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23/02/2015

Break your leg!*

J'ai été sollicité il y a un mois, environ, par une petite troupe de théâtre disant, par courriel, qu'ils appréciaient mon travail, et notamment mes nombreuses collaborations avec des artistes. Le transgenre, pour utiliser un mot branché. Le sujet sur lequel cette troupe s'apprêtait à travailler m'a intéressé tout de suite, sachant que j'ai besoin, comme beaucoup, d'écrire pour me faire une idée de ce que je dois écrire. L'argument portait sur la vraie naissance des Frères Lumière, quand Auguste, 17 ans, et Louis 13 ans, passant leurs vacances à Saint-Enogat, cherchent un lieu sombre pour développer leurs plaques photographiques : la grotte de la Goule aux Fées. Mais cet été 1877, ils se font surprendre par la marée, se retrouvent coincés dans la grotte et font serment, s'ils s'en sortent, de  signer de leurs deux prénoms les inventions qu'ils feront dans l'avenir. Cette grotte, dans la pièce, devait faire office de lanterne magique dans laquelle seraient projetés des extraits des films marquants de l'histoire du cinéma: "l'arrivée du train en Gare de la Ciotat", des deux frères, "le voyage dans la Lune", de Méliès et "le Chien andalou", de Buñuel. Un projet intéressant, une pièce courte, déjà écrite, aux trois quarts, deux jours après qu'ils m'ont sollicité, deux jours avant que je comprenne que leur démarche participait d'une Star Academy d'auteurs à l'issue de laquelle ils ont choisi le plus malléable, donc pas moi. Une expérience humaine de plus, et une pièce dans mon tiroir qui trouvera un jour quelqu'un pour l'interpréter. Ou pas.

* C'est comme ça qu'on se dit m..., en Angleterre, dans le monde du théâtre.

 

 

 

 

 

 

18:20 Publié dans Blog | Lien permanent

22/02/2015

Elle aura été.

C’est bien à ce moment-là qu’on s’en rend compte, que « être ou ne pas être » n’est pas la vraie question. Que les choses reviennent, via cette feuille qu’on voit se débattre avec l’énergie du désespoir pour ne pas que le vent – froid, dehors – l’arrache à sa branche, qu’elle quitte l’arbre qui, bon an mal an, lui a donné toutes les satisfactions de sa vie de feuille, sans jamais lui citer Walt Whitman, par élégance.

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21/02/2015

L'atelier Divonne (2).

S'il neige encore à Divonne le 30 mai pour la fin des ateliers d'écriture, je me dirai que je suis un peu le chat noir de cette belle expérience, qui a connu sa première vraie séance aujourd'hui, après la mise en commun des idées le mois précédent, les deux groupes confondus. Les Suisses étant rentrés à Monthey, les Français - en réalité, le partage est tout autre, plus géographique qu'ethnique - ont dévoilé ce matin d'autres histoires rédigées, souvent familiales, aux tonalités classiques, modernes ou naturalistes, avant que le squelette du récit envisagé commence à se dessiner. Une des anecdotes de la séance d'avant (une femme abordée par une famille de réfugiés qui lui demande de les passer de l'autre côté de la frontière) sert de départ, mais la façon de l'aborder n'est pas encore connue. Qui va parler, à qui, comment, les questions de l'énonciation sont importantes, dans la mesure où chacun devra respecter une unité de style tout en apportant sa touche singulière au récit. Il y a une touche d'inquiétude chez les plus anxieux, qui cherchent absolument à rationaliser ce qui ne sera, jamais, qu'imaginaire, mais la lecture de textes différents permet, c'est un paradoxe, de trouver des liens, des petites touches qui, par pointillisme, deviendront tableau. C'est untel qui traite, dans son histoire, d'un parent disparu dans la Grande guerre, c'est un autre qui s'intéresse à la joaillerie du début du siècle, un dernier qui donne à entendre les différences qu'entretiennent des gens tellement proches qu'on ne sait plus vraiment sur quoi se fonde le (gentil) malentendu. Que choisir, plusieurs narrateurs qui racontent la même histoire, le point de vue de l'étranger, celui de celle qui se souvient que tout n'a pas toujours été tranquille dans son existence, du moins dans celles qui l'ont générée? À partir de là, le groupe s'active, trouve des pistes, dans chacune des interventions, il y a des choses à prendre, d'autres à laisser, c'est le principe du collectif. Mes angoissées aimeraient qu'on ait, puisque la séance s'écoule à la vitesse de la neige qui tombe, un plan général et définitif, je leur explique que les personnages ont un peu ce qu'ils voudront, mais la situation initiale et l'élément perturbateur se mélangent, c'est une sacrée bonne idée que n'importe quel auteur aimerait avoir, on élimine pour être efficaces plus tard, on prend le parti du monologue intérieur, puisque l'habitacle d'une voiture, souvent, s'y prête. Mon travail consiste à rassurer tout le monde, puisque ce qu'ils apporteront s'intégrera dans le récit. On se demande si une femme de 45-50 ans, à l'heure des bilans, du retour sur soi, peut s'appeler Mélissa (improbable), c'est dire si on a avancé. Le plus gros conflit porte sur le statut des physiciens (la narratrice travaille au CERN, et passe la frontière tous les jours, sans y faire attention, et sans la tachycardie de ceux qui craignent qu'on les y arrête) et de leur rapport à l'humain, à la sensibilité, il est assez simple à régler, également. Les participants auront fort à faire, entre les deux séances, pour que la suite de l'histoire se dessine, qu'on fasse le lien, également, avec le groupe suisse, dont on ne sait pas ce qu'il aura imaginé, de son côté. Le casse-croûte commun est fraternel et convivial. Je leur répète que c'est bien parce qu'on m'a choisi pour encadrer ces ateliers que je ne me précipite pas moi-même sur une telle histoire. Dont le titre provisoire est "Marc Lévy & les baleines de Divonne", mais ne me demandez pas pourquoi.

20:37 Publié dans Blog | Lien permanent

20/02/2015

Les mots doux durent*.

Il m'évite, du coup, d'afficher ma trombinette ici et de manquer d'humilité: ce n'est pas moi qui ai décidé que j'occuperais toute l'affiche, en revendiquant, de surcroît, deux domaines dont un dans lequel je n'ai aucun talent. Je sais, je prête le flanc à Crétin (ma Nouvelle Star) en disant ça, mais c'est une réalité. La plus plaisante, c'est que je serai à Fleury-la-Montagne le 14 mars et que kronix vous donne aujourd'hui quelques bonnes raisons de venir m'y retrouver. C'est agréable de se savoir attendu, par des gens charmants, en compagnie, pour ne rien gâcher, d'un auteur prestigieux (et là non plus, ça n'est pas moi.).

* C'est Vitas qui m'a nougaroté.

18:59 Publié dans Blog | Lien permanent

19/02/2015

Ma banquière (quater).

Ah, ça, ça a dû lui en boucher un coin, que je demande un rendez-vous pour un prêt immobilier, à ma banquière ! Que je sorte du champ des potaches distrayants au salaire minimal. Mais ça m’a aussi permis de la voir en pleine activité, se remuant les méninges pour m’offrir, comme dans un rêve, le meilleur taux, les remboursements les plus fiables, des perspectives à vingt ans, soit, globalement, le nombre d’années que les gouvernements qui se succèdent vont m’obliger à travailler. En bord de mer. Avec, comme cantine, un écailler qui va me demander si j’en veux six ou douze. Un Picpoul ou un pot, en fonction des cours de l’après-midi. Mais je me perds : ma banquière, Lady Cash-Cash, deuxième femme de ma vie imaginaire, scrute son écran, légèrement penchée, sa robe Courrèges un peu froissée, au niveau de l’épaule. Elle me demande si mes revenus d’écrivain Lettres-Frontière sont pérennes, j’ai envie de lui dire oui, mais quelque chose me dit qu’il est compliqué de mentir à l’établissement bancaire. J’opte pour un Goncourt potentiel, à la moitié de mon temps passé là-bas, quand j’aurai ressorti mon roman-monstre du tiroir, elle sourit, c’est toujours 0,3% de taux gagné. Elle garde le silence, quand je n’ai pas d’inepties à dire, l’espace se remplit de ses clics, puis elle se redresse, et dans un sourire immense, m’énonce la condition sine qua non pour que mon prêt soit validé, dans les meilleures conditions possibles : que je m’engage à ne pas changer d’agence, que je reste avec elle, en somme. Les comptes bancaires sont parfois de vrais comptes de fées.

17:32 Publié dans Blog | Lien permanent

18/02/2015

Topobiographie.

Ma vie professionnelle m’aura fait traverser, en vingt deux-ans, quatre villes dont la moyenne des noms atteint quatre lettres et demie. C’est peu, juge, dubitative, la commune de Saint-Rémy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson, dans le bocage champenois. Le maire de Y, dans la Somme, n’a pas jugé bon de commenter cet état de fait.

09:01 Publié dans Blog | Lien permanent

17/02/2015

Balade d'un autre hiver.

Je marche dans les rues d’une autre ville que celle dans laquelle j’ai si souvent marché. Des jeunes me demandent leur chemin, timides. Je souris. Rien d’étranger à cela : quand Xavier se dit que les rues de Barcelone, qui lui paraissent hostiles le premier jour, lui seront si familières au bout d’un temps qu’il n’y fera même plus attention, quand je me promenais, il y a peu, dans les rues de Dniepropetrovsk en prenant les repères que je pouvais prendre, quand on se voit, déjà, quelque part où l’on n’est pas encore, tout cela participe d’une seule et même existence. Le grand départ n’est pas pour tout de suite.

19:57 Publié dans Blog | Lien permanent

16/02/2015

Môle Emploi.

Je fais à quarante-six ans ce que j’aurais voulu faire à seize : je ne laisserai personne dire que c'est une drôle de façon de boucler la boucle, dans des endroits que j’ai déjà tant habités.

22:14 Publié dans Blog | Lien permanent