18/10/2025
UMSM TOUR 2025.
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13/10/2025
Un monde sans Murat - Premier retour.
THURIFERAIRES ET EXEGETES
Un Monde Sans Murat, par Florence COUTÉ, Chroniqueuse vidéo ("le Moujik et ses phrases"), co-auteure avec Patrick Ducher de "Entre Prince & Spring".
L’écriture de Laurent Cachard est une musique, un mouvement de piano… ou un fluide, un fleuve au débit suave, mesuré et sûr de lui, c’est un mouvement et c’est une musique, bien encadrés, où chaque mot est pesé, lourd de signification et empli d’élégance, jamais la signification ne prend le pas sur l’ornement, les deux se complètent toujours dans ce que l’on pressent comme une exigence incontournable. Le résultat est qu’on se laisse porter comme sur une vague dès la première ligne jusqu’au moment de refermer le livre. 103 pages , cela peut paraître peu (au premier regard) mais elles sont si denses que l’on ressort de cette lecture, rassasié et repu comme après un festin. Et l’on se surprend à relire plusieurs fois la même ligne et à consulter sur internet les différents mots que l’on peut apprendre au passage (pour moi, ce fut « chleuasme » mais il y en eut d’autres pour lesquels je dus rafraîchir ma mémoire tant j’avais oublié leur signification).
L’ouvrage se compose d’ un portrait, d’un entretien imaginaire avec l’au-delà, des chroniques parues sur son blog (2009-2025) et de 4 nouvelles qui sont une sorte de variations sur des chansons de Murat .
Laurent Cachard se démarque avec fermeté de toute communauté (ou mouvement communautaire) de fans et laisse de côté thuriféraires* et exégètes (hormis Didier le Bras pour lequel il a le plus grand respect – je préciserai à ce sujet que ce dernier avait malgré tout, un côté laudateur), et fustige tout rassemblement autour du sujet Murat ( vivant ou mort) et nous avoue même n’être pas allé à son enterrement : on sent une pudeur – assez proche de celle de Murat – à ne pas rendre publique une expérience qui se veut personnelle. Ce que nous ne lui dénions pas.
*le thuriféraire est littéralement celui qui porte l’encens à l’église.
La lecture des chroniques est facile, l’écriture en est alerte, amusante et s’appuie essentiellement sur les concerts des différentes tournées. Celle des nouvelles est plus ardue, le style n’est plus du tout journalistique mais résolument romanesque avec des phrases denses où chaque mot compte, où chaque tournure est amplement réfléchie , ajustée, chantournée pour coller au plus près de ce qu’a voulu dire son auteur. Et en même temps, pas de lourdeur, juste de l’épaisseur, voulue et conçue comme la pâte d’un gâteau qui enfle lentement dans un four.
Nouvelles :
« Les endimanchées » : réflexions amusées, amusantes, cocasses, basées sur le oui et le non, l’opportunité et la non-opportunité sur une private joke lors d’un concert de Jean-Louis.
« L’irrégulière » , une variation sur l’amour, le sentiment amoureux et la mélancolie de ce qui fut et qui n’est plus. Y est évoquée Jeanne Moreau doublement , d’abord parce que la chanson lui était destinée et ensuite pour son rôle dans le très beau film de Truffaut , Jules et Jim.
« Docile au vent » m’a embarquée , comme le bateau vous embarque pour l’ile d’Ouessant sans être sûr de l'atteindre , la fin de la terre ne peut être qu’une rencontre décisive et j’ai ressenti ce texte comme une gifle d’eau de mer et de vent tempêtueux. La chanson qui en est la genèse est « Quand femme rêve » écrite pour Julien Clerc (« Elle boit mon sang, comme l’eau »). On en ressort le souffle court.
La dernière nouvelle fait la part belle à « Murat en Plein Air » et sont convoquées les références du passé, un poète du pays, Camille Gandilhon Gens d’Armes et la petite paysanne qui tournoyait en gris et blanc sur la cassette VHS désormais introuvable et nous replongeons dans les premiers émois et émerveillements de ce stupéfiant ouvrage dotés de meuglements et de clarines. Le plein air étant et toujours sera souffle d’inspiration, comme le dit l’auteur.
Ce petit recueil se clôt discrètement comme sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller le Murat qui dort. On le referme avec un soupir d’aise et le sentiment d’avoir accompli un beau voyage et l’esprit régénéré. Je le tiens pour le meilleur ouvrage que j’aie lu sur Murat.
PS : les illustrations de Franck Achille Gervaise sont de toute beauté.
https://www.audasud.fr/boutique/Un-monde-sans-Murat-p7833...
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12/10/2025
Murat sur un Plateau.
Évidemment, il a suffi que j’annonce au public venu me rencontrer au Bar du Plateau que je tiens toujours le journal des rencontres en train de se faire pour que je procrastine et attende les premières minutes du jour d’après. Mais c’était hier (donc) matin, et j’ai présenté Un monde sans Murat pour la première fois en public, sans assistance – ni interviewer, ni musicien – à l’ancienne : je me suis posé, et de ma voix haute j’ai parlé de Jean-Louis Murat à ceux, nombreux, qui ne le connaissaient pas ou mal. Toujours, dans ces cas-là, le souci est de se montrer clair, exhaustif et limité dans le temps, pour ne pas lasser. Toute proportion gardée, je garderai jusqu’au bout le souvenir d’un Axel Kahn clôturant les Assises de la bioéthique, à Paris VIII, sans note, demandant à l’assesseur de combien de temps il disposait (20mn) et organisant sa prise de parole en fonction. C’est avec moins de gravité, simplement, que j’ai parlé de Murat, de ce qui nous liait et, surtout, de ce qui a provoqué ce besoin d’écrire ce livre sur lui. J’ai évoqué la construction de l’ouvrage, l’importance de son sous-titre, Variations, puisqu’il comprend des genres différents comme le portrait, l’entretien, la chronique et la nouvelle. J’ai évoqué ce fameux premier article de blog, en 2009, qui a tout entraîné, puis les thématiques développées dans les nouvelles, dont l’Irrégulière, un texte que j’ai lu seul, à voix haute, a capella. J’ai parlé d’autres souvenirs qui sont venus, spontanément, comme les endimanchées – titre de la première nouvelle, la plus longue – du sourire à Drucker et, dans l’Irrégulière, de Jeanne Moreau, de Jules & Jim, d’Henri-Pierre Roché. Mes thématiques. Quand on s’adresse à un public neuf, qui ne connaît pas (encore) vos obsessions, ça marque. J'ai lu la note que j'avais envoyée à Didier le Bras pour dire à quel point le Bougnat était essentiel à ma vie; un bout de la fin de mon Irrégulière. À force, je connais les réactions, je crois pouvoir dire que ça a plu (coquetterie). Mais le plus beau, dans tout ça, c’est qu’un bon nombre de futurs lecteurs ne connaissaient pas Murat, qu’ils vont découvrir parce que je leur en ai donné envie. Je leur ai demandé de l’écouter, pas d’aller voir les vidéos de ses outrances sur Internet. Il y a quelques titres qui ont dû circuler, aujourd’hui (hier) et c’est une réussite, en soi. L’éditeur me dit que les commandes sont déjà importantes, à notre niveau, et émanent de la France entière. Ça veut dire que Un monde sans Murat bruisse déjà, un peu. Je l’ai écrit pour rendre à JLM un millième de ce qu’il m’a apporté, en trente ans : sans flagornerie – pas son genre, ni le mien – sans une once d’appropriation, puisque c’est la limite. J’ai hâte, déjà, d’être aux prochaines rencontres, hâte que d’autres s’annoncent, puisqu’un Monde sans Murat, c’est un monde que l’on se doit de partager, et pas seulement entre nous. Merci à Sarah et Rebecca, toujours là pour moi.
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08/10/2025
UMSM - PREMIÈRES DATES
Le 11 octobre, 11h, Bar du Plateau, Sète
Le 20 novembre, 17h, enregistrement Radio B., Bourg-en-Bresse, avec Stéphane Petrier
Le 17 décembre 18h, librairie Quartier Latin, Saint-Étienne
Le 18 décembre, 18h, enregistrement public Culture live, Lyon, avec Stéphane Petrier
Le 19 décembre, 19h, librairie Cordelia, Caluire (mini-récital Murat de Jean-Christophe Géminard)
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03/10/2025
Nus dans la crevasse.
Ça n’est pas rien de se réclamer de Houdini dans son premier album solo - l’homme coupé en deux - et de maintenir son public dans l’illusion d’un concert au Transclub, à deux portes d’une salle qu’il a remplie il y a bientôt 40 ans. On la connaît, l’histoire de Stéphane Pétrier, je l’ai suffisamment écrite ici pour ne pas rappeler - prétérition - que c’est un des plus grands showmen que j’aie connus, et je pèse mes mots. Il est là, devant la petite centaine de personnes qui le connaissent tous, ça fait un peu moins de deux ans que son album est sorti, à la Casa musicale, quand le Grand était encore de la fête, ou au Tikki Vinyl Store. Là, c’est du sérieux, la scène, la sono sont de sortie, Steph a mis un costume, ça vous pose un homme pour la Grande vie, un morceau d’entrée de concert comme on n’en n’a pas connu depuis longtemps, qui installe l’énorme section rythmique - Habouzit/Simon - et introduit un guitariste, Éric Clapot, qui délaisse la Gretsch habituelle du Voyage de Noz pour une Telecaster plus brutale dans le son. C’est dense, le spectre est là, d’entrée, Pétrier lâche son Je ne dors jamais, censé incarner tous les maux qui ont présidé à l’écriture de l’album. Qui enchaîne pourtant avec un inédit, qui annonce la suite, à l’énonciation plus distanciée, comme si l’homme qui s’était perdu voyait plus distinctement, désormais, ce qui l’a fait s’égarer, un temps. On me dit que tu es avec un type plutôt bien, lâche-t-il, c’est un continuum amoureux à la Rohmer d’un type qui ne sera jamais tranquille et qui trouve dans son intranquillité la source de son inspiration. Depuis 40 ans, fermez le ban. Il va tuer le game, disent les jeunes - assez absents, hier - en dédiant un titre, inédit aussi, à Cervantes, reconnaissant de lui-même son sens de l’absurde, sa volonté de se battre contre des moulins à vent jusqu’au bout de son existence. C’est réussi en cela qu’on le remercie in petto, dans le public, de le faire pour nous. C’est beau, ça tient, évidemment, Les beaux restes emportent tout, tant le titre est juste sublime et équilibré ; ça y est, il y a deux ans et demi qu’il me l’a envoyé, sous forme de maquette, dans ma chambre d’hôpital, je suis bien vivant pour en recevoir cette forme sonore si aboutie, c’est merveilleux : la vie, ça éclabousse. Il y a les deux reprises, celle de Robert Wyatt et celle, en finale, de Véronique Sanson, Besoin de personne, la plus belle antiphrase de la chanson française (avec le temps, remarque …) et la meilleure façon de nous remercier d’être là, toujours, nous qui cherchons à quel point lui rendre de ce qu’il nous apporte, depuis tant d’années. Si le projet tourne en rond, c’est d’un cercle vertueux. Le 4 décembre, dans la grande salle du Radiant, les Noz vont fêter leur 40e anniversaire. J’y serai, avec mon livre dédié : la petite trace que j’aurai rendue à ce cheminement temporel. Nu(s) sur le rond-point de nos existences, pas si vaines, finalement.
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25/09/2025
LM WAS HERE (MAISON VIDE & PLEIN DE SENS).
Drôle de sensation que de rentrer ce soir du grand entretien avec Laurent Mauvignier, et du dîner qui a suivi. Outre le Momentum littéraire, de haut niveau – il faut toujours inviter des auteurs qui ont quelque chose à dire sur la littérature, pas seulement sur leur roman – il y a eu cette rencontre avec un écrivain qui a marqué ma vie : nous avons le même âge, à quelques mois près, et les thèmes d’écriture que nous avons choisis, chacun de notre côté, sont diablement identiques. À la différence près que la Maison vide, le livre dont tout le monde parle et pour lequel, sans suspens et sans concurrent, il va décrocher le Goncourt, prochainement, une anomalie – sans jeu de mots – pour quelqu’un qui aurait pu être récompensé dix fois déjà, pour dix romans différents, est un roman, je l'ai dit, comme il en paraît un tous les cinquante ans. Alors, attendre Mauvignier au pied de l’escalier de l’Orque bleue, c’est se remémorer les rencontres avec Pascal Quignard, Pierre Jourde, Éric Chevillard, Alexis Jenni et autre ; c’est se dire que le premier contact, dans la réalité, est un sérieux indice sur la dimension du bonhomme : je suis rassuré, je le trouve plus en forme que sur des photos des mois antérieurs qui circulaient. On marche jusqu’à la Maison régionale de la mer, qui accueille les Automn’Halles pour la première fois – le quotidien local en a fait un sujet en réussissant l’exploit de ne citer ni Mauvignier ni Haddad, que Marie-Ange interrogera samedi… Première victoire sur une communication un peu poussive, la salle est pleine, il y a entre 70 et 80 personnes qui prennent place, peut-être plus, je ne sais pas, mais déjà l’exercice est réussi, la crainte initiale évacuée. Les deux Laurent prennent place sur la scène – à l’inverse du roman, on ne peut changer de prénom parce que trop commun, comme le patriarche du récit, Firmin Proust, qui s’appelait Paul, à l’origine. C’est la première grosse révélation (ou pas) de la rencontre, Mauvignier évacue d’un coup d’un seul la nuance autofictive entre narrateur et auteur, la Maison vide, c’est l’histoire réelle de sa famille à lui, avec des failles sidérales, comme la grand-mère tondue à la Libération, le père suicidé parce qu’il n’a pas supporté l’Algérie etc. Mauvignier raconte comment il a inscrit cette histoire dans la réalité historique, l’entrecroisement de trois guerres sur quatre générations (en comptant celle du narrateur), dont on a parlé sans rien y comprendre, une qu’on a tu, à un niveau de névrose que personne ne peut soupçonner. LMV, c’est donc le récit de trois femmes, qui finiront, par obligation, par démontrer que la présence des hommes, finalement, n’est pas nécessaire au bon fonctionnement de l’entreprise familiale et plus globalement de la vie en général. Les hommes sont au front, l’Histoire se passe, elle est perçue via la distance de la Bassée, cette vie à l’arrière de tout où la guerre se perçoit via les morts qui, à force d’encombrer les devants des maisons en deuil (par la croix) se réunissent en des monuments aux morts devant lequel Marguerite, la dernière, tentera de deviner à travers ce qu’aurait été sa vie avec une mère aimante et un père présent. Mauvignier remonte l’écheveau de la patate chaude des histoires familiales, il est dissert en tant qu’auteur, bon client, semble apprécier les questions d’un interlocuteur qui a retravaillé TOUTE son œuvre avant de le recevoir, ça change des émissions télévisées où l’on passe plus de temps à parler autour du texte que du texte lui-même. J’adapte, c’est prévu, mes questions, reviens sur des sujets qu’il aborde lui-même, la topologie, les récits dans le récit, je regarde le public captivé et me réjouis parce que l’auteur est captivant – je le savais – mais qu’il faut aussi savoir lui donner la réplique. Il parle de ses recherches, de ses inspirations – l’enterrement de Jules est inspiré d’une toile de Courbet, le prénom Florentin de la peinture du XIX°, également – on bifurque sur le sujet de la Guerre d’Algérie, traité en filigrane dans ce roman-là, abordé dans Des hommes, évidemment, mais aussi, indirectement dans Apprendre à finir – paru en 2000, dont Mauvignier lâche qu’il a failli s’appeler… la Maison vide – dans Seuls, dans le Lien. Mauvignier confesse une irrépressible envie de savoir les choses, qui l’a poussé, enfant, à poser les questions là où d’autres se seraient tu. Il avoue également ne jamais dissocier la réalité de ce qu’on en raconte, même pour des scènes de massacre à la tronçonneuse. Alors, pour des scènes de guerre, dont les protagonistes disent eux-mêmes qu’il n’y a rien à en dire tant c’est indicible… De temps à autre, je regarde ce type à côté de moi, avec ses boucles de marin, j’ai du mal à me dire qu’il est là et il sera dur, après ce que j’ai vécu, de vivre des émotions aussi intenses : celles d’un lecteur, qui voudrait que le temps s’allonge, que des questions fusent, du public. Il n’y a que Marie-Ange qui me reproche de ne pas avoir parlé de Continuer quand j’ai délibérément évacué la question, pour rester dans le temps imparti. Il répond un peu à côté en parlant de Dans la foule et de Autour du monde, avec ses premiers lecteurs qui lui ont répondu que même en ouvrant sur le monde, il finissait dans ses huis-clos pré-carrés. C’est drôle, parce que l’auteur a du recul sur son œuvre – c’est rare – parce qu’il s’amuse de lui-même en disant que finalement, si c’est être passé d’une Maison vide à une autre en 25 ans, il n’a pas trop avancé… On a parlé un peu de cinéma, il s’est aventuré sur la question de Dieu – concédant lui en avoir beaucoup voulu – sur l’époque, l’information, les petites crottes que des auteurs satisfaits peuvent laisser et le doute avec lequel les vrais continuent d’avancer, bon an mal an. La suite est agréable, conviviale, laisse déjà l’impression proustienne – on y revient – qu’il valait mieux que les choses ne fussent pas encore arrivées pour qu’on n’ait pas à regretter qu’elles soient déjà passées. Mais Laurent Mauvignier was here, à Sète, j’en suis témoin.
Photo : Florence Montferran.
NB2: Ci-après, le fond d'écran qui n'a pas pu être projeté.
et au coeur de la nuit, la version audio (en deux parties) :
23:30 Publié dans Blog | Lien permanent
22/09/2025
Faire les liens.
J’avais moins de 30 ans quand Laurent Mauvignier a publié Apprendre à finir, j’ai remisé la (grosse) nouvelle que j’avais écrite sous ce titre. Qui n’aura manqué à personne. J’avais 40 ans quand Des hommes est sorti, un an après Tébessa 1956 et que j’ai vu la grosse machinerie de l’édition se mettre en marche, pour de bonnes raisons (pour une fois). J’avais 45 ans quand Valse, Claudel est sorti au Réalgar avec en final le poème Camille, qui reprend ce Quelque chose d’absent qui me tourmente que j’ai fait rimer dans le Square de mon ami Éric avec Ta fossette rieuse et tes Diabolos menthe. J’ai 56 ans et j’ai eu le privilège de lire la Maison vide deux mois avant tout le monde avant de recevoir son auteur jeudi à 18h30 à la Maison régionale de la mer, pour le grand entretien des Automn'Halles.
15:06 Publié dans Blog | Lien permanent
13/09/2025
SimplextIIval.
Je savais d’expérience qu’il allait me piéger, à annoncer ma note de blog à l’aube alors même qu’on quittait à peine l’InterVal de Vaugneray où venait de se dérouler le 2e Simplextival, festival du label du même nom, spécialisé dans la production et la réédition locale, en vinyle, exclusivement. La 2e session n’était pas si étrangère à la 1ère, puisque Danilo ouvrait pour tout le monde, lui dont la pop sucrée mérite qu’on s’y attarde, à condition qu’on arrive à temps au concert, ce qui n’a pas été notre cas, les 17km se transformant en 2h de route, ce qui ne fait rêver personne. Killdozer, le groupe qui suivait, c’était celui de Robert Lapassade (cet homme devant lequel, en toute fin de soirée, en lui dédicaçant un Noz d’émeraude - à sa demande- je me suis trouvé dépourvu, heureusement, de tout cynisme et sarcasme tant il représente à lui seul près de 50 ans de rock et de blues) avec Yves Rotacher à la batterie, par exemple, qui ne fut rien d’autre que l’ingé son des deux premiers albums des Noz - Lapass’, Don Roberto, à qui j’ai avoué l’analogie que son groupe m’a inspirée avec le E-Street Band, dans sa structure. Le Simplextival a cela de particulier qu’il met toujours en lien trois groupes qui n’ont rien à voir dans le temps et le genre, mais qu’il défend bec et ongle. Il a raison, à son âge. Et quand les Noz lui ont proposé de jouer le Signe, in extenso, l’album qu’ils ont sorti en 1992 - 6 ans après qu’ils ont rejoué Opéra à Rillieux - il n’a pas rechigné non plus, l’Inox, dût-il prendre le risque d’un anachronisme fort, tant l’album est peux -être le plus daté du groupe, dans ce qu’il visait d’international et qu’il n’a pas touché. C’est facile, quand la même frange du public est présente, toujours - t-shirts à l’appui pour certains - pour les encourager contre vents et marées. Jouer un album dans son intégralité, c’est accepter que des morceaux soient faibles, dans l’écriture, surtout - Mange le monde ou Querelle - mais mieux chantés qu’ils l’étaient il y a 30 ans, avec un clavier qui prend une place qui n’existe plus maintenant mais qui fait mouche quand Thierry Westermeier, revenu de nulle part, se met au diapason et éclaire les mêmes notes d’une tonalité différente. Le reste, à près de 3h alors que mon portable est resté dans la voiture de Guillaume, ça n’est que du souvenir, d’un concert vu, d’abord, des tribunes - puisqu’il était tard, quand même - puis de la fosse, d’abord peu nourrie puis copieusement garnie : ce groupe a un truc en plus, dans ce qu’il dégage, dans la capacité de son chanteur d’avoir de nouveau appris des chansons qu’il ne chantait plus depuis longtemps, dans le son cristallin de la Gretsch d’Emmanuel Perrin, la session rythmique - et les choeurs - d’Aldo & John Mc Clapot, dont le fils dira qu’il a trouvé bien le morceau Un 30 avril sur les quais, cet instrumental en mano a mano - E.Perrin/E.Clapot - qui dit tout de ce que fut le son des Noz et de ce qu’il continue d’être : un mélange de virtuosité et d’impact, dans la note, un morceau où deux musiciens sur un tabouret, déclinant à eux seuls l’histoire des Noz, occupent un spectre musical qui emplit l’InterVal. C’est fort, très fort, et Emmanuel Perrin, s’il est parti et si son successeur a trouvé autre chose, c’est le son du Voyage, depuis 30 ans. 1992, c’est cette année charnière au cours de laquelle la vie professionnelle de pas mal de gens présents hier s’est décidée; c’est l’année où géopolitiquement, la Yougoslavie aurait pu taper la Dream Team à Barcelone : la face du monde en eût été changée. Marie-Ophélie n’était pas au concert hier, elle n’a pas entendu le chanteur - qui n’a rien dit pendant le concert, sauf nous avouer que sa voix était prise, ce qui ne s’est pas entendu - dédier ce concert à Éric, le Grand, qui faisait le catering, l’année d’avant, encore, et… me remercier pour le livre que j’ai écrit sur eux. C’était gênant, un poil, mais je prends. Juste avant, il venait de jouer Près du vide, ce morceau qu’il joue encore de temps en temps en solo, pour faire valoir ce vers sublime - Et se dire sans frémir que si tu me blesses, c’est peut-être de l’amour à l’envers - mais qui est repris ici, dans un jeu d’ombre, par le groupe entier, nous laissant trente ans en arrière, quand le concert se termine. Ces moments-là, s’ils se succèdent, c’est qu’ils n’ont pas de prix. 30 ans que le monde attendait le Signe; il n’est pas impossible qu’il nous soit parvenu pile hier, en pleine conscience.
11:44 | Lien permanent
























