13/11/2025
Mathias & Marie - 10 ans.
La thématique des dix ans m’a toujours porté et j’envisage de retourner à Ouessant en 2027 parce que j’ai métaphoriquement promis d’y faire le Voyage tous les dix ans, peut-être. Forcément, le souvenir du 13.11.15 est prégnant, je dois y accoler la difficulté d’être loin des miens quand c’est arrivé, d’avoir eu l’impression de ne pas pouvoir les protéger, même s’ils n’étaient menacés en rien. Dix ans d’études, de témoignages, de reportages (j’évacue tous ceux qui jouent la carte de la musique dramatique…) m’ont permis de comprendre mieux ce syndrome, l’idée qu’on ait été touché soi-même alors que rien ne peut remplacer – hélas – ce qu’ont vécu les vraies victimes et, plus encore, la culpabilité avec laquelle doivent vivre ceux qui ont échappé à la mort sans savoir pourquoi. Qui doivent se demander pourquoi eux sont (encore) là et pourquoi d’autres non. Il y a dix ans, j’avais choisi, au hasard, ces deux-là, Mathias et Marie, sans rien en savoir, je les avais isolés, un temps, du reste des victimes pour qu’on mette un visage sur un temps qu’on avait fauché, celui qu’il leur restait à vivre, les projets, les amours… Sans doute parce qu’ils avaient l’âge, à peu de choses près, de mon propre enfant, que parler d’eux empêcherait de les savoir morts tout à fait. Depuis, une association leur a été consacrée, dans une réalité qui convient davantage que la seule façon que j’ai trouvée de parler d’eux à cet instant-là. Depuis, je lis qu’il est de plus en plus difficile pour les familles des victimes de ce vendredi noir de n’entendre parler que du Bataclan, et pas des autres lieux de carnage. Même la commémoration est sélective, si on n’y fait pas attention. Depuis, j’ai écrit, comme beaucoup d’autres, une chanson pour Éric Hostettler, trois jours après les faits, le temps de me reprendre. Même si on ne se remet jamais de ça, si un tel repère partagé dans les existences de chacun nous a tous figés ce jour-là, à l’âge que nous avions, à ce que nous vivions alors. Cette notion d’événement qui m’a toujours interpellé, qui varie selon que l’on est historien, philosophe ou, au plus près, secouriste, policier.
La tuerie de Charlie-Hebdo avait déjà bien atteint notre idéal de société juste et commune ; celles du 13.11, quand j’y repense, cliniquement, l’a achevé, en ce qui me concerne, même si la solidarité immédiate a été belle, spontanée. J’envie ceux qui y croient encore, moi, je me suis mis en retrait, ne survis que par la Beauté. Et si je repense à Mathias et Marie, c’est parce que je pense à tous les autres : les morts, les blessés, les traumatisés et les hébétés que nous sommes tous restés.
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11/11/2025
UMSM TOUR 2025.
Je me souviens y avoir vu Denis Lecarme et Fred Dubois. Jean-Christophe et moi-même allons tenter de ramener un petit bout du Bougnat sur le devant de la (petite), ça sera sans prétention, sur mes terres ancestrales, le dimanche 23 novembre à 11h. Ça permettra de clore le week-end qui me verra, dès le jeudi, parler dans le poste de Radio B. avec Stéphane Pétrier des 40 ans des Noz et de ce Monde sans Murat, qu'il me tarde d'étrenner vraiment.
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18/10/2025
UMSM TOUR 2025.
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13/10/2025
Un monde sans Murat - Premier retour.
THURIFERAIRES ET EXEGETES
Un Monde Sans Murat, par Florence COUTÉ, Chroniqueuse vidéo ("le Moujik et ses phrases"), co-auteure avec Patrick Ducher de "Entre Prince & Spring".
L’écriture de Laurent Cachard est une musique, un mouvement de piano… ou un fluide, un fleuve au débit suave, mesuré et sûr de lui, c’est un mouvement et c’est une musique, bien encadrés, où chaque mot est pesé, lourd de signification et empli d’élégance, jamais la signification ne prend le pas sur l’ornement, les deux se complètent toujours dans ce que l’on pressent comme une exigence incontournable. Le résultat est qu’on se laisse porter comme sur une vague dès la première ligne jusqu’au moment de refermer le livre. 103 pages , cela peut paraître peu (au premier regard) mais elles sont si denses que l’on ressort de cette lecture, rassasié et repu comme après un festin. Et l’on se surprend à relire plusieurs fois la même ligne et à consulter sur internet les différents mots que l’on peut apprendre au passage (pour moi, ce fut « chleuasme » mais il y en eut d’autres pour lesquels je dus rafraîchir ma mémoire tant j’avais oublié leur signification).
L’ouvrage se compose d’ un portrait, d’un entretien imaginaire avec l’au-delà, des chroniques parues sur son blog (2009-2025) et de 4 nouvelles qui sont une sorte de variations sur des chansons de Murat .
Laurent Cachard se démarque avec fermeté de toute communauté (ou mouvement communautaire) de fans et laisse de côté thuriféraires* et exégètes (hormis Didier le Bras pour lequel il a le plus grand respect – je préciserai à ce sujet que ce dernier avait malgré tout, un côté laudateur), et fustige tout rassemblement autour du sujet Murat ( vivant ou mort) et nous avoue même n’être pas allé à son enterrement : on sent une pudeur – assez proche de celle de Murat – à ne pas rendre publique une expérience qui se veut personnelle. Ce que nous ne lui dénions pas.
*le thuriféraire est littéralement celui qui porte l’encens à l’église.
La lecture des chroniques est facile, l’écriture en est alerte, amusante et s’appuie essentiellement sur les concerts des différentes tournées. Celle des nouvelles est plus ardue, le style n’est plus du tout journalistique mais résolument romanesque avec des phrases denses où chaque mot compte, où chaque tournure est amplement réfléchie , ajustée, chantournée pour coller au plus près de ce qu’a voulu dire son auteur. Et en même temps, pas de lourdeur, juste de l’épaisseur, voulue et conçue comme la pâte d’un gâteau qui enfle lentement dans un four.
Nouvelles :
« Les endimanchées » : réflexions amusées, amusantes, cocasses, basées sur le oui et le non, l’opportunité et la non-opportunité sur une private joke lors d’un concert de Jean-Louis.
« L’irrégulière » , une variation sur l’amour, le sentiment amoureux et la mélancolie de ce qui fut et qui n’est plus. Y est évoquée Jeanne Moreau doublement , d’abord parce que la chanson lui était destinée et ensuite pour son rôle dans le très beau film de Truffaut , Jules et Jim.
« Docile au vent » m’a embarquée , comme le bateau vous embarque pour l’ile d’Ouessant sans être sûr de l'atteindre , la fin de la terre ne peut être qu’une rencontre décisive et j’ai ressenti ce texte comme une gifle d’eau de mer et de vent tempêtueux. La chanson qui en est la genèse est « Quand femme rêve » écrite pour Julien Clerc (« Elle boit mon sang, comme l’eau »). On en ressort le souffle court.
La dernière nouvelle fait la part belle à « Murat en Plein Air » et sont convoquées les références du passé, un poète du pays, Camille Gandilhon Gens d’Armes et la petite paysanne qui tournoyait en gris et blanc sur la cassette VHS désormais introuvable et nous replongeons dans les premiers émois et émerveillements de ce stupéfiant ouvrage dotés de meuglements et de clarines. Le plein air étant et toujours sera souffle d’inspiration, comme le dit l’auteur.
Ce petit recueil se clôt discrètement comme sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller le Murat qui dort. On le referme avec un soupir d’aise et le sentiment d’avoir accompli un beau voyage et l’esprit régénéré. Je le tiens pour le meilleur ouvrage que j’aie lu sur Murat.
PS : les illustrations de Franck Achille Gervaise sont de toute beauté.
https://www.audasud.fr/boutique/Un-monde-sans-Murat-p7833...
20:41 | Lien permanent
12/10/2025
Murat sur un Plateau.
Évidemment, il a suffi que j’annonce au public venu me rencontrer au Bar du Plateau que je tiens toujours le journal des rencontres en train de se faire pour que je procrastine et attende les premières minutes du jour d’après. Mais c’était hier (donc) matin, et j’ai présenté Un monde sans Murat pour la première fois en public, sans assistance – ni interviewer, ni musicien – à l’ancienne : je me suis posé, et de ma voix haute j’ai parlé de Jean-Louis Murat à ceux, nombreux, qui ne le connaissaient pas ou mal. Toujours, dans ces cas-là, le souci est de se montrer clair, exhaustif et limité dans le temps, pour ne pas lasser. Toute proportion gardée, je garderai jusqu’au bout le souvenir d’un Axel Kahn clôturant les Assises de la bioéthique, à Paris VIII, sans note, demandant à l’assesseur de combien de temps il disposait (20mn) et organisant sa prise de parole en fonction. C’est avec moins de gravité, simplement, que j’ai parlé de Murat, de ce qui nous liait et, surtout, de ce qui a provoqué ce besoin d’écrire ce livre sur lui. J’ai évoqué la construction de l’ouvrage, l’importance de son sous-titre, Variations, puisqu’il comprend des genres différents comme le portrait, l’entretien, la chronique et la nouvelle. J’ai évoqué ce fameux premier article de blog, en 2009, qui a tout entraîné, puis les thématiques développées dans les nouvelles, dont l’Irrégulière, un texte que j’ai lu seul, à voix haute, a capella. J’ai parlé d’autres souvenirs qui sont venus, spontanément, comme les endimanchées – titre de la première nouvelle, la plus longue – du sourire à Drucker et, dans l’Irrégulière, de Jeanne Moreau, de Jules & Jim, d’Henri-Pierre Roché. Mes thématiques. Quand on s’adresse à un public neuf, qui ne connaît pas (encore) vos obsessions, ça marque. J'ai lu la note que j'avais envoyée à Didier le Bras pour dire à quel point le Bougnat était essentiel à ma vie; un bout de la fin de mon Irrégulière. À force, je connais les réactions, je crois pouvoir dire que ça a plu (coquetterie). Mais le plus beau, dans tout ça, c’est qu’un bon nombre de futurs lecteurs ne connaissaient pas Murat, qu’ils vont découvrir parce que je leur en ai donné envie. Je leur ai demandé de l’écouter, pas d’aller voir les vidéos de ses outrances sur Internet. Il y a quelques titres qui ont dû circuler, aujourd’hui (hier) et c’est une réussite, en soi. L’éditeur me dit que les commandes sont déjà importantes, à notre niveau, et émanent de la France entière. Ça veut dire que Un monde sans Murat bruisse déjà, un peu. Je l’ai écrit pour rendre à JLM un millième de ce qu’il m’a apporté, en trente ans : sans flagornerie – pas son genre, ni le mien – sans une once d’appropriation, puisque c’est la limite. J’ai hâte, déjà, d’être aux prochaines rencontres, hâte que d’autres s’annoncent, puisqu’un Monde sans Murat, c’est un monde que l’on se doit de partager, et pas seulement entre nous. Merci à Sarah et Rebecca, toujours là pour moi.
00:21 Publié dans Blog | Lien permanent
08/10/2025
UMSM - PREMIÈRES DATES
Le 11 octobre, 11h, Bar du Plateau, Sète
Le 20 novembre, 17h, enregistrement Radio B., Bourg-en-Bresse, avec Stéphane Petrier
Le 17 décembre 18h, librairie Quartier Latin, Saint-Étienne
Le 18 décembre, 18h, enregistrement public Culture live, Lyon, avec Stéphane Petrier
Le 19 décembre, 19h, librairie Cordelia, Caluire (mini-récital Murat de Jean-Christophe Géminard)
22:48 | Lien permanent
03/10/2025
Nus dans la crevasse.
Ça n’est pas rien de se réclamer de Houdini dans son premier album solo - l’homme coupé en deux - et de maintenir son public dans l’illusion d’un concert au Transclub, à deux portes d’une salle qu’il a remplie il y a bientôt 40 ans. On la connaît, l’histoire de Stéphane Pétrier, je l’ai suffisamment écrite ici pour ne pas rappeler - prétérition - que c’est un des plus grands showmen que j’aie connus, et je pèse mes mots. Il est là, devant la petite centaine de personnes qui le connaissent tous, ça fait un peu moins de deux ans que son album est sorti, à la Casa musicale, quand le Grand était encore de la fête, ou au Tikki Vinyl Store. Là, c’est du sérieux, la scène, la sono sont de sortie, Steph a mis un costume, ça vous pose un homme pour la Grande vie, un morceau d’entrée de concert comme on n’en n’a pas connu depuis longtemps, qui installe l’énorme section rythmique - Habouzit/Simon - et introduit un guitariste, Éric Clapot, qui délaisse la Gretsch habituelle du Voyage de Noz pour une Telecaster plus brutale dans le son. C’est dense, le spectre est là, d’entrée, Pétrier lâche son Je ne dors jamais, censé incarner tous les maux qui ont présidé à l’écriture de l’album. Qui enchaîne pourtant avec un inédit, qui annonce la suite, à l’énonciation plus distanciée, comme si l’homme qui s’était perdu voyait plus distinctement, désormais, ce qui l’a fait s’égarer, un temps. On me dit que tu es avec un type plutôt bien, lâche-t-il, c’est un continuum amoureux à la Rohmer d’un type qui ne sera jamais tranquille et qui trouve dans son intranquillité la source de son inspiration. Depuis 40 ans, fermez le ban. Il va tuer le game, disent les jeunes - assez absents, hier - en dédiant un titre, inédit aussi, à Cervantes, reconnaissant de lui-même son sens de l’absurde, sa volonté de se battre contre des moulins à vent jusqu’au bout de son existence. C’est réussi en cela qu’on le remercie in petto, dans le public, de le faire pour nous. C’est beau, ça tient, évidemment, Les beaux restes emportent tout, tant le titre est juste sublime et équilibré ; ça y est, il y a deux ans et demi qu’il me l’a envoyé, sous forme de maquette, dans ma chambre d’hôpital, je suis bien vivant pour en recevoir cette forme sonore si aboutie, c’est merveilleux : la vie, ça éclabousse. Il y a les deux reprises, celle de Robert Wyatt et celle, en finale, de Véronique Sanson, Besoin de personne, la plus belle antiphrase de la chanson française (avec le temps, remarque …) et la meilleure façon de nous remercier d’être là, toujours, nous qui cherchons à quel point lui rendre de ce qu’il nous apporte, depuis tant d’années. Si le projet tourne en rond, c’est d’un cercle vertueux. Le 4 décembre, dans la grande salle du Radiant, les Noz vont fêter leur 40e anniversaire. J’y serai, avec mon livre dédié : la petite trace que j’aurai rendue à ce cheminement temporel. Nu(s) sur le rond-point de nos existences, pas si vaines, finalement.
00:51 | Lien permanent
25/09/2025
LM WAS HERE (MAISON VIDE & PLEIN DE SENS).
Drôle de sensation que de rentrer ce soir du grand entretien avec Laurent Mauvignier, et du dîner qui a suivi. Outre le Momentum littéraire, de haut niveau – il faut toujours inviter des auteurs qui ont quelque chose à dire sur la littérature, pas seulement sur leur roman – il y a eu cette rencontre avec un écrivain qui a marqué ma vie : nous avons le même âge, à quelques mois près, et les thèmes d’écriture que nous avons choisis, chacun de notre côté, sont diablement identiques. À la différence près que la Maison vide, le livre dont tout le monde parle et pour lequel, sans suspens et sans concurrent, il va décrocher le Goncourt, prochainement, une anomalie – sans jeu de mots – pour quelqu’un qui aurait pu être récompensé dix fois déjà, pour dix romans différents, est un roman, je l'ai dit, comme il en paraît un tous les cinquante ans. Alors, attendre Mauvignier au pied de l’escalier de l’Orque bleue, c’est se remémorer les rencontres avec Pascal Quignard, Pierre Jourde, Éric Chevillard, Alexis Jenni et autre ; c’est se dire que le premier contact, dans la réalité, est un sérieux indice sur la dimension du bonhomme : je suis rassuré, je le trouve plus en forme que sur des photos des mois antérieurs qui circulaient. On marche jusqu’à la Maison régionale de la mer, qui accueille les Automn’Halles pour la première fois – le quotidien local en a fait un sujet en réussissant l’exploit de ne citer ni Mauvignier ni Haddad, que Marie-Ange interrogera samedi… Première victoire sur une communication un peu poussive, la salle est pleine, il y a entre 70 et 80 personnes qui prennent place, peut-être plus, je ne sais pas, mais déjà l’exercice est réussi, la crainte initiale évacuée. Les deux Laurent prennent place sur la scène – à l’inverse du roman, on ne peut changer de prénom parce que trop commun, comme le patriarche du récit, Firmin Proust, qui s’appelait Paul, à l’origine. C’est la première grosse révélation (ou pas) de la rencontre, Mauvignier évacue d’un coup d’un seul la nuance autofictive entre narrateur et auteur, la Maison vide, c’est l’histoire réelle de sa famille à lui, avec des failles sidérales, comme la grand-mère tondue à la Libération, le père suicidé parce qu’il n’a pas supporté l’Algérie etc. Mauvignier raconte comment il a inscrit cette histoire dans la réalité historique, l’entrecroisement de trois guerres sur quatre générations (en comptant celle du narrateur), dont on a parlé sans rien y comprendre, une qu’on a tu, à un niveau de névrose que personne ne peut soupçonner. LMV, c’est donc le récit de trois femmes, qui finiront, par obligation, par démontrer que la présence des hommes, finalement, n’est pas nécessaire au bon fonctionnement de l’entreprise familiale et plus globalement de la vie en général. Les hommes sont au front, l’Histoire se passe, elle est perçue via la distance de la Bassée, cette vie à l’arrière de tout où la guerre se perçoit via les morts qui, à force d’encombrer les devants des maisons en deuil (par la croix) se réunissent en des monuments aux morts devant lequel Marguerite, la dernière, tentera de deviner à travers ce qu’aurait été sa vie avec une mère aimante et un père présent. Mauvignier remonte l’écheveau de la patate chaude des histoires familiales, il est dissert en tant qu’auteur, bon client, semble apprécier les questions d’un interlocuteur qui a retravaillé TOUTE son œuvre avant de le recevoir, ça change des émissions télévisées où l’on passe plus de temps à parler autour du texte que du texte lui-même. J’adapte, c’est prévu, mes questions, reviens sur des sujets qu’il aborde lui-même, la topologie, les récits dans le récit, je regarde le public captivé et me réjouis parce que l’auteur est captivant – je le savais – mais qu’il faut aussi savoir lui donner la réplique. Il parle de ses recherches, de ses inspirations – l’enterrement de Jules est inspiré d’une toile de Courbet, le prénom Florentin de la peinture du XIX°, également – on bifurque sur le sujet de la Guerre d’Algérie, traité en filigrane dans ce roman-là, abordé dans Des hommes, évidemment, mais aussi, indirectement dans Apprendre à finir – paru en 2000, dont Mauvignier lâche qu’il a failli s’appeler… la Maison vide – dans Seuls, dans le Lien. Mauvignier confesse une irrépressible envie de savoir les choses, qui l’a poussé, enfant, à poser les questions là où d’autres se seraient tu. Il avoue également ne jamais dissocier la réalité de ce qu’on en raconte, même pour des scènes de massacre à la tronçonneuse. Alors, pour des scènes de guerre, dont les protagonistes disent eux-mêmes qu’il n’y a rien à en dire tant c’est indicible… De temps à autre, je regarde ce type à côté de moi, avec ses boucles de marin, j’ai du mal à me dire qu’il est là et il sera dur, après ce que j’ai vécu, de vivre des émotions aussi intenses : celles d’un lecteur, qui voudrait que le temps s’allonge, que des questions fusent, du public. Il n’y a que Marie-Ange qui me reproche de ne pas avoir parlé de Continuer quand j’ai délibérément évacué la question, pour rester dans le temps imparti. Il répond un peu à côté en parlant de Dans la foule et de Autour du monde, avec ses premiers lecteurs qui lui ont répondu que même en ouvrant sur le monde, il finissait dans ses huis-clos pré-carrés. C’est drôle, parce que l’auteur a du recul sur son œuvre – c’est rare – parce qu’il s’amuse de lui-même en disant que finalement, si c’est être passé d’une Maison vide à une autre en 25 ans, il n’a pas trop avancé… On a parlé un peu de cinéma, il s’est aventuré sur la question de Dieu – concédant lui en avoir beaucoup voulu – sur l’époque, l’information, les petites crottes que des auteurs satisfaits peuvent laisser et le doute avec lequel les vrais continuent d’avancer, bon an mal an. La suite est agréable, conviviale, laisse déjà l’impression proustienne – on y revient – qu’il valait mieux que les choses ne fussent pas encore arrivées pour qu’on n’ait pas à regretter qu’elles soient déjà passées. Mais Laurent Mauvignier was here, à Sète, j’en suis témoin.
Photo : Florence Montferran.
NB2: Ci-après, le fond d'écran qui n'a pas pu être projeté.
et au coeur de la nuit, la version audio (en deux parties) :
23:30 Publié dans Blog | Lien permanent
























