30/04/2014
A heart (soon) In New-York.
Plus j'avance dans l'âge et plus je me rapproche du XIXe siècle, j'avoue que ça à un côté pratique. Se rendre compte au dernier jour d'avril et des lilas blancs qu'on m'a gentiment offert - pour que je passe mes 45 ans sans trop d'encombres - un voyage à New-York il y cinq mois et qu'il est l'heure que j'y aille. Enfin, l'heure, c'est relatif, quand on va à l'autre bout du monde, à des endroits où il est cinq heures plus tôt que celle où j'écris ces lignes, ce qui fait qu'elles me survivront peut-être, en cas de crash. Un peu comme "le Monde" du lendemain. Je suis donc là, à Orly, dans une de ces villes-fantômes qui ont fait que, depuis quelques années et après en avoir bien profité, je préfère les voyages immobiles aux vrais, qui m'obligent à subir, avant d'apprécier, trop de contingences, des trains et bus bondés qui témoignent trop de la disparition de toute forme de courtoisie et d'espace public, jusqu'aux employés grimaçants des aéroports qui ne l'ont jamais connue. Mais je ne vais pas faire la fine bouche: dans quatorze heures de plus que les quatorze heures qu'il est, je vais connaître cette ville de cinéma et de littérature à laquelle personne n'a échappé. Dans laquelle je rédigerai les chroniques qui suivront.
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29/04/2014
Lost.
Je boucle des bagages et je déteste ça. J’ai fait ce que je devais faire pour que, en cas de crash, mon travail de ces dernières années ne soit pas totalement perdu, mais ça n’a aucun sens. Plus que quiconque, j’attends avec impatience qu’on avance sur la téléportation, que, oui, je veux bien aller au bout du monde voir ce que d’autres y ont vu avant moi, mais j’ai aussi très envie de rentrer, avant même d’être parti, c’est comme ça. Et si j’étais un théoricien du complot, je dirais même qu’aller voir l’Oncle Sam au moment où je boucle mon roman russe, ne me donne que peu de chances d’atterrir, au final.
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28/04/2014
Travaux en cours.
Rien de tel pour pallier la difficulté de reprendre, mot à mot, un roman de cinq cents pages que de lancer l'argument, et les premières pages, du prochain, puisqu'il convient de ne jamais s'arrêter. J'entreprendrai donc, cet été, en parallèle avec les corrections d'Aurélia, de rédiger une fiction sur un homme dont les deux seules syllabes de son surnom sont des gages de frissons, et de Duende. La tâche est rude, mais exaltante: utiliser la fiction pour rendre compte de ce qui se passe dans la tête d'un homme qui se voit mourir, je l'ai déjà fait dans "Tébessa, 1956", mais là, j'envisage de ne garder du passage, une fois la surprise passée, que la métaphysique de ce qu'on laisse et, surtout, de ce qu'on retient. Dans le même temps, je m'approprie un peu de la part, non pas du mythe, mais des secrets d'un homme qu'il faudra bien réinventer pour qu'il nous en dise un peu plus. Après, comme pour Gérard dans Tébessa, il faudra que je sache où s'arrête la pudeur, que je ne m'y aventure pas. Ole!
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27/04/2014
Problème.
Le tatoueur dysorthographique faisait demi-tarif, et uniquement aux amateurs de cols roulés.
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26/04/2014
Hyperboles.
Cette réflexion, ce matin, entre deux corrections d’Aurélia : c’est laquelle, la plus belle chanson du monde ? Evidemment, une fois intégré le fait que l’avis peut changer toutes les heures, et ramené le choix à la chanson française, plus la contrainte de se dire que ce serait la dernière qu’on aurait à écouter, moins celles que j’ai écrites pour Eric et qu’il chantera à mon enterrement, tout cela crée un sacré casse-tête. Jusqu’à ce que l’évidence se rappelle et me remémore cet instant pas si lointain, pourtant, où j’allai jusqu’à pousser la chansonnette en pleine présentation de « la partie de cache-cache » dans une librairie qui portait le nom de cette chanson-là, écrite et intégrée en plein film par un homme secrètement amoureux d’une actrice que le réalisateur filmait amoureusement, lui aussi, ravivant le ménage à trois du livre du même nom, qui a marqué ma vie plus qu’il aurait dû le faire. Alors voilà, les classements ne servent à rien, par définition, mais quand la plus belle chanson est dans le plus beau film qui adapte le plus beau livre, il y a matière à faire une note, non ?
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25/04/2014
Rencontre.
Ce jeune homme bien mis vient me voir et me remercier de l'avoir tiré vers le haut, voire parfois, un peu, brutalisé, dans sa paresse d'époque. Il semble avoir réussi sa vie, et je me réjouis, de mon côté, qu'on puisse, à n'importe quel âge, entamer une carrière de dictateur. Il suffit d'en connaître la visée.
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24/04/2014
Vitas & Védèche, In Vivo.
Il y a plusieurs façons d'aborder un concert de Nicolas Vitas et de son acolyte Gérard Vedeche. On peut, comme les fois précédentes, se présenter à l'Atmo où, tous les jeudis, le duo alterne un répertoire rock des 50's, et le répertoire perso de Nicolas Vitas, mélange de chansons perso et jubilatoires, les deux phases du personnage. Vitas et Dgé, c'est le roman picaresque adapté à la chanson, que Gérard déteste, quand elle bavarde, c'est une donne qu'il a fixée. Après, rassembler une quinzaine d'amis pour investir un lieu pas toujours favorable à l'écoute est une août façon de faire, celle qu'on a choisie ce soi, juste là, au moment où j'écris ces lignes. Vitas entre, place déjà ses mots, Dgé l'accompagne au ukulelé, et c'est " le nez au vent" qui démarre, sur son accent mi-toulousain, mi-picard, qui touche, d'entrée. Les chemises se répondent, les accords aussi, et l'on net dans le pick spécial de Vitas, qui m'aurait fait dire, le même jour, à midi, à un guitariste débutant mais prétentieux, qu'il devrait davantage s'entraîner. Dommage que, déjà, certains habitués s'approprient une place au bar qui empiète presque sur le scène: on n'a pas tous les mêmes valeurs. Mais ça commence à swinger, derrière le comptoir comme dans l'auditoire, sur "Je me suis oublié", premier solo de Dobro du père Védèche, au gilet doit comme un i. C'est le moment de l'entrée de "Tout est là", qui envoie du bois juste comme il le faut à ce moment: tout petit et tout beau, le duo prend ses marques, même si, définitivement, les spectateurs qui tentent de parler plus fort que la musique me font poser des questions sur le genre humain, et l'avenir du spectacle vivant. On s'en fout, ça accélère, la descente de Dobro s'achève sur un "tout est dit", belle antiphrase contredite par la "balle perdue", hommage nougaresque à Bourvil, comme quoi cuisine au beurre et à la graisse de canard peuvent cohabiter, sans trop de soucis. Il y a des messages cachés dans les chansons de VITAS, clown triste, qui dit avec entrain les soucis les plus métaphysiques possibles, comme la séparation, l'amour et son déni. C'est plus profond que ses lancements, il le sait, et peu importe l'attention compliquée, il entame " vider son sac", une chanson qui ferait aimer Vitas à toutes les femmes qui l'écouteraient. Dgé, au lapsteel, souligne les rimes en aque, qui claquent, autant sonorement que dans le conscient de ceux qui l'écoutent. C'est osé de balancer une ballade comme ça, en début de concert, mais ça fait taire ceux qui ne l'écoutaient pas. Deux trois hésitations, et c'est quasiment un son de pedal-steel qui lance "le Couteau". "Devenir ce que l'on est", Vitas se fait philosophe pour avancer dans son univers de blessures et de thérapies par l'écrit. Quelques claques sur les cuisses, et Vitas entame son one-man show de "Ce que je voulais dire", autoportrait physique et sudouestiste, flamencisé par Thierry, qu'on ne retient jamais longtemps. ¡Ole! Une ou deux longueurs de Dobro suffisent à reconnaître ce morceau que j'ai des le départ placé dans mon Panthéon personnel, "Nous pourrons toujours courir", dont j'aurais rêve écrire le texte, mais que, de nouveau, on écoute mal, dans ce bar. Ce n'est pas grave, les gens que j'ai invités sont dedans, eux,et le finale est enlevé, et c'est le petit assis, là, qui enlève l'admiration. Pas de transition, Vitas a décidé de faire sobre, mais on sourit, ceux qui connaissent, parce que c'est "tu y verras mieux demain" qui ouvre la Valse psychanalytique, je veux dire celle qui m'a fait perdre mes sept derniers psychanalystes en un an et demi, à force que je leur chante tidadada à longueur de séances. Ça rallonge tant qu'il y a du plaisir, et on les comprend. Ça y est, il y a le feu à l'Atmo, et je suis content de partager mon traumatisme. Les castagnettes, ça va pas avec tout, ose Védèche, pendant que les accords lancent "le Printemps au vestiaire", qui ne passe toujours pas chez moi et laisse, dans l'espace, l'occasion aux parleurs de nous faire profiter de leur brouhaha: à chaque fois, je m'imagine à la place de Dgé et fais le décompte des morts qu'il y aurait. C'est pour ça que je ne "joue", avec mes camarades de "Littérature & Musique", que dans des endroits où l'on écoute, ou l'on s'en va. C'est dommage pour eux, "le Pêcheur de centimes" enchaîne et c'est une des plus belles chansons que j'aie jamais écoutée. Je ne dirai rien d'autre: s'ils ne savent pas entendre, c'est leur problème. Moi, j'ai des oreilles, une queue et du goût. Nico sait gérer ça, même s'il doit y avoir une légère amertume à l'idée de faire danser les mêmes une semaine sur deux... Il le dit lui-même, pourtant, "je suis de bon conseil, après coup", et qui sait ce que cette sagesse, et la bouteille qu'il continue de prendre, l'amèneront à faire. Mais c'est pénible de devoir forcer la voix seulement parce que d'autres n'ont aucun scrupule à le faire. Le show continue, et si je sais la confiance que Thierry et Claire lui font, j'aimerais emmener mes amis l'écouter dans de meilleures conditions, ou venir avec trois ou quatre premières lignes de son pays d'origine. Histoire de régler la question une fois pour toutes. Nico l'a dit à l'apéro avant, un jour, il se fera tatouer sur le bras: je ne suis pas un juke-box, et pourtant, le consumérisme ambiant, qui touche aussi les Pentes de la Croix-Rousse et peut-être même plus qu'ailleurs, lasse. Je fais un signe au plus grand des bavards, il me le renvoie, goguenard. La dernière fois, on m'a répondu: "excuse-moi de vivre". Si vivre, c'est passer par-dessus un artiste vivant, eh bien, ma foi, je préfère mourir, en somme. Mais revenons: une fois "lessivé" essoré, "le ciment de nos pleurs" bute sur une voix un peu retenue, mais s'élève sur le lapsteel, qui ne doit pas avoir beaucoup de retour, sinon le cul rouge de la dame venue régler son addition. Allez, on envoie, meilleur moyen pour des musiciens d'éviter la neurasthénie. Les chaussures orange, marque de fabrique du gaillard, s'approchent de son Sancho Pança, cherchent un peu de réconfort et récoltent un lâcher-prise, à coups d'éléphant et de mouette au lapsteel. C'est "au nom du pire", et son scat, qui terminent le show et honnêtement, on préfère, puisqu'on ne peut même plus dire que l'écoute est mauvaise, il n'y en a plus. À part les quelques convives du début de soirée qui ont tenu. Vitas remercie, annonce qu'ils vont venir boire des coups et que ça va être bon. Mine de rien, ils ont tenu le show, près de deux heures de concert, et ceux qui n'ont rien écouté sont ceux qui en redemandent le plus, me dit ma voisine. C'est l'occasion pour Dgé de reprendre le ukulelé, "son plus bel organe". Vitas demande l'attention, et au moment où il lâche, enfin, en fait vous en avez rien à foutre, quoi, le silence se fait, et là, pour le dernier, tout ce qui fait le duo, un fine, ressort: l'interdépendance, le texte, la diction, le Vitas & Védèche show, à qui il ne manque que la testostérone qu'il tourne en dérision, dans la chanson. Ça tombe bien, au risque d'assumer ma misanthropie, le jour où elle sera au programme, j'aurai piscine. Allez, triomphe! Va comprendre.
Photo Vincent Assié.
23:15 Publié dans Blog | Lien permanent
En boucle.
Aujourd'hui, parce que j'allais revoir une amie de vingt ans, les gens que j'ai croisés, sur le chemin, en avaient vingt de plus et me rappelaient tous qu'un jour, on allait définitivement être plus vieux que ce que nous pensons l'être, et le penserons longtemps.
16:57 Publié dans Blog | Lien permanent