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25/12/2013

Inédit.

Scène 1

Un homme, seul, dans ses pensées. Il sourit.

Ah, j’en ai eu du succès ! Il fallait voir, à l’atelier, le sourire qu’ils avaient tous quand j’arrivais le matin, tous là à guetter le bon mot, la blague du jour, la grimace que je ne refusais jamais de leur donner. Pour égayer leur journée. La mienne passait après. Après ça. On aurait pu me donner  le boulot le plus pourri du monde – déjà que celui-ci c’était pas brillant ! – ça m’aurait pas dérangé plus que ça. Parce que j’avais compris un truc que eux ne comprendront jamais : ça n’est pas la tâche qu’on te donne qui compte, c’est la façon dont tu t’en acquittes. Et moi, peut-être que c’est la nature qui m’a fait comme ça, mais j’ai choisi d’être heureux. Quitte à monter tous les jours la même pièce sur la même machine, je me suis imaginé heureux et du coup je le suis. Du moins je l’étais. Et comme en plus de ça, j’avais la cote auprès des autres, ça m’a jamais demandé trop d’efforts d’aller travailler. Toujours la banane, toujours le sourire, jamais l’œil sur l’horloge pour éviter d’y penser, les journées défilaient et à chaque pause, avec les copains, on allait s’en griller une dehors et là je savais que c’était à moi de jouer, que c’était un peu ma scène, la cour de l’usine. (...)

Extrait de "A contre-emploi", théâtre, à paraître (2014)

19:21 Publié dans Blog | Lien permanent

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