31/12/2013
Comme en 14!
Regarder in situ le monde tel qu'on voudrait qu'il soit: le chemin le plus court entre le vœu et la résolution.
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30/12/2013
Cabris.
A l’inverse de De Gaulle, je pourrais facilement, et sans attendre 67 ans, entamer une carrière de dictateur quand je vois l’usage actuellement fait de la démocratie.
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29/12/2013
The Black Sentence's Game.
Il y a d'abord un parcours défini, dont la distance n'est connue des concurrents qu'au fur et à mesure qu'on s'approche de l'arrivée, ce qui les oblige à doser l'effort en fonction d'une durée à tenir, et des obstacles qui s'opposent à eux. De deux natures: des adversaires, qu'on visualise de loin ou qui apparaissent au détour d'une rue, d'un croisement, etc. Ceux-ci permettent aux concurrents de les rattraper s'ils sont suffisamment proches - donc d'accélérer leur cadence- ou de mesurer des temps intermédiaires quand ils sont loin et des les voir se rapprocher. La règle étant, quand ils les dépassent, de ne pas leur accorder de regard, de rester fixé sur l'objectif de l'arrivée. Dans l'imaginaire des concurrents, la course est commentée, les secondes égrenées, on considère chaque feu piéton au vert comme un signe que l'inéluctable est en marche, chaque feu rouge comme un croche-pied fait à l'invincibilité du champion toutes catégories, celui qui, depuis plus de trente ans, est invaincu dans sa discipline. Qu'il soit le seul à savoir qu'il la pratique, que les autres concurrents ne soient pas conscients qu'il les considère comme tels, ne change rien. Il avance, marche à pas rythmé, distinguant les adversaires, donc, et l'autre catégorie d'obstacles, les répliquants, qui apparaissent subrepticement, eux aussi, mais disparaissent presque aussi vite, entrant chez eux, s'arrêtant là où lui continue. De faux adversaires, très éphémères, qui peuvent néanmoins l'obliger à une allure trop rapide, qui l'épuiserait. Tout est calculé, dans cette compétition: les courbes des virages, les vélos évites de justesse, les pas ne mordant pas les bandes blanches des passages piétons. La foule qui hurle mentalement le même nom de crack qu'il porte depuis trente ans est la même que celle qui accompagnait l'Etalon noir jusqu'à l'école, et le principe est le même que celui qu'on impose aux enfants: faire en sorte, en plus de l'exercice physique, que le trajet passe plus vite. À l'arrivée, le candidat a le choix, suivant le tempo qu'il a imposé à sa course, entre terminer au sprint, gravir quatre à quatre les trois étages qui le séparent de la ligne et homologuer son temps ou assurer une victoire - rappelons qu'il est seul à concourir mais épargnons-lui ce rappel - tranquille mais figurant tout de même au palmarès. Il ne lui reste plus qu'à accepter, un jour, que quelqu'un qui le dépasse en marchant ne soit pas qu'un répliquant, qu'il soit vulnérable comme le sont tous les empires, même les plus fantasmagoriques, et le temps aura, hélas, fait son œuvre.
NB: tout cela, c'est de la faute du Palais des fous.
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28/12/2013
Médire.
Il ne lui manque que la parole, entend-on souvent dire, ici ou là. Au vu de l’usage qu’en font ceux qui le disent, on n’en est plus si sûr, au final.
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27/12/2013
Sequels.
On me dit à deux reprises, depuis hier, que la note qui précède est dans l’esprit de « Ciao Bella », qu’elle en ferait une suite idéale. On rajoute d’ailleurs que la nouvelle, qui a trouvé son public, est frustrante, qu’on aimerait savoir ce qu’ils deviennent, ces deux-là. Eh bien rien, qu’est-ce que vous croyez ? Qu’ils vont mettre leur vie de côté, céder à l’impulsion et l’installer dans le temps ? Il n’y a pas matière à roman dans cette histoire, c’est un instantané, une façon de ressentir les choses au moment même où elles arrivent et c’est déjà beaucoup. On n’écrit pas deux fois la même chose, sinon il y a complaisance. Alors ces amants-là, fussent-ils platoniques, n’ont pas d’autre avenir que celui qui fait qu’on recommence l’histoire au début, pour la relire encore. Ce n’est pas le cas des vieux amis d’hier.
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26/12/2013
Les vieux amis.
Ils se tiennent par le bras, se soutiennent mutuellement ; il n’a été question de désir entre eux que jusqu’au moment premier où ils ont compris qu’il vaudrait mieux, pour eux, ne pas y céder. Depuis, ils se portent, se racontent leurs vies, leurs chagrins (d’amour), leurs espoirs (d’amour). Ils savent que quel que soit l’endroit où l’un deux va débarquer, l’autre voudra et saura le retrouver. Revoir le sourire enjôleur, se réjouir de sa mauvaise foi à lui, de ses aphorismes à elle : on ne peut pas, dit-elle, être au centre du monde quand on est un trou du cul*. Ils avancent, on les voit s’éloigner de dos sur le chemin, la tête de l’un un peu penchée sur l’autre dans un mouvement de balancier. Ce sont les vieux amis, les copains que chantait Ferré, il y a longtemps, déjà. Ils avancent, sans savoir où ils vont : quand les routes sont rectilignes, c’est que l’intention est fausse. Et que le parcours qui va s’ensuivre sera faussé, par un postulat qui n’était pas juste. Il faudrait se souvenir de tous les premiers instants qu’on a passés avec les gens qui comptent, et se demander respectivement si on a été fidèle à l’autre, avec ce qu’il a engagé de soi dans ce qu’on est. Pour l’instant, les vieux amis continuent : quand elle frissonnera un peu parce que la nuit est tombée, il lui prêtera sa veste et ils entameront le chemin du retour.
* dessin et aphorisme: Fabienne Bergery
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25/12/2013
Inédit.
Scène 1
Un homme, seul, dans ses pensées. Il sourit.
Ah, j’en ai eu du succès ! Il fallait voir, à l’atelier, le sourire qu’ils avaient tous quand j’arrivais le matin, tous là à guetter le bon mot, la blague du jour, la grimace que je ne refusais jamais de leur donner. Pour égayer leur journée. La mienne passait après. Après ça. On aurait pu me donner le boulot le plus pourri du monde – déjà que celui-ci c’était pas brillant ! – ça m’aurait pas dérangé plus que ça. Parce que j’avais compris un truc que eux ne comprendront jamais : ça n’est pas la tâche qu’on te donne qui compte, c’est la façon dont tu t’en acquittes. Et moi, peut-être que c’est la nature qui m’a fait comme ça, mais j’ai choisi d’être heureux. Quitte à monter tous les jours la même pièce sur la même machine, je me suis imaginé heureux et du coup je le suis. Du moins je l’étais. Et comme en plus de ça, j’avais la cote auprès des autres, ça m’a jamais demandé trop d’efforts d’aller travailler. Toujours la banane, toujours le sourire, jamais l’œil sur l’horloge pour éviter d’y penser, les journées défilaient et à chaque pause, avec les copains, on allait s’en griller une dehors et là je savais que c’était à moi de jouer, que c’était un peu ma scène, la cour de l’usine. (...)
Extrait de "A contre-emploi", théâtre, à paraître (2014)
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24/12/2013
Vermot.
On ne se fâche jamais avec un coiffeur velléitaire: on ne peut pas dire ses quatre vérités à celui qui coupe les cheveux du même nombre.
16:52 Publié dans Blog | Lien permanent