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29/03/2015

Dum loquor, hora fugit.

Revendiquer toutes les heures d’hiver perdues dans la nuit, au cours d’une vie, et s’en faire une vraie vacance, reprise au temps.

18:51 Publié dans Blog | Lien permanent

28/03/2015

Les ateliers Divonne (3).

FullSizeRender-2.jpgLes ateliers d’écriture ont parfois des vertus thérapeutiques : en travaillant sur l’humain, et de façon collective, s’il vous plaît, on multiplie les chances de concentrer des angoisses, des transferts, des méfiances, qui sait. Pour la troisième étape de notre travail, la deuxième passée ensemble, toutes les inquiétudes ont émergé rapidement, dès le café : quid du cadre, de la consigne, du lien avec l’autre atelier ? Avec un message, à peine voilé : donnez-nous de la contrainte ! Alors même que l’exercice est inverse, et qu’au vu de ce que j’avais lu de ce que les membres proposaient, dans un premier jet, l’histoire de cette femme, à la moitié de son temps donné à elle, qu’on extrait, via un événement inattendu, de sa perpétuelle mesure de tout ce qui lui arrive, me semblait déjà, avant d’arriver, un matériau suffisant pour qu’on continue. Drôle de mise en abyme, de fait, comme si Gabrielle – qui n’est ni rousse ni serveuse dans un bar à Harfleur, je le souligne – était une partie de ce qu’ils étaient eux : quelqu’un qui a besoin de tout contrôler. Les éléments étaient là, tous : la voiture comme habitacle de la pensée, le fils, parti vivre sa vie,  le manque qu’elle ressent et qui renvoie à d’autres, plus douloureux encore, plus enfouis. L’histoire de ce grand-père, longtemps chéri, son passé de maquisard pendant la guerre. L’image de cette famille d’étrangers (des réfugiés ?) qui attend sur l’aire de nettoyage, où elle va faire laver sa voiture, indûment crottée. Qu’est-ce qui fera qu’elle s’arrêtera ce jour-là, particulièrement ? Et d’autres choses. Ils avaient tout, ils ont tout. Il ne leur reste, et c’est une bonne raison de chercher à reporter ses inquiétudes, qu’à écrire tout ça et être à la hauteur de l’histoire qu’ils ont lancée, comme on lance un on dirait que Gabrielle etc. Je sais tout le travail qu’il reste à faire, et les inquiets sont rentrés chez eux chargés de consignes, puisqu’ils en voulaient. Mais je suis confiant aussi, au regard de ce que je perçois qu’ils peuvent faire. Quand on en sera à la liaison avec la Suisse, on verra si les récits s’enchâssent comme on le souhaite. Sinon, on déconstruira, puis on refera un montage : après tout, l’atelier d’écriture, c’est avant tout de l’atelier.

18:59 Publié dans Blog | Lien permanent

27/03/2015

Initialement prévu.

Les mêmes gestes, le même nombre de pas jusqu’à l’hôtel, la même absence de surprise quant au retard SNCF (Initialement prévu, la nouvelle genèse selon la Cie…), une chambre identique à toutes les autres, trois heures et demie, quand même, après avoir quitté Lyon. Pourtant, une arrivée, où que ce soit, en tant qu’auteur est une belle arrivée, même tardive : le sentiment de quelque chose de mérité, pas pour la gloire, mais pour tout l’effort fourni jusque là pour se faire entendre, un minimum. C’est un autre paradoxe : même en plein doute, je peux venir quelque part en tant qu’auteur, sans avoir ni à en rougir ni à m’en justifier. Un message, sur la route, tombe pile : Fergessen, pour qui j’ai écrit en direct à la Souris Verte, veut faire de mon texte le fil conducteur de leur DVD à venir. C’est l’aventure humaine. Alors je mets les bouchées doubles, rature, relit, déconstruit et structure, pour essayer d’emmener tout le monde, demain, sur une histoire qu’ils ont eux-mêmes pensée, et qu’il me tarde de mettre en forme. Tout irait bien, si l’affichage électoral de la ville ne traduisait pas le fossé qui s’est creusé et qui, s’il s’avère, enverra ce type d’exercice et de lien social ad patres. Du coup, je m’en veux : dans ce car que j’ai attendu 1h, je n’ai pas rendu son sourire à la jeune Chinoise un peu perdue. Ça m’aurait obligée à subir Fun Radio, et les commentaires du chauffeur. Où qu’elle soit, là, ce soir, qu’elle me pardonne aussi.

18:58 Publié dans Blog | Lien permanent

26/03/2015

Extension du domaine de la lucidité.

Pas ouvert le fichier du roman depuis la chute. Pas envie, pas la foi. Fasciné par l’aveuglement qui a présidé l’urgence que j’y ai mis, par mon absence de lucidité. A mon âge, allons. Rattrapé par l’impérieuse nécessité qu’un manuscrit commence par dormir, six mois, un an, dans un tiroir, à condition qu’on en entame un autre. Que j’ai laissé aussi. Trop d’écrivains, trop de livres, pas assez de lecteurs. Trop d’enthousiasmes vite ravalés, même si dans ce domaine-là, généralement, l’un succède à l’autre : hier encore – encore – on me sollicitait pour ce premier roman qui a tant touché… J’écris, au quotidien, ici, pour d’autres, je fais écrire (paradoxe), je n’abandonne rien, mais les grands travaux attendront. L’autre décor, l’autre vie, celle d’avant celle où l’on se dira qu’on aurait peut-être pu en profiter davantage.

11:45 Publié dans Blog | Lien permanent

25/03/2015

Contre le style.

L'adverbe, ce barde qui gâche la métaphorêt.

18:24 Publié dans Blog | Lien permanent

24/03/2015

Reinette & Mirabelle.

Une saison, deux tableaux : dans le métro, deux jeunes gens minaudent ; visiblement, elle lui fait visiter Lyon, il est Black, très bel homme, élégant, elle pose sa main sur son bras quand il se moque d’elle parce qu’elle a lâché, parlant de cinéma : « ça doit être moins cher en province qu’à Lyon ». Ils rient, ils sont quoi, correspondants, étudiants en échange, je pressens qu’ils seront amants mais que je n’en saurai rien, puisqu’ils descendent. Et dans le bus qui suit, cette jeune femme, rousse, aux belles tâches de rousseur et à la coiffure impeccable, au beau chemisier lilas, elle parle avec cet homme qui regarde ailleurs, ne lui accorde qu’un regard toutes les fins de phrases. Elle en perd presque l’équilibre, quand le bus tressaute, se raccroche à la barre, un rien ridicule. Qu’il cautionne par son absence de réaction, cette ponctuation mécanique de leur discussion par l’assurance, furtive, qu’elle est encore là à lui parler. Ils descendent, je n’en saurai rien non plus, mais il ne la mérite pas.

17:59 Publié dans Blog | Lien permanent

23/03/2015

La prophétie du Misanthrope.

S'il m'est jubilatoire de fâcher mes ennemis, il m'est insupportable de savoir que des amis se sont sentis blessés par des propos que j'ai tenus et dont le sens aura échappé à l'un d'entre nous, au moins. À tous ceux-là, je demande pardon. Aux autres, non. Mais qu'ils patientent: la prophétie du misanthrope - et chercher sur la Terre un endroit écarté où d'être homme d'honneur on ait la liberté - n'aura jamais été aussi près de s'avérer, dans ma vie.

18:00 Publié dans Blog | Lien permanent

22/03/2015

Tidadadam.

Elle est en 5ème, elle a 13 ans, m’a confié que ce n’était pas facile, en ce moment, avec son copain, parce qu’il ne voulait pas que ça se sache. Je n’ai pu que lui conseiller de l’envoyer paître, tout en me rendant compte qu’il fallait bien trente-trois ans de plus pour raisonner comme ça. Et puis, bras-dessus, bras-dessous, comme deux vieux amis, nous sommes allés écouter son père qui chantait sur une grande scène, avec light-show, son professionnel et adhésion du public. Ça n’était qu’une première partie, peut-être, mais quand il lui a dédié une chanson parce qu’elle l’avait choisie pour son exposé de français (une œuvre remarquable d’un auteur remarquable, avait dit la prof), elle a rougi un peu dans le noir, sans savoir que le mélange est explosif.  Mais elle l’a reprise à tue-tête, comme moi à ses côtés. On nous a pris pour des fous, mais ça ne nous a pas dérangés : comme quoi la honte est relative, il faudrait que je l’explique à son copain.

 

16:11 Publié dans Blog | Lien permanent