planté. On ne peut, devant l’horreur, que compatir, envoyer des brassées d’amour fraternel, espérer comme des enfants que les choses s’arrangent, mais elles ne s’arrangent pas, les choses, quand elles nous prennent ce qu’on a de plus précieux. Nami, c’est un trop beau prénom pour mourir, et pourtant il est mort. Comme d’autres, sans autre raison que l’absurdité d’un système. On impose à ses proches de ne plus le considérer comme étant, mais ayant été, sans sommation, sans autre deuil possible que celui qu’il dicte, de là où il est, à celle qui le pleure. Et l’impératif catégorique, qu’il lui souffle, de retrouver son sourire. Pour lui.

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