06/04/2015
Projet.
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05/04/2015
Our Black & White screens.
C’est vrai que Nellie Olson, quand on était plus jeune, concentrait toutes les inimitiés dont on ne se serait jamais cru capable, enfant. Cette espèce de morgue de personne bien née, pédante, méchante, jalouse des bonheurs simples que vivaient, dans le même village, dans la prairie, ses camarades de classe. C’était pourtant la leçon de la communale, le même enseignement pour tous et, ce qui la dégoûtait encore plus, l’abolition, le temps de l’enseignement, des privilèges. On souffrait avec son père, on accablait sa mère, qui l’encourageait dans l’idée, absurde, qu’elle valait mieux que les autres. Quarante ans après, qui eût pensé que Nellie Olson rassemblerait tout ce que la ville de Lyon peut générer comme amateurs de musique, sur une péniche amarrée : il fallait avoir le pied marin et ne pas craindre la foule pour assister au concert de sortie de « We are noisy », le premier album de ladite peste, représentée in situ par quatre garçons dans le vent, que la presse locale s’échine à ramener à deux groupes mythiques de la ville, le Voyage de Noz pour son chanteur, la dénommée Aurélia Kreit pour le duo basse-batterie, plus le plus grand guitariste de la place lyonnaise, en taille au moins. Le concept de l’album, c’est de revenir au rock sourd et dur, 100% certifié Xavier Desprat, l’ingé son qu’il faut quand on enregistre un disque. Choix de l’anglais pour la quasi-totalité des titres, rupture avec l’essentialité du texte qui fait l’identité de Noz et faisait celle d’Aurélia, avant, amplis à fond au bout du bout de la Marquise et en avant : la voix, unique, de Pétrier, sa nasalité juste, les chœurs de Tito qui renvoient, parfois, aux 24h de l’INSA 1986, il y a tout et tout est en place. Mais hier, l’essentiel, si j’osais, était ailleurs ; dans la convergence de toutes ces têtes blanchies qui se reconnaissent, même quand elles ne se sont jamais parlé. Ces personnes venues de loin, dont on a suivi le parcours, plus encore, désormais, depuis qu’existe la nouvelle agora virtuelle qui permet d’être ami avec quelqu’un dont on n’a connu que les concerts, en jeune passionné, il y a très longtemps. Dans la salle bondée, sur les différents ponts du navire, impossible de ne pas croiser quelqu’un avec qui échanger quelque souvenir d’un concert ou d’une répétition publique à la mi-graine. De la vieille et toujours sublime copine de fac à l’un des nombreux ex-maris de la Baronne, tout le monde était là, et il a fallu choisir, au gré du tangage, les personnes avec qui prendre un verre à la santé de cette vieille peste de Nellie Olson, comme on l’aurait fait pour son enterrement, sauf que là, c’était l’inverse : la voilà qui nous réunit sur un faire-part de naissance, qui met fin à une ironie de trente ans d’âge, aussi : Aurélia Kreit, en tout et pour tout, n’aura laissé qu’un cassette rouge à quatre titres, et un roman à venir qui n’a jamais été aussi attendu qu’on me l’a signifié hier. Sur un mode chaleureux, avec le même plaisir, la même émotion qui a présidé, m’ont-ils dit, à leur histoire commune, à jamais mêlée avec celle de cette petite fille à la photo sépia. Qui n’aurait fait qu’une bouchée de Nellie Olson à l’école, lui aurait rappelé que dans la culture slave, la vie est courte pour ceux qui cherchent des noises. Didier Georgakakis, qui n’a jamais autant ressemblé à Philippe Pascal, Muriel Jacobi, venue spontanément me rencontrer quand je disais à Marius Beyle, à l’instant, que j’aimerais bien la voir après quelques discussions par mails interposés, la jeune fille au clavier dont je ne me souviens plus du nom (qu’elle me pardonne) qui m’interpelle quand je m’en vais, avec qui je parle de ce projet un peu fou, devenu manuscrit de cinq cents pages dans un tiroir, que je leur dois de rouvrir, dans quelques mois, une fois installé. Cette impression d’être sur la même scène qu’eux, quand eux n’y sont plus, ils m’ont offert ça, hier, et Nellie Olson, quoi qu’on en dise, a permis ça. Un groupe de quinquas qui fait du rock, qui chante une année de naissance des parents de ceux qui ont ouvert pour eux hier, a fait chavirer la Marquise, a justifié les Bank Bank par un nombre de Kiss Kiss impressionnant. Sans doute avons-nous besoin de ça ponctuellement : savoir que nous sommes toujours là et que, quel que soit l’emballage, nous sommes les mêmes. Never never never known.
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04/04/2015
Ailleurs.
Cette ville étonnante où tout le monde remercie le chauffeur en descendant du bus et dans laquelle, en retour, sur demande d’une passagère, le chauffeur s’engage à rattraper, puis dépasser le bus qui le devance, pour qu’elle puisse l’avoir à temps.
18:13 Publié dans Blog | Lien permanent
02/04/2015
Faut-il encore que palpitent nos palpitants.
Le duo Fergessen est ce soir à Paris, au théâtre des Etoiles, dans le 10ème arrondissement. L’occasion pour eux de montrer qu’indépendamment d’une émission dans laquelle ils auront tenté leur chance (et réussi leur coup), ils sont avant tout des hommes de scène dont l’un est une femme. Que ça fait des années qu’ils sont sur la route et qu’il est rare de voir un groupe donner autant sur scène. J’envie les gens qui les découvriront, qui parcourront leur site et, de fait, tomberont sur mes mots, ici et là. L’occasion d’annoncer que le DVD du live « Sold Out » à la Souris Verte sortira d’ici la fin de l’année et comprendra, d’une façon que j’ignore, le compte-rendu de résidence, écrit en direct et in vivo. D’ici là, j’en aurai reparlé, puisqu’ils seront dans ce qui sera encore ma région en juin. Ecoutez-les, allez les voir : c’est vivants que les artistes ont besoin qu’on prenne le risque de les rencontrer.
12:51 Publié dans Blog | Lien permanent
01/04/2015
Bonne continuation!
Ma voisine de table, à midi, une belle quadragénaire, qui confie à son rendez-vous que son rêve fût de travailler à la télévision, son modèle de vie Jean-Pierre Foucault et l’homme dont elle a toujours été amoureuse Christophe Dechavanne. Et moi de regretter que l’homme en face d’elle, sans doute recrutée sur Meetic Affinity, ne fût pas Dominique Wolton, sa théorie du passage de deux à quatre formes de culture, celle « d’élite », la moyenne, la populaire et celles, plurielles et particulières, qui se distinguent au nom du droit à la différence (femme, régions, minorités ... ) et mettent en cause la légitimité populaire. Elle est partie sans que je comprenne de qui, du Barça, club de sa ville natale, ou du PSG, symbole de la réussite d’un média qu’elle vénère, aura sa préférence. Sans que je sache non plus à quel moment l’homme, qui lui a caressé la main en fin de repas (elle est jolie, je vous dis), finira par lui asséner cette affreuse phrase qui me sert de titre, dont on dit qu’elle est issue, justement, des sites de rencontre pour ne pas dire son effarement.
18:00 Publié dans Blog | Lien permanent
31/03/2015
Ellénore, vivante.
Une histoire d’amour comme il s’en vit des millions chaque jour mais que chacun de ceux qui en ont vécu une continue de considérer comme unique. Mentalement, quand il lui arrivait de penser à lui, elle évacuait sa présence d’un haussement d’épaules moral, se traitant de pauvre fille bien naïve. Mais elle savait qu’il n’en était rien, que ce qu’elle avait vécu avec lui, elle le portait en elle et le vivrait jusqu’au bout, in abstentia.
19:31 Publié dans Blog | Lien permanent
30/03/2015
2,5 X 20 ans.
On a beau voir chez les autres que ça se porte bien, et se dire que ça allait forcément finir par arriver, il reste que quand ça nous touche d’aussi près, c’est une sacrée sensation, plutôt qu’une surprise. Se dire que cette femme-là, qu’il me semble avoir davantage connue comme femme que comme fille, en tant que sœur, a plus de trente ans de plus que celle qui posait, boudeuse, dans sa chambre, poster des Dogs en arrière-plan. Et que dans le même temps, je l’ai suivie, dans l’avancée du temps. Ma sœur, c’est un autre moi-même : nos enfants ne supportent pas qu’on ait les mêmes références, qu’un seul mot, une seule référence, puisse nous renvoyer à un large panel de films ou de livres, sans aucune pédanterie : nos idoles vont de Alf à Woody Allen, en passant par la moindre réplique de « Breakfast Club », de « Nos meilleurs copains » ou « Nos enfants chéris ». On se souvient de chanteurs à la mode des années 80, mais pas ceux qu’on a ressortis du placard pour une tournée ou une énième compilation. On a retenu nos larmes à la mort de TV6, veillé tard pour espérer, dans « Bonsoir les clips », entrapercevoir le pantalon à liseré de Bryan Ferry sifflant « Jealous Guy » dans les arènes de Fréjus. On s’est même cotisé, des années après, pour acheter, à deux, la cassette VHS du concert, retrouvée chez notre frère lors d’un déménagement, et objet, depuis, de ses pires justifications politiques. On a vécu les mêmes soubresauts, dans nos vies personnelles, en ayant, chacun à sa façon, de nous en tirer tant bien que mal, avec la volonté farouche de garder ce qu’on doit garder de meilleur, avec le même souci de permanence, qu’elle garde enfoui quand je le revendique haut et fort, à longueur d’écrits. Elle fut, étudiante, une angliciste brillante, qui aurait pu mener, avec Jacques Aubert, la traduction de l’Ulysse de Joyce : sa culture, sa capacité impressionnante à avaler des livres les uns après les autres, le lui auraient permis. Elle a choisi une autre voie, qu’on aurait pu croire frileuse si elle n’en avait pas exploré, les uns après les autres, les différents aspects jusqu’à se retrouver, l’année dernière, chairman de l’année, discours et récompense à l’appui, à Chicago. Il arrive qu’elle dégote des contrats, façon « Better Call Saul » aux funérailles d’amis de la famille, mais elle reste sobre, dans sa façon d’aborder ça, et pense à développer les « Obsécool » (« des obsèques, mais à la cool ») façon « Adieu, Berthe », des Podalydès. J’aime bien railler son côté bobo – Télérama, Nanni Moretti, Dupuy & Berberian et Vincent Delerm en têtes d’affiche – pour ne pas dire que tout cela me plaît aussi. Elle a quelque chose de la Anita de la chanson de Kent (« Quand on pense à Java), mais ses bébés, elle ne les a pas faits toute seule, et elle n’a pas de Coccinelle (j’aimerais bien, d’autant qu’elle me prête souvent sa voiture). Ses bébés, ils ont dix-neuf et seize ans, voleront bientôt de leurs propres ailes, l’une soucieuse et centripète, l’autre baroudeuse et centrifuge. Deux pans de ce qu’elle a toujours été, en somme. Il sera temps, puisque la cinquantaine aura passé, de mener ses derniers trois quarts d’existence là où elle envisage d’aller : personne ne lui aura imposé quoi que ce soit, au final, et c’est bien là le plus important.
13:42 Publié dans Blog | Lien permanent
29/03/2015
Dum loquor, hora fugit.
Revendiquer toutes les heures d’hiver perdues dans la nuit, au cours d’une vie, et s’en faire une vraie vacance, reprise au temps.
18:51 Publié dans Blog | Lien permanent