26/12/2013
Les vieux amis.
Ils se tiennent par le bras, se soutiennent mutuellement ; il n’a été question de désir entre eux que jusqu’au moment premier où ils ont compris qu’il vaudrait mieux, pour eux, ne pas y céder. Depuis, ils se portent, se racontent leurs vies, leurs chagrins (d’amour), leurs espoirs (d’amour). Ils savent que quel que soit l’endroit où l’un deux va débarquer, l’autre voudra et saura le retrouver. Revoir le sourire enjôleur, se réjouir de sa mauvaise foi à lui, de ses aphorismes à elle : on ne peut pas, dit-elle, être au centre du monde quand on est un trou du cul*. Ils avancent, on les voit s’éloigner de dos sur le chemin, la tête de l’un un peu penchée sur l’autre dans un mouvement de balancier. Ce sont les vieux amis, les copains que chantait Ferré, il y a longtemps, déjà. Ils avancent, sans savoir où ils vont : quand les routes sont rectilignes, c’est que l’intention est fausse. Et que le parcours qui va s’ensuivre sera faussé, par un postulat qui n’était pas juste. Il faudrait se souvenir de tous les premiers instants qu’on a passés avec les gens qui comptent, et se demander respectivement si on a été fidèle à l’autre, avec ce qu’il a engagé de soi dans ce qu’on est. Pour l’instant, les vieux amis continuent : quand elle frissonnera un peu parce que la nuit est tombée, il lui prêtera sa veste et ils entameront le chemin du retour.
* dessin et aphorisme: Fabienne Bergery
17:35 Publié dans Blog | Lien permanent
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