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20/03/2014

Sexe & Violence.

J’ai un ennemi qui patiemment, guette la moindre occasion de déverser son fiel dans les commentaires de ce blog. Très régulièrement, je bannis son identifiant et à chaque fois, je le vois revenir, sous un autre pseudonyme, cherchant à me convaincre, mais sans aucune espèce d’argument, que mes romans sont mauvais, que je ferais mieux de me pendre. A l’occasion, je l’arrache à son insignifiance et lui réponds, comme hier, plein de curiosité envers la pauvreté de son existence qui le conduit à s’attacher à celle d’un autre pour la lui reprocher. Je l’assure, comme je l’ai écrit, de ma compassion autant que de mon mépris et j’espère sa visite prochaine, quand j’aurai terminé « Aurélia Kreit » : je suis sûr que sa quéquette est grosse, dirait Tachan, mais que la mienne l’est plus encore (vous étiez prévenus dans le titre).

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19/03/2014

Epinglé.

L’un de mes personnages, fortement inspiré par le créateur des premières Cités TASE, les villes-idéales, autour de l’industrie du textile, créées dans l’Est Lyonnais après-guerre, s’avère, dans la période qui ouvre justement le premier conflit mondial, un fieffé salaud doublé d’un profiteur (de guerre) de la pire espèce. Ce qui va m’obliger à quelques aménagements, à commencer par renoncer à l’hommage que j’aurais pu faire, en gardant son nom, à un brave homme, qui n’a pas demandé à se trouver dans ce bourbier littéraire, cent ans après.

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18/03/2014

Jen KTO.

Du plus loin qu’il m’en souvienne, j’ai commencé à écrire, réellement, à dix-sept ans, pour faire le portrait d’une jeune fille qui m’avait bien reçu alors même que l’ironie d’un stage professionnalisant m’obligeait à lui faire cours, ainsi qu’à ceux de sa classe de 1ère, alors que j’étais moi-même en Terminale. C’était un cours d’anglais, j’ai fait étudier « A heart in New-York », la chanson d’Art Garfunkel, et ma carrière, dans la matière, s’est arrêtée là. Ensuite, j’ai entrepris des portraits de mémoires, déjà évoqués ici, sur le genre de celui que Denis Simon a mis en bannière sur son site. J’en ai une petite trentaine, déjà, sans compter les articles sur les auteurs que j’ai croisés, qui sont en filigrane de véritables esquisses de qui ils sont autant que ce qu’ils écrivent. Là, puisqu’un projet chasse l’autre, dans ma tête, et histoire de complexifier l’histoire, je compte commencer la série de ceux et celles que j’ai rencontrés et que je n’ai presque pas connus. Ou mal. Ou pas suffisamment. Des portraits d'une mémoire in abstentia. Je crois que j’ambitionne d’être un homme complet avant de déposer les armes.

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17/03/2014

L'effet Cadbury.

Je me souviens que, à Pigny, dépité d’avoir mis un terme de cette « partie de cache-cache » que j’avais tant attendue, j’en ai rajouté un épisode, une fin devenue alternative, que mon éditeur a immédiatement décrétée comme superflue. Il faudra que je m’en souvienne quand j’aurai tout dit d’Aurélia Kreit, même si tout restera à dire d’elle, après que je l’aurai quittée.  

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16/03/2014

Propitiations.

J’avais proposé, il y a longtemps, à des amis de me donner des noms de personnes qui leur avaient fait du mal : je profiterais du contexte historique de « Aurélia Kreit » pour judéiser leur patronyme, l’ukrainiser également, et leur réserver un sort atroce, que les pogroms et autres persécutions de l’époque que je travaillais autorisaient, hélas. Ce n’était pas malin, mais les exutoires, souvent, manquent de finesse. J’avais moi-même massacré une de mes anciennes connaissances dans des circonstances particulièrement innommables, je dois dire. Et puis, les années passant, les torts se partageant et, surtout, le travail s’étant fait, la sentence s’est allégée, la haine a disparu. J’ai changé le nom de cette femme qu’on a massacrée à Krementchouk. Mieux, j’ai gardé le nom de ma vieille connaissance et l’ai déplacé dans les remerciements, au début du livre.

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15/03/2014

L'anagramme de l'évidence.

photo.JPGIl y a encore mieux que d’aller écouter un auteur dont on apprécie le travail et l’humanité parler de son dernier livre, il y a ces moments un peu privilégiés où celui-ci est invité à parler littérature, plus largement. Je ne me pose jamais la question de la distance quand « l’affiche » m’attire, très largement. Et je suis donc entré dans cette belle petite bibliothèque de Fleury-la-montagne, à quelques encablures de la ville de Roanne dont Christian Chavassieux est, depuis longtemps, un des habitants capitaux – même s’il a émigré vers la campagne à proximité – et un des plus beaux biographes, puisqu’il est acquis qu’une ville a des griffes, une âme et une identité. Je suis arrivé juste quand il commençait, j’aurais aimé me faire plus discret encore, mais la disposition du lieu ne me l’a pas autorisé : en poussant la porte, je me suis retrouvé avec son visage dans l’axe, et si je voulais assumer le côté surprise, je ne voulais pas que mon arrivée le perturbe dans sa présentation des œuvres qui l’ont fait écrivain. Fort heureusement, l’homme a de la ressource, et c’est toujours un plaisir pour moi de l’entendre parler de lecture et d’écriture, parce qu’il sait très bien le faire, de cette petite voix et de ce lexique choisi dont on me dira, juste après, qu’il a la même musicalité que celle qu’il recherche à l’écrit. Chavassieux est venu sans ses bretelles mais avec Pascale, « sa douce », c’est mon deuxième zeugma de la journée. Il parle des livres qu’il a lus, assume que ceux qu’il n’a pas lus l’ont aussi influencé. Il dit des choses qui me parlent immédiatement, comme le fait d’écrire ce qu’il croit nécessaire d’écrire, énonce les verbes lire et lier comme une anagramme de l’évidence. Il dit la difficulté de catégoriser les genres, dans la littérature, prend ses romans comme un modèle de cette quasi-impossibilité : on sait que le Psychopompe utilise les codes du polar pour mieux les dépasser, que Mausolées, son dernier, fait de même avec la science-fiction. Pour les avoir tous lus et chroniqués, je sais que les livres de Chavassieux parlent principalement d’écriture, et réécrivent la vie telle qu’elle devrait être, comme Charon soigne ses chroniques mortuaires, en fonction des valeurs qu’il a lui. A Fleury-la-montagne, on s’intéresse beaucoup à son « J’habitais Roanne », à cet exercice que j’ai appelé en son temps une auto-urbographie, la compréhension intime et personnelle des lieux constitutifs de ce qu’il est, et de ce qu’il est devenu : Roanne, dit-il,  a participé de son identité d’écrivain. Il parle de la musique de ses mots, un autre sujet que nous avons en commun, des scansions et de cette écriture qui s’entend à l’oreille.  Des expériences de petite édition, de poésie, de théâtre avec la NU compagnie, revendique les pièces qu’il a déjà fait jouer mais qu’il ne considère pas comme terminées (trop de texte encore, écrire, c’est effacer), s’excuse de trop parler puis reprend, parce qu’on est là pour ça et que le reste n’a aucun intérêt : c’est dans ces instants que se joue la question de l’âme qu’il a posée en début de rencontre, quand les passeurs de ses livres reçoivent puis transmettent. Il parle de la condition d’écrivain, de la médiocrité (étymologique) qu’il revendique jusqu’à en faire un succès (paradoxe), revient, puisque Mausolées est son dernier, sur les niches des romans non édités, ou édités bien plus tard, et sous un autre titre, aborde la science-fiction et la bande-dessinée qui l’ont longuement porté, passe du Savon de Ponge au Tarzan de E.Rice Burroughs, de Conan – dont il dit que Howard prétend l’avoir écrit sous la dictée de son personnage, ce qui, de Dom Juan à Aurélia Kreit, me parle plus que tout ! – à l’épopée de Gilgamesh, roi d’Uruk, le premier écrit de l’humanité, daté de 5000 ans et contenant déjà, pourtant, une analepse pour commencer.  Un livre dont il s'est inspiré pour écrire "la Joyeuse", qui paraîtra aux Editions du Réalgar, dans la collection de mon "Valse, Claudel". Tout est passionnant, comme prévu, et je me fais signer les exemplaires d’un livre que j’ai déjà lu, mais que je compte offrir. Parce qu’il faut absolument que des auteurs pareils soient diffusés. L’après-rencontre, dans des endroits pareils, est toujours délicieux et les petits fours s’enchaînent, mais je dois rentrer. L’essentiel était dans la rencontre, la part personnel se règlera plus tard. Quand je l’interrogerai en septembre dans « ma » librairie pour « l’affaire des vivants ». Parce que l’homme est prolixe et récolte, récemment, les fruits du travail qu’il n’a jamais cessé de mener. Et dont, je dois dire, je me suis largement inspiré, dans la méthode et dans l’intention. Cerise sur le gâteau, on me rattrape par la manche et on me demande si je veux bien intervenir dans cette petite bibliothèque : le principe de Cachard – selon lequel une petite commune rend une rencontre plus essentielle qu’une grande – a fait le tour de l’assemblée, et ce que Chavassieux a dit de Tébessa, aussi, sans doute. J’irai avec plaisir, bien sûr. Mais avec modestie, également : ça sera dur de passer derrière.

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14/03/2014

Les enfants de novembre.

Dans les cartons que je fais, en même temps que mes personnages font et défont les leurs, je retrouve des archives que j’ai gardées vingt ans ou plus, dans l’espoir de les consulter ou de les exploiter un jour. Qui n’arrivera certainement pas. Mais un autre viendra où les gens qui m’auront connu se demanderont s’il ne vaut mieux pas garder ça encore un peu, une petite vingtaine d’années ou plus. En tout cas, si vous comptez faire une thèse ou un roman sur les manifestations étudiantes de 1986, contactez-moi : j’ai gardé toute la presse régionale et nationale (avec les exemplaires du « Matin », qui n’existe plus), tous les tracts, tous les autocollants. Mais je n’écrirai pas dessus, j’aurai trop peur que les voltigeurs me rattrapent.

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13/03/2014

La vieille Madame Cachard.

Dans “Régis Mille, l’éventreur”, René Belletto, dont j’ai déjà dit que je le tenais comme un des plus grands auteurs contemporains vivants, parle d’une « vieille Madame Cachard ». L’action se passant à Lyon – comme à peu près la moitié des ouvrages de cet auteur – je me suis toujours demandé si l’écrivain avait un jour rencontré ma grand-mère paternelle, figure du quartier croix-roussien. Je ne le saurai jamais, mais alors que, dans l’écriture de mon roman, les temps se collapsent et ramènent Aurélia dans cette même ville, après tant d’aventures, je me sers du jeu de la fiction et vais faire rencontrer à mon héroïne – qui n’a que trois ans de moins que ma grand-mère, née en 1899 – une « vieille Madame Belletto », à l’étage au-dessus. Ça me paraît la moindre des choses.

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