23/07/2011
TP!-Making-of, II/II
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22/07/2011
"Trop pas!" - Chroniques 18 de der.
Qu’est-ce qui fait qu’on chante ? Parce qu’on est un corps. Le chanteur, pour Fred D., est un animal chantant. C’est donc ce qui est en trop qu’il faut enlever, et non se demander ce qu’on va faire en plus du texte. La leçon de chant aura été bénéfique à Roman comme elle l’a été à Pauline et à Eric. Venu aujourd’hui, au dernier jour des enregistrements, poser la voix du bel Esteban sur « la cancion » du même nom, Roman s’est délesté toute la matinée de ce qui l’empêchait de chanter bien parce qu’il voulait trop bien chanter. Le binôme s’est risqué à la traduction, pour aller chercher le juste chemin, celui de l’émotion. Herr Direktor aura suffisamment donné de sa personne pour que Pedro Cabrera, qui a co-composé la chanson avec Eric, puisse dormir tranquille. Cette chanson est passée, depuis Jean-Marie, d’un faux flamenco à un vrai rythme cubain, clave et timbal à l’appui. Dans deux langues, elle veut dire à l’âge adulte que les soucis des adolescents ne sont, eux, pas mineurs. Il aura fallu la journée - sieste de l’après-midi comprise – pour qu’Esteban arrive là où Marjo’ a placé leur amour. Il devra revenir en septembre. Nous aussi, pour le mixage. Les auditeurs, ceux qui ne lisent pas ces chroniques, n’en sauront rien : c’est le propre de la création de laisser l’œuvre aux autres une fois qu’on l’a terminée. Mon année charnière, à moi aussi, commence en septembre.
Voilà, les chroniques de « Trop pas ! » s’arrêtent à la 18ème. Je vais passer en mode vacances, un peu, avant d’entrer dans la 4ème année de ce blog. Travailler avec une historienne sur le parcours d’Aurélia Kreit, sa traversée de l’Europe, à pied, sur une durée de douze années. Qu’est-ce qui me pousse à faire ça, sinon la peur de tomber ? L’ensemble des déceptions que j’ai vécues cette année ? Quand Hostet’ m’accompagnera au Tramway, il chantera une chanson nouvelle, liée au roman que j’y présenterai, le 1er octobre. Elle parle, comme le Larrouquis, « des perdants magnifiques qu’on destine à l’oubli ». Il sera temps alors de me trouver la juste épitaphe : Laurent le perdant ou Laurent le Magnifique. Je plaisante.
La vie d’artiste, c’est :
- Entre 36 et 42 allers-retours Place Tolosan-St Cyr soit 540 km au minimum
- entre 126 et 134 viennoiseries, 36 baguettes et 10 flûtes
- entre 432 et 464 verres lavés
- entre 25 et 30 litres de blanc et 379 « p’tit coup d’blanc, M’sieur Simplex »
- 1chili, 1 gratin de pommes de terre maison puis 6 boîtes de cassoulet, 3 de chili, 3 de ratatouille
- 5kg de pâtes
- 3 tomes de Savoie, 1 de montagne, 3 Reblochon et autres
- entre 10 et 12 rouleaux de papier-toilette
- 1,5kg de carottes rapées
- 20 merguez non piquées
- 15 saucisses idem
- 16 desserts lactés au chocolat (en promo)
- 2 saladiers de mojito
Deux avant la Coda. Ad lib.
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21/07/2011
"Trop pas!" - Chroniques - 17
C’est l’avant-dernier jour d’enregistrement. Puisque tout est fait, il ne reste plus qu’à secouer la salière, mais pas dans le sens où les québécois l’entendent*, plutôt au sens propre : ce matin, Fred D. a joué du tambourin et, donc, réellement, de la salière. Pour filer la métaphore culinaire, il s’est même emparé de la cuillère en bois pour rythmer les morceaux auxquels il manquait un soutien, en tapant sur une tasse, des bouteilles de verre, des gobelets plastiques et des verres Duralex… Des bruitages qu’on n’entend que quand ils ne sont pas là. La Casa sonne un peu le vide, les padawans sont aux manettes en l’absence du Je(u)di, ça peaufine un peu les fades, ça bidouille les parties de piano, ça teste des breaks sur « Alex & Esther » (toujours ce « vent vagabond »…), ça a un air de veillée d’armes. Celles du mixage, du moment où Eric et moi reconnaîtrons nos chansons dans ce que Xav’ et Fred en auront fait. On sait que nos 500 écoutes préalables ne nous aident pas à nous séparer de l’idée qu’on en avait ; que (tiens, comme avec un éditeur !), 999 des 1000 idées que le D.A nous soumet sont bonnes, même si on n’en comprend pas toujours l’intention.
On a eu les deux jours de (relative) relâche que la prestation de Jean-Marie, au tout premier, nous a autorisés. Il paraît que c’est bon signe, dans les projets musicaux. En tout cas, ça évite les tensions et ça va nous permettre de clore le tout demain soir, en famille. Ces familles du spectacle qu’on quitte pour mieux les retrouver après, sur la route. Jamais je n’aurai mieux compris cette expression qu’après les dix-huit jours passés ensemble, sur deux mois. Il faudra éviter le baby-blues, mais le projet est loin d’être fini, puisqu’il ne fait que commencer.
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20/07/2011
"Trop pas!" - Chroniques - 16
Désolé pour hier. J’ai bien peur d’avoir perdu le peu de lecteurs qui me restait sur ce blog ou ailleurs. Mais comprenez-nous, « Talking Cat » est devenu, depuis cet été, notre mascotte de studio, celui qu’on sollicite pour décompresser un peu, sortir de la gravité de certains des textes de « Trop Pas ! ». Cette comédie qui n’en pas (seulement) une, elle en est, je le disais hier, au début de la fin. Aujourd’hui, soirée basque oblige, Eric et moi avons davantage profité des espaces de la Casa pour rattraper un peu de sommeil, Pauline a fait le passage éclair qu’on réserve aux stars – le temps de mettre « Orages » et « la chanson d’Alex & Marjo » au niveau de voix où elle s’est placée hier. Ah oui, Fred D. s’est amusé comme un petit fou sur la Gibson SG de Xav’. Ces deux malades mentaux qui font du gangsta-groove sur nos chansonnettes et ont placé « le Café des Ecoles » sur un Everest dont elle sera difficile à déloger…
Obi-Wan Desprat-des Chiasmes du Kiosque est en avance sur le planning, il pré-mixe les morceaux, équilibre les pistes et continue son enseignement : pas moins de trois padawans pour lui dans la journée. Il ne manque plus que Roman pour boucler l’enregistrement, je l’ai (aussi) dit hier. Puis, quand nous serons en vacances, Fred et Xav’ feront le reste et nous le soumettront à la rentrée. La sortie est envisagée en décembre, avec un show-case programmé à la Casa, Pauline aux claviers et au chant, Eric au chant et à la guitare, Gérard à la guitare, Fred à la basse et moi en narrateur de l’histoire. Une autre histoire.
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19/07/2011
"Trop pas!" - Chroniques - 15
Peut-être est-ce la nuit de repos qu’elle a passée après les épisodes de Secret Story récupérés en streaming au retour du studio ? Peut-être est-ce le temps automnal et l’écharpe qu’elle a gardée par précaution autour du cou ? Il reste que jamais encore, jusqu’à aujourd’hui, Pauline n’avait atteint un tel niveau de chant. Le matin, de surcroît. Les retouches qu’elle devait apporter au générique, à « l’Ecole buissonnière » et à « la chanson de Marjo & d’Esteban » se sont transformées en prises complètes, et sublimes. Pour le générique, Fred lui demande d’être moins bien élevée qu’elle l’est dans la réalité, d’envoyer promener, dans une posture rock, l’autorité et la bienveillance parentale. Pauline/Marjo module la voix, encore, élude quelques syllabes avec mon autorisation et sourit en se voyant rembarrer un père qui n’est pas le sien dans la réalité. Ce générique façon Sonic Youth joue son rôle de starter à merveille, je n’ose imaginer ce qu’il en sera quand les chœurs d’ado viendront s’y ajouter…
A part ça, pas grand chose, à vrai dire : aucune lassitude, loin de là, mais la Casa est plus calme, le travail qui s’y fait est plus fastidieux, plus technique. Le D.A la joue même romaine et dirige allongé. J’ai pris le temps d’entamer les toutes dernières corrections du Larrouquis, aujourd’hui. Ça ne nous a pas empêchés de reprendre toutes les chansons de Pauline pour qu’elle en ait terminé dès demain. D’imaginer une entrée plus surprenante d’une rythmique électro dans « la chanson d’Alex et Esther » : c’est Maël, autre padawan de Xavier, qui va s’y coller et qui proposera ça demain. Pour Eric et moi, c’est plus la phase deux qui a commencé, celle de l’édition et de la production : nos débriefings, le soir, portent là-dessus, le plus souvent. Déjà, quelques pistes, quelques noms nous sont soufflés, preuve que le projet est viable. Pour autant, on approche du moment où il va falloir laisser le bébé dans lesbras de Xav’ et Fred pour le mixage. Il me reste, d’ici vendredi, à relater les rustines védéchiennes (pour le seul bonheur de le voir revenir, évidemment !) et la prestation de Roman pour « la cancion de Esteban » . Après, ce sera fini, avant que tout commence. Il nous restera les souvenirs, les films et les chroniques. Et la douce impression d’avoir réussi quelque chose.
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18/07/2011
"Trop pas!" - Chroniques - 14
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Ce serait injuste envers Jules que de dire que l’absence de Xav’ a joué sur la session de ce matin, mais voilà, Protools a fait des siennes, égarant quelques pistes par ci, par là, jusqu’à ce que le Jedi arrive et, par usage exclusif de la Force, remette les choses en place. Bon, ce matin, c’était l’écoute des morceaux mis en boîte depuis lundi dernier, pas de conséquences notoires à ce contre-temps… On n’est monté au grenier qu’après déjeuner, pour enregistrer les deux derniers morceaux, « l’inverse du choix » et « l’Echelle de Richter ». la matinée aura tout de même permis d’entendre vraiment (et encore, avant mixage…) la voix de Pauline faire des merveilles sur l’ensemble, et particulièrement « l’Ecole buissonnière », qui tendrait à redevenir le tube absolu, place que quelques-unes de ses consoeurs se sont amusées à lui contester ces derniers jours… Dans « l’inverse du choix », Marjo s’interroge sur les directions à prendre et la conscience de leur contraire. Elle a la vindicte des questions nizaniennes quand elle dit qu’elle pourrait tuer ceux qui lui assènent que quinze ans, c’est le plus bel âge de la vie ; elle se fera haïr de ses profs de Lettres quand elle leur reproche de vouloir lui faire rimer « Réversibilité » (« Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse ? ») dans des « devoirs débiles », mais elle chante, juste et bien. Fred D. me disait l’autre jour que Pauline était une pépite qu’on avait dénichée. Eric et moi le savons bien, et déjà l’idée d’un album pour ses vingt ans (qu’elle commencerait donc à chanter à dix-sept, dix-huit ans, si le décalage qu’elle a connu pour « Trop pas ! » se confirme) est dans l’air, comme une évidence. Pour le moment, c’est pour elle qu’on s’est quintuplé, Eric, Fred, Jules, Xav’ & moi, pour une partie de clap-clap endiablé avant que Jules & Fred la nourrissent de « Ouh !Ouh » ne rappelant que de très loin les mêmes Who du t-shirt du padawan.
« L’Echelle de Richter », c’est le moment où l’adolescente retrouve la mère honnie sans qu’aucune des deux se soit attendue à ce que ça arrive : un « séisme personnel » parlé sur le violoncelle doublé d’Olivier Gailly, un moment-clé de la narration. Pour un texte dit, il faut que la voix tombe juste, qu’elle évite l’écueil du pentasyllabe, surtout quand le refrain est, lui, prévu en voix de tête, finalement abandonnée. Evidemment, c’eût été plus facile avec une biguine ou la reprise en créole d’ « un dimanche à Bamako ». Mais c’est d’une damnation dont il est question ici, et ça n’a pas été facile. On s’est évertué à dédramatiser l’instant, à coups de « Chaotic 2000 » et de « Talking Tom », notre nouvelle idole de studio . Mais pour Pauline, en fait, rien n’est difficile : il lui suffit de sortir son portable entre C1 et C2 et d’envoyer quelques SMS. Comme une ado de 15 ans, comme Marjo, quoi. Rien de plus.
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17/07/2011
Portraits de mémoire
J'avais créé une annexe de ce blog, il y a quelques années, pour présenter certains des "portraits de mémoire" que j'ai rédigés en commençant, en 2005, par un portrait de moi-même signé Paul Herfray. J'ai supprimé cette page, certain(e)s de mes ami(e)s n'ayant pas très envie de trouver sur la toile un article les présentant, sur le mode des portraits de dernière page de "Libération", de façon et distanciée et sensible. Ce que "Libé" fait avec des personnes connues, je le fais avec des gens que j'aime, que j'ai aimés ou avec qui j'ai passé un bout de chemin. Une rencontre, une émotion, une de ces marques du temps qui passe que j'appréhende particulièrement et que j'ai le culot d'arrêter. Il y en a que j'ai montré, d'autres que j'ai gardés pour moi. Je me dis que ce serait bien qu'ils soient un jour tous regroupés sous forme de recueil, sans qu'on ait - comme pour les romans - à se demander ce qu'il s'est passé entre le portraitisé et moi. Ce serait osé qu'un éditeur y pense: parce qu'à réunir des inconnus, c'est à une autre comédie humaine que le lecteur serait convié.
Un exemple ici.
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16/07/2011
La quatrième de mon troisième.
Un dernier tir, décisif et raté, d’un joueur de basket-ball, dans les années 80, va déterminer la vie d’un adolescent qui s’identifie à cet échec. Devenu adulte, il lui faudra un long parcours, jusqu’au Col de Somosierra, pour se défaire de sa façon d’être, de ses amours périlleuses et ses modèles d’adolescent.
« Parce que quand j’annonçais normal, moi, c’était pour que mes coéquipiers s’écartent du même côté, entraînent leurs défenseurs et me permettent de faire un un contre un avec le meneur adverse. Comme Alain Larrouquis. C’est pour cela que j’annonçais normal avec l’accent du sud-ouest, que je n’avais pas dans le civil. Pas pour faire comme lui, mais parce que quand je jouais à cette époque, j’étais persuadé que j’étais lui. »
sortie septembre 2011
08:50 Publié dans Blog | Lien permanent